L’humanisme anthropocentré est mort. Vive l’écologie métaphysique et la République du Vivant !

par Pascale Mottura
lundi 16 mai 2016

Un livre essentiel dont l’auteur est le journaliste Aymeric Caron est paru le mois dernier aux éditions Don Quichotte : Antispéciste, « réconcilier l'humain, l'animal, la nature ».
Plus de la moitié du livre forme la trame d’un programme politique pour l’instauration d’une vraie démocratie, une biodémocratie, une République du Vivant, montrant que l’antispécisme est un combat pour vaincre les mêmes logiques d’injustice qui détruisent socialement les hommes et physiquement les animaux.

Sur presque 500 pages, Antispéciste est une somme d’informations et d’arguments imparables articulés de manière claire, nette et précise. 
Chaque chapitre est un compendium coup de poing. La démonstration est fouillée, incisive, didactique, exempte de pathos. 
A la fois captivant et dérangeant (rempli de chiffres qui donnent le tournis, et la nausée quand il s’agit de l’exploitation animale), cet ouvrage va marquer les esprits. 

Selon Aymeric Caron, il n’existe pas de cause plus révolutionnaire aujourd’hui que l’antispécisme. C’est un appel au soulèvement des consciences, un appel à la révolte contre la pensée ultra-dominante, un appel à un nouvel humanisme. 
Le non-respect du Vivant est la manière pernicieuse des humains de se nuire à eux-mêmes et de se détruire. La communauté humaine doit comprendre qu’elle n’est rien sans la communauté beaucoup plus large du Vivant. 
Ainsi, « L’antispécisme n’est que l’un des volets d’une révolution morale et politique qui concerne en premier lieu les humains. Une révolution dont le programme pourrait être : «  lien, cohérence et responsabilité » (cf. Antispéciste p.11). 

Je crois que l’antispécisme et l’écologie vue autrement (qu’on la nomme écosophie, méta-écologie, écologie profonde, écologie existentielle, écologie essentielle, écologie métaphysique…) sont des courants de pensée et d'action incontournables pour mieux vivre notre présence au monde. A mon sens, ce sont les seuls sujets philosophiques et politiques, passionnants, de notre temps. Tout le reste n’est que sous-thèmes et sous-sous-thèmes superficiels, souvent dérisoires. D’ailleurs, l’écologie bien pensée recouvre toutes les disciplines des sciences dures et des sciences humaines et spirituelles ; c’est la science des sciences, la « raison du monde ».

Ces idées seront de plus en plus présentes dans les débats de société. Elles auront, à n’en pas douter, des conséquences puissantes sur la refondation, tant attendue, de la politique dans un proche avenir.

A l’attention du lecteur non averti, il importe de définir ici brièvement ce qu’est l’antispécisme.
L’antispécisme récuse une hiérarchie qui a été établie, au profit de l’Homme, entre l’espèce humaine et les espèces animales. Pour les antispécistes, il n’y a pas de différence de nature entre les animaux humains et les animaux non humains, mais une différence de degré d’intelligence, de sensibilité, de sociabilité... Si nous sommes l’espèce la plus développée intellectuellement, cela ne nous octroie pas le droit de vie et de mort sur les autres espèces qui sont elles-aussi sensibles et intelligentes, ce que démontre de plus en plus nettement et incontestablement la recherche scientifique.
C’est pourquoi l’antispécisme prône l’augmentation de notre sphère de considération morale. Il se détermine par rapport au spécisme qui lui-même définit une discrimination liée à l’espèce et qui justifierait des violences faites à certaines espèces. L’antispécisme se veut politique et place cette discrimination spéciste au même niveau que le racisme ou le sexisme. Selon Aymeric Caron, c’est un antiracisme étendu.
C’est parce que nous avons, nous animaux humains, cette capacité à avoir un sens de l’éthique, un sens de la morale, que notre responsabilité est de nous mobiliser pour sauver les plus faibles, pour protéger ceux qui souffrent.
Pour les penseurs antispécistes, qui sont les héritiers philosophiques de Bentham 1, tous les êtres qui souffrent doivent recevoir, en ce qui ce concerne leur aptitude à souffrir, un traitement égal.
Que l’on comprenne bien : les antispécistes ne réclament pas une égalité de fait entre les différentes espèces animales, ce qui serait absurde, mais une égale considération pour tout ce qui concerne leur capacité à souffrir.

De l’éthique animale découlent deux grands courants : le conséquentialisme et le déontologisme, c’est-à-dire d’un côté ceux qui luttent pour l’amélioration du bien-être animal et de l’autre ceux qui réclament la fin pure et simple de l’exploitation des animaux (cf. Antispéciste pp.151-161). Parmi les premiers on trouve les welfaristes ; les autres sont abolitionnistes.

L’antispécisme conduit logiquement à l’adoption de modes de vie végétariens, voire végétaliens ou vegans, ainsi qu’au militantisme pour la libération animale dans le but d’éradiquer l’exploitation des animaux par les humains, que ce soit pour l’alimentation, les travaux de force, l’expérimentation médicale, les loisirs, l’habillement, etc.
Les vegans sont généralement abolitionnistes ; c’est une question de cohérence. L’exploitation animale, intrinsèquement violente, n’étant plus une nécessité, sa perpétuation paraît une effroyable absurdité à leurs yeux.

On ne peut donc que recommander fortement la lecture de Antispéciste car ce livre est éminemment utile pour favoriser l’éveil des consciences.

De mon point de vue, il est évident que les animaux ont une intelligence instinctive et qu’ils ont conscience de leur existence et de leur individualité. Ce ne sont pas des automates, des machines ultrasophistiquées, comme le prétendait Descartes ! Avec cette théorie des « animaux machines », le cartésianisme a marqué profondément, et odieusement, la tradition française.
Au plan physique l’être humain est effectivement un animal (avec des capacités physiques très inférieures à celles de nombreux animaux d’ailleurs). Cependant, l’Homme est doté d’une intelligence spéciale, non limitée, qui lui donne la conscience de son avenir, de la responsabilité de ses actes, de la distinction entre le bien et le mal.
Chez les humains, l’intelligence ouvre sur la vie morale et spirituelle. L’Homme a le libre arbitre de sa destinée et particulièrement le choix de lutter contre l’influence de la matière.
A ce propos, je réfute la croyance d’Aymeric Caron en un « hasard de l’incarnation ». 
Aymeric Caron est athée, et, s’il cite des chrétiens convaincus tels Jean-Marie Pelt ou Albert Schweitzer, la dimension spiritualiste est évacuée de son discours. 
Peu importe. Le gros problème de notre temps, c’est le fossé qui se creuse de plus en plus entre les protecteurs-responsables de la Vie et les consommateurs-jouisseurs de la vie, sans scrupules. Et cela n’a rien à voir avec une opposition entre athées, agnostiques et spiritualistes.
En ce XXIème siècle, il importe de passer d’un humanisme anthropocentré, lié notamment, dans notre pays, à la tradition judéo-chrétienne, à un humanisme cosmique moderne.

La recherche constante de compétitivité fait que l’animal est de plus en plus chosifié. Dans les élevages industriels, de sa naissance à sa mort, jamais mis en contact avec son milieu naturel, l’animal n’a droit qu’à l’enfer : mutilé dès les premiers jours (porcelets castrés à vif, becs des poussins coupés par une lame chauffée au rouge …), maintenu en cage toute sa courte durée de vie, condamné à une promiscuité avec ses congénères ou à l’isolement, inséminée à répétition (truie, vache…) et séparée très vite de ses petits, abattu sadiquement au final, n’ayant jamais connu ni joie ni tendresse.


Et les humains carnivores continuent de croire que la viande issue de telles tortures, et donc de souffrances et de stress immenses, bourrée d’antibiotiques par ailleurs, est bonne pour leur santé ? 
Les élevages industriels et les abattoirs méritent d’être classés au Patrimoine Mondial de l’Inhumanité.

L’Education Nationale devrait intégrer de toute urgence à ses programmes des cours sur l’antispécisme afin de développer l’esprit critique des enfants et des jeunes sur les comportements des humains envers les animaux non-humains. C’est un vœu pieux bien sûr quand on sait que l’Etat se défausse de toute éducation écologique, qu’il laisse à la charge du secteur associatif, et qu’il soutient le lobby des industriels agroalimentaires...
Il faut pourtant apprendre à lutter contre les constructions culturelles artificielles créées par les lobbies des éleveurs qui nous ont fait croire que la consommation de viande était indispensable à notre santé. Si le lion et le tigre, par exemple, n’ont pas d’autre choix qu’un régime carnivore, l’homme n’est pas obligé d’adopter une alimentation carnée. Manger de la viande n’est pas pour lui une nécessité vitale !
Omnivores, nous mangeons en fait beaucoup de viande surtout depuis les XIXe et XXe siècles, depuis la révolution agricole et l’apparition du capitalisme agricole qui a entraîné la recherche d’une productivité hyper intensive.
Il faut que les jeunes générations disposent de toutes les connaissances récentes afin de pouvoir être juges de la tradition alimentaire qui leur est inculquée.

J’invite les humains carnivores qui osent encore parler de leur plaisir gustatif - alors que plus un seul d'entre eux ne peut prétendre désormais qu'il ne savait pas - à réfléchir au fait qu’un plaisir obtenu au prix de la souffrance de l’autre, ça s’appelle du sadisme. 
Aymeric Caron a raison quand il écrit : « que celui qui mange un morceau d’animal en ait conscience : il a lui-même commandité le meurtre. Il est le responsable. Ces animaux ont été tués parce que des industriels ont pensé qu’il y aurait des gens pour acheter leur viande ». (cf. Antispéciste p.143). Les fauves au moins tuent eux-mêmes leurs proies, et la gazelle qui les nourrit (hors de tout contexte gastronomique) est née naturellement, elle n’a pas été produite artificiellement dans un élevage.
Aucun des arguments avancés pour défendre la consommation de viande ne tient. Les vegans sont en bonne santé, ce qui n’est souvent pas le cas des gros mangeurs de viande. Quelle que soit l’origine de la viande, on sait que les régimes carnés provoquent diverses pathologies : maladies cardio-vasculaires, cancers, etc. 

Sans viande, les plaisirs de la table perdurent. Aucune crainte à avoir, la gastronomie française est préservée, elle évolue, c’est tout. « Mon constat est simple. C’est maintenant que se jouent les dix prochaines années. Elles s’appuieront sur la santé, et en cela, la cuisine végétarienne sera l’un des axes de cette évolution. Je veux être là. » nous dit Joël Robuchon 2 comme d’autres grands chefs avant lui tels Alain Passard, Alain Ducasse et Jean Montagard.
Il faut avoir confiance aussi en l’avenir de la gastronomie moléculaire. Les alchimistes de la cuisine moléculaire ont trop fait scandale en abusant des additifs chimiques, mais libérée de ces dérives, la cuisine moléculaire trouvera peut-être une vraie place dans nos assiettes.

Quant aux objections courantes (émises souvent par des personnes qui ne font rien pour améliorer le sort des humains), du genre : « les animaux c’est bien mais tu ferais mieux de commencer par t’occuper des hommes », l’ensemble du livre Antispéciste constitue une réponse pertinente, et particulièrement le chapitre « L’homme contre l’animal ».
Cette phrase de Marguerite Yourcenar, issue de ses entretiens avec Matthieu Galey dans les années 70, permet aussi d’élever le débat : « Quand nous frappons un enfant ou quand nous l'affamons, quand nous l'élevons de telle sorte que sa pensée soit faussée ou qu'il perde son goût de la vie, nous commettons un crime envers l'univers qui s'exprime à travers lui. La même chose est vraie quand nous tuons inutilement un animal ou quand, sans bonne raison, nous coupons un arbre. Chaque fois, nous trahissons notre mission d'homme, qui serait d'organiser un univers un peu meilleur. » 
Il n’y a pas à s’occuper d’abord ou après des humains ou des animaux, nous devons respecter la vie et avoir de la compassion pour tous les êtres sensibles. « Si nombreuses soient les créatures errantes dans l'étendue des trois mondes, travailler à les sauver », tout est là, dans ce texte vieux de quelque vingt-six siècles…

Porté ainsi intelligemment sur le devant de la scène par Aymeric Caron, la pensée antispéciste n’est pas nouvelle, même si ce mouvement est récent (il date des années 70). Une pléthore de penseurs a plaidé pour le respect du Vivant et la coexistence pacifique de toutes les espèces, et ce depuis la plus haute Antiquité. 

La plupart des auteurs cités par Aymeric Caron dans son livre m’inspirent (je ne les ai pas encore tous lus, loin s’en faut, mais je les reconnais comme importants) : Henry David Thoreau, Ralph Waldo Emerson, Arne Næss, Peter Singer, André Gorz, Félix Guattari, Edgar Morin, Michel Serres, Bruno Latour, Corine Pelluchon, et bien d’autres. Hubert Reeves, Jean-Marie Pelt, Pierre Rabhi, Stephen Hawking, Théodore Monod, figurent aussi dans les 13 pages de références et sources, et c’est heureux. 

Toutefois, si Antispéciste propose une bibliographie conséquente, celle-ci ignore des ouvrages tels Le Silence des bêtes. La philosophie à l’épreuve de l’animalité, d’Élisabeth de Fontenay, Fayard, 1999 ; le livre de Thierry Paquot, Petit manifeste pour une écologie existentielle, paru chez Bourin Éditeur, « Essai », en 2007 ; Plaidoyer pour les animaux de Matthieu Ricard, paru aux Allary Editions en 2014 ; La 6e Extinction. Comment l'homme détruit la vie, d’Elizabeth Kolbert, éd. La Librairie Vuibert, août 2015, Prix Pulitzer, etc. 
Georges Chapouthier apparaît furtivement dans le livre mais aucun de ses écrits ne figurent dans la bibliographie 3.
Aymeric Caron cite rapidement Romain Gary 4 et passe extrêmement vite sur l’immense Marguerite Yourcenar, végétarienne convaincue et écologiste d’avant-garde qui prit position pour de nombreux combats en faveur des animaux. (cf. Antispéciste p.233)
Par ailleurs, Aymeric Caron évoque le jaïnisme (cf. Antispéciste p.167) mais il ne dit pas un mot sur l’orphisme qui lui est proche et qui est né à la même époque (13 siècles avant J.C.).

Antispéciste va sûrement faire date mais il serait juste de ne pas gommer les éclaireurs qui ont préparé cet avènement, tous celles et ceux qui ont laissé l’empreinte rémanente de leur intelligence de la vie. Je veux rendre hommage par exemple à deux de mes maîtres à penser.

Marguerite Yourcenar s’est montrée sensible aux grandes questions écologiques dès les années cinquante, époque où, à travers les Mémoires d'Hadrien, elle prônait de « collaborer avec la terre » quand l'écologie était alors essentiellement une manifestation socioculturelle anglo-saxonne. 
Elle a été influencée par Thoreau (Walden ou La vie dans les bois), et par Rachel Carson. Mais, bien plus que par ses lectures, son inspiration environnementale semble avoir été essentiellement guidée par son rapport personnel au monde naturel, depuis son enfance au Mont-Noir jusqu’à l'île des Monts Déserts. Elle n’a eu de cesse de dénoncer les atrocités faites aux animaux. Il lui déplaisait de « digérer des agonies » et elle se disait végétarienne à 95 % (car elle mangeait régulièrement du poisson). 
Son écophilie liée à sa profonde spiritualité sous-tend tout son œuvre et elle est perceptible aussi dans sa correspondance et ses interviews. 
Son dernier ouvrage de fiction, Un homme obscur, publié en 1982, est en quelque sorte son testament écologique 5. Elle y a fait passer des messages essentiels sur sa philosophie de la nature, très en phase avec l’écologie profonde d’Arne Næss et de George Sessions.
Opposée à toute forme de discrimination, Marguerite Yourcenar fut une antispéciste avant l’heure : « Enfin, égalité totale de tous les êtres humains sans distinction de sexe et de couleur. Et pourquoi pas égalité de tous les êtres sans distinction d’espèce ? » (lettre à Odette Schwartz, 31 décembre 1977, in Lettres à ses amis et quelques autres, 1995, Paris, Gallimard, p. 581).

Avant Pythagore et ses disciples, le Dorien Orphée a chanté le respect de toute forme de vie et le végétarisme, s’opposant ainsi au système religieux de l’époque. Orphée a demandé aux hommes de ne pas commettre de « phonoi », c’est-à-dire de meurtre ou de sacrifice sanglant d’animaux. 
Orphée était un jeune Thrace de race royale qui est parti en Egypte pour y être initié par les prêtres de Memphis. Revenu dans son pays après une vingtaine d’année, il unit la religion de Zeus avec celle de Dionysos dans une pensée universelle et il créa les Mystères en Grèce. Pour les initiés, il était le révélateur du Dionysos céleste. Il savait invoquer aussi Erôs céleste et tout puissant. « Aimez car tout aime. Mais aimez la lumière et non les ténèbres. Souvenez-vous du but pendant le voyage ».
A cette époque, « dans ses hauteurs comme dans ses profondeurs, la nature était pressentie, redoutée et vénérée. /…/ Il y avait guerre à mort entre les prêtres du soleil et les prêtresses de la lune. Lutte des sexes, lutte antique, inévitable, ouverte ou cachée, mais éternelle, entre le principe masculin et le principe féminin, entre l’homme et la femme, qui remplit l’histoire de ses alternatives et où se joue le secret des mondes ». 6
Orphée vibra d’amour pour l’Eternel Féminin qui palpite dans la Nature, dans l’Humanité et dans le Ciel. Il fut le chantre de la fusion parfaite du masculin et du féminin dans l’être humain, propice à la reconnaissance du respect dû au Vivant sous toutes ses formes.

Tant de messages diffusés partout sur cette petite planète depuis la nuit des temps pour nous aider à comprendre la dimension écologique de la condition humaine, pour nous guider vers une relation écologiquement plus responsable avec le monde non humain, pour nous indiquer le rôle et la juste place des humains dans la biosphère … 
Pourquoi l’humanité y est-elle restée sourde ?
Combien d’années faudra-t-il encore, combien de sang versé, de traitements innommables infligés à des êtres innocents avant une prise de conscience généralisée ?
Comment sommes-nous arrivés à un tel niveau d’aberration et de monstruosité, particulièrement de l’industrialisation de la filière viande ? Marguerite Yourcenar a écrit des pages poignantes sur le sujet (cf. son texte « Qui sait si l’âme des bêtes va en bas » paru dans le recueil Le Temps, ce grand sculpteur). 
Pourquoi tant de textes d’importance restés lettre morte ?

Ecophiles, humanistes modernes et antispécistes, ne laissons plus l’argent chosifier le Vivant, ne pesons pas sur la Terre et vivons les yeux ouverts.
Il est temps de placer la transformation intérieure au-dessus de l’utilitarisme radical prôné par l’économisme capitaliste.
Il est temps d’allier les ancestrales connaissances aux savoirs mondialisés et connectés d'aujourd'hui pour co-créer un avenir meilleur, en conscience. (Pour information, c’est l’objet social de Ker’Cognita 7, une toute jeune association dont je suis la déléguée générale).

« Il ne sera jamais trop tard pour tenter de bien faire tant qu'il y aura sur terre un arbre, une bête ou un homme ». Marguerite Yourcenar, in Les Yeux ouverts, 1980.

Pascale Mottura
16 mai 2016 

P.S. : 
Pour être honnête, je suis à ce jour seulement végétarienne à 90 % : je mange encore, sans excès, des œufs, des produits laitiers et du poisson. J’ai toujours honni la vraie fourrure. Si je porte encore des vêtements en cuir (nombreux dans ma garde-robe, mea culpa !) je n’en achèterai plus jamais. Bref, ma prise de conscience s’affirme.
J’admire la détermination des vegans. Il est fort possible que je le devienne à l’avenir.
A ma décharge, je dirais que sans une éducation appropriée dès l’enfance, quand aucun proche ne montre l’exemple, et dans une société où les vegans et même les végétariens sont encore très minoritaires, un certain temps est nécessaire, c’est regrettable, pour que la prise de conscience opère totalement. Mais les mentalités évoluent, inexorablement.

Sources

1- Rappelons ici la célèbre proposition du philosophe anglais du XVIIIème siècle Jeremy Bentham « La question n’est pas : peuvent-ils raisonner, peuvent-ils parler ? mais : peuvent-ils souffrir ? ». 

2- Cf. l’interview du chef réalisée par F. Simon pour le Figaro, en août 2014.

3- Lire par exemple : Georges Chapouthier, « La spécificité de l'espèce humaine et sa responsabilité à l'égard des autres espèces », in Klesis – Revue philosophique – 2010 : 16 – Humanité et animalité.

4- Les racines du ciel (Prix Goncourt 1956) de Romain Gary, est considéré comme le premier roman écologique de langue française.
Romain Gary partage l'anecdote suivante : « En 1956, je me trouvais à la table d'un grand journaliste, Pierre Lazareff. Quelqu'un avait prononcé le mot « écologie ». Sur vingt personnalités présentes, quatre seulement en connaissaient le sens… » (Gary 2003 : 11).

5- Lire l’excellent article de Walter Wagner, « Un homme obscur : le testament écologique de Marguerite Yourcenar », in Echo des études romanes, revue publiée par l’Institut d’études romanes de la Faculté des Lettres de l’Université de Bohême du Sud, České Budějovice, Vol. V / Num. 1-2, 2009.

6- Edouard Schuré, Les grands initiés, Librairie Académique Perrin, 1960.
Orphée – ou Arpha – qui signifie « celui qui guérit par la lumière » est son nom d’initiation. (Arpha, mot phénicien composé d’aour, lumière, et de rophae, guérison).

7- Ker’Cognita, « trait d’union entre les ancestrales connaissances et les consciences de demain ». www.kercognita.org - https://www.facebook.com/KerCognita/


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