L’Allemagne achète le chasseur américain F-18

par Patrice Bravo
samedi 25 avril 2020

En début de semaine, Annegret Kramp-Karrenbauer, la ministre de la Défense a annoncé que l'Allemagne voulait acheter 93 avions Eurofighter mais aussi 45 F-18 américains.

Ce mardi 21 avril alors que son pays prévoyait l'achat de 93 Eurofighter, Annegret Kramp-Karrenbauer a également annoncé vouloir acheter 45 F-18 américains, une décision dictée par les exigences des Etats-Unis au sein de l’Otan et pourtant défavorable à l’industrie aéronautique allemande et européenne.

Alors que les députés du Bundestag auraient dû décider sur ce choix par un vote durant la prochaine législature en 2021, l'Allemagne devrait acheter 30 F-18 Super Hornet et 15 EA-18G Growler chargés des missions « SEAD » de destruction des défenses antiaériennes ennemies et de guerre électronique permettant le brouillage des radars et les interception de données.

Des obligations stratégiques ont obligé Berlin à acheter l'avion américain de McDonnell Douglas plutôt que celui fabriqué en partie par Airbus qui est issu d’un programme commun (concurrent du Rafale) à l’Espagne, l’Italie, l’Allemagne et le Royaume-Uni. Les Tornado qui ont été aussi fabriqués à partir d'un partenariat entre l’Allemagne, l’Italie et le Royaume-Uni, pour la Luftwaffe qui est l’armée de l’air allemande, sont utilisés avec l'accord des Etats-Unis pour donner le droit à l'Allemagne d'utiliser la bombe atomique au sein de l'Otan. Depuis la Seconde Guerre mondiale, l'Allemagne n'a pas le droit de posséder l'arme atomique ce qui a été obtenu par ce détour stratégique par le biais des forces américaines occupant ce pays sous le drapeau de l'Otan. Le gouvernement allemand a recours à une vingtaine de bombes nucléaires américaines B-61 qui se trouvent stockées en Allemagne à Büche. Les Tornado ont notamment l'autorisation de les avoir sous leurs ailes durant les opérations menées par l'Otan contre la Russie à ses frontières à partir des territoires baltes.

Les Etats-Unis ont joué la carte de la soumission de Berlin à la bombe atomique américaine pour remporter ce juteux marché. Ils ont fait comprendre au gouvernement allemand que l’Eurofighter Typhoon ne pourrait recevoir la certification nécessaire pour porter sous ses ailes les bombes américaines que sous un délai de trois à cinq ans. Un seul F-18 est évalué à une trentaine de millions de dollars. Les décideurs allemands, ne voulant pas être privés de l'arme atomique et ne pouvant pas en raison de l'âge des Tornado attendre, surtout à cause des immenses dépenses atteignant les 9 milliards d’euros pour l'entretien des Tornado, ont donné leur accord à la volonté américaine.

En Allemagne, le syndicat IG Metall a dénoncé dans un courrier l'acquisition de F-18 expliquant que cela risquait de mettre en danger « l’avenir de l’aérospatiale militaire en Allemagne ». En effet, l'Eurofighter est assemblé à Manching et de nombreux composants sont fabriqués à Augsbourg, Munich, Ulm ou encore Kiel. Le SPD a montré son désaccord face à cette décision car plusieurs députés sociaux-démocrates remettent en cause la participation de l’Allemagne à la dissuasion nucléaire atlantiste étant désireux d’amorcer un virage à gauche sur les dossiers de défense.

Paris a indiqué que ce choix toucherait le développement du Système de combat aérien futur (SCAF) qui est le projet franco-allemand attendu à l’horizon 2040 qui doit remplacer le Rafale et l’Eurofighter. Le choix de Berlin est mal vécu par les partenaires européens signataires du projet SCAF.

 

Source : http://www.observateurcontinental.fr/?module=news&action=view&id=1547


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