L’immeuble de Mme Michou

par Gabriel
mardi 16 octobre 2018

 

 Au rez-de-chaussée, dans l’immense hall marbré de cet immeuble haussmannien du 16e arrondissement de la capitale avenue Foch, la loge de madame Michou, concierge de son état, fait figure de placard vitré près de l’ascenseur en fer forgé.

 Au premier étage, palier de gauche, s'épanouit Sandra Végane frustrée et DRH pour une grande multi nationale française qui délocalise à tour de bras. Elle milite pour la cause animale tout en foutant en l’air la vie d’un chihuahua qu’elle a affublé du patronyme ridicule de Gaston et qu’elle gave avec des boites de conserve pas chères de chez LIDL. Gaston étant enfermé toute la journée dans le trois pièces de l’extrémiste alimentaire, pise régulièrement sur la moquette et fait partager son mécontentement solitaire aux résidants par des aboiements crispants à horaires fixes et continus qui ne cessent qu’au retour de la reine du licenciement, la fabrique à chômage...

 L’appartement de droite, je parle évidement du palier du même étage, il y a Monique la trentaine bien marquée par les sorties nocturnes arrosées au whisky vodka. S'il vous plait, Madame est Présidente assidue d’un club MLF ou la détestation du mâle est l’occupation centrale et principale. Militante acharnée du lobby LGBT, elle se rêve Femen mais complexe sur son manque d’attribut mammaire ce qui l'a rend légèrement hargneuse. Cependant, cela ne l’empêche pas de s’envoyer en l’air avec des Messieurs de passage qui éteignent, avec leur détestable appendice masculin, le feu au c... de Madame. Elle est un rien nymphomane et pas à une contradiction près la féministe...

 Au second niveau porte droite, un couple de professeurs écolos sévissant à la Sorbonne, font la promo du manger et vivre bio tout en menant une terrible et courageuse guerre verbale aux OGM et autres produits transgéniques. Les vélos dans le couloir donnent une touche verte qui a tout de même un peu de mal à faire oublier le 4x4 diesel Audi Q7 de 326 chevaux acheté récemment qui, d’après leur justification, est bien pratique pour charger les courses au supermarché. Anti nucléaires convaincus malgré le tout électrique qui alimente la totalité des gadgets qu’ils possèdent et qu’ils n’hésitent pas à se procurer dés leurs sorties publicitaires. Ils trient leurs innombrables déchets de consommateurs compulsifs dans de jolies poubelles de couleurs dont ils se foutent éperdument de l’avenir du contenu qui les alimente.

 Même niveau porte gauche, le jeune cadre sup de la finance, le trader en herbe à qui papa à offert l’appartement de 130 m² afin qu’il y organise ses soirées partouzes en snifant la meilleure coke de Paris. La semaine précédente, lors d’un repas entre collègues de même caste et après l'inclusion immodéré d'une demi douzaine de bouteille " Château Margaux 2009 ", il s’étonnait du nombre de fainéants qui profitaient du chômage oubliant de faire le lien avec sa dernière spéculation boursière qui a fait fermer trois usines et mis à la porte 450 personnes. Mais bon, c’est son job et il n’y est pour rien si les gens ne veulent pas s’adapter et s’ils ne sont pas mobiles, c'est pourtant jolie la Roumanie. La terre est un village, quand même, merde  ! Grâce au bonus de fin d’année, il a pu changer sa porche par un modèle supérieur.

 Troisième étage, un couple de sympathiques retraités qui ayant placé une majorité de ses actifs dans un paradis fiscal se vante de ne pas payer d’impôts, car comment pourraient-ils avec leurs maigres revenus et la vente de leur pharmacie, entretenir la maison sur le bassin d’Arcachon et le chalet à Megève. Ils en parlaient dernièrement à la serveuse de leur boulangerie de quartier rémunérée au SMIC en lui expliquant que, les gens ne se rendaient pas compte des frais engagés et que, bienheureux ceux qui ne possédaient rien, car ils n’avaient pas tous ces soucis... 

 Leurs voisins d’en face, une paire d’ex-soixante-huitards et Trotskistes de littérature, reconvertis par la suite en socialistes tendance caviar et sauterne qui ont eu l’intelligence de sentir le vent tourner et se sont précipités pour se mettre en marche avec Sa Majesté jupitérienne. Madame est secrétaire fictive à plein temps de son mari siégeant à l’Assemblée nationale. Monsieur le député est très ouvert sur la question de la pédophilie, comme dit cet enfoiré spécialiste dans le retournement de veste, il faut savoir vivre avec son temps. Tout deux militent pour l’accueil massif d’émigrés au nom des droits de l’homme (mon cul sur la commode...), mais n’ont pas l’idée dans loger quelques un dans leurs quatre placements immobiliers apparemment vides de tout locataire. Ne leur faites pas remarquer ce malencontreux oubli, vous sombreriez dans la démagogie populiste.

 Quatrième et dernier étage, le journaliste chroniqueur politique un tiers mondiste deux tiers mondain, confit de certitude et pétrit de bons goûts. Pigiste au Figaro, la voix de son maitre, rédige des articles flatteurs sur la politique de droite comme de gauche pourvu qu’elle soit libérale et n’ampute pas son pouvoir d’achat. Textes courtisans qui de toute façon seront vérifiés et validés par sa hiérarchie qui ne tolèrera pas une quelconque remarque anti monétaire. Pépère s'autorise régulièrement, en tant que pseudo-expert, venir nous expliquer sur les plateaux télé, l’impérieuse nécessité de réduire les prestations sociales pour sauver notre système social, comprenne qui pourra...

 En face un luxueux appartement vide. Garçonnière d’un Qatari lorsqu’il est en voyage en France. Petit pied-à-terre discret de 170 m² pour recevoir ses maitresses âgées de 12 à 30 ans, bien entendu dans la pure tradition musulmane et selon les préceptes de son Coran. Le Sheikh Hamad Ben Khalifa Al Ben Yousouf etc., etc. cousin du cousin du prince héritier par alliance, chevalier de la Légion d’honneur reçoit régulièrement les hommages de la nation qui lui affecte à chaque séjour des policiers chargés de sa sécurité aux frais du contribuable. Comme quoi, on sait accueillir les étrangers nous les Gaulois racistes et colonisateurs...

 Pour terminer, tous ces braves gens, lorgnent d’un œil supérieur et condescendant Madame Michou, lui faisant gentiment remarquer, de temps en temps mais surtout au moment des étrennes, la poussière qui a la fâcheuse et pernicieuse tendance à se déposer de façon régulière et intempestive sur la rampe d’escalier en noyer massif. Faut dire qu’à notre époque, le petit personnel c’est une vraie calamité. On ne peut plus faire confiance à personne ma pauvre dame ! Ils y en a qui ne savent pas la chance qu’ils ont d’avoir un travail. Où sont les valeurs d’antan, je vous le demande  ?...


Lire l'article complet, et les commentaires