L’Amérique guerrière a la mémoire courte

par Henri Diacono
lundi 2 septembre 2013

 « J'ai décidé que les Etats-Unis devaient agir militairement contre des cibles du régime syrien. Nous sommes prêts à frapper quand nous le choisirons. Demain, la semaine prochaine ou même dans un mois..." Par la voix récente de son Président actuel, les Etats Unis d’Amérique restent fidèles à eux-mêmes. Voilà plus de deux siècles, à en croire l’Histoire de l’espèce humaine sur cette foutue Terre, que ce langage est tenu dans cette nation bâtie à coups de conflits de toutes sortes, intérieurs mais surtout extérieurs. De son chef jusqu’au plus humble de ses citoyens. La guerre, toujours la guerre et encore la guerre. Ouvertement, ou en catimini, en organisant « secrètement », ailleurs et souvent loin de chez elle, coups d’Etat ou changements de régime plus dociles à son égard. Les armes. Toujours et encore. Chimiques comprises n’en déplaisent à ceux qui accusent aujourd’hui la Syrie d’en avoir utilisé contre ses rebelles, ce qui est vraisemblablement le cas.

 La liste de ces engagements guerriers meurtriers, que d’autres pays ont également usé et abusé, il est bon de le souligner, est longue. Très longue. Plus d’une centaine selon Wikipédia qui précise qu’elle « …ne comprend que des interventions militaires directes (guerre ou envoi de forces armées) ou indirectes (soutien logistique à des gouvernements ou à des mouvements de rébellion par l’activité des services secrets) ».

 Passons rapidement sur les luttes qui depuis 1775 ont nourri quasi chaque année ou presque ce continent en voie de construction, contre les indiens, les français, les anglais, les espagnols. Puis les mexicains en 1846 époque à laquelle devenue Etats Unis munis d’une Constitution depuis 1787, cette jeune nation fédérale belliqueuse annexe la moitié du territoire de son ennemi du jour. Un territoire connu aujourd’hui sous les noms de Californie, Nevada, Utah, Nouveau Mexique, Arizona et une partie du Colorado. Excusez du peu ! Passons sur le conflit naval avec a France Révolutionnaire cette dernière réclamant le remboursement de dettes contractées sous son ancien régime, sur la guerre en Méditerranée (déjà) déclarée par beys de Tripoli et de Tunis et le dey d’Alger « au motif du non paiement par les Etats Unis du tribut pour le passage de ses navires ». Passons sur l’expédition navale contre la Régence d’Alger, le conflit avec le Japon (pas celui de 1940 et des poussières, mais en 1853 et 1854 avec à la clé l’installation d’une base militaire US). Base militaire (1) toujours à Cuba dont l’Oncle Sam s’accapare la « gestion » à l’issue d’une nouvelle guerre avec les espagnols. Sans évoquer tous les coups fourrés, les aides souterraines, ou bien interventions au grand jour aux Amériques latine (Argentine, Chili…) et centrale, notamment en Colombie afin de créer « l’enclave » Panama et construire le canal du même nom. Avant la Grande Guerre européenne dans laquelle ils vont intervenir sur le tard en 1916 (flairant peut-être un bon coup industriel et commercial à y jouer), la Chine (avec les français et les anglais), Hawaï, Porto Rico, le Mexique à nouveau et à deux reprises, les Philippines, Haïti, le Nicaragua, la République Dominicaine gouteront de la bannière étoilée et ses fusils.

 Entre les deux guerres mondiales et après elles, les interventions armées ou secrètes des USA dans le monde se sont multipliées avec, entre autres, la guerre de Corée et plusieurs soutiens aux régimes ou rebelles pouvant servir leurs intérêts géopolitiques ou économiques. Par exemple lorsqu’ils « installent » au Brésil une dictature militaire qui vivra 21 ans. Jusqu’ à nos jours avec la démangeaison d’intervenir en Syrie, les « gi’s » ne sont donc pas restés inactifs, loin de là, mais c’est au Viet Nam au début des années 60 qu’ils se sont montrés – ou du moins leurs chefs qui aujourd’hui ont la mémoire courte - particulièrement barbares. Come ils l'avaient été lorsqu’ils ont largué deux bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki lors de la guerre avec le Japon faisant des centaines de milliers de victimes civiles. Ils sont à ce jour, tappelos le une fois encore les seuls à avoir utilisé cette arme.

 En Indochine rebelote. Ils seront les seuls en effet à avoir utilisé à très grande échelle (il est bon d’insister sur ce qualificatif car d’autres pays ont utilisé les armes chimiques y compris la France) la chimie destructrice et source de mort. Souvenons-nous.Une terrible photo qui avait fait le tour du monde en a témoigné plus que tout autre commentaire. Une enfant vietnamienne (Phan Thi Kim Phuc), le corps brûlé après une attaque au napalm sur son village. Après avoir utilisé ce fléau pendant la seconde guerre mondiale au Pacifique puis en Normandie, les yankees provoqueront ainsi en Indochine ce qui sera (et restera) pour la planète Terre « la plus grande guerre chimique de l’Histoire ». Avec l’épandage d’un gaz nocif connu sous le nom de gaz orange et le bombardement au napalm, des millions d’hectares de rizières, mangroves et forêts détruits, des milliers d’individus gravement brûlés donc beaucoup après s’être nourris de céréales contaminées, donneront naissance à des enfants handicapés d’anomalies multiples. Plus de 3.000 villages détruits, des générations d’individus innocents condamnées. Un massacre. Une guerre de destruction massive au même titre que la guerre atomique...ou que les crimes du nazisme.

 A la suite de nombreuses années de discussions et de tractations, l’utilisation des armes chimiques et des bombes au napalm sont interdites par deux conventions internationales. Plusieurs pays ont refusé de signer l’un ou l’autre e ces documents. Parmi elles figurent la Syrie, Israël et…les Etats Unis d’Amérique.

Vraiment la mémoire courte, Uncle Sam !

 

1. La fameuse base de Guantanamo où croupissent dans le secret le plus total et depuis plus d’une dizaine d’années des « terroristes » des Proche et Moyen Orient dans l’attente de leur procès. D'autre part, selon Wikipédia, fin juin 2011, l'ensemble des forces militaires américaines, exception faite des 43 521 personnels d'active du corps des gardes côtes, regroupaient 1 434 312 militaires (pas mal n’est ce pas ?) répartis sur un millier de bases d'une centaine de pays à travers le monde, dont plusieurs en …Europe. Plus d’une trentaine d’entre elles sont entièrement occupées et contrôlées par les Etats Unis.


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