L’Europe telle que nous ne l’aimons pas

par Didier Vincent
mardi 10 octobre 2006

Je suis un Européen convaincu ! Je ne le dis pas à la façon de ces partisans du non au projet de Traité constitutionnel qui emploient encore cette phrase aujourd’hui pour mieux justifier le mauvais coup porté à l’UE en mai 2005. Je suis un Européen convaincu, partisan du oui au TCE, mais reconnais aussi avoir aujourd’hui mal à l’Europe.

L’affaire est celle des noms de domaine en « .eu ». L’hébergeur de mon site Internet professionnel a accepté, je pense moyennant finance, d’être l’un des relais d’un organisme européen pour l’attribution des noms de domaine en « .eu », opération lancée fin 2005/début 2006. J’ai donc reçu de mon prestataire de services beaucoup d’informations sur ce lancement mais insistant surtout sur la nécessité de faire les réservations au plus vite, il n’y en aurait pas pour tout le monde, un nom de domaine est unique. Certes ! La procédure se présentait de façon très compliquée, une période pour les entreprises, une période pour les particuliers, une période pour déposer les demandes, une période pour leur approbation, etc. Les conditions dans lesquelles nous était proposé l’achat des noms de domaine demandaient une bonne demi-journée de lecture dans un français d’ailleurs assez alambiqué truffé d’anglicismes inutiles. Passons. La crainte de trop tarder en cette affaire fut mauvaise conseillère, et j’ai donc réservé plusieurs noms de domaine en « .eu », tous utilisant le nom de ma très petite SARL mais avec différentes configurations. Coût : 450 €. Sans aucune garantie de quoi que ce soit. Mais bon, le nom de ma société n’est pas courant, je suis donc confiant, bien que n’ayant pas lu toutes les informations relatives à l’attribution des « .eu » et en vérité pas très bien compris celles que j’avais parcourues. Notons au passage de que le coût exorbitant de 450 € pour quatre noms de domaine est constitué à 80% de taxes, que celles-ci sont payées de manière irrévocable, encore une fois sans garantie, et aussi que la société privée, en l’occurrence mon hébergeur, se fait collecteur d’impôts !

J’ai fait ces réservations et les ai payées fin 2005. On ne pouvait pas faire autrement que de payer à l’avance. Voilà qu’une série de courriels m’informent en ce mois d’octobre 2006 que mes demandes sont toutes rejetées ! Je ne résiste pas à l’envie de vous donner le texte exact de ces courriels, fautes d’orthographe et termes étranges compris :

« Vous avez commandé le domaine xxx.eu avec le bon de commande yyyyyy Votre dossier a échoué auprès de l’Eurid. En effet, vous aviez postulé pour ce domaine durant la "sunrise pediod". Après traitement de votre dossier, EURID l’a rejeté (son status est : REJECTED). L’EURID ne nous a pas fournit l’information sur l’origine exacte de ce refus.

En effet, nous ne pouvons pas deposer le domaine, parce que ce domaine a déjà été demandé pendant la sunrise period. A ce jour, nous ne savons pas si ce domaine sera attribué ou aucune demande actuellement lancée pendant la sunrise periode sera validée par EURID. Si jamais, EURID refuse tous les dossiers, le domaine tombera dans le domaine public. Nous pourrons alors lancer la création automatiquement. Cependant cette méthode n’est pas garantie, étant donné de nombreux registrars qui se spécialisent dans la récuperation des domaines qui tombent dans le domaine public. Vous pouvez donc modifier votre commande de suite vers un autre domaine ou laisser la commande inchangée et tanter votre chance »

Je reconnais ne pas être sorti de Saint-Cyr, mais quand même ! Voilà bien l’Europe qu’il faut absolument éviter, sauf à vouloir apporter du grain à moudre au moulin de ses adversaires !


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