L’espèce humaine est-elle menacée ?

par Henry Moreigne
mardi 26 février 2013

La planète va mal et l'Homme en est la principale cause. Epuisement des ressources, érosion de la biodiversité, pollution de l'air mais aussi dissémination dans l'environnement de très nombreuses substances chimiques, la liste des maux est longue. L'homme est un loup pour l'homme. Entre famines, cancers et maladies de toutes sortes l'espèce humaine paye le prix fort. Combien de temps encore ?

Des scientifiques de renom, Jared Diamond et Paul R. Erhlich, rappellent qu'à peu près toutes les civilisations ont connu un effondrement brutal généralement accompagné d'un déclin démographique très fort.

Dans bien des cas cet effondrement a résulté d'une surexploitation et d'une destruction de l'environnement et s'est traduit par la faim. Car la démographie est au centre de tout. En peu de temps l'homme est devenu une espèce envahissante pour la planète. De plus en plus d'hommes à l'empreinte écologique croissante pour la biosphère. Suffisamment pour que la communauté scientifique considère qu'au plan géologique nous sommes passés depuis la révolution industrielle de l'ère de l'holocène à celle de l'anthropocène, c'est-à-dire un monde modelé par l'homme.

La modification de la planète est désormais visible à l'œil nu. Au pôle nord avec le réchauffement climatique lié à nos rejets de CO2 mais aussi, très concrètement ici chez nous, souvent de façon insidieuse.

Il y a la pollution lointaine, à grande échelle comme en Chine. Les niveaux de pollution de l'air dans les grandes métropoles y sont si élevés et inacceptables qu'ils constituent aujourd'hui un risque important de déstabilisation pour le régime en place.

Un record a ainsi été battu le 12 janvier dernier. A Pékin, la mesure des particules PM 2,5 a atteint des taux records de 800 microgrammes/m3 d'air pour un maximum de 993 mg/m3 … quand la norme européenne est de 50 mg/m3 et celle de l'OMS de 20 mg/m3.

Pékin étouffe mais elle n'est pas la seule. Ce sont toutes les mégalopoles émergentes (Dehli, Karachi, Mexico, Oulan-Bantor …) qui sont concernées. Et les habitants sont en première ligne. Dans la capitale chinoise, des études s'alarment de l'explosion du nombre de cancers du poumon. L'hypercroissance économique des pays émergents s'accompagne désormais d'une crise écologique désormais systémique.

Il y a aussi la pollution de proximité. Comme celle au PCB qui touche le Rhin et le Rhône et se traduit pour ce dernier par une interdiction de pêcher et surtout de consommer le poisson issu du fleuve sur la plus grande partie de son cours. Plus récemment, une enquête vient de révéler une contamination généralisée de la faune sur le bassin de la Loire, fleuve "sauvage".

Une mauvaise nouvelle n'arrivant jamais seule, l'OMS dans un rapport mis en ligne le 19 février a reconnu pour la première fois le risque potentiel pour la santé des perturbateurs endocriniens. En clair, les centaines de milliers de molécules chimiques disséminés par l'homme dans son environnement sont autant de bombes à retardement avec des combinaisons possibles dont on ne connaît pas les effets. Le rapport insiste d'ailleurs sur la nécessité d'accélérer les recherches et les évaluations. Au même moment, Pékin, toujours elle, vient de reconnaître, l’existence en Chine de 400 "villages du cancer" situés à proximité de sites industriels polluants.

Autre signal d'alerte, l'alimentation. Au-delà de l'épisode de la viande de cheval, Le Monde publie un grand article de Fabrice Nicolino sur "le scandale alimentaire qui s'annonce". Il ne s'agit plus d'appréciation qualitative sur la malbouffe mais sur ce qui ressemble à un empoisonnement comme nous l'apprennent deux études récentes. L'une qui montre la présence dans le lait - de vache, de chèvre ou d'humain - d'anti-inflammatoires, de bêtabloquants, d'hormones et bien sûr d'antibiotiques. L'autre qui à permis de découvrir dans des petits pots pour bébés contenant de la viande des antibiotiques destinés aux animaux mais aussi des antiparasitaires.

Tous ces éléments vont dans le même sens. Ils confirment la folie de notre modèle de développement devenu universel et la fragilité du "village monde" dont l'avenir ne peut être déconnecté de celui de la biosphère. Il est temps d'agir. Dommage que les mouvements écologiques européens ne soient pas à la hauteur.


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