L’homme ŕ l’état sauvage

par Nicolas_M
lundi 4 août 2014

De temps en temps, j'ouvre mon navigateur, et je me promène sur Internet, j'effleure les sites d'informations, je survole les forums. J'observe les humains s'entre-déchirer pour savoir qui d'Israël ou de la Palestine est dans son bon droit, ou se battre pour savoir qui aurait dû gagner la dernière émission de téléréalité.

Certains sont prêts à s'affronter pour défendre leur religion, leur parti politique fétiche, leur vision de la vie. Certains sont prêts à mourir pour leur entreprise, d'autres à se damner pour un peu d'argent. Et, pire que tout, certains sont prêt à travailler toute leur vie pour un peu de confort, le dernier smartphone à la mode ou une grosse voiture.

 
J'éprouve alors le besoin de prendre de la hauteur. De m'éloigner de cette société malade. De me rappeler que l'homme est fait pour vivre sans ce confort superflu. Sans ces médias qui soufflent la haine. Sans ces moyens modernes de voyager et de communiquer.
Alors, tous les ans, je me prend une ou deux semaines de coupure. Certains partent au milieu de la foule sans cesse piaillante du bord de mer, dans la chaleur invivable, le sable qui colle à la transpiration, le soleil qui brûle la peau. D'autres vont voir leur famille, les oncles et tantes qui débattent de l'inutilité de Flamby, les grand parents qui parlent héritage, les cousins qui jouent sur leur console dernière génération. D'autres sortent tous les soirs en boite, alcool pour oublier leur triste vie et illusion de bonheur le temps d'une soirée.
 
Moi, je prend mon couteau, ma gourde et ma pierre à feu. Et je pars seul dans la nature. Rien à voir avec l'émission "Seul face à la nature", ou "Le survivant". Je ne recherche pas l'adrénaline tant vantée par la télé, je ne cherche pas à "survivre". Juste à passer quelques jours au contact de la nature.
 
Généralement, les 2 premiers jours sont une peu difficile, le temps de s'acclimater. L'estomac grogne un peu, les nuits paraissent froides, la pluie glace les os. Puis les réflexes reviennent. Pas de repas, mais du grignottage de plantes commestibles trouvées en quantitées à longueur de journée. S'habituer à marcher en forêt, loin des sentiers. Retrouver le plaisir de se jeter et rouler dans une prairie, rapidement traversé.
Se laver souvent dans les ruisseaux, sans aucun produit, juste pour éliminer le sel et éviter les irritations. Trouver un abri pour la nuit lorsque la luminosité baisse, sous un rocher ou dans une vieille grange abandonnée. Se lever tôt, avec les premiers rayons de soleil, et se dire qu'aujourd'hui, c'est moi qui décide ce que je fais, où je vais. La sensation de liberté est grisante, l'addiction au confort est vite oubliée. La nature est belle, je retrouve le sommeil paisible que j'avais cru avoir rêvé. L'eau froide éveille et met de bonne humeur, ma peau devient douce, loin des agressions des produits chimiques.
Après une dizaine de jours de cette vie de bonheur et d'errance, la solitude commence à se faire un peu sentir. Rien d'insurmontable, un saut dans le ruisseau et tout est lavé de ma tête. Néanmoins je rentre, il me faut retourner à la vie "normale", retrouver mon fils et ma compagne qui me languissent. 
 
Lorsque je raconte mes vacances à mes amis, certains me traitent de fous, beaucoup m'envient, sans jamais essayer de franchir le pas. Comme si c'était quelque chose d'insurmontable de se retrouver seul face à soi même. Comme si ils n'avaient pas le choix, comme si leur vie leur était imposée, comme s'ils n'avaient pas le droit à la moindre fantaisie. La dictature du paraître en société. La peur de passer pour des gens décalés.
 
 
La vie est un terrain de jeu, certains la vivent en se contentant de singer leur voisin, sans rien expérimenter, sans aucune originalité, sans se poser et chercher ce qu'ils aiment, qui ils sont. En obéissant simplement à l'ordre établi. En se contentant d'admirer leur propre image. Ils deviennent vieux et s'apperçoivent qu'ils n'ont rien vécu. Que leur travail est fini, que la société pour qui ils ont donné leur vie ne leur a rien offert en échange, si ce n'est un corps fatigué.
 
Il suffit parfois d'un choix inattendu, d'une simple pichenette pour égayer sa vie.

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