L’amalgame qui arrange

par Allexandre
mercredi 28 octobre 2015

Ces dernières années, on a vu se répandre la notion d'antisionisme. Cette notion manquait au vocabulaire, car beaucoup de Français critiquaient vertement la politique israélienne et les accointances du pouvoir avec un certain nombre d'associations censées représenter les Français de confession juive. Le problème, c'est que peu nombreux étaient ceux qui osaient exprimer leur point de vue sur le sujet, car ils craignaient d'être taxés d'antisémitisme. Depuis les années 1970, la culpabilité des Français n'a fait que croître eu égard aux événements de la période vichyste. Et dans la communauté juive, nombreux furent ceux qui utilisèrent ce paradigme pour exercer pression et chantage.

En réalité, qu'en est-il ? L'antijudaïsme (terme plus approprié qu'antisémitisme) est aussi vieux que le judaïsme. Peut-être ne serait-il pas inintéressant d'en saisir les arcanes. Si jusqu'au XVIIème siècle, les juifs furent victimes de persécutions périodiquement, ces dernières furent le plus souvent cantonnées en Europe centrale et orientale. A l'Ouest, il y en avait aussi, mais de façon moins aiguë et à partir du XIXème siècle, cela s'estompa, exception faite de l'affaire Dreyfus, surmédiatisée dans les milieux intellectuels et urbains. En revanche, les pogroms en Russie, en Autriche-Hongrie furent violents. En revanche, le pays le plus ouvert et le plus intégrateur pour les juifs fut l'Allemagne impériale. Si l'on ajoute à cela le rôle de l'Eglise chrétienne, foncièrement antijudaïque, on peut effectivement dire que les juifs sont l'objet d'un antijudaïsme bien réel. 70 ans après la Shoah, les choses ont changé. D'abord, les Eglises chrétiennes ont adopté une position beaucoup plus oecuménique et les Français se sont peu à peu détachés de l'Eglise catholique principalement. Ensuite, le drame du génocide nazi, largement médiatisé et étudié à l'école a remis les choses en perspectives. Par conséquent aujourd'hui, dire que l'antijudaïsme progresse en France est un mensonge, ne reposant sur aucune statistique fiable. Les Noirs et les Arabes sont visiblement plus touchés par le rejet. Avec Internet, l'histoire et les agissements du sionisme ont été davantage médiatisés et nombreux sont ceux qui condamnent Israël, fruit du mouvement de Herzl. Donc effectivement, un antisionisme se développe, mais n'a rien à voir avec les juifs en tant qu'adeptes d'une confession religieuse. La preuve, de nombreux juifs sont antisionistes, même si on ne leur donne pas souvent la parole dans les médias. Ceux qui taxent copieusement d'antisémites les opposants à la politique israélienne et au sionisme en général, sont justement les sionistes, qui le plus souvent n'ont rien à voir avec le judaïsme. Mais le fait que de nombreuses personnes fassent de plus en plus la distinction les dérange. Ils cherchent par conséquent, tous les moyens pour amalgamer les deux. Parfois de manière très grossière. Quand on sait d'où est partie la traduction de la quenelle de Dieudonné en un salut nazi inversé, on comprend mieux. Il faut vraiment être retors pour aller chercher cela. Donc soyons clair. Qu'il y ait des antijudaïques qui se cachent derrière l'antisionisme, c'est probable, mais dans des proportions faibles. La majorité sait très bien ce qu'elle entend par antisionisme. L'appartenance à la religion juive est de moins en moins rejetée, surtout dans un pays qui compte près de 40 % d'athées déclarés (INSEE).

Donc, stop à l'amalgame et pas de chantage éhonté !!


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