L’Affaire Weinstein. Harcèlement. Le piège de la victoire facile

par Pierre JC Allard
mardi 17 octobre 2017

Cet article est très court. Ceci n'est pas le genre de débats auxquels j'ai coutume d'intervenir ; je ne le fais ici que parce que je crois qu'un piège est tendu aux femme et qui ne devrait pas l'être. Il est posé par inadvertance, comme un "dommage collatéral" dans le cadre d'une chasse qui vise un autre gibier... Je dis donc attention....

L'Affaire Weinstein. Terrible, n’est-ce pas ? Mais il y a le bon côté des choses. Une grande victoire pour le respect de la femme ! Vraiment ? Vous êtes sûr ? Je n'en suis pas si sûr, car la couverture médiatique extraordinaire donnée aux faits - après un si long silence - suggère qu’on ne vit pas tellement ici un sursaut de moralité qu’un épisode de la guerre à mort que mènent aujourd’hui contre Trump tous les grands médias des USA.

Le rôle déterminant de CNN et du NY Times dans cette très soudaine lever de bouclier contre le harcèlement sexuel me porte à croire, en effet, que c'est surtout Trump qui est visé, car l’analogie est évidente entre le comportement qu’on lui a reproché si souvent et tout ce dont on accuse maintenant Weinstein. Je redoute une certaine instrumentation de ce scandale qui n’augure rien de bon. J'ai peur que le grand bond en avant qu'on en attend ne soit qu'une illusion,

Bien sûr, le comportement de Weinstein n’est en rien justifié du simple fait que celui-ci ait été instrumenté et soit devenu une métaphore pour celui de Trump, mais cette possibilité exige de remettre en question les motifs de la « noble indignation » qui a submergé subitement les USA… Elle exige surtout de se méfier de ce qu’elle laisse prévoir de l’évolution du rapport entre les sexes. Les faux espoirs font bien du mal....

Weinstein était-il un exceptionnel pervers… ou n’a-t-il été que le perdant d’une roulette russe - à laquelle presque tout Hollywood jouait à son insu sous la houlette des médias ! - pour designer un bouc émissaire qui devienne l’image plus vulnérable d’une cible présidentielle trop coriace ?

Cela n’excuserait en rien ni celui-ci ni celui là, mais la question a son intérêt, car si le concert de dénonciations actuel n’est qu’un pas de plus dans l'hypocrisie, motivé par une stratégie purement politique, plutôt qu’un sursaut de moralité, on sera bien déçu. Surtout, celles qui aujourd’hui dénoncent le harcèlement en lui donnant un sens très large risquent de porter plus tard le poids de leur dénonciation quand le duel Trump-médias ne sera plus prioritaire et qu’une vision plus machiste que féministe pourrait revenir au galop pour réinterpréter les événements.

Fera-t-on le procès du harcélement, conduisant a des mesures permanentes pour le proscrire.... ou seulement celui d'un harceleur ? Le cas Weinstein est-il si emblématique ? Car, pour faire le procès d'un harceleur en particulier ; il faut qu’on fasse le tri dans son cas précis de ce qui a été et n’a pas été consensuel entre adultes. Or, que je sache, Weinstein n'a pas utilisé la violence physique pour mater ses victimes : il les a soudoyées par des dons et des promesses et elles ont dit "oui"... Le risque n’est donc pas nul que l’on en arrive, dans bien des cas, surtout quand des faveur sexuelles ont été accordées, en échanges d’avantages bien réels, à juger que ce n’est pas de harcèlement, mais de prostitution qu’il s’agit… 

Or, Il y a longtemps qu'on réclame, à tort ou à raison, que les clients des prostituées soient cloués au pilori tout comme celles-ci. Si on en arrive à cette vision, dira-t-on que c’est précisément ce qu'on vient de faire avec Weinstein ? … Parlera-t-on alors d’une victoire pour les femmes ? Peut-être, mais cette victoire ne sera pas alors aussi éclatante qu’on l’aurait voulue ; les dénonciatrices pourraient s’entendre reprocher toute complaisance qu’elles auraient avouée. Ne serait plus condidérée "harcèlement" que la proposition indéniablement rejetée...

Est-ce une évolution qui améliorerait la situation des femmes ou un piège ? Et elles ne doivent pas penser que la vox populi leur saurait gré de leur sincérité... Le monde est bien injuste.

 

Pierre JC Allard


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