L’baron passe la Seillière !

par George L. ZETER
jeudi 16 août 2018

... Et elle est salée la Seillière d’un jackpot de 29,4 millions d’euros ! Le baron, Ernest-Antoine Seillière a réussi en faisant trainer les choses depuis 2011, à, le 14 aout 2018, se tirer d’affaire par la confirmation de la cour d’appel pour un vice de forme et ne pas payer ces presque 30 millions de redressement fiscal. J’suis sûr qu’il a dû sabler le champagne millésimé grande cuvée le nobliau arrogant au lieu de fêter à coups de mousseux demi sec. D’autant que dans cette belle aventure il n’est pas seul mosieur l’baron, y’a avec lui Jean-Bernard Lafonta, banquier qui s’occupait des pépettes du groupe Wendel, appartenant à Seillière et une douzaine de cadres de cette organisation.

Le 12 avril dernier,[1] la cour administrative d’appel de Paris rend son jugement dans une énorme affaire de fraude fiscale présumée. Quatorze gros contribuables, se sont vu infliger la bagatelle de 110 millions d’euros de redressement ; mais ils contestent vigoureusement cette douloureuse. Deux d’entre eux jouent particulièrement gros dans cette affaire. Ernest-Antoine Seillière, 80 ans, ex-président du Medef et héritier de la société d’investissement Wendel. Le fisc lui a collé un redressement de 29,4 millions d’euros. Celui qu’il avait nommé pour diriger son groupe, Jean-Bernard Lafonta, est encore plus lourdement touché. Bercy lui réclame 44,2 millions. En ce jour béni du 12 avril, les deux hommes voient leur redressement invalidé pour vice de forme. Pas un seul euro à payer. « Le plus drôle, rigole un avocat, est que le vice de forme en question, pour Ernest-Antoine Seillière,(et les autres) est tout simplement la non-communication, par l’administration fiscale, d’un document : les comptes d’une de ses sociétés personnelles. On peut aisément imaginer qu’il détenait déjà cette pièce. » hey ! avec un bon avocat O.J Simpson s’en est tiré malgré de forts soupçons d’un double meurtre, alors des peccadilles à 110 millions...

Le montant de tous ces cadeaux pour les 14 avoisinent les 110 millions !!! D’ailleurs l’un d’eux témoigne « « On me réclamait 7 millions d’euros, je n’ai désormais plus que 1,5 million à régler »...J’aime le « plus que », nous ne vivons pas c’est certain sur la même planète et dans la même galaxie !

Pourtant en 2011,[2] Bercy avait cru coincer tous ces mauvais payeurs titrait le magasine Marianne. « Les limiers de Bercy ont frappé fort à la veille de Noël. Par voie d'huissier, ils ont signifié un redressement fiscal spectaculaire à Ernest-Antoine Seillière et à 13 de ses proches collaborateurs. Le fisc pointe des culbutes financières sur des titres maison qu'il considère comme de vulgaires compléments de salaire, donc soumises à l'impôt sur le revenu. Selon le Journal du dimanche, les montants réclamés avoisineraient 240 millions d'euros. »

Remarquez qu’entre 2011 et 2018 nous passons de 240 à 110 millions de redressement...

Tout débute en 2004 : le groupe Wendel s’éloigne de la sidérurgie et devient un fonds d’investissement.

L’heure est à la diversification dans les entreprises prometteuses, comme le fabricant de matériel électrique Legrand, qui va être introduit en Bourse. Pour mettre en œuvre ce changement d’ère, Seillière a recruté un jeune banquier au CV prestigieux, Jean-Bernard Lafonta, venu de BNP Paribas. Tout en dopant les profits de son employeur, le jeune manager se dit qu’il serait bon que les principaux cadres dirigeants, à commencer par lui-même, puissent avoir leur part du gâteau. Avec l’aide du cabinet d’avocats Debevoise & Plimpton et de la banque d’affaires JP Morgan, il met au point un montage financier qui va s’avérer être un véritable jackpot. Les quatorze principaux cadres de la société Wendel prennent une option d’achat sur plus de 500 000 actions de leur société. L’acquisition est financée à 100 % grâce à un prêt de la banque JP Morgan. Trois ans plus tard, les mêmes revendent leurs actions et engrangent une plus-value de 315 millions d’euros. Les mieux lotis sont Jean-Bernard Lafonta, qui récupère 116 millions, et Ernest-Antoine Seillière, qui empoche 79 millions.

Comme « ces gens là » n’en ont jamais assez, toute la stratégie va être de pouvoir payer le moins d’impôts possible, jusqu’à être borderline... Voici un mail envoyé d’un des cadres à un de ses collègues : « Il s’agit clairement d’une opération permettant de transformer une distribution de dividendes en plus-value et d’alléger l’imposition pour les managers. Il faut clairement que les conseils se penchent sur le risque que cela représente en terme de « montage fiscal » et bâtissent un argumentaire pour le justifier. » On est là en pleine conscience de la recherche d’une « optimalisation fiscale », cela s’appelle aussi de la préméditation à la tricherie... à L’époque sur le pactole des 315 millions ils auraient raqué 65%, il serait resté seulement ! 120 millions à se partager pour 3 années de non travail, juste regarder tous les matins les montées boursières de l’investissement qu’ils avaient fait non pas avec leur argent, mais avec celui des clients de la banque (disparue depuis) !!! (Lorsque j’écris ce paragraphe, j’ai les poings qui me démangent) !!!

Pour vous dire combien les affaires de la finance et les politiques peuvent être cul et chemise, ce cas est symptomatique de ces grandes dérives qui émaille la vie des français depuis... ? L’affaire Stavisky peut-être.

La loi de 2003 dite « Dutreil » par Renaud Dutreil alors secrétaire d'Etat au PME. Qu’en acquérant des options d'achat de titres la société Wendel en l’occurrence et qui, une fois converties et conservées six ans dans des sociétés personnelles, échappent à hauteur de 75 % à l'impôt. D’ailleurs, cette loi « Dutreil » bénéficia aussi à une certaine Madame Dutreil, épouse et ancienne directrice de la communication de Wendel qui plaça pour plus de 8 millions d’actions Wendel dans un fonds personnel appelé joliment « gatsby ».

Pourtant, Bercy, ne s’y laissa pas prendre et démontra après des perquisitions et des gardes à vue qu’il y avait culbute financière sur des titres maison et considérant que ce sont de vulgaires compléments de salaire et qu’ils seraient soumis à l'impôt sur le revenu. Patatras, aout 2018, banco, tout le monde part les mains blanches et les poches pleines.

Morale amorale de l’histoire : Nous, les manants allons être prélevés direct sur nos miséreux salaires dès 2019, et aussi, les services fiscaux, maintes fois ont poussé au suicide de brave gens, qui tellement acculés par ces services n‘ont vu qu’une seule alternative, la corde. Et il y a les seigneurs, saigneurs, qui eux, avec l’aide de fiscalistes, de banquiers d’affaire, d’avocats, de politiques, peuvent échapper à toutes poursuites comme la confirmation de la cour il y a deux jours, et peuvent même demander des excuses publiques lorsqu’ils sont insultés d’un « hey ! l’baron, espèce de Wendel à ta cause ! ».

Comme nous sommes dans un monde si bien policé qu’il ne faut plus hurler au gibet, à la potence sous peine d’être taxé de violent, de terroriste et de ne plus paraître sur aucun site de ré-information ; donc, ce que j’ai à dire au baron et ses sbires en toute délicatesse afin de ne pas traumatiser ces Wendel’ boys : « messieurs, je vous dis crotte ! » et n’oubliez pas pour être veinard... Il faut toujours balancer la Seillière par-dessus l’épaule gauche !

Georges Zeter/aout 2018


[1] https://www.anti-k.org/2018/08/14/seilliere-et-le-fisc-loccasion-fait-le-baron/

[2] https://www.marianne.net/societe/wendel-lenjeu-dun-redressement-fiscal


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