L’horloger de l’Elysée

par Raphael JORNET
lundi 27 septembre 2010

Un jour, il devait rechuter. Mettez-vous à sa place. Alors, ce jour venu, pris d’un doute, il demanda à quel moment et pourquoi parfois deux aiguilles d’une horloge forment un angle droit, et comment on pouvait y remédier. Il voulait réformer.
Un conseiller le remercia de lui permettre de rappeler que «  Mieux vaut mobiliser son intelligence sur des conneries que sa connerie sur des choses intelligentes  ». Comme les autres, il pensait shadoks.
Tout est parti de là. Après, ça ne l’a pas quitté..
 
A vrai dire, pour être plus précis, tout avait commencé quand il était plus petit que maintenant.
 
Un jour qu’il ne s’était pas énervé, il avait fait le constat que l’aiguille des heures de la pendule d’argent du salon de sa maman qui disait « oui », disait « non » était plus courte que celle des minutes.
Il en piqua une vive colère et un profond désenchantement, hurla qu’il faudrait que cela change, et se jura qu’il serait le président du retour au cadran solaire.
Il était déjà excessif, pressé à la minute, accusant depuis toujours les autres de n’avoir rien changé quand ils étaient aux commandes. Que le pays retournerait à une temporalité libérale.
 
Alors, pour ne pas s’arrêter, il couru toujours.
 
Un jour, à midi, - après qu’il eut réussi dans sa vie - il fut témoin d’une scène capitale : les aiguilles de la Rolex qu’il portait au poignet s’étaient mises en tête de se chevaucher.
 
Intrigué, il demanda à Henri Guaino à quelle heure les deux aiguilles étaient susceptibles d’être à nouveau superposées.
 
Henri, qui achevait un discours que son patron dirait au salon de l’agriculture, se raclant la gorge, ne se laissa pas distraire, lui répondant qu’Alain Minc était mieux placé que lui pour le renseigner, vu qu’il allait toujours dans le sens des aiguilles d’une montre et dans la direction du vent.
 
Perdre son temps devint vite la hantise de Monsieur le Président de la République, dès lors qu’il sut que 2012 sonnerait le glas et les douze coups de minuit pour lui.
 
Déboussolé mais pas découragé, le Président se répéta qu’il lui fallait absolument marquer son temps avant la fin du compte à rebours, quel qu’en soit le prix, sans tenir compte de l’inflation de mots que connaissait bien Rachida Dati, une spécialiste de la montre au poignet et des affirmations de « fellations quasi nulles ».
 
Cette dernière saillie de l’ancienne Garde des Sceaux lui confirma que son avenir était, d’ici la fin du quinquennat, dans l’approfondissement des recherches sur la montrevibrante, qui ne faisait pas appel à un mécanisme complexe, seulement à des reflexes sécuritaires et (ou) nationaux.
La montre sans aiguilles le tentait aussi, intemporelle, comme lui. Et la montre à "heure à la demande" pour amateur égoïste qui ne veut qu’une heure "confidentielle", réservée à son seul usage.
 
Très vite, il considéra avoir fait des progrès : il avait réglé le tempo des aiguilles de droite et de gauche sous la Vème. Elles allaient dans tous les sens.
 
Ce qui n’empêche : depuis 2007 la France à peur et rêve d’une VIème. Sauf DSK, bien entendu, qui dit qu’il sera à l’heure.
 
L’actualité, contemporaine, a des rouages qui prennent de l’importance.
 
 
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