L’Etendard sanglant est levé....
par manu
mardi 27 mars 2007
Dans une campagne où les idéologies se heurtent à une France désabusée par 25 ans de politique partisane et hégémonique, les candidats du cru 2007 ne vantent plus la saveur de leur produit mais le manque de saveur, l’acidité, l’astringence ou le goût de vinaigre des autres programmes.
Après avoir dans un premier temps joué aux "Français moyens comme les autres" préoccupés des attentes citoyennes et des "désirs d’avenir" ou de ce qui est "possible", après avoir ratissé large qui de gauche citant de Gaulle, qui de droite citant Blum, les deux candidats rebaptisés par certains ’Redoute’ et ’3 Suisses’ réintègrent leur camp historique pour se livrer une bataille rangée où la surenchère démagogique fait jeu égal avec les accusations d’extrémisme. Le libéral et le social ont laissé la place à l’ultralibéral et au communautarisme.
A ma droite, le candidat de la France du "tout est possible"... tout et son contraire.
Comme se prononcer pour la présence "démocratique de l’extrême droite" et dans les colonnes du JDD dire qu’il était "hostile à toute introduction de proportionnelle parce que cela permettrait à des députes lepénistes d’entrer au parlement (...)".
Se vouloir républicain et avoir toujours combattu les idées de l’extrême droite et proposer entre un mouton égorgé et des cités à passer au Kärcher, un ministère de "l’Immigration et de l’Identité nationale", ravissant Le Pen qui se glorifie ouvertement d’avoir fait des propositions reprises par Sarkozy.
Sortir d’un gouvernement dont il a été une figure emblématique, en mettant en oeuvre sa politique tout en traitant Chirac de menteur, de traître, de truqueur... en étant lui-même en 1995 venu dire à Chirac qui l’avait amené à la mairie de Neuilly qu’il suivrait Balladur qui, lui, avait la carrure présidentielle.
Se moquer ouvertement de Villepin et de sa déclaration aux Nations unies sur l’Irak et l’accueillir aujourd’hui à bras ouverts en vantant le mérite et le courage de la France sur le dossier irakien. Se déclarer pour une politique nouvelle et rompant avec les années Chirac mais en s’entourant de Villepin D.Blazy, Raffarin, Juppé, Perben, Veil...
Déclarer "nulle et non avenue" une UDF qui n’est pas centriste en invoquant le ralliement de certains centristes du gouvernement à son idée de l’ouverture. Que Santini omniprésent dans les Hauts-de-Seine depuis qu’il y a été placé par un certain Pasqua, ayant parti pris dans l’affaire de la SEM 92, encourageant les élus locaux à parrainer le Pen en sa qualité de président du mouvement national des élus locaux (Mnel), en désirant ainsi succéder à Sarko à la tête du conseil général des Hauts-de-Seine n’est nullement intéressé mais prouverait juste que Santini est le centre où le Béarnais et ses chaussures crottées, émancipé de l’UMP, n’est qu’un démago.
Prôner une France pour tous en voulant appliquer ce qui a fait son succès a Neuilly, conseil général complètement verrouillé par L’UMP, où Sarkozy fait adopter en urgence et avec l’avis favorable du gouvernement, une proposition de loi, qui confie l’aménagement de la Défense au seul Conseil général des Hauts-de-Seine, présidé par vous savez qui.
L’Epad est purement et simplement supprimé et remplacé par un établissement public où ne siègeront plus que le Conseil général des Hauts-de-Seine et les communes UMP de Puteaux et Courbevoie. Autant dire que le département du ministre candidat aura désormais les mains libres sur cette formidable mine d’or que constitue la Défense.
Nous passerons bien évidemment sur la France qui travaille plus pour gagner plus quand les impôts sur la succession seront supprimés et où il sera largement plus rentable d’orienter sur la succession des profits et des capitaux car "détaxés", au lieu d’orienter ces richesses dans l’investissement productif. Ainsi il sera plus rentable d’hériter quitte à léguer et a bénéficier de l’usufruit, et de vivre de ses rentes, que d’effectuer un travail qui lui continuera à être surtaxé....
A ma gauche la candidate de la France du "désir d’avenir" où le désir de démocratie participative laisse place à un combat où la force des acquis de la gauche dogmatique prend le pas sur les idées sociaux démocratiques avancées par les débats participatifs. Si on tape à coups redoublés sur une droite mondialiste et ultralibérale, annonciatriced’un avenir noir pour la France, où le corporatisme l’emporte sur la raison démocratique, on ne désire pas en tout cas remettre en cause une "union de la gauche" moribonde qui propose six candidats dont le cumul ne dépasse pas les 35% d’intentions de vote, où les Fabius, Emmanuelli et consorts veillent sur le "dogme", qui comme tout dogme n’est vénérable que dans ses objectifs avoués mais jamais dans ses réalisations. Si la droite peut se targuer parfois d’une fibre "socialiste", la gauche elle ne veut pas se vanter d’une politique gouvernementale des vingt dernières années qui a concilié avec délice le désir d’équité et les avantages du libéralisme. Comme le résume Laurent Joffrin dans un billet de Marianne, "leurs idées, leur discours procèdent tous d’une contrainte : l’obligation de respecter une orthodoxie dépassée (...) un projet qui cristallise toute une culture politique qui handicape la gauche depuis des décennies".
Après un combat titanesque, pardon éléphantesque, S.Royal a su imposer une politique moins dogmatique et plus éclairée qui a amené les sympathisants PS à prendre le virage à droite de la gauche, aux dépens des tenants de la gauche éternelle.
Projet de société, écoute des citoyens qui cache, à en croire Eric Besson, "..l’archaïsme qui sous-tend sa pensée : une détestation sourde de la modernité, de la science, de la raison et du progrès (...)". D’où ses positions partisanes sur l’encadrement militaire, l’intransigeance sur le dossier iranien, la position sur le nucléaire et ses volte-face devant des décisions "cutanées" mais trop éloignées de la "fibre sociale" ou des impératifs et réalités économiques.
Cette stratégie de la terre brûlée ne fait que raviver le scepticisme des éléphants qui malgré une arrivée en fanfare se sont cachés derrière les feuilles de bananiers. Jospin comme d’habitude passe en coup de vent, à se demander si on n’a pas rêvé, ; DSK qui, a peine rentré du Québec, préfère partir au ski que de venir soutenir sa consoeur, contraint et forcé il soutient Royal du bout des lèvres et, pour la "survie" du parti, réfute toute alliance possible avec Bayrou.
Il n’empêche qu’en effet si cette position fabiusienne de refuser tout alliance au premier tour ravit les sympathisants, on propose en même temps après le second tour de proposer une alliance au candidat centriste - position claire et cohérente s’il n’en faut.
Si à droite on stigmatise une fracture sociale qui sera combattue, ce qui en tant que citoyen me laisse perplexe sachant que la seule différence entre le gouvernement Raffarin-Villepin, soutien du candidat ministre, se matérialise par la distance entre la place Beauvau et l’Élysée, à gauche on pourrait parler de "déchirure socialiste".
Toujours est-il qu’entre toute la droite d’hier, nouvelle droite de demain,où les vassaux ont fait allégeance au seigneur, et une gauche où l’archaïsme résistant de l’union de la gauche le dispute aux mesures populaires affichées, la politique et les intérêts partisans tels qu’ils existent depuis vingt-cinq ans dans l’alternance "ploutocratique" doivent absolument survivre si l’on écoute ces orateurs au détriment d’une volonté populaire d’une nouvelle vision transpartite et non partisane...
La France qui dirige ne veut pas d’un Mr Propre qui mettrait fin à un quart de siècle de lutte intestine, règlements de comptes et trahisons masquées devant un souci condescendant des malheurs du peuple.
Entre la fracture de droite et la déchirure de gauche, la France est écartelée... et en redemande.