L’été de la désinformation (3) : un F-22 abattu... par un Rafale !
par morice
mardi 10 septembre 2013
La désinformation, en cas de conflit, je ne vous dis pas. Chaque parti en présence tente de leurrer les partisans de l'adversaire en manipulant les images. Ou en racontant n'importe quoi, ce qui est immédiatement relayé par des individus qui ne vérifient en rien leurs sources, et colportent donc de fausses informations parfois sans s'en rendre compte, ou parfois sciemment, pour servir leur vision biaisée du monde, ce qui est pire encore. Pendant la guerre au Mali on en eu un superbe exemplaire (*), aujourd'hui on en a un autre avec une dépêche sortie de nulle part, et indiquant sans sourciller qu'un des fleurons de l'US Air-Force, le F-22, aurait été abattu par un missile syrien. Et comme l'info ne semblait pas suffire à elle-même, encore, dans le lot on a même glissé en paquet cadeau... quatre missiles Tomahawk "abattus" également, présentés bizarrement comme ayant été "envoyés en éclaireur", alors qu'on le sait, ils sont toujours envoyés en salve massive. La dépêche, plutôt douteuse, a été reprise telle quelle et présentée ici sans aucun recul (**), par un habitué des coups d'éclats dans le vide, qui avait, rappelons-le, relayé sans plus de jugeote le vieil hoax d'un Hitler de descendance juive, une fausse histoire inventée dès 1946 (et reprise récemment par le Daily Mail, remarquez *** !). L'absence de vérifications à la vie dure, chez certains qui se prétendent journalistes sur le net, alors que l'ensemble de leur attitude en est tout le contraire. Faire précéder l'hoax d'un "Exclusif" rendant l'annonce encore plus ridicule, à en vérifier la véracité en quelques clics (tapez "F-22 et Syrie" dans un moteur de recherche pour voir à quel point ça a marché... c'est affolant !).
C'était pourtant facile à vérifier cette fausse annonce lancée par un partisan d'Assad et recopiée partout sans aucune vérification. Les sources indiquées, en deux coups de cuillère à pot se révélaient... inexistantes. Des inventions pures, avec des indications précises placées dans la déclaration pour faire plus vrai. Le journal cité annonçant le crash se serait appelé le "Post", et il serait installé en Oklahoma, pouvait-on lire comme seule source fournie (et recopiée partout de la même façon !). La vérification est simple à faire, pourtant, et elle révèle très vite qu'aucun journal officiel n'existe sous ce nom dans cet état.
L'annonce évoquait en plus du F-22, le fait que 4 Tomahaks aient été abattus, à l'aide de missiles syriens "nouveaux" de type S-300 (la Syrie devrait recevoir des S-400 selon certaines déclarations alarmistes, alors qu'elle ne possède toujours pas un seul S-300), ce qui est impossible, en plus, l'engin n'étant pas fait pour attaquer ce genre de cible, plus sensibles à des batteries anti-aériennes à tir rapide genre Phalanx
Pour le F-22, ce n'était pourtant pas difficile à vérifier, pourtant, tant le déploiement fort restreint du F-22, oiseau rare à fortes contraintes de vol est facile à suivre. Il ne peut se poser sur porte-avions et n'était pas en visite à ce moment-là en Jordanie. L'engin "miracle" de l'aviation US se révèle surtout au fil du temps être un bidule ingérable, qui s'écrase tout seul plutôt qu'autre chose, pas la peine de chercher à l'abattre ! Un engin vendu pourtant au prix de l'or en barres : on en a terminé la production en 2009 au bout de 187 avions de série et 8 exemplaires de tests, alors qu'il avait été prévu d'en produire beaucoup plus (648 avions prévus en 1991, et même 750 au départ dans les années 80). Les contraintes budgétaires lui ayant préféré une autre danseuse encore plus mal fagottée, le F-35. A 51 miliards de développement, la baisse du nombre d'engins créés à fait remonter le tarif unitaire à une somme rondelette : chaque engin revenait aux premiers calculs à 116 milions de dollars pièce, selon le Pentagone. Enfin, c'est ce qui avait été annoncé officiellement : on pensait plutôt à 140 ou190 millions pièce, le Congressional Budget Office ayant même fini par déterminer que chaque engin est revenu réellement à plus de 400 millions de dollars minimum au contribuable (412 exactement pièce) ! Chaque F-22 coûte le prix de 10 F-15 !!! Résultat, le programme trop coûteux a amputé les autres : lorsque le Pentagone avait dû chercher 2,6 milliards de dollars pour le financement de 180 F-22, il avait dû déjà supprimer l'achat de 33 avions de reconnaissance U-2 Dragon Lady, de 55 avion furtifs F-117 (soit l'ensemble de la flotte), et de 76 avions de transport C-21 Learjet (la version militaire du Learjet A35 civil). La flotte (fort vieillissante, il est vrai) de bombardiers B-52 Stratofortress avait été alors réduite de 40 pour cent. A ce prix final là, pas loin du demi-milliard de dollars pièce, on le chouchoute, c'est sûr, mais il y a déjà 4 appareils de perdus sur accident (et 7 gros ennuis répertoriés), les seules pertes connues à ce jour d'un avion qui n'a jamais été engagé sur un théatre de combat. Ses premières sorties avaient été désastreuses, comme ce déploiement raté au Japon en 2007 (la photo du haut est au départ de Kadena) la faute à un logiciel de bord ne tenant pas compte des fuseaux horaires (un comble !), ou la constatation de voir tous ses équipements de bord brouillés par les émissions électomagnétiques des destoyers de la marine US, lors de manœuvres conjointes. Réputé "invisible" au radar, certes, mais sujet aux émissions des autres, pour sûr ! La danseuse du Pentagone est la reine d'un show médiatique entretenu par son constructeur et le Pentagone, mais dans les faits c'est à peine la cuisinière ou la servante du palais ! Une cendrillon, en quelque sorte. Mais sans prince charmant ! Une fronde de pilotes mécontents de leur monture qui les axphyxiait a dû même être étouffée dans l'œuf par le Pentagone, une première !
Le quatrième accident en Floride en décembre 2012 sur la base de Tyndall a relancé les débats sur les autres manquements de l'appareil. On y apprenait que d'autres incidents de vols avaient été cachés mais pas celui de la verrière coincée à découper à la scie en tout cas), comme celui du 31 mai précédent de l'année, lorsqu'un pilote faisant son second vol à bord du Raptor avait rentré trop tôt le train alors que l'avion n'avait pas sa pleine puissance : il s'était alors vautré complètement sur la piste. Erreur de pilotage manifeste, cette fois-là. L'origine du crash de Tyndall avait été déterminé en revanche comme ayant pour cause un feu à bord ayant endommagé des câbles et de l'hydraulique. Un incendie d'origine toujours inexpliqué ! Si le défaut d'oxygène avait été notable, d'autres problèmes inattendus sont venus se greffer sur le dossier déjà épais du bidule, notamment la très surprenante assertion de Pierre Sprey, ingénieur aéronautique et analyste en système d'arme, qui a aidé au développement de l'A-10 et du F-16 jets, qui accusait la "colle" chargée de maintenir en place le revêtement "invisible" du F-22 et dont les effluves, selon lui rendaient les pilotes malades (il semble avoir raison, car cela se produit aussi au sol, sans oxygène déficient, les symptômes continuant à apparaître) !
Le F-22 a bien déjà été abattu, certes, et même à plusieurs reprises, mais en combat aérien simulé et en aucun cas n'a été mis au sol par des missiles syriens, ce qu'a raconté un internaute farceur ayant voulu jouer à sa façon avec les bobards entendus sur la Syrie ! Une belle leçon infligée aux complotistes ! L'engin entre temps, n'en a pas fini encore, avec son côté panier percé : il y a un peu plus de deux ans, l'Armée de l'Air a octroyé à Lockheed un nouveau contrat de 7,4 milliards de dollars "pour le développement de la modernisation des systèmes existants, pour ajouter des apacités et améliorer la performance du système d'armes du F-22." Au total, on en est à 14,3 milliards de dollars ajoutés au coût initial de 67 milliards de dollars - soit une hausse de 21% absorbée par les contribuables sans qu'ils ne s'en aperçoivent. Pour un avion qui n'encore pas effectué une seule mission de combat, alors que le pays qui l'a construit a mené des guerres en Afghanistan, en Irak, en Libye alors qu'il était déjà entré en service (en 2005). A se demander s'il fera une guerre un jour !
Pas la peine donc de l'abattre : à lui seul, il aura bientôt tué l'US Air Force entière, à ce rythme. Et si elle bouge encore, c'est l'autre gouffre financier volant (le F-35 ******), et ses problèmes sans fin) qui sonnera sa disparition.
PS : aux dernières nouvelles, des avions devraient participer aux premières frappes en Syrie. Des B-2 et même les antiques B-52 transformés en lanceurs de missiles .... et aucune sortie de F-22 prévue !
(*) Au Mali, où l'armée française verrouillait l'information autant que les américains n'ont pu le faire au temps de la guerre du Golfe, la tentation a été en effet grande d'obtenir des bribes de renseignements. Certains s'étaient engouffrés dans la brèche, en prenant le train des "embedded")... d'un camp bien différent. Celui du Tchad, dont les raisons d'intervenir dans la région étaient toutes différentes de celles de la France, comme on pu le voir. L'un d'entre eux, tchadien d'origine, s'était invité dans l'aventure d'une bien étrange manière. Entre le respect de l'éthique journalistique et la propagande d'une régime envers lequel il a montré son complet engagement, et sa complète allégeance, oubliant sa mission première pour en faire une activité partisane -via une vidéo sidérante- Abdelnasser Garboa avait visiblement choisi. Et le moins que l'on puisse dire, ce qu'il a fait alors aux confins nord du Mali était très loin de l'information. C'était alors la question de la semaine : a-t-on ou non tué un, voire deux chefs islamistes ? Les sites internet bruissaient tous de clichés de faible qualité, chacun affirmant qu'il s'agît d'un responsable islamiste.... différent. Certains journaux français, tentés par le choc des photos davantage que le poids des mots s'étaient alors engouffrés dans le scoop. "C'est vendeur, ça coco" ! Un scoop fournit par un "journaliste", affirme le magazine de papier glacé Paris-Match afin d'estampiller ce pâle cliché trouble d'un label crédible. Or, à l'examen, les clichés, comme celui qui dit les avoir fourni, ne résistaient pas à l'analyse et ne pouvaient en aucun cas conclure à la véracité du nom du terroriste présenté. En affirmant qu'il s'agît bien de l'un d'entre eux, en le clamant comme étant de façon indubitable, le dénommé Abdelnasser Garboa n'a fait en fait qu'augmenter le trouble, et surtout réalisé ce pourquoi il avait décidé d'accompagner les troupes tchadiennes. Car en prime de ne pas vérifier ses propres sources, notre homme a fait dans l'approximatif, de trompant un jour de 23 morts, alors qu'il dit être au plus poche des combats, ou annonçait avant de partir qu'il allait "ramener lui-même la tête d'Abou Zeid", ce qui est pour le moins... gênant. L'homme ira même jusqu'à évoquer le "suicide" de Zeid au micro d'une radio, en le labelisant "exclusivité".. Comme seront gênantes ses légendes, toutes empreintes d'un désir inassouvi de vengeance, et colorées de relents évidents de propagande. Avec Abdelnasser Garboa, le journalisme en effet en avait pris pour son grade au Mali. Sans trop inquiéter pour autant ses commanditaires : "de son côté, la rédaction de Paris Match dit être sûre des informations publiées sur son site. A l'inverse de leurs confrères de RFI. L'hebdomadaire a publié, ce mardi matin, cette même photo en indiquant que le cadavre en question correspondait bien à celui d'Abou Zeid. "Ce cliché, qui est de très bonne qualité, nous permet d'être convaincu de notre source", estime, de son côté, Caroline Mangez, rédactrice en chef actualités à Match. Et cette dernière d'ajouter : "cette photo vient d'un journaliste tchadien, Abdelnasser Garboa, une source en qui nous avons totalement confiance." Seules les enquêtes et les expertises en cours sur place permettront d'éclairer ce qui reste à l'heure encore un mystère". L'homme, entretemps, continuant à "twitter" de bien étranges avis : "Farewell Benoît XVI , vous qui commenciez a peine a Twitter", ou "les transsexuels iraniens plus porteurs" bloggait alors sans vergogne le "correspondant" de Match, révélant un état d'esprit fort partisan et très particulier ! Et l'homme, aujourd'hui, toujours propagandiste, continue à se faire le héraut de Deby ou avouer "être dingue d'I-Phone". Sur son blog, il laisse encore passer ce genre d'info : "discrimination raciale à Bamako : Au supermarché La Fourmi, on fouille les Noirs et on laisse passer les Blancs"... ce qui tourne là-bas à l'irresponsabilité totale !
(**) c'est le moins qu'on puisse dire à lire sa prose : "en guise de test, les Etats-Unis auraient commencé leur (nouvelle) guerre sale et injustifiée pour maintenir le monde en coupes réglées." ou le "Selon ces mêmes sources, ces missiles auraient été lancés pour tester le degré de protection des forces syriennes." Je passe sur les noms d'oiseau des deux dirigeants "des personnes comme Obama ou encore son rantanplan, François Hollande", l'auteur continuant à insulter le président français... pour être intervenu au Mali. On a eu le droit au surréaliste "la France vient non seulement de montrer aux Maliens que ce n’est pas pour leurs belles dents blanches écarlates qu’ils sont sur place, mais pour leurs intérêts, dans un foutage de gueule incestueux à nulle autre pareille" ou au "Guerre au Mali : Les idiots utiles, Aqmi, Nicolas Sarkozy et François Hollande" ou à "l 'ALERTE INFO. Guerre au Mali : François Hollande, le roi de la Françafrique samedi au Mali" lors du déclenchement de l'offensive, l'auteur n'ayant vraiment rien compris au film. Ce grand admirateur de Kadhafi, il est vrai, avait fait pire encore en tressant un portrait élégiaque du dictateur après sa disparition, dans la plus pure veine de l'écriture au cirage des écrivaillons coréens..
(***) Dans son propre blog, a été retiré depuis un texte censé défendre la liberté d'expression mais vantant le négationnistme de Dieudonné, où le préfet ayant interdit sa représentation a été comparé à ... Hitler ! ("De quelle crédibilité peut encore se gargariser le préfet de l’Isère, Albert Dupuy, surnommé méchamment par certains de ses administrés, Albert “Hitler”(enquête en cours), après le camouflet à lui affublé par l’humoriste Dieudonné et le tribunal administratif"). Il suffit de relire la lettre de Dieudonné au maire de Perpignan, qui avait interdit son spectacle pour savoir à quoi s'en tenir, je pense sur cette engeance...
http://allainjules.com/2009/10/26/il-faut-defendre-la-liberte-dexpression-de-dieudonne/
le texte est encore trouvable ici (l'auteur s'amusant à avoir plusieurs appellations :
(****) pour ce qui est de gober, notre recopieur de faux scoop en avait déjà repris plusieurs, sans davantage les vérifier. Bizarrement, on tourne toujours sur une de ses obsessions. Ainsi ce texte, que l'on peut retrouver ici encore lisible. Et là encore, c'est à nouveau le même thème. Ou plutôt d'une interprétation personnelle d'une analyse quelque peu biaisée effectuée par l' historien américain Bryan Rigg dans son livre « Les soldats juifs de Hitler, l’histoire inédite des lois racistes nazies, et des soldats d’origine juive dans les lignes de l’armée allemande », paru en France sous le titre de « La tragédie des soldats juifs d’Hitler » : à peine paru, les négationnistes en avaient fait la promotion partout.... alors que ce décrivait Rigg dans son livre était le fait que la notion de juif, chez les nazis était à géométrie variable surtout ! L'auteur du blog ne retenant que ceci : "mais, dans ce tableau idyllique, on ne peut dire que tous avaient cet idéal chevaleresque car, même entre frères, et ça se voit chaque jour, la trahison est permanente". Bref, il n'en sort jamais, de son antisémitisme flagrant. Nulle trace dans son blog actuel de ce texte, bien entendu.
(*****) Rien non plus sur la prétendue annonce du Los Angeles Times, dont la seule référence est cet article en date du 28 août décrivant les préparatifs des frappes en Tomahawk mais aucunement le fait que quatre d'entre eux aient déjà été tirés ou aient été abattus ! L'autre article du 29 août parle des gagnants du conflit : les vendeurs d'armes ! Le Los Angeles Times avait en revanche fait un excellent article sur la "danseuse" F-22. On y découvrait des chiffres sidérants : il faut 3000 personnes pour s'occuper au sol de la flotte, chaque heure de vol nécessite 45 heures au sol d'entretien, et son revêtement demande le double de personnel que prévu. En prime, l'appareil rouille déjà, à l'avant notamment... car aucun drainage pour l'humidité interne n'a été prévu au départ lors de sa conception ! Un cockpit comme celui qui a dû être scié coûte 71 000 dollars pièce (48 200 euros, en fait son changement revient à 286 000 dollars). "Pour un coût gigantesque, vous disposez d'un système que vous ne pouvez même pas utiliser", a déclaré Winslow T. Wheeler, un spécialiste du budget de la défense et un fréquent critique du Pentagone au Center for Defense Information. C'est une explication fondamentale sur la façon dont le pays a lui-même fabriqué le désordre financier dans lequel il est aujourd'hui."
(******) l'avion a déjà dévoré la bagatelle de 392 milliards de dollars pour son développement.... et un bon nombre de nations associées ont décidé de baisser fortement leurs commandes initiales.