L’immigration face au chômage

par Georges Leroy-Robert
jeudi 7 juin 2012

L’immigration face au chômage : des positions contradictoires.

Ce simple énoncé apparaît comme une provocation.

En 1984, Bernard Stasi, publiait un livre sous ce titre : L’immigration est une chance pour la France. C’était un an après les premiers succès électoraux du Front national, aux municipales de 1983 et un an aussi après « la marche des Beurs ».

Même si le taux de chômage avait alors franchi les 8% de la population active Bernard Stasi insistait dans son livre, que le renouvellement des générations était menacé et que la France avait besoin d’immigration ; il faisait en outre le pari que l’immigration représentait une chance pour la culture et pour l’économie française.

Depuis, de nombreux journalistes et hommes politiques ont soutenu et soutiennent encore que l’immigration est une nécessité pour l’économie française et européenne.

Pourtant, le journaliste Hervé Algalarrondo (rédacteur en chef adjoint au service politique du Nouvel Observateur) répondait fin 2011 à cette question « dans quelle mesure pouvons-nous accueillir les immigrés » que lui posait un journaliste :

« Nous n’avons pas le devoir d’accueillir toute la misère du monde. En ce moment, la France connaît un lourd taux de chômage tout en bénéficiant d’une démographie suffisante. Il n’y a donc pas de raisons de fond d’accueillir de nouveaux arrivants. Pour moi, les mesures de restrictions visent surtout à protéger les chômeurs dont beaucoup sont issus de l’immigration. Donnons leur d’abord du boulot avant d’ouvrir les portes aux autres. »

En plus de 25 ans, les idées ont évolué, aujourd’hui beaucoup se pose la question : « l’immigration est-elle une chance ou menace pour la paix sociale et la sécurité ».

Dans cet article, je n’aborderai pas le problème du coût de l’immigration, sujet si controversé, cependant pour ceux qui sont intéressés je leur conseille la lecture de l’essai de JP Gourevitch « Le coût réel de l’immigration en France ».

Les causes de l’immigration depuis 1945.

Les causes depuis la dernière guerre jusqu’au début des années 1970 ont été essentiellement économiques à cause du déficit de main d’œuvre, la France ayant été saignée à blanc par deux guerres mondiales. Il y a aussi le choix fait par les grandes entreprises industrielles françaises, en particulier l’ industrie automobile, plutôt que d’investir dans des moyens de production intégrant les techniques les plus modernes et mises en œuvre par du personnel qualifié, ont choisi d’organiser la production pour pouvoir utiliser une main d’œuvre docile, sans qualification, mais bon marché, venant essentiellement du Maghreb et d’Afrique subsaharienne parce que c’était plus rentable à court terme.

 Pourtant dans les années 1970, la concurrence, en particulier celle des industries japonaises, ont obligéles entreprises françaises (et européennes) à faire un saut technologique pour accroître la productivité et diminuer les coûts de production avec comme conséquence des licenciements touchant principalement les immigrés. C’est l’époque du premier choc pétrolier qui va secouer toute l’industrie, et c’est, paradoxalement, le moment que choisit le gouvernement Giscard-Chirac pour promulguer la loi sur le regroupement familial. Une loi généreuse certes, mais qui va plomber progressivement les comptes sociaux.

Avec le regroupement familial, la recherche par les migrants d’un asile politique ou économique et l’aggravation des déséquilibres Nord-Sud, l’immigration de travail s’est progressivement transformée en immigration de peuplement sans que rien n’ait été prévu pour intégrer ces nouveaux arrivants. Les besoins de la population immigrée et issue de l’immigration en matière de logement, de santé, d’éducation ne cesseront d’augmenter dans une période où l’offre de travail va diminuer.

L’Afrique un continent riche !

C’est vrai, l’Afrique regorge de richesses. Il y a du pétrole (réserves prouvées : 100 milliards de barils) et du gaz (réserves prouvées : 15 000 milliards de m2), des minerais (le tiers des réserves mondiales, tous minerais confondus), des terres arables par centaine de millions d’hectares. Il est vrai aussi que ces richesses ne sont pas uniformément réparties sur tout le continent.

Malheureusement, l’exploitation de ces richesses est faite par des multinationales, avec la complicité des dirigeants locaux, dont l’objectif n’est pas d’améliorer les conditions de vie des populations africaines. L’Afrique est riche, mais les peuples sont misérables. Les régimes politiques sont corrompus et les libertés inexistantes.

Un point important doit être souligné, c’est l’achat massif de terres agricoles africaines par des investisseurs étrangers (la Chine, l’Arabie saoudite, de grandes universités américaines,…..), ces acquisitions foncières à grande échelle vont priver les populations locales de l’accès à leurs ressources propres pouvant par ailleurs faire naître des risques liés à l’environnement, aux organismes génétiquement modifiés (OGM) et provoquer des pertes de biodiversité et des conflits sociaux. Les populations africaines, majoritairement paysannes, seront progressivement spoliées, et n’auront plus comme solution que de migrer vers la « riche Europe », souvent au risque de leur vie.

Nous assistons au début de grandes migrations, mais ces mouvements procèdent d’initiatives d’ordre individuel et ne répondent pas à des stratégies collectives. Les flux d’aujourd’hui s’organisent parce que les populations, particulièrement la jeunesse, n’ont pas de perspectives d’avenir dans leurs propres pays. Les élites (médecins, chercheurs, ingénieurs,….) souvent formées dans les universités européennes cherchent en Europe et en Amérique du Nord ce qu’elles ne peuvent trouver dans leurs propres pays.

Impact sur le chômage.

Aujourd’hui, la France connaît un lourd taux de chômage, voici les chiffres à fin mars 2012 : 

Catégorie A (Chômeurs officiels)

 

 

2 884 500

Catégorie B

 

 

568 700

Catégorie C

 

 

856 100

Catégorie D

 

 

239 400

Catégorie E

 

 

371 700

 

 

 

 

Total (chômeurs réels)

 

 

4 920 400

 

 

 

 

Catégorie ABCDE : Demandeurs d’emploi inscrits à Pôle emploi Source des chiffres : http://www.travail.gouv.fr/

Et ne sont pas pris en compte,

- Les rmistes qui pour la plupart ne sont pas inscrits à l'ANPE, - Les séniors de + de 55 ans, - Les quatre départements français d'outre-mer (Réunion, Guadeloupe, Martinique et Guyane),

Ce qui fait pas mal de personnes non comptées dans le calcul du chiffre du chômage, on doit frôler les 6 millions de chômeurs !!!!

De plus, il y avait 1,73 millions de chômeurs de longue durée (plus d’un an) en octobre 2011, donc en situation d’exclusion sociale.

Dans ces conditions, il n’y a donc pas de raisons de fond d’accueillir de nouveaux arrivants pour des raisons économiques. L’offre d’emplois étant déficitaire les nouveaux migrants seront d’abord des candidats au chômage. Sur le marché du travail comme sur tous les marchés, c’est la loi de l’offre et de la demande qui est déterminante.

Que faire ? Quelle politique migratoire ?

Aujourd’hui est-il désormais possible d’aborder ce sujet de manière lucide et objective sans être aussitôt considéré comme « xénophobe ou raciste » ?

Le postulat de "l'immigration, atout pour notre pays" et les bons sentiments faussent la perception de la réalité d'une pression migratoire qui va croissante et des problèmes très graves qui en découlent (traite humaine et trafics en tous genres), nous savons que cantonner des populations nombreuses dans des zones de non-droit est un facteur évident d’explosion sociale, et de développement de l’insécurité, quand il ne reste plus comme moyens pour subsister que l’illégalité, la violence ou la drogue.

 La différence artificielle entre immigration légale, qui serait bonne, et immigration illégale, mauvaise et à laquelle on prétend appliquer une "politique de fermeté", est dépourvue de sens à partir du moment où l'illégal devient légal au bout de 10 ans d'illégalité.

En matière de migrations, nous sommes passés progressivement de l’état de fait à l’état d’urgence. La lutte contre les migrations illégales est un des quatre défis majeurs de l’Europe du XXIe siècle.

Toute politique migratoire selon JP Gourevitch est en effet confrontée à trois évidences :

1) l’impossibilité pour un pays d’accueillir tous ceux qui voudraient y venir s’il ne peut leur fournir une formation, un emploi et des conditions de vie décentes pour eux et leur famille 2) l’impossibilité d’une politique migratoire strictement nationale dans un univers de libre circulation des biens, des personnes et des messages ; 3) l’impossibilité de juguler un imaginaire migratoire qui se nourrit à la fois des images colportées sur la richesse des pays du Nord et du sentiment que, dans le pays d’origine comme chez ses voisins, il n’y a aucun espoir à court terme.

On peut différencier les migrations par choix, pour acquérir une expérience professionnelle et humaine, des migrations par nécessité pour fuir la violence et la misère.

La priorité est donc au développement dans les pays d’origine pour éviter les migrations par nécessité, mais Il faut une autre politique de coopération entre pays du Nord et pays du Sud et d’autres rapports politiques que ceux qui souvent existent entre la France et ses ex-colonies.


Lire l'article complet, et les commentaires