L’Allemagne paie-t-elle ses dettes ?

par Nouvelles du Front
jeudi 9 juillet 2015

« Un défaut de paiement grec serait un précédent qui pourrait être invoqué par d’autres »

Cette phrase a été entendue de la bouche de nombreux analystes accrédités par nos médias.

 

1) Les faillites d’Etats

Olivier Berruyer a consacré un article à ce sujet, expliquant qu’au cours des 35 dernières années, le monde a connu 70 défauts de paiement de dette souveraine.

Et pourtant d’après les commentateurs faisant la tournée des plateaux télé, le défaut grec constituerait un précédent…

Or comme nous l’avons vu dans un précédent article, ce qui constitue véritablement un précédent dans cette affaire, c’est le fait que les Etats aient choisi de transférer le risque pris par des acteurs privés à l’ensemble des citoyens.

2) L’Allemagne, le bon élève qui a fait faillite 4 fois au cours des deux derniers siècles.

« Ce n’est pas à l’Allemagne de payer pour les errements des gouvernements grecs  »

Cette phrase n’est plus seulement incantatoire, elle a été élevée au rang de dogme. Cependant là aussi une lecture historique des événements vient heurter cette liturgie très largement présente sur nos ondes.

Car si au cours des deux derniers siècles il y a un pays en Europe qui n’a pas remboursé ses dettes, c’est bien l’Allemagne. Voici le rappel historique :

=>1813, Napoléon accepte un rééchelonnement de la dette de la Prusse.
(Lien : page 302 et suivantes)

A noter qu’à la suite de la défaite de Waterloo en 1815, les alliés exigeront de la France de très fortes indemnités qu’elle remboursera intégralement au prix d’une augmentation de 150% de l’endettement public.

=> 1923 Plan Dawes, 1927 Plan Young et le rééchelonnement de la dette Allemande.

A la suite de la défaite de 1918, les Allemands se verront infliger le paiement d’indemnités à verser aux alliés. Les montants étant colossaux, l’Allemagne ne peut y faire face et connait une grave crise économique. Ses créanciers lui accorderont plusieurs rééchelonnement de dette, en 1923 avec le Plan Dawes et en 1927 avec le Plan Young. Finalement, l’entrée en guerre de 1939 annulera définitivement cette dette contractée par l’Allemagne.

=>1953, l’annulation d’une partie de la dette.

En 1953, l’Allemagne a bénéficié d’une réduction de sa dette de 62,6 %, les créanciers jugeant que la reconstruction de l’Allemagne ne pouvait se faire si la charge de sa dette était trop importante. Il est intéressant de noter que l’accord permettait que l’Allemagne suspende ses versements en cas de conjoncture défavorable, ce niveau avait été fixé à 1/20 de ses revenus.

=>1990, l’annulation totale des dettes de guerre.

En 1990, le traité de Moscou prévoyant la réunification de l’Allemagne, instaurait de fait un règlement de la question de la dette restante par cette dernière.

Conclusion

Il ne s’agit en aucun cas de faire de la démagogie, comme ont pu le faire certains personnages politiques en exigeant de l’Allemagne qu’elle rembourse des dettes annulées par des traités internationaux, cette posture est ridicule mais également dangereuse.

Il est important de faire ces rappels historiques, non seulement pour prendre conscience que la situation grecque n’est pas exceptionnelle, mais aussi pour se rendre compte que nous avons trouvé des solutions par le passé pour solder les problématiques budgétaires. Et ces solutions n’étaient pas d’envoyer toute une population à l’indigence !

Ce qui est paradoxale, c’est que les pays semblaient bien plus aptes aux compromis avant le processus d’union européenne avancée. Cette constatation implique de se poser la question suivante, l’Organisation Bruxelloise est-elle garante de la paix ?

Rappelons que de nombreux analystes estiment que les sacrifices demandés à l’Allemagne après la première guerre mondiale pour rembourser une dette insurmontable, ont été un facteur déterminant dans l’arrivée des nazis au pouvoir, de même que l’Italie surendettée a aidé à la montée du fascisme.

Aube dorée, un parti néo-nazi, est arrivé 3ème en Grèce lors des dernières élections Ce phénomène est également observable dans d’autres pays européens. Espérons que le dogme technocratique ordo-libéral qui semble imprégner les institutions de Bruxelles, laissent la place à la mémoire collective d’un continent qui n’a jamais été plus proche de l’implosion que depuis les années 30.

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