L’argument de « la baisse des charges » sur les salaires pour faire face à la compétitivité ou comment prendre le citoyen pour un couillon !

par jojoduchato
mercredi 7 mars 2012

Depuis des années des politiques ont été menées par tous les gouvernements visant à baisser les cotisations sociales ( les fameuses « charges » qui sont en fait du salaire socialisé) sous le prétexte de rendre le cout de la main d'œuvre Française compétitif.

Qu'en est-il réellement ?

Ces dernières décennies, plusieurs commissions parlementaires ont travaillé sur l'impact des baisses « de charges salariales ». Aucune n'a jamais réussi à démontrer une quelconque efficacité dans la création ou le maintien des emplois Français.

La comparaison avec la réalité du terrain, à elle seule, permet de comprendre très facilement que même en baissant de façon très importante les cotisations (le salaire socialisé) cela ne change rien à la donne. En effet les écarts de salaires entre les pays Européens et les salaires des chinois ( par exemple) sont tellement importants que prôner une telle solution pour tenter de rétablir un niveau de concurrence comparable paraît assez stupide. En outre les salaires n'étant qu'une composante du prix d'un objet, l'impact de la diminution du salaire en est d'autant plus réduite.

 

Démonstration :

En effet, le rapport entre les salaires des deux zones ( Europe / Chine) est d'au moins 20 (1). En outre, en rapportant le salaire au nombre d'heures effectuées en moyenne en Chine (2) qui est souvent au moins le double de la moyenne travaillé en Europe, le rapport est au moins de 40. Autrement dit quand un salarié Français gagne 1000 euros par mois (en gros le smic) qui est un salaire très faible, le salarié chinois, lui gagne 50 euros !

La dernière loi dite « loi Fillon » sur les baisses de charges » a eu pour conséquence de baisser d'environ 18% le salaire minimum (3). Le salaire total a été diminué de 2007 euros à 1643 euros (2007- l'exonération de 365 euros)

Que devient le rapport entre le salaire français et le salaire chinois initialement de 40 ?

le nouveau rapport devient : 1643 euros / 50 euros = 32,86

D'un rapport de quarante on passe à 33. C'est comme si on avait donné 60 euros au lieu de 50 au salarié Chinois (sauf qu'on ne lui a pas donné !). La différence astronomique entre les salaires est maintenue et les produits chinois peuvent continuer à concurrencer les produits réalisés en Europe sous des conditions sociales bien meilleures. A noter aussi que si on se réfère aux salaires d'autres pays comme le Bengladesch le rapport remonte à 55 ! (1643 euros/30=54,76)

Par contre, désormais, il manque aux salariés français, Smicards, 365 euros par mois qui lui ont été subtilisés de son salaire socialisé ! Ce manque à gagner, destiné à alimenter le régime général de la sécurité sociale ( branche Famille, Retraite de base, maladie ) et le chômage, c'est lui qui va en assurer le paiement avec son salaire net via l'impôt !

Conclusion :

La baisse des « charges salariales » qui est dans réalité une baisse du salaire socialisé n'est qu'un prétexte pour augmenter la part de surtravail ou, plus simplement dit, la part de travail accomplie par le travailleur qui ne lui est pas payée. C'est la part supplémentaire qui va rétribuer le capital au lieu du salaire. De façon plus concréte encore, c'est par exemple la part qui est attribuée aux actionnaires au détriment de ceux qui produisent les richesses.

 

  1. En France, pour un SMIC et une entreprise de plus de 20 salariés, au premier janvier 2012, le salaire total est de 2007 euros (le salaire total = salaire net + cotisation du salarié + cotisation de l'employeur). Le salaire net est de 1097 euros. Pour la Chine, en 2008, le salaire minimal était fixé, à 800 yuans par mois (93 euros) à Pékin, à 960 yuans (111 euros) à Shanghai et à 770 yuans (90 euros) à Dongguan. (Les Echos , France , 19/11/2008 ) . A noter qu'au Bengladesch, le salaire minimum est de l'ordre de 30 euros pour des temps de travail identiques à ceux de la Chine.

  2. Les ouvriers des usines textiles de Shenzhen en Chine travaillent 7 jours sur 7, jusqu'à 12 heures par jour, soit 80 à 90 heures par semaine, pour un salaire de 115 euros par mois. Les heures supplémentaires sont obligatoires et non payées. Les ouvriers ont une semaine de vacances par an, non payée. Les ouvriers sont logés dans des dortoirs de l'entreprise. Ils disposent d'une heure de liberté par jour. (Capital , France , 29/03/2009 )

  3. La cotisation normale de l'employeur (entreprise de plus de 20 salariés au 01/01/2012) est de 609 euros mais elle a été ramenée à 245 euros soit une exonération de 365 euros. (365 euros /2007= 18,19%)

 

Références salaires en Chine consulter :http://fr.transnationale.org/pays/chn.php


Lire l'article complet, et les commentaires