L’argent : la nourriture de l’injustice

par Angèle Tremblay
samedi 13 novembre 2021

De nos jours, la technologie prend une grande part dans nos vies et nous en entendons de plus en plus souvent parler. L’argent est également un sujet bien présent, mais il adopte souvent un autre nom : l’économie. Maintenant, ces deux thèmes se sont fusionnés pour n’en former qu’un seul, la cryptomonnaie. Le Bitcoin et tous ses homologues sont de plus en plus à la mode. Toute cette nouvelle monnaie virtuelle fait réfléchir et nous amène à cette question : l’argent, qu’est-ce que c’est vraiment ? Selon moi, l’argent est une fausse réalité, un simple concept que le présent texte réussira peut-être à briser, sinon, et du moins je l’espère, à vous faire changer de point de vue sur la question.

 

Tout d’abord, chez les philosophes de l’Antiquité grecque, il existe un mythe qui parle d’argent. Il s’agit du mythe de Midas. Midas était un roi cupide qui fit le vœu de posséder le don de transformer tout ce qu’il touchait en or. Ce souhait lui fut accordé par le dieu Dionysos. Malheureusement pour lui, il n’avait pas pensé que cela puisse concerner aussi la nourriture, et il fut incapable de se nourrir ou de boire. Cette légende nous apprend non seulement que l’argent ne fait pas le bonheur, mais également, qu’il ne peut pas à lui seul nous maintenir en vie. Essayez donc de manger un billet de vingt dollars ou de boire des pièces de dix sous ou encore de vous en fabriquer des vêtements chauds et confortables. Essayez de vous laver qu’avec des billets de cent et de vous construire une maison avec des chèques et des cartes-cadeau. Je vous souhaite bonne chance ! L’argent a été rendu nécessaire à la vie par notre système capitaliste et consommateur, mais à l’origine, les humains n’en ont pas besoin pour vivre. En sachant cela, la prochaine fois que vous irez à votre guichet et que vous verrez une série de chiffres s’afficher à l’écran, demandez-vous si ces chiffres―car ce ne sont que des chiffres, encore moins réels que l’argent en papier―demandez-vous donc si vous pouvez, seul dans la forêt dans une situation de survie par exemple, les rendre bien utiles.

 

Ensuite, l’argent, nous le constatons à tous les jours, même si nous nous rendons plus ou moins compte qu’il en est la base ou le motif, est à l’origine de bien des vices, des défauts et des péchés chez les humains, notamment la cupidité qui les pousse à commettre des crimes, à voler, à tuer, à ravager des forêts, à négliger les pauvres, etc. Elle les pousse également à poser des gestes qui n’ont aucune logique, un peu comme Midas qui demande, sans réfléchir vraiment aux conséquences, de transformer en or tout ce qu’il touche. Nous vivons dans une société pleine de contradictions. Nous souhaitons arrêter le crime, mais nous ne faisons aucuns cas de l’un de ses principaux moteurs.

 

Bien que l’argent soit maintenant indispensable pour vivre et continuer à consommer bien tranquillement, c’est une ressource qui n’est pas répartie également. Il y a des gens riches et des gens pauvres. Il y a des pays riches et des pays pauvres. Il y a des pays qui sont surendettés et d’autres qui prêtent à qui mieux mieux. Les riches, étant donné qu’ils ont plus de pouvoir, car ils ont simplement plus d’argent, gouvernent les pauvres en faisant mine de les aider. Des pays et des institutions prêtent de l’argent à d’autres pays alors qu’ils doivent bien savoir qu’ils ne seront pas capables de rembourser. Pendant ce temps, nous aussi nous nous endettons pour satisfaire à l’invitation des milliards de publicité, qui semblent détenir le secret de la facilité et de la richesse, en achetant toutes sortes de babioles inutiles, de produits alimentaires préparés et suremballés, de nouveaux gadgets « magiques », etc.

 

Les riches gouvernent les pauvres ai-je dit plus haut. Nous pourrions tout aussi dire que ceux qui gouvernent sont riches. N’est-ce pas la même chose ? Non. Si ceux qui gouvernent sont riches, c’est peut-être qu’ils ont seulement plus d’argent. Mais si les riches gouvernent, alors nous parlons ici d’une ploutocratie, un régime où seuls les riches peuvent gouverner et les pauvres être dirigés. C’est tout sauf de la démocratie.

 

Pour finir sur une note un peu plus joyeuse, je vous propose de vous intéresser à l'entraide, aux échanges de services qui valorisent les aptitudes de chacun tout en promettant une harmonie et un équilibre au sein de notre société. Après tout, dans la cité naturelle de Platon, cité qu'il a imaginé être la première de toutes, l'entraide en est le fondement. Dans son récit, c'est parce que les humains ne peuvent pas se suffire seul qu'ils se sont regroupés en échangeant des services pour subvenir aux besoins de base de la communauté. Sans aller jusqu'à vivre du stricte nécessaire, nous pourrions tout de même adopter ce mode de vie en recherchant moins le luxe et le superflue et en nous concentrant sur l'entraide, pour ainsi être capable de vivre avec moins d'argent, à défaut de vivre sans.

 

Finalement, je crois avoir servi assez d’arguments pour ouvrir les yeux de ceux qui les ont fermés sur le concept malicieux de l’argent, qui n’est en réalité qu’une poignée de poudre qu’on nous jette à la figure jour après jour. L’argent ne peu pas nous nourrir, il est à l’origine de crimes et nous pousse sans cesse à consommer. Il empêche les pauvres, d’une manière sournoise, de s’en sortir, car les riches gouvernent encore et toujours. En résumé, l’argent est la nourriture, non pas d’un quelconque être vivant, mais de l’injustice. C'est à notre tour maintenant de faire en sorte que cela change, un pas à la fois.

 

Angèle Tremblay

Alma, Septembre 2021


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