L’Eurovision manipulée par la guerre froide
par Patrice Gibertie
lundi 16 mai 2016
GUERRE EN Ukraine
Le PUBLIC A CHOISI 323 voix pour l’Ukraine 361 pour la Russie, la Russie a gagné l’Eurovision ??
Non car la géopolitique s’en est mêlée et les voix des « professionnels » ont permis à l’Ukraine de l’emporter.
Avouons-le, la chanson ukrainienne était riche de symbole, elle devait gagner quelles que soient les qualités de l’interprète …..
L’animatrice française Marianne James avait des propos dignes de la guerre froide :
La Biélorussie qui donne 12 pts à la Russie. Réaction de Marianne James : "C'est bien, vous aurez du gaz !!"
"Les Russes ont envoyé un guerrier, avec une mise en scène à l’unisson. C’est Poutine en plus jeune et en moins refait !",
A un moment :
"Vladimir va l'envoyer au goulag"
Qu’aurait-on dit si elle avait plaisanté sur l’Allemagne et les camps de concentration
Pour le président du comité des Affaires étrangères du Sénat, Konstantin Kossatchev, "c'est la géopolitique qui a pris le dessus". Et, selon lui, cette victoire à l'Eurovision risque de donner des ailes aux dirigeants ukrainiens, et compromettre ainsi le difficile processus de paix dans l'Est de l'Ukraine.
La porte-parole de la diplomatie russe Maria Zakharova a ironisé sur Facebook en écrivant qu'il faudrait, pour gagner l'année prochaine, choisir une chanson à propos du "sanguinaire" président syrien Bachar el-Assad, soutenu par Moscou.
Avant le concours la vidéo de la candidate ukrainienne représentait une étrange carte de l’Ukraine intégrant une partie de la Pologne et des territoires russes. Le thème de la chanson , la déportation des tatars de Crimée par Staline ( qui au passage était géorgien).
La chanteuse aurait-elle était piégée par les ultra nationalistes de KIEV ?
Ces derniers semblent avoir gagné la partie en récupérant les malheurs des Tatars dans leur guerre contre les russophones et la Russie.
Pour la presse occidentale c’est l’Ukraine qui gagnait et la Russie qui perdait, qu’importe si la Russie d’aujourd’hui n’est en rien responsable de la déportation de 1944 et si avant 2014 les Tatrs de Crimée alors « UKRAINIENS » n’avaient aucuns droits.
Le FIGARO
« Si l'Ukraine devait arborer un visage, en ce troisième printemps post-révolutionnaire qui bombarde d'effluves de lilas les artères de Kiev, ce serait celui de Jamala : de jolis traits réguliers qui s'affichent partout dans la capitale, écho d'une tournée triomphale et symbole des attentes d'une population blessée, fatiguée par deux années de guerre, dans un pays en recherche de rémission et de victoires, même symboliques. Samedi soir, à Stockholm, Susana Jamaladynova, 32 ans, « Jamala », a remporté le concours Eurovision de la chanson. L'aimable tour de chant un brin suranné fait sourire en France, mais, à l'est du continent, il mobilise large et relève d'une véritable geste .. »
L’EXPRESS
"J'avais besoin" de cette chanson "pour me libérer" de cette douleur et rendre hommage à "ces milliers de Tatars de Crimée" dont il ne reste plus rien, "même pas de photos", confie la chanteuse, cantatrice de formation devenue une star du jazz en Ukraine.
Elle raconte avoir écrit sa chanson, qui démarre avec une phrase choc +Ils viennent dans vos maisons pour tous vous tuer+, "en état d'impuissance" après l'annexion de la Crimée en mars 2014, insistant sur sa volonté de la "faire entendre" en Occident.
Le président ukrainien Petro Porochenko a salué dimanche l'"incroyable" victoire de la chanteuse.
"Oui !!!" a-t-il tweeté. "Une prestation et une victoire incroyables ! Toute l'Ukraine vous adresse un grand merci, Jamala."
Les Tatars de Crimée, qui n'ont commencé à retourner dans la péninsule qu'après la chute de l'URSS en 1991, ont été horrifiés de la voir annexée par la Russie et y restent majoritairement opposés.
Depuis l'annexion, des militants tatars ont été placés en détention ou ont vu leurs domiciles perquisitionnés, et des dirigeants de la communauté ont été interdits d'entrée sur ce territoire par Moscou.
En avril, la justice russe a également classé en tant qu'"organisation extrémiste" l'assemblée des Tatars de Crimée, le Medjlis.
Rappelons quelques vérités
Les tatars ne sont pas les propriétaires légitimes de la Crimée chassés par les méchants russes. CE PEUPLE TURCOPHONE ET SUNNITE s’est emparé de Moscou et s’est sédentarisé dans la péninsule de CRIMEE. Ces évènements se déroulent aux XVemes Xvi EMES siècles.
Les Tatars viennent d’Asie centrale et ils ont participé aux invasions mongoles, ils furent les alliés de Gengis KHAN.
Une dizaine de millions de Tatars vivent aujourd’hui en Eurasie, y compris en Bulgarie, ils sont surtout installés dans les ex républiques soviétiques d’Asie et en Sibérie. Les tatars installés en Crimée n’ont jamais représenté plus de 5% de l’ensemble de ce peuple.
Il est totalement faux d’assimiler tatars de Crimée et nation tatare. Les tensions historiques ne sont pas sans rappeler celles des Turcs et des Grecs, les solidarités entre turcophones et entre orthodoxes. L’occident préfère aujourd’hui les Turcs aux Grecs et aux Russes mais à l’est de l’Europe les héritages expliquent beaucoup de choses.
Le massacre des Arméniens ( protégés par les Russes) par les Turcs, le conflit actuel entre Arméniens (protégés par Poutine) et Azerbaidjanais ( protégés par Erdogan) sont à inscrire dans ces perspectives.
Les Tatars de Kazan ( 2 millions) ont obtenu une république autonome de l’Urss, ceux de Crimée accusés d’avoir soutenu les nazis sont déportés par Staline en Ouzbekistan. Leur nombre en Crimée passe de 18% de la population à…1%
109 956 (46,2 %) sur les 238 500 déportés seraient morts entre le 1er juin 1944 et 1er janvier 1947
Depuis l’explosion du bloc soviétique, les Tatars déportés sont revenus en Crimée. Forte de 250.000 âmes, la communauté représente 12% de la population de la Crimée, bien loin des Russes largement majoritaires.
En 2014, ils ont soutenu le nouveau pouvoir de Kiev, craignant l’intégration à la Russie. Pourtant, Moscou a récupéré la péninsule par voie de référendum que les chefs politiques tatars ont appelé à boycotter. L’assemblée des Tatars de Crimée, le Medjilis, considère toujours cette annexion par la Russie comme illégale.
Paradoxe, avant le rattachement à la Russie les Tatars avaient peu de droits en Crimée. L'Ukraine n’a jamais officiellement réhabilité les Tatars de Crimée. Lesquels sont toujours confrontés à des questions de propriété de la terre notamment. En 1991, la Russie avait adopté une loi de réhabilitation des peuples réprimés, qui accorde le droit à des indemnisations, pas l’Ukraine.
Le gouvernement de Kiev s’emploie à multiplier les tracasseries contre les revenants.
Pour tenter de repousser cette nouvelle “invasion tatare”, les autorités de Crimée ont fait assaut de tracasseries administratives (en ralentissant l’octroi des terrains à bâtir) et de rigueur policière (descentes musclées dans les villages qui s’élevaient spontanément ça et là). Mais l’occupation autoritaire des terrains et les constructions sans permis ont néanmoins permis à Marino d’exister. Le village compte aujourd’hui plus de 1 500 habitants. Il en existe environ 300 autres à travers la Crimée, peuplés de 270 000 enfants de la grande Tauride [ancien nom de la Crimée]. Réserve, ghetto ? Non, c’est insultant. “Regroupement compact” : le discours officiel, ici comme ailleurs, abonde en euphémismes, et les autorités évitent les termes trop parlants.
http://geopolis.francetvinfo.fr/crimee-poutine-rehabilite-les-minorites-dont-les-tatars-34147
Le rattachement de la Crimée à la Russie n’ a donc rien de la perte d’un paradis pour la communauté.
Le site de la télévision russe RT (Russia Today revient dans un long article, mis en ligne le 21 avril, sur « les victimes de Staline, notamment les Tatars de Crimée réhabilitées par un décret de Poutine ». Il mentionne également les autres minorités de la péninsule : Grecs (qui seraient au nombre d’« environ 15.000 », selon le site), Bulgares (12.000), Arméniens (10.000), Allemands(1000). Une manière en creux de rappeler le sort de la collectivité russe (et accessoirement des autres minorités) en Ukraine, objet de toutes les polémiques entre Moscou et Kiev.
Entre 10.000 et 20.000 Tatars de Crimée ont cependant fui la péninsule. En septembre dernier quelques centaines de tatars soutenus par le mouvement néo nazi Pravy sektor ont bloqué les routes entre la Crimée et l’Ukraine .
Le 4 février, le Parlement européen a, de son côté, adopté une résolution par laquelle les députés "condamnent le niveau sans précédent des violations de droits de l'Homme perpétrées contre des résidents de Crimée, en particulier contre les Tatars, un peuple autochtone de Crimée, ainsi que les graves entraves à la liberté d'expression, d'association et de réunion pacifique".
Précisions, le concept de peuple autochtone de Crimée est une crétinerie si l’on fait un peu d’histoire. Les entraves concernent ceux qui sont hostiles au rattachement. Moustafa Djemilev, chef du Mouvement national des Tatars de Crimée et Refat Chubarov, le président actuel du Mejlis, ont l'interdiction par la Russie d'entrer en Crimée pendant 5 ans.
Le parlement aurait pu de la même manière se préoccuper de la situation en Ukraine et de la mise en place d’une dictature corrompue.
En dépit des promesses du nouveau pouvoir, la corruption sévit toujours en Ukraine, deux ans après la révolte de Maïdan (la place de l’Indépendance). Dans le secteur de la santé, l’argent public peine à parvenir aux malades. La situation sanitaire, plombée par des années de déliquescence économique, est encore aggravée par la guerre, comme en témoigne la recrudescence des maladies infectieuses.
En cas d’élections les partis soutenus par les occidentaux récolteraient des intentions de vote proches de zéro. La stabilité est « une condition pour maintenir les réformes sur la bonne voie », déclarait le 22 février le ministre des affaires étrangères allemand.
https://www.monde-diplomatique.fr/2016/05/GOBERT/55437
Plusieurs scenarii sont possibles. Le premier est un retour de balancier pro-russe comme l’Ukraine en a déjà connu par le passé. Lassée par le désordre et la crise, la population pourrait souhaiter un apaisement, y compris un accord avec Moscou. Le second c’est une radicalisation nationaliste ukrainienne qui prendrait le pouvoir à Kiev. Autre possibilité plus probable, la continuité d’une démocratie parlementaire à la dérive, pour le plus grand profit des oligarques.
https://www.les-crises.fr/pourquoi-lukraine-seloigne-un-peu-plus-de-lunion-europeenne/
LE RETOUR DE LA PAIX en Ukraine suppose l’application des accords de Minsk. Or il y a une condition sine qua none, c’est que les Occidentaux admettent que la Crimée peuplée de Russes ne revienne pas à l’Ukraine. C’est quelque chose que les ultras refusent net, d’où la manipulation de la cause tatare.