L’Europe n’est pas une adhésion au mondialisme

par Impat
mercredi 12 septembre 2018

 

Bien au contraire. La construction européenne est un atout contre une mondialisation effrénée.

Du temps de nos grands-parents, voire de nos parents, une petite minorité d’entre eux franchissait parfois les frontières de la France. C’était généralement le cas pour une fois, une seule fois dont ils se souviendraient toute leur vie. On a du mal à le croire, aujourd’hui, n’est- ce-pas ? Et pourtant, s’ils sont encore parmi vous, demandez-leur : si au cours d’un dîner leur voisin de table « avait été à l’étranger », ce personnage devenait plus important et une bonne partie du repas se trouvait consacré à l’entendre raconter cet exploit.

À l’étranger. Qu’était-ce donc, cet « étranger » ? Singapour, Hong-Kong, l’Australie ? Quelquefois, oui. Mais bien souvent c’était de l’Espagne, de l’Allemagne, de la Belgique qu’il s’agissait. On racontait toutes les bizarreries, les modes, les étranges façons de vivre, de ces non-Français d’autres lieux. Comment pouvait-on être portugais ?

Ne parlons pas de Russie ou des « Pays de l’Est », ces contrées hors du « monde libre » auxquels il était à peine permis de penser en s’imaginant franchir le mystérieux et dangereux rideau de fer. Mais Portugais, Australien, Italien, ou Brésilien, tout ça ce n’était pas chez nous, c’était ailleurs. C’était l’étranger comme un Parisien dit « la province » en mettant dans le même identique panier toutes les provinces pourtant si dissemblables.

Alors lorsque dans les années cinquante sont arrivés en même temps les débuts de la future Union Européenne, les discours sur la mondialisation, et les effets de cette dernière, comment les millions de Français déjà mal informés n’auraient-ils pas agrégé les deux idées ?

Ils ont agrégé, hélas. Nombre d’entre eux agrègent encore et pour certains, de bonne foi. Or cet amalgame ne présente pas la moindre réalité, il n’y pas le moindre point commun si ce n’est la simultanéité des deux phénomènes : d’une part l’émergence d’une Union qui se construit, et d’autre part l’apparition d’un rapprochement entre tous les États du monde due pour l’essentiel à la facilité nouvelle des communications et des transports. La mondialisation tend à diminuer partout l’importance des frontières, tandis que l’Union Européenne efface totalement ses anciennes frontières intérieures mais conserve ses frontières extérieures qu’elle se réserve de gérer à sa convenance, en les ouvrant ou les fermant à son gré.

Alors que l’idée de mondialisation tend vers l’effacement des nations, à l’inverse l’objectif de la construction européenne est la construction d’une nation nouvelle dont la naissance, évidemment longue et difficile, s’ajoutera peu à peu à l’existence des nations européennes actuelles.

Allons plus loin. Pour ses opposants, la construction européenne ne représente qu’un volet de la mondialisation. Et ils utilisent l’épouvantail de la mondialisation pour faire peur parce qu’ils n’acceptent pas l’Union. Mais comment, par exemple, peuvent-ils faire croire que, seule avec ses 66 millions d’habitants et son économie fragilisée par le socialisme, la France pourrait tenir tête aux grands ensembles que forment ou vont former l’ALENA (USA Canada Mexique), l’Inde, la Chine, le Mercosur ? Si Airbus, attaquée en permanence à l’OMC par Boeing, n’était pas défendue à cette même OMC par l’Union Européenne, croyez-vous que ses avions, même plus performants que ses concurrents, se vendraient dans le monde ? La France seule face au Boeing américain aussi aidé qu’elle par l’État, vous imaginez ? L’Amérique aide Boeing financièrement au moins autant que l’Europe le fait pour Airbus, mais un tel dossier défendu par la France seule serait voué à l’échec.

La réalité pour la France, c’est que l’Union constitue un rempart face à la mondialisation. Non pas une barrière infranchissable, ce qui serait contre-productif pour un pays vivant à 40 % de ses exportations, mais un frein régulé capable d’amortir les effets négatifs par des contreparties positives.

Il n’en est pas moins vrai que les frontières européennes manquent parfois de l’étanchéité nécessaire. Comme en manquaient autrefois les frontières de la France. Militer pour améliorer ce point est une cause juste.

L’important est d’être libre de choisir ses règles, après les avoir étudié, soupesé, négocié avec ses partenaires. Or on ne négocie avec succès que si on possède un poids, une force de discussion, une capacité d’échange, comparables à celles du partenaire. Ce point est vrai en matière commerciale, mais aussi culturelle, militaire, diplomatique…

Soyons donc d’ardents souverainistes. Les frontières physiques de notre souveraineté s’établissent entre l’Atlantique, la Méditerranée, la Mer Noire, l’Est de l’Autriche, de la Pologne, des Pays Baltes, de la Finlande. Ce sont les frontières de l’Union.


Lire l'article complet, et les commentaires