L’argent et l’éthique dans le sport

par Robert GIL
mardi 9 octobre 2012

Interrogé par I/TELE sur les soupçons de paris et matchs truqués pesant sur le club de handball de Montpellier, Olivier Besancenot a déclaré : « que ce soit le gros ballon, le petit ballon ou le ballon ovale, on ferait bien de sortir tout ça du bilan de la marchandisation ».

A y réfléchir…, comment je ne sais pas, mais il est certain que depuis quelques années, le sport est engagé sur une bien mauvaise pente. Fric et sport font un concubinage épouvantable. Le sport peut être un vecteur de socialisation, mais, à partir du moment où on érige une statue « du coup de boule » de Zizou, le problème se pose : comment retrouver des valeurs éthiques dans le sport professionnel ?

Le sport est également un instrument politique. A ce titre, il génère des valeurs qui encensent un modèle fondé sur le principe de rendement, de hiérarchie et de compétition. Le sport fait partie intégrante de la stratégie de développement capitalistique à travers les multinationales privées qui l’organisent tels que la FIFA, l’UEFA et le CIO. Pour l’Euro 2016, une enveloppe d’ 1,7 milliards d’euros a été débloquée pour la rénovation des stades, car pour que puisse ce dérouler « le spectacle » il faut que les investissements public le permettent, par contre la majeur partie des bénéfices sera privé.

L’introduction des sites de paris autorisée par le gouvernement Sarkozy a ouvert la porte aux magouilles, aux mafias et aux arrangements douteux. Malgré leurs salaires exorbitants, ou des contrats publicitaires substantiels, l’argent appelle l’argent, et la tentation de faire encore plus de pognon est pour certain trop fort. L’argent facile n’a pas de conscience !

Et que penser de ce système de vente et d’achat des joueurs ? Ne serait-il pas possible de faire signer des contrats de deux, trois ou cinq ans, avec une obligation de les respecter, aussi bien par le club que par le joueur, jusqu’à la date d’échéance ? Au terme du contrat le joueur et le club seraient libres soit de le renouveler soit de se séparer, il n’y aurait plus de raison d’acheter et de vendre. Les joueurs ont des carrières courtes, ok, mais ne serait-il pas possible dans chaque sport de fixer un revenu maximum à 10 000 ou 15 000 euros par mois par exemple ? Ce ne serait plus l’argent qui attirerait le joueur dans un club, mais uniquement le défit sportif. Et tout ce fric, il provient d’où ? Y-aurait-il de l’argent pas très propre ? Peut-on parler de respect des droits de l’homme, et accepter des investisseurs de pays qui ne les respectent pas ? Peut-on permettre à des marques qui délocalisent et font travailler des salariés à l’autre bout de la planète dans des conditions déplorables de se faire de la pub dans des stades payés par nos impôts ?

Le foot est devenu le sport le plus populaire au monde, le foot dépasse le foot, c’est un phénomène de société qui parfois frise l’irrationnel. Les joueurs sont des gamins gâtés qui ont 20-22-25 ans, physiquement et souvent bien moins dans leur tête. En un mois ils gagnent ce que coûte l’appartement ou la maison qu’un ouvrier met 20 ans à se payer. Et leurs frasques ou la récurrence de leur propos font presque autant parler que leurs exploits sportifs.

Si les entraineurs ou les présidents de club sont parfois incapables de gérer ces gamins, c’est aussi parce qu’il faut revoir la façon de former nos joueurs. Au centre de formation, on vit à l’écart de tout, dans un monde parallèle déconnecté des réalités. Il faut les emmener au théâtre, au cinéma, qu’ils lisent les journaux, … Qu’ils s’imprègnent de la société, et qu’ils comprennent que la finalité n’est pas l’argent. Qu’ils comprennent qu’ils ont la chance de ne pas travailler, mais de faire un métier-passion. Mais c’est vrai que l’on peut très bien être champion du monde avec des joueurs qui sont les rois des cons !

http://2ccr.unblog.fr/2012/10/08/largent-et-lethique-dans-le-sport/

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