L’extraordinaire diversité des paysages de France

par Fergus
mercredi 25 avril 2018

Dans un article de mars 2016, intitulé L’extraordinaire diversité des villages de France, j’observais que « rares sont les pays sur la planète où, sur une superficie comparable à celle de la France métropolitaine, la diversité architecturale des villages est si grande et si spectaculaire ». À l’évidence, il en va de même pour les paysages de notre pays. Petit tour d’horizon...

Côte de Granit rose à Perros-Guirec ; Chamonix : massif du Mont-Blanc ; Près du Mont Lozère à L’Hospitalet ; Marseille : calanque de Sormiou

En 2016, j’écrivais ceci : « 550 000 km², c’est grosso modo une superficie comparable à celle de pays comme le Cameroun, le Kenya, le Maroc, la Suède, l’Ukraine, la Thaïlande ou le Yémen. » Or ce constat – qui, dans l’article mis en lien ci-dessus, visait à souligner la diversité de l’habitat en France métropolitaine relativement à celle des pays mentionnés – est tout aussi pertinent pour ce qui concerne les paysages, nettement plus contrastés entre Dunkerque et Perpignan ou entre Brest et Colmar que dans ces pays de superficie équivalente.

Comment pourrait-il en aller autrement, eu égard aux caractéristiques physiques de la France ? Voilà un pays baigné par un océan (l’Atlantique) et plusieurs mers (la mer du Nord, la Manche, la Méditerranée) aux caractères très éloignés les uns des autres, c’est le moins que l’on puisse dire. Un pays doté en outre de reliefs montagneux très différents, entre les vieux massifs érodés de type hercynien formés pour l’essentiel au paléozoïque (l’Armorique, les Ardennes, le Massif central et les Vosges) et les chaînes de montagne jeunes apparues beaucoup plus tard au cours du cénozoïque (les Alpes, le Jura et les Pyrénées) ; sans oublier les volcans dont les éruptions les plus récentes sculptaient encore les paysages d’Auvergne il y a moins de 10 000 ans (lien), autrement dit hier à l’échelle géologique.

Un pays où, de surcroît, les mers anciennes ont, principalement au mésozoïque, laissé de grandes plaines sédimentaires (de la Picardie et la Champagne jusqu’à l’Aquitaine en passant par le Bassin parisien et le Val-de-Loire), et de spectaculaires plateaux karstiques entaillés de profonds canyons, notamment dans les Grands causses. Un pays en outre exposé à de forts contrastes climatiques marqués par les influences océanique à l’ouest, méditerranéenne au sud et continentale à l’est.

Autant d’éléments et de facteurs naturels qui, combinés à l’exploitation des sols à des fins agricole, viticole ou forestière, et au façonnage des espaces maritimes en marais salants, domaines piscicoles et autres polders, ont contribué à dessiner les paysages de notre pays, le plus souvent pour notre plus grand plaisir et pour celui des visiteurs étrangers, fascinés par les fleurons les plus emblématiques de ce patrimoine composite.

Côté littoral, l’on peut observer de très grands contrastes entre les escarpements rocheux ou les falaises qui plongent – parfois de très haut, notamment en Provence et en Corse –, dans les eaux de la mer ou de l’océan, et les grandes plages alanguies qui s’étirent, ici le long d’espaces de marais et de prés salés (Vendée, Charente, Camargue), là en bordure de zones dunaires (Cotentin, Côte d’Argent). De même peut-on remarquer que le littoral est parfois linéaire – particulièrement du Pas de Calais à l’embouchure de la Seine ou le long de de la côte aquitaine –, parfois très tourmenté et entaillé par de multiples échancrures, voire de profonds abers et rias comme il en existe en divers secteurs des 1 600 km de la côte bretonne. Sans oublier les mers intérieures reliées par un étroit goulet aux eaux libres, à l’image du superbe golfe du Morbihan et du non moins séduisant bassin d’Arcachon. Sans oublier non plus les cordons de galets qui se couvrent ici et là de choux de mer, ou les chaos rocheux baignés par les flots (en Bretagne et en Corse notamment).

Impossible d’évoquer les côtes de France sans mentionner de surcroît les îles qui, plus que tout autre territoire, excitent notre imaginaire. Citons, parmi les plus spectaculaires à des titres divers (ici des côtes rocheuses déchiquetées, là des dunes, ailleurs des marais) : Chausey, Bréhat, Batz, Ouessant, Sein, Groix, Belle-Île, Houat, Noirmoutier, Yeu, , Aix, Oléron, îles du Frioul, îles d’Hyères, et celles, inhabitées, des Sanguinaires en Corse. Autant de lieux que l’on ne se lasse pas de découvrir ou de redécouvrir !

Côté montagne, la diversité n’est pas moins grande, eu égard à la complexité des systèmes géologiques qui ont façonné les massifs français, ici et là en interaction avec une présence maritime qui a fortement influencé la nature des reliefs sédimentaires, ou bien avec une activité volcanique localement intense. Encore ne faut-il pas oublier la prodigieuse action érosive des cours d’eau et des glaciers sans lesquels nombre de vallées n’existeraient pas telles que nous les connaissons.

En divers lieux, l’on peut observer d’étonnantes proximités. C’est notamment le cas en Haute-Savoie où le massif du Mont-Blanc voisine avec la toute proche chaîne des Fiz, hôte de l’un des plus grands lapiez d’Europe : le désert de Platé. Autre lieu étonnant : la chaîne des Puys et ses 80 jeunes volcans alignés. En résumé, l’on trouve dans la montagne française d’imposantes parois rocheuses, des pics acérés, des dômes enneigés, de spectaculaires glaciers, de vastes plateaux calcaires, ici et là truffés de gouffres (localement appelés avens ou scialets), de paisibles croupes pastorales engazonnées et fleuries, des vallées avenantes, des gorges impressionnantes, des canyons vertigineux, des espaces forestiers remarquables, ou bien encore des déserts presque totalement minéraux. Et pour le plaisir des yeux, de multiples lacs de toutes tailles et de toutes formes.

Côté campagne, la diversité n’est pas en reste, et les sites spectaculaires qui contrastent avec la monotonie des grandes plaines d’agriculture intensive (Beauce, Brie, Champagne et Picardie) ne manquent pas dans notre pays, en particulier dans les Préalpes, les piémonts pyrénéens ou le Périgord. De nombreux espaces de culture peuvent même se montrer particulièrement séduisants, à l’image des oliveraies méridionales, des plantations d’agrumes et des vergers, des champs de lavande de Provence en été ou des vignobles en automne. Autres sites très prisés, les lieux humides, qu’il s’agisse des marais et des étangs (Brière, Dombes, marais audomarois, marais poitevin) ou des abords des lacs, naturels ou artificiels. Les forêts ne sont pas en reste, et certaines (Compiègne, Fontainebleau, Landes, Huelgoat, Tronçais) sont, chacune avec son caractère, d’une grande beauté. La campagne française offre en outre, ici et là, de superbes paysages de bocage (Bretagne, Limousin, Normandie, Pays Basque, Vendée), de maquis (Corse et Provence) et de landes. Sans compter les très belles vallées fluviales, avec une mention particulière pour la Loire au cours alangui parsemé de bancs de sable.

Avant d’en terminer, une petite pensée amicale pour les Français des départements et des territoires d’Outremer. Que ce soit aux Antilles, en Guyane, en Nouvelle-Calédonie, en Polynésie ou à La Réunion, nos lointains compatriotes disposent eux aussi de décors magnifiques et spectaculaires, très différents de ceux que l’on peut admirer en France métropolitaine. Des décors qui mériteraient également qu’un article leur soit consacré. Ce sera peut-être pour un prochain opus...

Pour finir, un petit emprunt (transposé en plus soft) au film « À bout de souffle » (lien) : « Si vous n’aimez pas la mer, si vous n’aimez pas la montagne, si vous n’aimez pas la campagne, désolé de vous avoir importuné(e)  ! »

Cirque de Troumouse, Hautes-Pyrénées

 

Ile de Pomègues, Bouches-du-Rhône

 

Corniche du causse Méjean, Lozère

 

Vignoble de Saint-Emilion, Gironde (photo anonyme)

 

Etretat, Seine-Maritime (photo vacanceselect.com)

 

Puy de la Vache (volcan), Puy-de-Dôme

 

Glacier d’Argentière, Haute-Savoie

 

Saint-Coulomb (plage des Chevrets), Ille-et-Vilaine

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