L’honneur perdu de Me Francis Szpiner
par Allain Jules
mercredi 29 juillet 2009
Celui qui se dit agnostique et parcouru d’angoisses métaphysiques a vraiment besoin de repos, après le procès fleuve du « gang des barbares » qui l’a complètement rabougri. Déjà qu’il est le petit avocat par la taille, mais grand par le talent, il faut qu’il évite un malaise vagal ou même un malaise lipothymique à trop tirer sur la corde. Comme quelqu’un, pour ne pas le nommer, Tartempion, évidemment. L’homme qui s’est imposé en faisant les arts martiaux dans sa jeunesse, turbulent et violent selon ses camarades de faculté, Me Francis Szpiner, 55 ans, en fait un peu trop. En traitant les avocats du gang des barbares de « Connards d’avocats bobos de gauche », il a franchi le Rubicon et sans doute, bénéficiera de l’impunité. Explications.

Me Francis Szpiner a vu récemment cet appui du chef de l’Etat, Nicolas Sarkozy en personne (il nie), qui, après le procès du « gang des barbares », a fait pression sur Michèle Alliot-Marie, pour qu’elle face appel de la décision de justice, comme un tremplin pour en rajouter, politisant un peu plus ledit procès. Tout le monde sait de quel bord il est, même comme il dit avoir rendu sa carte de l’UMP. Il avait été battu par Arnaud Montebourg en Saône-et-Loire en 2002, lors des législative. A propos du procès, à cet instant même, il donnait maladroitement une tribune à un monstre, Youssouf Fofana. Avec un pedigree haut en couleurs, lancer des cris d’orfraie sur Youssouf Fofana, que rien n’excuse bien sûr, alors qu’on a défendu tout et rien, notamment l’ex Empereur de Centrafrique, Jean-Bedel Bokassa, l’un des hommes les plus sanguinaires qu’ait connu l’Afrique et le monde même, est d’une hypocrisie abyssale. Passons.
Auparavant, les avocats des 18 personnes appelées à être rejugées, avaient accusé à juste titre, Francis Szpiner, d’avoir politisé l’affaire. Ainsi, une vingtaine d’avocats s’étaient réunis devant la presse. Serge Portelli, le magistrat anti-langue de bois qui fustige ce glissement lent vers une justice dépendante du pouvoir politique, participait à cette réunion. Ils ont fait lire une déclaration commune demandant à Michèle Alliot-Marie de renoncer à l’appel qu’elle a suscité. " Nous demandons au garde des Sceaux d’ordonner au parquet général de retirer son appel", a dit Me Didier Seban. "Comment admettre qu’au moment où la cour se retirait pour délibérer, Me Francis Szpiner ait annoncé que, quel que soit le verdict, il obtiendrait du garde des Sceaux un appel ? " Pour l’inénarrable Me Francis Szpiner il s’agirait d’un « hommage du vice à la vertu » Sans commentaires. Il se dit serein après toutes ces déclarations à l’emporte-pièce. Mais, le virevoltant avocat ne s’est pas arrêté là. Il a même poussé le bouchon en traitant l’avocat général Philippe Bilger de « traître génétique », faisant allusion à la condamnation de son père qui fut un collabo, comme si les enfants sont responsables des actes de leurs parents. Pour lui, il n’a pas voulu remuer le couteau dans la plaie mais condamnait plutôt les nombreuses trahisons du magistrat. On se demande bien lesquelles.
Le procureur général de Paris Laurent Le Mesle a demandé au bâtonnier de Paris Christian Charrière-Bournazel d’ouvrir une enquête sur ces propos de l’avocat de la famille d’Ilan Halimi, le jeune juif assassiné par le « gang des barbares ». Cette prospection, a dit le bâtonnier, va être une enquête déontologique et va consister en l’audition, par lui-même ou un tiers. En réalité, que peut-il réellement craindre, surtout que les sanctions disciplinaires ne peuvent que venir du bâtonnier ? Rien probablement, d’où ce zèle qu’il poursuit de médias en médias, sûr de son fait. Il se justifie aujourd’hui en récusant ses accusateurs, et arguant que ce sont les autres qui ont sorti ses propos de leur contexte. Et pourtant, pendant et après ce procès, il n’a cessé notamment de fustiger la banlieue. Pour lui, ce sont plutôt des blogueurs, notamment Me Eolas, l’avocat-blogueur et ses commentateurs qui sont plutôt à l’origine de cette stigmatisation d’où, selon lui, ce terme de « connards », utilisé… >>> Allain Jules