L’establishment se frotte les mains
par Bruno Hubacher
mardi 27 novembre 2018
Le peuple suisse a évité le Brexit ce weekend, enfin presque.
Pourtant, il y aurait eu, une fois de plus, une petite échappatoire dissidente au menu ce dimanche, deux initiatives qui auraient pu faire une petite différence dans les domaines du social et de l’environnement. Le peuple n’a pas saisi l’occasion et les milieux économiques se frottent les mains.
Sous la pression de la majorité conservatrice, le ministre socialiste des affaires sociales, Alain Berset, propose une modification de la « Loi fédérale des assurances sociales », modification acceptée par le peuple à 65% dans la joie et la bonne humeur. Dorénavant, les autorités seront habilitées à engager des détectives privés, mandatés par les sociétés d’assurance, pour surveiller des citoyens, soupçonnés d’abuser des prestations sociales.
Il semble un fait établi parmi bon nombre de concitoyens que la cause de la hausse du coût de la santé soit la malveillance des fraudeurs.
La deuxième occasion manquée pour humaniser ne serait-ce qu’un peu le modèle sociétal du néolibéralisme fut l’initiative pour la dignité des animaux de rente agricoles. Il se trouve que trois-quarts des vaches en Suisse sont dépourvus de cornes pour des raisons économiques d’espace dans les étables. L’initiative proposait un soutien financier aux paysans qui décideraient de ne plus couper les cornes à leurs bêtes. Le souverain n’en a pas voulu à 55%.
Dans le même registre, écologique et environnemental, il avait déjà sacrifié, le mois de septembre dernier, sur l’autel du libre-échange, deux autres initiatives, l’initiative dite de la souveraineté alimentaire, refusée à 68% , ainsi que l’initiative « Fair food » qui aurait voulu instaurer un contrôle de qualité plus strict des aliments importés (50% de la consommation) respectant à la fois les conditions de travail des agriculteurs, le bien-être animal, ainsi que l’environnement, autant en Suisse qu’à l’étranger, initiative refusée à 61%, parce qu’incompatible avec l’agriculture productiviste et le libre-échange selon le ministre en charge du dossier.
On se réjouit déjà des prochaines marches pour l’environnement avec ses ballons et pancartes.
En matière de tartufferie électorale, nos amis français ne sont pas en reste. Nous apprenons, de ce côté de la frontière, que des centaines de milliers de citoyens français sont descendus dans la rue ce weekend pour protester contre la politique antisociale de leur président et son gouvernement.
En même temps, ce dimanche passé, 82% des électeurs du département de l’Essonne ont préféré rester à la maison, plutôt que d’aller voter. Par conséquent, 20% des électeurs du département ont fini par choisir le député qu’ils enverront à l’Assemblée nationale pour les représenter. Le choix est tombé sur le maire de la ville d’Evry, un ancien socialiste, soutenu par la majorité présidentielle, élu avec 59% des voix. Certes, il ne faisait pas beau.