L’Atlantide engloutie, suite et fin
par Emile Mourey
vendredi 29 janvier 2010
Tout au long de mes quatre articles consacrés au texte de Platon sur l’Atlantide, je me suis efforcé de retrouver le substrat historique à partir duquel il a imaginé sa cité idéale. Les trois murs d’enceinte, il les a reportées dans sa ville idéale mais il leur a donné à toutes trois un tracé parfaitement circulaire alors que la muraille de l’oppidum arverne était en forme d’oeuf ouvert vers le ciel. Autrement dit, alors que les fondateurs ont inscrit leur ouvrage dans un symbolisme mystique, le grec Platon a choisi la rigueur très humaine de la géométrie. Conformément aux principes élémentaires d’une bonne défense, il a fait baigner le bas de chaque enceinte, d’un fossé ou canal, un idéal vers lequel tout bon stratège doit tendre. Mais quand il ramène les deux sources d’eau chaude et froide au sommet de son ilot central, on est en droit de se demander s’il n’est pas un peu trop exigeant.



Les découvertes archéologiques de Vincent Guichard (1), éclairées par le texte de Platon, prouvent qu’au IVe siècle avant J.C., et probablement plus tôt, les rois arvernes avaient cadastré toute la plaine de la Limagne. Et Platon ajoute - je résume - que chaque chef (de parcelle) devait fournir la sixième partie d’un chariot de guerre afin que le nombre en fut de dix mille ; deux cavaliers à cheval, un combattant de char et son cocher, deux fantassins puissamment armés, deux archers, deux frondeurs, trois lanceurs de fronde, trois lanceurs de javelots, soit 16 hommes multipliés par 60 000, ce qui fait une armée de 960 000 hommes si l’on suit Platon. L’armée de Bituit qui fut vaincue par les Romains en 121 avant J. C., ne s’élevant, d’après Strabon, qu’à 200 000 hommes, cela nous donne un premier coefficient d’exagération. L’armée de César ne s’élevant qu’à 40 000 hommes environ nous incite à revoir encore à la baisse le chiffre de Strabon. Mais le plus important n’est pas là ; l’important, c’est de comprendre que si Bituit a pu rassembler sous les armes une troupe aussi importante, c’est parce que sa cité était une cité organisée, cadastrée, disposant d’un plan de mobilisation et d’une agriculture structurée... d’où l’admiration de Platon.
Or que dit Strabon ? Les Arvernes étendirent leur domination jusqu’à Narbonne et jusqu’aux frontières de l’empire marseillais. Ils soumirent des peuples jusqu’aux Pyrénées, jusqu’à l’océan et jusqu’au Rhin (Géographie de la Gaule, IV, 2,3).
Bref, tout concorde. S’il tombe sous le sens que la Gergovie de Napoléon III ne pouvait être la cité qui se dressa jadis contre Athènes, en revanche la Gergovie du Crest, oui, cent fois oui !
Et puis, qu’on regarde la frise du vase de Vix : les escadrons de cavalerie succèdent aux unités d’infanterie lourde et ainsi de suite. Voici l’armée de Gergovie !
Renvois
(1) M. Vincent Guichard est actuellement président du Centre archéologique européen du mont Beuvray. Toujours partisan de la thèse de Bibracte sur ce site et de Gergovie sur le plateau de Merdogne, je lui ai fait demander de se désolidariser de M. Christian Goudineau, titulaire de la chaire des Antiquités nationales. J’attends qu’il fasse connaitre sa position.
(2) Pour ne pas faire un article trop long, je reporte à plus tard (peut-être) le célèbre sacrifice du taureau par les rois prêtres de l’Atlantide ainsi que la grande scène du jugement qui a suivi. Le lecteur intelligent aura déjà compris que cette chasse au taureau aux allures de tournoi n’a pu avoir lieu que sur le plateau de La Serre.
(3) Je rappelle que l’article que j’ai fait paraitre le 26 février 2007 sur l’Atlantide m’a valu les pires sarcasmes. On s’est même référé à cet article pour essayer de m’enlever toute crédibilité pour les autres que j’ai publiés. Pendant ce temps-là, pendant qu’on m’écharpait, le silence du ministère de la Culture est resté assourdissant comme si certains de ses membres se réjouissaient même de ne pas être obligés de se remettre en question. Et ce silence est toujours assourdissant.