L’enjeu du vote UMP au second tour

par José Peres Baptista
mardi 1er mai 2007

Le danger pour la France n’est pas Nicolas Sarkozy mais l’UMP. L’objectif de cette dernière est l’hégémonie. C’est un parti qui n’admet aucune diversité, aucune contradiction. Un parti où tout le monde doit être d’accord avec le chef, où la diversité de parole semble ne pas exister si elle n’émane pas du chef. C’est cette structure même de fonctionnement qui représente aujourd’hui le risque majeur pour notre pays.

C’est un parti antidémocratique où le seul courant qui existe est celui du chef pour le chef. Les divergences n’existent pas, les différences d’appréciation non plus. Un parti où le chef peut changer de propos ou d’engagements sans que ça ne provoque une seule réaction dans ses rangs. Un parti aux dirigeants violents et brutaux dans leurs pratiques politiques.

Un parti qui recrute ses nouveaux députés par pressions et menaces électorales. François Bayrou a très bien analysé ce danger de l’extérieur et auparavant Nicolas Dupont-Aignan l’avait subi. C’est un danger pour le pluralisme démocratique.

C’est un parti qui compte la quasi-totalité des grands dirigeants des médias. Un parti qui contrôle déjà tous les pouvoirs institutionnels mais aussi financiers. Un parti où toutes les limites de la déontologie et de l’éthique, de la vocation politique, mais aussi, et c’est bien plus grave, de la démocratie, ont été abolies. Un parti qui souhaite créer non seulement un pôle centriste, ce qui peut se comprendre, mais dorénavant aussi un pôle de gauche qui serait animé par un député débauché. Débauché en pleine campagne dans le seul objectif de déstabiliser l’adversaire le plus probable. Un parti qui absorbe ses concurrents pour les dissoudre dans la plus pure traduction d’une stratégie commerciale à la Microsoft. En contrepoint il s’agit d’un parti dont le président fut aussi nommé numéro deux du gouvernement au ministère de l’Intérieur, après une présence ininterrompue dans les exécutifs. Un parti issu du pouvoir qui « contrôle » non seulement le peuple par l’intermédiaire de son parti mais aussi toutes les forces de l’ordre du pays, y compris une force militaire comme la gendarmerie. Un parti que Nicolas Sarkozy veut rendre unique. Il veut associer tout droit individuel à un devoir ; qu’en sera-t-il du droit de vote ? On approche là dangereusement les bornes de la démocratie et de la liberté d’un peuple : la combinaison du parti unique et du vote obligatoire.


Le souverain n’est pas le président mais le peuple. Le calendrier électoral donne à l’élection présidentielle un poids tel qu’on doit se poser la question de savoir si l’on souhaite donner de nouveau tous les pouvoirs à l’UMP. Il faut inscrire ce second tour dans le même moment que les législatives. L’UMP doit être combattue en tant que telle, pas en combattant uniquement Nicolas Sarkozy à sa tête. Toute attaque contre sa personnalité sera repoussée par la stratégie de défense de l’UMP de la diabolisation.

Le danger d’une structure comme l’UMP est la concentration de tous les pouvoirs en un seul. La boîte de Pandore a été ouverte par Jacques Chirac en permettant à un président de parti d’entrer au gouvernement à la place qui a été la sienne de surcroît. Il en porte évidemment l’écrasante responsabilité. Dans la forme qu’a pris L’UMP en tant que parti politique on comprend mieux l’enjeu national du prochain scrutin. L’État de Nicolas Sarkozy sera l’UMP.

Les électeurs indécis et centristes doivent aussi se poser la question suivante : voulons-nous accorder tous les pouvoirs à l’UMP en imaginant que Nicolas Sarkozy en garderait le contrôle direct ou indirect en cas d’élection ? En en connaissant le mode de fonctionnement et les pratiques ? C’est une question qui se pose au delà du PS, des partis à sa gauche et du centre.
C’est une question qui se pose à l’immense majorité des électeurs qui n’a pas voté pour Nicolas Sarkozy au premier tour.

Les Chinois ont évolué en ouvrant la doctrine d’un parti unique antidémocratique au dogme d’un capitalisme national pratiquant un néolibéralisme débridé inhumain. Les Français amorceraient alors la même évolution dans le sens contraire : le capitalisme national le plus inhumain et antidémocratique imposerait au peuple son parti unique en concentrant tous les pouvoirs dans les mains d’un seul homme. Toutes les dérives deviennent alors possibles, y compris les pires de l’Histoire.

Il ne s’agit pas ici de juger de la personnalité du candidat Sarkozy. Il est question d’imaginer ce que de telles concentrations de pouvoir et de puissance peuvent produire comme résultat sur une nation où les fractures sociales sont aussi fortes. Il est question de se demander quels seront les contre-pouvoirs indépendants qui subsisteront après l’élection de son chef.

François Bayrou, Nicolas Dupont-Aignan ou Azouz Begag ont compris que ni Nicolas Sarkozy ni l’UMP n’en laisseront aucun.

Voilà l’enjeu du vote de ce second tour : nos contre-pouvoirs.

Voterons-nous pour l’UMP ?


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