Karachi : enquête pour corruption lancée, Sarkozy dans le viseur

par Imhotep
vendredi 8 octobre 2010

On comprend pourquoi Nicolas Sarkozy voulait supprimer le juge d’instruction. Ces dernières semaines la comparaison entre les procureurs, notamment Marin et Courroye, et les juges d’instruction, notamment Prévost Desprez et Van Ruymbeke, est instructive tant on pourrait parler de la nuit et du jour. Marin a voulu enterrer l’affaire Karachi, est intervenu publiquement dans l’affaire Clearstream après avoir fait un tour au château, a changé d’avis contre Villepin, et veut encore enterrer le Karachi gate, Courroye lui a jeté aux oubliettes l’abus de faiblesse de la veuve dorée, a jeté aux oubliettes les emplois fictifs de la mairie de Paris alors que Juppé a été condamné pour ces faits, tente d’enterrer l’affaire (les affaires) Woerth. Revenons à cette information qui dans une démocratie saine et juste ferait sauter le pouvoir actuel tant les révélations sont tragiques et scandaleuses. Cette information brute est la suivante : le juge van Ruymbeke va enquêter dans l’affaire Karachi sur le volet de corruption, autrement dit les rétrocommissions retournées en France et la campagne d’Edouard Balladur financée par celles-ci.

 On savait depuis plus d’un an que le juge Trévidic s’étant intéressé à une autre piste que celle suivie par le juge Bruguières, candidat UMP aux législatives, il faut le rappeler, qui accusait Al Qaida alors qu’un rapport nommé Nautilus privilégiait une toute autre piste, on savait donc que l’attentat de Karachi pouvait provenir de l’arrêt, voulu par Chirac arrivé au pouvoir, du versement des commissions pour assécher les sources de revenus de Balladur. Cet arrêt aurait donc déclenché une sorte de réactions en chaîne en en étant le catalyseur. Il ne s’agit pas ici de s’étendre, l’information est ailleurs, sur cet attentat (sans pour autant oublier que ce fut une tragédie), mais juste d’éclairer un point. Pourquoi attendre 2002 pour perpétrer l’attentat quand les commissions furent stoppées à partir de 1995 ? Ce délai en fait est parfaitement explicable par une suite d’événement dont deux majeurs proches de ce 2002 : l’arrêt des financements par l’ISI des groupuscules mafieux et terroristes, et la poursuite judiciaire de hauts gradés pakistanais. Ces groupes se sont retrouvés dépouillés, plus de revenus et ont alors décidé, seulement à ce moment-là, de racler les fonds de tiroirs (grands tiroirs avec grand fond) et de lancer des appels pressants vers tous ceux qui avaient eu l’étrange idée (pour eux) de cesser les versements. Ce qu’ils pouvaient accepter (attendre ou se passer de ces extras) quand les bakchichs coulaient à flots, ils ne l’ont plus accepté et on fait des menaces mises à exécutions après la réélection de l’ami de Delanoë.
 
L’information primordiale est donc la suivante (Le Figaro) : Renaud van Ruymbeke va contre l’avis du procureur, qui jugeait les faits prescrits. Le juge d’instruction financier a décidé, mercredi, de se saisir des investigations sur le versement de quelque 84 millions d’euros de commissions destinées à des officiels pakistanais. Cet argent pourrait être revenu pour partie en France et avoir servi à financer la campagne présidentielle d’Edouard Balladur en 1995, selon les éléments recueillis lors d’une enquête préliminaire de police.
 
Il faut noter aussi ceci : Selon les documents saisis au Luxembourg, Nicolas Sarkozy serait à l’origine de la création de deux sociétés créées pour recevoir les commissions litigieuses. Le président français a contesté toute implication dans l’affaire et a parlé publiquement de « fable » « ridicule » et « grotesque ».
 
Tout est parti de l’enquête menée par le juge antiterroriste Marc Trévidic, sur l’attentat du 8 mai 2002 à Karachi, où furent tuées 15 personnes, dont 11 ingénieurs et techniciens français de la DCN travaillant à la construction des sous-marins Agosta. La piste islamiste évoquée initialement a été abandonnée, les suspects ayant été blanchis au Pakistan. Divers renseignements, mais aucune preuve, laissent penser que l’armée pakistanaise aurait commandité l’attentat en représailles du non versement de ces pots-de-vin.
 
Il y en a au moins un qui ne va pas lâcher le morceau. Il s’agit de l’avocat Morice, celui qui a fait des misères à la France et à Djibouti dans l’affaire Morel. Il avait déjà accusé publiquement Sarkozy d’être au centre de la corruption. Il récidive (Le NouvelObs) : Il déclare avoir eu accès au rapport préliminaire du juge Renaud Van Ruymbeke, qui enquête sur le volet financier de cette affaire de vente de sous-marins au Pakistan en 1994 qui pourrait avoir un lien avec l’attentat qui a coûté la vie à 11 salariés français de la Direction des constructions navales (DCN), en 2002 à Karachi.
 
S’appuyant notamment sur l’enquête interne de la Direction des constructions navales (DCN) et au rapport des rapporteurs du Conseil constitutionnel sur les comptes de campagne d’Edouard Balladur pour la présidentielle de 1995, Me Morice a lancé : "Nous avions des interrogations, nous avons désormais des certitudes".
 
De ces documents, il conclut que la version de l’affaire qui a été "soutenue au plus haut sommet de l’Etat" - à savoir que les accusations de corruption étaient "une tentative de manipulation contre Nicolas Sarkozy" - vole en éclat. "Le président de la République est au coeur de la corruption mise en place", a-t-il au contraire assuré. Selon lui, l’intermédiaire Ziad Takkiedine a été imposé "par le pouvoir politique" et Asif Ali Zardari (le président pakistanais, ndlr) a été "corrompu".
 
"Nous accusons Nicolas Sarkozy et Edouard Balladur d’avoir menti aux familles des victimes", a-t-il poursuivi. "Nous n’avons jamais affirmé que Nicolas Sarkozy était complice de l’assassinat de nos ressortissants", mais que "Nicolas Sarkozy et Edouard Balladur sont au coeur d’un système de financement politique".
 
Le juge a donc du biscuit pour poursuivre son enquête. Particulièrement ceci : Le nom du porte-parole de cette campagne, Nicolas Sarkozy, ministre du Budget du gouvernement Edouard Balladur entre 1993 et 1995, figure dans des documents saisis par des policiers luxembourgeois lors de leur enquête au Grand-Duché avant l’été.
 
Les policiers français ont, eux, saisi des pièces au Conseil constitutionnel montrant que des rapporteurs avaient recommandé le rejet des comptes de campagne d’Edouard Balladur, en raison de paiements en espèces sans justificatifs de 2 millions d’euros, a indiqué la même source judiciaire, jeudi. Edouard Balladur prétend que l’argent provenait de dons de militants dans les meetings.
 
Si Sarkozy parle de fable, c’est bien celle de Balladur qui dirait que des militants lors des meetings ont tous, pas quelques uns, mais tous versé leur obole avec des grosses coupures (pas finies de sécher ?). De qui se moque-t-il sa suffisance ? Il a osé raconter à la commission parlementaire composée de parlementaires un peu benêts et pas trop regardant quant aux explications foireuses de monsieur Je-vous-demande-de-vous-taire qu’ils avaient d’abord changé les piécettes dans une (des) première(s) banque(s) en gros billets avant de déposer ces dernier dans la banque du nord où était son compte bancaire de campagne. Quel est l’imbécile qui ne dépose pas directement les fonds dans sa banque et qui passe par une autre banque ? Cela ne tient pas debout une seule seconde. Par ailleurs on a remarqué que la trésorerie de Heine s’est vidée de la même somme déposée par les militants généreux du candidat Balladur quelques quarante-huit heures après (délai approximatif j’ai la flemme de retrouver le délai exact).
 
Au château c’est l’incendie. On envoie Marin avec sa lance à tout éteindre et il va faire appel de la décision de van Ruymbeke. Il parle de cette fameuse prescription. Remarquez que la prescription c’est très utile. C’est ce que va nous sortir Courroye dans l’affaire Woerth, et dans le financement de la campagne de Nicolas Sarkozy supposée par des très grosses enveloppes kraft (quoique 150 000 € cela ne fait jamais que 300 billets de 500 euros et un billet ce n’est pas épais). Et si vous avez bien lu le fameux rapport du président de l’IGF vous aurez remarqué que nombres affaires n’ont pu être poursuivies pour cause de prescription et là c’est du gâteau : vous gardez sous le coude le temps qu’il faut l’affaire et bingo, elle passe à la trappe par ce jeu qui est à tout les coups l’on gagne : prescrit, et hop youp-la boum plus de fraude ! Ce même Marin avait déjà jugé qu’il n’y avait pas matière à poursuivre. Cela ne semble pas être l’avis du juge. Comme c’est étrange, un juge d’instruction indépendant du pouvoir qui, comme avec Prévost Desprez, trouve ce que nos procureurs ne trouvent pas. Nos procureurs ressemblent, la sympathie en moins mais le pouvoir en plus, à la mère Denis qui lave plus blanc avec ses mains calleuses et sa batte à battre le linge. 
 
Selon Morice, le pouvoir a peur : La position du parquet de Paris "s’apparente à une entrave à la manifestation de la vérité", a dénoncé l’avocat. Cette décision démontre, selon lui, que "le pouvoir a peur".
 
Et de conclure que "c’est la première fois en France que l’on trouve une affaire qui mêle scandale politique avec la mort de nos ressortissants". "Nous sommes confrontés à un mensonge d’Etats, Etats avec un ’s’", souligne-t-il. Lors de sa visite à Paris, le président pakistanais Zardari a soutenu que l’attentat de Karachi était "un peur acte de terrorisme" qui "n’avait rien à voir avec les contrats".
 
 
Si vous vous souvenez, parmi les arguments des sarkozyako-balladurien (hormis l’insulte aux victimes du ricanement odieux de Nicolas Sarkozy à Bruxelles tout en les désignant par des « trucs comme ça » - par parenthèse, la grande transparence élyséenne a supprimé le passage de la vidéo présente sur le site du château - ), il y avait l’imparable : la commission a validé les comptes de campagne. Or voici la vérité déjà énoncée plus haut : Les policiers français ont, eux, saisi des pièces au Conseil constitutionnel montrant que des rapporteurs avaient recommandé le rejet des comptes de campagne d’Edouard Balladur, en raison de paiements en espèces sans justificatifs de 2 millions d’euros, a indiqué la même source judiciaire, jeudi. Edouard Balladur prétend que l’argent provenait de dons de militants dans les meetings.
 
A l’époque le président du conseil constitutionnel s’appelait Roland Dumas, l’ami de l’amie d’Elf, amateur de belles pompes. Evidémment cela ne laisse pas de glace l’actif Morice : L’avocat veut savoir "par quel tour de passe-passe les comptes de campagnes de Balladur ont été validés". Aussi demande-t-il à être reçu par le président du Conseil constitutionnel Jean-Louis Debré "pour des explications" concernant la validation des comptes de campagne d’Edouard Balladur. L’avocat rappelle qu’à l’époque le président du Conseil constitutionnel était Roland Dumas. Il s’interroge sur "la question d’un deal entre Nicolas Sarkozy et Jacques Chirac", qui vient alors d’être élu à l’Elysée.
 
 
Voilà exit cet argument. Il n’en reste plus lourd.
 
Un conseil, lisez avec attention le renvoi du juge van Ruymbeke du 7 octobre 2010. Il est sur le site du Nouvelobs. Il ne s’agit plus de ragots, de bruits de couloir, de médisances. Il s’agit d’un rapport circonstancié de 7 pages qui conclut à la suite d’enquêtes préliminaires à ce qu’il y ait matière à poursuivre le volet corruption et rétro-commission et donc que la plainte des familles des victimes est recevable.
 
Un petit mot à ceux qui crient au scandale décrétant que des documents judiciaires se retrouvent dans la presse et que c’est là le plus gros scandale et non les affaires en elle-mêmes. Ces cris d’orfraie ne peuvent résonner ici. En effet il s’agit d’une notification du juge adressé à maître Olivier Morice , notification qui n’est pas une pièce occulte de l’instruction et qui devient la propriété de la personne qui la reçoit et peut librement en communiquer le contenu, et ce en toute légalité.
 
On y apprend des éléments éminents. En particulier que l’enquête préliminaire à la demande de Marin démontre, grâce à des témoignages concordants qu’il ya bien eu des commissions (Marin a donc en toute connaissance de cause voulu enterrer l’affaire). La DSN, preuve magistrale, a même fourni les ordres de virement (25.659.975 € en 1995 et 3.811.514 € en 1996). Tout comme deux intermédiaires (Takkiedine et El Assir) dont les commissions vont venir se sur-ajouter aux commissions déjà prévues. Ces deux intermédiaires , sulfureux et mafieux selon les termes du mémorandum, très proches du gouvernement français et pakistanais ont été recommandés (mai 1994) par Donnedieu de Vabres (vous savez celui qui a touché une chèque de Bettencourt à la place de l’UMP) et par Léotard ministre de la défense avec pour directeur de cabinet un certain Hervé Morin. La particularité de ces commissions est qu’elles ne seront pas versées au fur et à mesure des paiements par le gouvernement pakistanais comme le veut la règle habituelle et la logique économique tout autant que financière mais d’avance et pour une large part ! En ce qui concerne les déclarations de Balladur sur le versement sur ses comptes, elle est démentie par les relevés de banque indiquant entre le 13 mars et 24 avril 22 dépôts en espèces pour un montant total de 13.229.504 francs dont un dépôt unique (! !) et en compte rond de 10.150.000 FF. Enfin le juge van Ruymbeke répond aux deux éléments du procureur Marin qui concluiait à la prescription et à l’irrecevabilité partielle de la plainte car sans causalité entre la corruption et les dommages subis. Or la corruption, l’arrêt des versements sont directement liés ou peuvent être directement liés à l’attentat et donc aux dommages subis par les victimes. Quant à la prescription, la date de référence est le 28 octobre 2008 lors de la mise à connaissance des victimes du rapport Nautilus. De plus le recel étant un délit continu, il n’y a pas de prescription.
 
Cette affaire est une des affaires majeures de ce pouvoir. Il implique la justice, des ministres, un ancien Premier Ministre, l’actuel Président de la république, l’ancien président du Conseil constitutionnel, le procureur Marin, l’actuel ministre de la défense, et bon nombre de membres de l’UMP actuelle.
 
Tout est à vomir dans cette histoire : trafic d’influence, corruption passive et active, abus de bien, financement illicite d’une campagne présidentielle avec attaque directe de la démocratie, de la moralité, de la justice, avec la possible complicité active de procureurs de la République se démenant pour enterrer cette affaire, dont un certain Marin de qui on attend qu’il attaque maître Morice, tout comme nous attendons avec impatience que Nicolas Sarkozy poursuive en diffamation et dénonciation calomnieuse, lui qui attaque pour un sms et engage la puissance du contrespionnage - à la tête duquel il a placé deux de ses amis, dont l’un évite la justice à son fiston qui insulte les force de l’ordre et fait un beau désordre, saoul, sur la voie publique - pour savoir d’où viennent les bruits de basse-cour concernant son couple, maître Morice qui par plusieurs fois l’a accusé d’être au centre de la corruption. même punition pour Balladur qui ne dit mot. N’oubliez pas non plus qu’en plus de financer des mafieux, de corrompre, ces sous-marins ont été vendus à perte. Ce qui veut dire en d’autres mots que ce sont les Français qui ont payés de leur poche des commissions à des individus louches et corrompus, pour lesquels la vie d’un homme n’a strictement aucune espèce de signification, que le seul dieu est le veau d’or, des commissions qui sentent la mort et dont une partie est revenue, sans doute, en France pour financer la candidature honteuse d’un homme politique avec la complicité du ministre du budget de l’époque, porte-parole de sa campagne et grand manitou. N’oublions jamais qu’il y a au bout de ces corruptions toute une chaîne de mort, les groupes mafieux qui avec cet argent ont assassiné combien d’innocents avec des armes financées et des munitions financées, et des véhicules financés par cet argent qui sent le sang, ces mêmes salopards qui ont ôté la vie à quatorze personnes.
 
Un seul mot à van Ruymbeke : courage !
 

Attentat de Karachi : les parties civiles accusent
envoyé par Nouvelobs. - L'info internationale vidéo.
 
 
 
 

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 

Si vous êtes intéressés par les textes ci-dessous, vous pouvez les retrouver en cliquant sur les liens et ce totalement gratuitement car il est hors de question que je touche un Kopek sur le dos de la Sarkozye qui, étant le règne du bling bling et de l’argent roi et corrupteur, sera combattue par son contraire : la gratuité (ou en compensation faire un don à Agoravox ou vous abonnez à Médiapart). Pour simple information, si vous êtes sur iPhone ou iPad, sans flash, en haut de la page dans le bandeau vous pouvez télécharger les textes en pdf, et pour tous les diffuser le plus possible autour de vous. Pour le télécharger il y a une flèche verte dirigée vers le bas dans le bandeau. Il faut vous inscrire à Issuu ce qui permet aussi de télécharger tous les textes nombreux et intéressants de ce site. Sinon vous pouvez toujours vous désinscrire ensuite. Si tout cela vous gêne je pourrais vous les envoyer par e-mail (imhotep.forumlogos@free.fr)) :

 N’oublions jamais :

  • l’affaire Karachi
  • l’affaire GDF
  • l’affaire Tapie
  • l’affaire Clearstream
  • l’affaire Bettencourt
  • l’affaire Wildenstein
  • l’affaire de Compiègne
  • l’affaire Peugeot
  • l’affaire de la Jatte
  • la proposition de loi sur la déchéance de la nationalité française et son extension
  • l’affaire de la rémunération illégale de septembre au 31 décembre 2007
  • la circulaire Hortefeux

 

Sarkozya delenda est !

Vignette Wikipédia stèle en mémoire des victimes


Lire l'article complet, et les commentaires