L’identité régionale n’est plus une menace

par Voris : compte fermé
vendredi 29 février 2008

« Bienvenue chez les Ch’tis » et la Breizh Touch de l’été 2007, sont des moments de retour sympathiques de l’identité régionale. Cette identité régionale a longtemps fait peur dans notre pays, héritier de la Révolution et de son jacobinisme. Mais aujourd’hui, la page est tournée.

Pour Jacques Le Goff, professeur de droit à l’université de Brest, aujourd’hui l’Etat peut desserrer l’étau sans risques sérieux. C’est ce qu’il affirme dans son article paru dans Ouest-France du 28 février 2008, "Langues régionales et unité nationale". Il cite Lionel Jospin qui déclara lorsqu’il était Premier ministre : "Le temps est révolu où l’État pouvait considérer que l’enseignement des langues était de nature à menacer l’unité nationale."

C’est ainsi que l’on peut oser une "politique positive pour les langues", dans le cadre d’un régionalisme bien tempéré. D’autres veulent aller plus loin. Ainsi la Bretagne réclame la restauration de son intégrité territoriale culturelle et historique.

Le respect des langues régionales

Au moment de la révision constitutionnelle qui a précédé la ratification du traité de Lisbonne, 120 députés, menés par Marc Le Fur (UMP) et Marylise Lebranchu (PS), ont proposé une modification de l’article 2 de la Constitution, suggérant d’amender le texte actuel - "La langue de la République est le français" - avec cette précision : "Dans le respect des langues régionales qui font partie de notre patrimoine". Il s’agit de constitutionnaliser un état de fait : la République n’a plus à craindre les régionalismes. Il n’est pas demandé de promouvoir avec zèle les langues régionales mais simplement de les respecter. Et surtout d’appliquer enfin la Charte européenne des langues régionales, adoptée par le Conseil de l’Europe en 1992, signée par la France en 1999. Car le dernier obstacle à l’application de cette charte est... constitutionnel. Il s’agit donc de lever l’obstacle juridique qui interdit l’introduction dans notre droit de cette charte qui reste chez nous lettre morte. Actuellement, sur les 47 pays membres de l’organisation, la moitié a déjà franchi le pas, dont l’Allemagne, l’Autriche, l’Espagne, le Luxembourg... Le refus de modifier la Constitution sur ce point pourrait signifier la volonté politique de rejeter la charte européenne.

Jacques Le Goff fait le constat que la protection renforcée de la langue nationale ne se justifie plus ni la grande méfiance envers les langues régionales. Si menace il y a aujourd’hui, elle vient plutôt des carences de l’enseignement du français et de la concurrence des langues étrangères.

Il cite en exemple les 11 000 élèves bretons qui suivent une formation dans la langue régionale et qui excellent dans le maniement du français comme dans celui des langues étrangères.

Bretagne réunie, Bretagne réussie

"Bretagne réunie" s’adresse aux candidats aux élections cantonales pour réclamer l’annulation de la loi du maréchal Pétain qui a sorti la Loire-Atlantique de la Bretagne historique.

Depuis 1972 , "Bretagne réunie" milite pour un ralliement de la Loire-Atlantique à la région Bretagne. Cette année-là, les conseils généraux des quatre départements bretons et de la Loire-Atlantique s’étaient exprimés en faveur de la réunification, mais le gouvernement de Georges Pompidou n’avait pas pris en compte ce vœu. L’association demande à présent aux candidats aux élections cantonales de formuler un engagement par écrit pour soutenir cette cause et rendre possible la réunification. Pierre-Yves Le Rhun, le vice-président de l’association, affirme : "Il ne s’agit pas de savoir si les élus sont pour ou contre cette réunification mais s’ils peuvent représenter le souhait de la majorité des Bretons."

L’intégrité du territoire breton mais aussi l’identité culturelle et historique de la Bretagne doivent être respectées.

Conclusion

Aujourd’hui, l’identité régionale peut jouer un rôle positif tant culturellement que socialement. Non pas comme un repli mais comme une ouverture, et dans le sens de la modernité. La reconnaissance de l’identité ch’ti à travers le succès phénoménal du film de Dany Boon, l’essor international de la culture celte avec une Breizh Touch qui remporta un succès populaire bien au-delà des prévisions, sont la marque que le régionalisme peut être porteur de bien-être et de valeurs positives, l’Etat n’étant pas l’unique cadre de référence. Il y a du dynamisme et comme un réservoir d’optimisme et de vie dans les cultures régionales surtout lorsqu’elles apparaissent, comme c’est le cas aujourd’hui, vivantes et ouvertes sur le monde.


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