L’empereur gaulois que ses adversaires menaçaient d’apocalypse
par Emile Mourey
mercredi 2 mars 2011
Le moins qu'on puisse dire est qu'aujourd'hui, les Gaulois n'ont pas le vent en poupe. Professeur au collège de France, Christian Goudineau ne manque jamais d'agrémenter ses conférences par quelques traits d'humour sur les Gaulois qui mettent l'assistance en joie. Les plaisanteries gauloises, ou plutôt anti-gauloises, s'inscrivent en effet dans la pure tradition d'une histoire écrite par les vainqueurs. Au muséoparc d'Alésia, plus de deux mille ans après la bataille, on se félicite toujours de la victoire des Romains et nos manuels scolaires tout en éloges pour la colonisation romaine traitent encore les empereurs gaulois du III ème siècle du nom péjoratif absolument incroyable d'usurpateurs.
Faisant suite à mon article précédent, voici l'autre médaillon qui fait pendant à celui que j'ai présenté et qui, en même temps, confirme mes interprétations.
Après avoir détruit le temple de Chalon - Jérusalem éduenne devenue infidèle et pervertie - Dieu a décidé de déclencher l'apocalypse sur son castrum de la colline de Taisey. Ses anges sont descendus du ciel, soufflant la tempête et crachant le feu biblique.
Nous revenons, à gauche, sur la colline de Taisey. Trônant sur son piédestal, la statue du légionnaire gaulois est complètement déstabilisée par la tornade. Ses vêtements s'envolent. Sous l'effet du feu de Dieu, son épée a fondu. Le légionnaire est désarmé par la volonté divine tandis que le piédestal s'enflamme. En provenance de la lointaine Italie, enveloppé dans son ample manteau, Saturne s'est mis en route, tenant solidement en mains le manche de sa faux (?). Il s'avance avec la ferme volonté de couper la mauvaise herbe et de reprendre pied sur le piédestal qu'il occupait avant la scission des empereurs gaulois.
Derrière la haute tour apparaît un bâtiment que je pense être l'ancienne prison romaine, édifice toujours existant. Plus en arrière, se distingue la muraille de la haute cour telle que l'ancien cadastre en a conservé la trace. Nous avons probablement là l'illustre et mythique Orbandale - Chalon des origines - dont les remparts étaient célèbres pour ses trois rangées de briques dorées. Quel est cet autre bâtiment qui se trouve en contrebas, au pied de la forteresse ? Logiquement, il devrait se trouver à l'extrémité nord du plateau. S'agit-il d'un temple ? Le feu sacré indique-t-il la présence d'une nécropole ? Faut-il situer tout cela au Maupas où ont été mis au jour des sépultures dites mérovingiennes ?
Surprise par le feu qui sort de terre, la population de Chalon dont le pied gauche est déjà dans les flammes essaie de sauver son pied droit. Sa croupe luxurieuse et cambrée, sa poitrine nue et son corset de danseuse évoquent le péché de la ville de Chalon. Mais ses deux mains en position de refus, l'absence d'animalisation de ses membres, indiquent qu'elle peut encore être sauvée. Chalon-sur-Saône, ô toi l'antique Cabillo, si tu veux retrouver cet âge de Saturne qui fut jadis pour tes habitants un âge d'or, reviens à la vertu de ta tradition. Renverse l'usurpateur Posthumus !
Et Dieu t'enverra ses colombes portant le rameau d'olivier.
Note
1. Ma thèse. Je fais le rapprochement entre une médaille de Posthumus et la fameuse prophétie d'Isaïe (Is 11,1) : « Puis un rameau sortira de la souche de Jessé (père de David), et un rejeton renaîtra de ses racines ». Dans son ouvrage sur l'histoire de la cité d'Autun, Edme Thomas dit au sujet de la médaille dont je donne le croquis : elle représente Hercule nu, avec la légende "Herculi romano". Posthume se faisait en effet appeler l'Hercule et restauraleur des Gaules. On voit entre Hercule et une déesse revêtue du péplum, un arbre ou un pal entouré d'une figure en spirale. Mon interprétation serait plutôt celle-ci : un rejet - rameau davidique - entouré du serpent. Ce qui est toutefois étonnant est la rareté de ce type de médaille dont je ne connais pas d'autres exemplaires.