L’État dépendant du tabac ?

par HOEFFEL Olivier
mercredi 2 novembre 2005

L’État ne serait-il pas encore plus dépendant du tabac que les fumeurs eux-mêmes ? Nous vivons dans un pays de libertés (plurielles). Le tabac est considéré par ceux qui le consomment comme une liberté. Vous savez, cette même liberté de rébellion qu’ils se sont octroyée à la première cigarette.

Laquelle est-elle réellement ? Celle de mourir des suites d’une maladie liée au tabac, pour 50% des fumeurs. Un fumeur sur deux !

Le pouvoir hypnotique et chimique du tabac transforme cette liberté en dépendance.
La liberté d’une consommation, quelle qu’elle soit, c’est le pouvoir de l’interrompre, soit parce qu’on l’a décidé, soit parce que, momentanément, on attente à la liberté des autres. Puisque tel n’est pas souvent le cas, liberté, il n’y a pas.

Concernant le rôle de l’État et de nos élus, je voudrais être très prosaïque : chaque année, une ville comme Cannes est exterminée. Que ferait normalement l’État face à un tel criminel ? Il mettrait toutes les forces armées de France pour l’arrêter.

Pour le tabac, il augmente les taxes, et affiche une baisse de la consommation... et une hausse des recettes de ses recettes. Je voudrais être rassuré : la consommation est-elle évaluée additionnant les ventes de tabac par les débitants ? Parce que si c’est le cas, c’est oublier que dans certaines régions, 1/3 des consommateurs s’approvisionnent au marché noir.

En passant, si l’État refuse d’interdire tout simplement la consommation de tabac, alors qu’il le fait pour d’autres substances nocives pour le consommateur, c’est par crainte de voir se développer des marchés parallèles et criminels. Mais n’est-ce pas déjà le cas avec l’augmentation des taxes ?

Et là, l’État n’est pas content du tout, car le consommateur a le droit de se tuer, mais au moins faudrait-il qu’il se tue en reversant sa contribution à l’État (près de 80% du prix de la cigarette). Les recettes fiscales du tabac, c’est environ 12 milliards d’euros, 6% du budget de l’État.

Question impertinente, donc ? L’État ne serait-il pas le plus grand dépendant au tabac de France ? L’État saurait-il faire sans le tabac, tout en incitant les fumeurs à faire sans ? Le pire cauchemar pour l’État ne serait-il pas que tous les fumeurs s’arrêtent de fumer ?

Bonne nuit, Monsieur Breton !


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