L’Immigration face au contexte sociétal français

par Dan
jeudi 7 mars 2013

Dieudonné l’humoriste se bat actuellement avec le C.R.I.F.pour obtenir une salle de spectacle à Toulouse. L’écrivain Bertone fait flamber le microcosme médiatique sur son livre-enquête « La France Orange Mécanique » liant délinquance et immigration. Existe t-il un rapport avec ces deux évènements ? Apparemment pas... Pourtant l’on devine, l’on perçoit qu’il s’agit des phénomènes identitaires qui sont sur la table. La problématique du « vivre ensemble » dans une France de mixité sociale et sociétale. Le problème de la tolérance face à la compatibilité culturelle.

D’ou viennent les mouvements activistes identitaires tels : Riposte laïque, Bloc identitaire, Résistance républicaine, nés par opposition aux créations elles mêmes identitaires de l’U.O.I.F., l’Islam de France, l’implantation de mosquées et des prières de rues. Il faut y agréger, dans ce décor presque Biblique, les associations proprement culturelles telles : les Indigènes de la République, le CRAN, Touche pas à mon pote (déjà ancien) et bien d’autres, qui ne sont pas positionnées religieux mais socialement connotées.

Pour le premier groupe -les autochtones français de souche- ceux-ci véhiculent des revendications existentielles qui signalent une frustration au sein de la République en dénonçant des comportements dits « religieux » venant historiquement de l’immigration.

Pour le second groupe amalgamant social, sociétal et religieux il y a revendication d’un besoin de reconnaissance. Ce que Mitterrand disait s’agissant du problème Corse : « le droit à la différence ». Les acteurs du jeu sont définis.

On voit une incapacité latente à vivre ensemble, chacun faisant « de l’autre » son bouc émissaire préféré...Le point commun : ils découlent du phénomène grandissant de l’implantation de populations étrangères depuis quarante ans. On considérera que le consensus du savoir vivre républicain n’est pas satisfaisant. D’aucun diront que les institutions (République, règles démocratiques, Code Civil, Constitution) montrent leurs limites. Le but du jeu est donc de fédérer, pour affirmer ou réaffirmer un statut. De créer une caisse de résonance signifiante pour faire encadrer les comportements. Dans cette perspective il y a avant tout -il faut le dire- une préposition victimaire ressentie et/ou doctrinale. Si possible on essaiera, c’est l’objectif, d’augmenter par des nouveaux textes de loi de nouveaux interdits ou de nouveaux droits qui vont recadrer la liberté d’expression ; à l’instar des lois mémorielles qui sont exhaustives des limites autorisées. Autrement dit on en remet « une couche » sur le devoir citoyen par un rappel écrit à la morale.

Ce qui m’importe, c’est de décrypter de façon décomplexée un sujet réputé complexe. A savoir ce qui, globalement, fait émerger ces tendances et ces postures parfaitement repérables dans les dynamiques qui produisent un activisme revendiqué et polémique. Dévoiler un malaise sous-jacent dans la société française.

I- SOIF DE RECONNAISSANCE ET DISCRIMINATION SYMETRIQUE

L’irruption communautaire de chaque « lobby identitaire » traduit de fait des signes de fêlures du consensus républicain par manque d’adhésion assimilatrice. Force est de constater qu’il n’existe pas de miracle fusionnel par simple immersion dans le pays d’accueil. Il existe bel et bien un malaise identitaire entre des « nouveaux citoyens » qui ne comprennent pas -ou ne veulent pas- des valeurs républicaines du pays d’accueil. Ainsi on va employer le distinguo récent « les français de souche » dit les « souchiens » (on est perplexe sur le jeu de mots...) pour délimiter les origines.

Il existe certains éléments de langage qui sont une contorsion : on nous met sur la table que le mot « race » n’existerait plus car injustifié scientifiquement (...) C’est Lilian Thuram qui se démène pour faire changer la Constitution française à cet égard. Rien que ça. Mais comme tout changement à sa controverse , si l’on s’acquitte du mot race, il ne faudra plus utiliser le terme « raciste » qui devient obsolète. Comme quoi à mal juger, on peut marquer contre son camp sans le vouloir...Sérieusement, n’y aurait-il pas une sorte de « projection » à vouloir démontrer un sens péjoratif au mot race ?...c’est ce que l’on est en droit de se demander. Quel est donc le problème ? A l’inverse, la petite musique ambiante que l’on perçoit c’est qu’il faille considérer inéluctablement l’apport communautaire comme un enrichissement, un don du ciel en langage subliminal. Bien entendu, se risquer à une enquête pointue sur ce thème est risqué. On craint de mettre à nu des clivages dans le ressenti des populations. Ensuite bâtir un échantillon sociologique sur la base de critère ethniques , en isolant les groupes identitaires n’est pas simple et contestable scientifiquement. Traduire l’opinion des français de souche sur cette question est un casse-tête intellectuel improbable au niveau de la démarche. Cette thématique contient de la T.N.T.en elle même rendant les choses suspectes. Jusqu’à présent on passera par un biais moins « discriminant », le positionnement religieux. C’est un prisme pratiquement équivalent que s’autorisent les instituts de sondage.

L’identité française elle, lorsqu’elle mise en avant est jugée franchouillarde et discriminante ; il vaut mieux ne pas s’y référer (on se souvient de la volée de bois vert pour Sarkozy qui avait lancé un débat sur l’identité nationale). Dans l’ensemble -excepté peut-être avec les Roms avec qui l’on ne prend pas de gants- les apports identitaires importées sont jugées quant à elles, valorisantes. C’est subtil car on va refouler d’entrée les les effets d’un ressenti traduisant une possible discrimination à l’endroit, et/ou à "l’envers. Il est cardinal de préserver l’habillage de la cohésion sociale. Cohésion SOCIALE peut-être. Mais qu’en est-il réellement de la cohésion SOCIETALE ? Pourquoi le projet du droit de votes des étrangers est-il repoussé par tous les gouvernements ? On me dira que cela n’est pas identitaire ? Je n’y crois pas. Pour être concret, l’histoire de France enseignée à l’école est sans cesse revue et corrigée, remaniée, pour être en phase avec la nouvelle réalité sociologique des élèves, pour beaucoup fruits de l’immigration...élèves qu’ils ne faudrait pas choquer dans l’accompagnement à la nationalité qui leur est donnée.

On voit bien que la France dans sa communication véhicule comme un boulet son passé colonial. Un passé colonial effectivement affairiste qui a correspondu à un anachronisme de notre histoire : celle des conquêtes. Il faut rappeler que le 18e et le 19e siècle étaient effectivement des périodes de conquêtes de la part des pays européens comme l’Angleterre, la Hollande, la Belgique, le Portugal, et plus avant, l’Espagne des conquistadors. Jusqu’où faudrait-il gommer ces pages de l’histoire européenne pour ne plus en rougir ? Pourquoi faudrait-il s’en repentir dès l’instant où ce ne sont pas nos parents , ni grands parents qui en étaient promoteurs ? A forceriori en quoi le français moyen est-il responsable de cet avatar ? Le dessein colonialiste s’est réalisé, il faut le rappeler, uniquement au profit de l’enrichissement d’une caste : la bourgeoisie commerçante, laquelle exploitait sur place les indigènes des pays conquis par les armées de la République d’une époque lointaine. Il y a me semble t-il consensus sur ce point.

Dans le contexte du XXIè siècle, à l’heure de l’informatisation des places boursières, de la spéculation sur les capitaux flottants et les matières premières, des délocalisations, des paradis fiscaux, du nomadisme du libre-échange triomphant, il n’est plus besoin cyniquement de « coloniser » pour administrer des pays tiers aux fins de capter les richesses. Le colonialisme de grand papa est révolu. On avance masqué...avec des stratégies d’alliance, au prétexte de se débarrasser des tyrans autocrates pour lancer un processus de démocratisation. Qui est en fait une « stratégie du choc » telle que théorisée par Naomi Klein. Le néo-colonialisme représente le nouveau paradigme ; beaucoup plus indolore. C’est pour cela que les interventions autour des accès aux matières premières sont en train d’enflammer l’Afrique en quasi totalité, le Golfe Persique jusqu’au Pakistan, le Caucase jusqu’en Ukraine, et autres zones de richesses potentielles comme l’attribution de l’arctique. La théorie du « choc des civilisations » est bien en cours. Mais on nous dit que c’est baliverne, que tout va bien au Festival de Cannes du G 20... Théoriquement, chacun est maître chez soi (c’est bien pour cela que les guerres « humanitaires », droit d’ingérence, sont à présent controversées).

Revenons à la donne franco-française du malaise identitaire. Ainsi il nous incomberait de surveiller notre langage... Par exemple le mot « nègre » est très connoté « discriminatoire » et il est impossible de l’employer (pourquoi ?) le mot « noir » véhicule un politiquement « incorrect », donc on s’en tirera en disant « black » à la place (qui veut dire noir je crois) car ça fait branché, moderne, bref c’est estampillé « non discriminant » allez savoir pourquoi...

Le fait général réside dans l’exigence de vivre son identité sans mépris pour autrui c’est aussi le postulat des autochtones. A l’encontre des populations issues de l’immigration il existe à présent un bréviaire du politiquement correct des éléments de langage. Dans le contexte franco-français, comme partout ailleurs, cela devient très difficile ; il ne faut pas être discriminant pour ne pas choquer, ne pas traumatiser.On peut le comprendre.

Chacun veut de fait conserver son identité ce qui n’est pas anormal. Cependant cela ne doit pas conduire à une sur-légitimité et surtout pas au prosélytisme d’un code communautaire, par exemple, par le ressort de la religion. Bien entendu on pense au Coran qui poserait problème à 74 % des français d’après un sondage. Le risque est qu’un groupe sur-motivé fasse preuve d’arrogance, de propagande voir, à terme, d’intolérance. Il y a de fait, par le frottement des groupes entre eux, un procès en SUPREMATIE identitaire. Ce n’est pas la conception de la culture républicaine française, il faut le dire, le redire, et le défendre démocratiquement.

Fin du Premier Acte.

II- QUI NE VEUT PAS ASSIMILER L’AUTRE ?

C’est le nœud gordien.

Il en résulte un ras le bol de la majeur partie de la société française dite de souche, exposée à une mixité communautariste, sur fond de crise économique et sociale.

Ces signes que je vais développer viennent de loin. Si l’on se réfère à l’air ambiant ce sont les traits religieux du Coran qui sont accusés de déstabiliser la société. Comme nous l’avons vu, il y a du conscient mais aussi de l’inconscient qui agit comme une plaie : un trauma identitaire. C’est psychanalytique docteur ?... Il ne manquait plus que cela.

Mais cette affaire d’un impact RELIGIEUX prégnant, réputé sur-exposé n’est-il pas UN PRETEXTE ? N’est-ce pas la DENSITE de l’IMMIGRATION SUBIE qui pose un problème refoulé ? Il faudra bien répondre à cette question.

Huntington cite un juriste Tunisien « Le colonialisme a essayé de déformer toutes les traditions culturelles de l’islam. Je ne pense pas qu’il y ait un conflit entre les religions. Mais il y a un conflit entre les »civilisations« ( livre »Le Choc des Civilisations« p. 313. Plus loin p.320 il dit : » « Le problème pour l’Occident n’est pas le fondamentalisme islamique. C’est l’islam, civilisation différente dont les représentants sont convaincus de la supériorité de leur culture. Le problème pour l’Islam n’est pas la C.I.A. ou le ministère américain de la Défense. C’est l’Occident, civilisation différente dont les représentants sont convaincus de l’universalité de leur culture. »

Autrement dit, la dualité montante de la concurrence islam/christianisme ou de la concurrence islam/laïcité est en fait plus CULTURELLE que de l’ordre des croyances religieuses ou ésotériques. C’est effectivement un battement globalement IDENTITAIRE qui circule dans les veines de chacun.

Dans ce cas, le recadrage de la singularité de l’islam en terre de France est tout à fait superficiel. Le « malaise » de l’intégration entre autochtones et immigrés est plus profond que ce qu’il laisse transparaître par le prisme visible de la pratique religieuse. La preuve en est que la création d’un Islam de France officiel n’est pas jugé convaincante, pas plus par les pratiquants qui se sentent surveillés, que ceux qui théoriquement se sentent protégés du prosélytisme. Les contours administratifs mêmes signés, certifiés dans une charte n’empêchent pas on le sait, des discours anti-Républicains de certains Imams prédicateurs lors des prières. Et l’Etat na pas les moyens réels de contrôler la teneur des discours en langue musulmane. Pas plus dans les mosquées que dans les prisons. Suite à l’affaire Mohamed Mhéra de Toulouse, Sarkozy avait avancé l’idée de former les Imams officiant dans les prisons. Quelle bonne blague ! Est-ce le personnel de gardiennage qui aurait l’expertise de contrôler les visiteurs religieux se réclamant de l’islam ? sur quels critères ? avec quelles applications ? L’assistance du religieux est une affaire intime à huis clos. Devront-ils jurer sur la Bible (ou le Coran) de respecter le code ?.

La soi-disant formation des représentants était un effet d’annonce, un gadget pour l’opinion.

Un peu d’histoire récente : en 1975 les immigrés représentaient 5 à 10 % de la population des banlieues. Aujourd’hui ce taux atteint parfois du 80 % dans des banlieues comme dans le 93 mais cela est vrai de toutes les grandes villes, Marseille, Lille, Lyon, qui ont produit des zones de regroupements (les fameux quartiers). Ceci s’explique par une forte politique d’implantation de populations des ex-colonies d’il y a 50 ans. Cela au titre soit de l’immigration économique ouverte, choisie, de l’immigration politique, de l’ouverture des frontières de l’U.E.

A raison de l’accueil de 200.000 étrangers bon an/mal an on peut tabler en gros sur 4.000.000 d’arrivants en 20 ans. Et on ne compte pas les sans papiers car de fait ils ne sont pas cerner par le recensement, sauf après l’acquisition de la nationalité. Ce qui n’est pas rien.

Entre temps, le cycle républicain fera que les ces populations installées vont devenir françaises par naturalisation ou par naissance du droit du sol. Il existe donc un changement organique de la sociologie française. Que devient le seuil de tolérance dont Mitterrand parlait ? Il est bel et bien explosé. Le « seuil de tolérance » n’est certes pas un standard « scientifique » mais tous le monde comprend bien de quoi l’on parle même si cela reste un « sentiment propre à chacun ». Rappelons que Georges Marchais dès 1980 à Montigny mettait en garde contre l’immigration insupportable en regard du chômage de l’époque... c’est dire.

Mais abordons un petit problème sous-jacent. Le fait est que l’on ne peut traiter du malaise identitaire existentielle (de part et d’autre) sans se faire retoquer par le politiquement correct. En France on ne peut critiquer des individualités ou déplorer une attitude communautaire ethnicisée sans être taxé de « nourrir le Front National ». Ah ! ça y est, le sigle de l’épouvantail est lâché. Le F.N. fait preuve d’un regard économique réactualisé, avec une réappropriation du social, un protectionnisme au frontières pour juguler les importations sauvages . Sur la dernière période il porte un programme réaliste, volontariste vis-à-vis de l’U.E. pour retrouver une souveraineté déclassée par Bruxelles et la B.C.E., la sortie de l’euro, la gestion des flux migratoires, avec une préférence nationale des aides sociales.

Il y a eu un lifting mais est-il besoin de se dédouaner par rapport à ce parti « multi-garantie » qui a toujours des accents d’anti-communisme primaire transfuges du parti néo-fasciste Occident, des Royalistes, des ultra-religieux , des anciens de l’O.A.S. C’est une belle auberge espagnole dans ses bases. C’est un attelage hétérogène très ambigu s’agissant de ses dirigeants et militants. Cependant il faut faire le distinguo entre l’électorat qui rassemble dans l’ensemble des gens qui subissent la crise, du petit peuple jusqu’aux classes moyennes -et qui sont des déshérités des villes et des campagnes- d’avec les dirigeants canal historique.

En tous les cas il n’y a pas lieu de se justifier d’avec ce parti. C’est le piège classique qui est tendu aux « sans abris encartés » qui du coup sont inhibés ou jugés suspects pour s’exprimer.

Ce que révèle la nouvelle adhésion vers ce parti c’est justement « le malaise » à la fois économique et d’une mixité mal paramétrée jugée sur-dimensionnée. Que l’on déplore ce phénomène de rejet est un autre problème. On touche au vivre ensemble et l’on ne peut obliger des groupes sociaux à se fondre s’ils ne s’estiment pas pour diverses raisons.

Il faut être réaliste : sur la prégnance qu’à prise l’immigration intégrée il n’y a plus qu’à entériner le phénomène.

Cependant on aura à affronter (le mot n’est pas trop fort) cette composante par développement, dont la proportion pourrait bien remettre en cause L’EQUILIBRE REPUBLICAIN pour les raisons déjà énoncées.

On peut se rappeler ce que la tragédie Yougoslave renfermait. A la veille du XXIé siècle on a découvert en plein coeur d’une Europe ébahie que les spécificités populaires et religieuses Serbes, Croates, Bosniaques, du Kosovo, conduisaient à ne plus vouloir cohabiter ensemble. Cet aspect pose en creux la cohérence du problème des nationalités regroupées à grande vitesse dans un Etat quel qu’il soit. Ceci pour des problématiques économiques bien comprises. L’intérêt du patronat et l’aspiration à un Eldorado pour ces peuples issus de l’autre côté de la méditerranée.

Ces malaises identitaires n’impliquent pas uniquement que les natifs nords-africains dans la coexistence urbaine. C’est vrai aussi, par exemple, du procès en antisémitisme à l’égard de la religion juive si l’on critique la politique sioniste dans les territoirs palestiniens occupés par Israël. On se croirait parfois dans un remake digne de « l’Aveu » de Costa Gavras. Le constat d’antisémitisme repose sur de l’apriori, des procès d’opinion et il est très gravement puni par les tribunaux. De même si l’on critique le laxisme de la politique des flux migratoires venant des ex-colonies françaises alors on est perçu islamophobe, voir raciste, pourquoi pas ? Tout ceci est parfaitement ridicule. C’est digne de la police de la pensée qui refoule aussi le droit de caricaturer par des dessins humoristiques. Les humoristes qui sont passés au pilori comme Dieudonné, et que l’on a poussé hors de la promotion médiatique pour éradiquer ses spectacles, poursuivi près des tribunaux, car il est sensé pousser à la haine. Ah grrrrr... la haine !

L’on doit convenir qu’il reste très difficile d’aborder certaines thématiques au risque de passer pour franchouillard, xénophobe, ayant des préjugés avec la mixité ou les dogmes religieux. Les exaltés de l’extrème droite, la vraie, comme le Bloc identitaire, les lecteurs de Minute, de Rivarol et autres, pofitent eux effectivement du malaise de la mixité sociale mal vécue. A l’inverse, les élites médiatiques sur les plateaux T.V. minimisent et cherchent constamment à culpabiliser les français dit « populistes » au prétexte de l’évolution émancipatrice des cultures, de la mondialisation, des mélanges communautaires, etc...Le français dit « moyen » qui ne dépasserait pas cela sera taxé de « populiste » recroquevillé, frileux, traduire : dangereux. Notez que « frileux » lorsque les voitures sont incendiées, ça réchauffe ! Mais on ne remettra pas en cause réellement le vrai clivage entre, d’une part les « élites » qui profitent de la crise, et le « peuple » populaire, donc populiste, donc dangereusement « réactionnaire » qui lui SUBIT LA CRISE DANS TOUTES SES DIMENSIONS. Ceci étant cela peut poser problème aux commentateurs des médias d’épingler en terme de populiste 55% de français qui votent « NON » démocratiquement, par référendum au traité européen qui colportait incluait la circulaire Bolkemstein et du « Plombier Polonais ». Rappelons qu’il s’agissait de faire travailler en France des immigrés européens aux conditions salariales et sociales du pays d’origine. Créant de ce fait une discrimination -concrète celle-là- entre les travailleurs français du cru relevant du Code du Travail, et les autres transfuges. Cela se corse parfois dans l’anathème des bien-pensants, qualifiant de populistes 55% de français non éclairés d’avec une légitimité codifiée issue des luttes sociales...

On rappellera les contorsions des représentants des communautés à céder vis-à-vis de la République laïque pour s’y soustraire ; la promotion du « religieux » reste un cap éternel de vivacité. Le rappel au vivre ensemble républicain a dû batailler ferme pour appliquer l’abandon du voile à l’école et de la burka en ville.

Ce qui émerge à présent dans ces affirmations identitaires ce sont des phénomènes nouveaux véhiculant allègrement sur les territoires de la République l’IMPORTATION du conflit Israëlo-Palestinien. Il suffit pour cela de surfer sur le Net pour trouver des séquences de ces affrontements. Il s’agit bien d’une nouvelle dimension. Un exemple moins grave mais révélateur, tout le monde se souvient -il aurait fallu être aveugle- des drapeaux des pays du Maghrgeb qui flottaient sur la Bastille au soir de la victoire de François Hollande. Pas un mot du gouvernement pour fustiger cela. Pédale douce, profile bas.

Dans le nouveau paysage riverain on voit apparaître régulièrement la construction de Mosquées. Par ailleurs des revendications séparatistes du genre homme/femme conduisent à demander des heures réservées aux femmes à la piscine ou à la remise en cause des docteurs masculins qui sont contestés en légitimité à toucher une patiente. Merci pour la vocation...

Ainsi, surtout en France la situation du « vivre ensemble » devient problématique avec l’ensemble de crispations identitaires et religieuses, mais ce phénomène antagoniste se retrouve aussi dans le reste de l’Europe. Fin du Deuxième Acte.

III- LE ROLE DE L’ECONOMIQUE ET DU CULTUREL

Le grand patronat,le Medef- pour des raisons purement économiques est initiateur d’une politique d’immigration soutenue. Les desseins du patronat sont de tirer le coût du travail à la baisse et de mettre ainsi les travailleurs en CONCURRENCE (comme avec les travailleurs de pays lows-cost). La France n’étant plus capable depuis longtemps d’absorber une demande de travail supplémentaire pour sa population globale, cela s’ajoute au chômage endémique qui constitue ce que Karl Marx appelait « l’armée de réserve du grand capital ». Comprendre que, si vous n’êtes pas content, il y en a qui attendent à la porte. Ce qui intéresse le patronat ce n’est pas la courbe du chômage en premier lieu. Ce qui les intéresse c’est de récupérer « coûte que coûte » des aspirants au moins disant social. Et ils surfent sur ce terreau qui est porté par la rareté des offres et la précarité.

Les associations identitaires précitées, quant à elles, pour des raisons de racines singulières (origines, religion) soutiennent effectivement le communautarisme concret, alors qu’officiellement la Loi de 1905 l’interdit. Cherchez l’erreur. Les mixités ainsi créées et que personne n’avait demandé, sur les territoires de la République, engendrent de façon inconsciente des tensions de cohabitation. On le sait par des signaux de faits divers ou des rapports de police. Les policiers sont pris à parti car empêcheurs de tourner en rond. Certaines zones de non-droit sont connues. Dans certains cas les pompiers et les médecins sont eux mêmes empêchés de travailler en sécurité. Les travailleurs sociaux, les associations, qui sont le liant que sous-traitent les Mairies ne s’en sortent pas comme ils le voudraient car le malaise est à la fois économique, culturel et social.

Ceci n’a rien à voir avec la stigmatisation des cultures. Les cultures s’exposent et se revendiquent de tout temps de façon normative. Ceci pour tendre vers une suprématie orgueilleuse, qui flatte l’image de soi, à l’instar des supporters de football ou de rugby. Ce phénomène de sublimation est donc repérable comme dans les grandes compétitions : jeux olympiques avec médailles, drapeaux et hymnes nationaux . Inévitablement cela peut agir comme un moyen d’expression existentiel. C’est compatible lorsque la société et les compétiteurs, se respectent. Mais...l’affirmation identitaire-et l’argent roi- peuvent aussi prendre le relais avec des velléités de domination, de supériorité, d’arrogance ou de simple différenciation liée à la culture d’héritage. Ces questions relèvent d’un inconscient collectif avec lequel il ne faut pas jouer et qu’il ne faut pas négliger.

Par ailleurs, si les mots on un sens, il faudrait bien essayer de comprendre pourquoi le PATRIOTISME reste un terme positif et que le NATIONALISME est un terme... négatif. !...?

Autre question étymologique : dans « étranger » il y a « étrange ». C’est bien étrange que cela non ?...malaise de nos origines peut-être. Traversons nous ces noms communs sans se poser de questions ? Ni y a-t-il aucun SENS étymologique à prendre en compte, sans tomber dans un délire fantasmagorique ? Sinon, il faut peut-être écumer le dictionnaire, pourquoi pas, ainsi on évacue toute problématique d’adjectif qualificatif : ce serait plus simple. Le langage est structurant comme nous l’apprend dans le structuralisme, Lévy Strauss par exemple, qui n’était pas un irresponsable du genre humain. On peut aussi s’inspirer d’une grille de lecture comme celle de Todorov, philosophe et anthropologue Bulgare naturalisé français qui a écrit ’ La peur des barbares« . Il n’y a pas non plus de contre-indication intellectuelle à lire pour en connaitre l’essai de Samuel P. Huntington » Le Choc des civilisations« ouvrage très riche sur ce phénomène anthropologique et culturel des identités. Et ce n’est pas la » guerre des civilisation" qui est décrit comme inéluctable par cet auteur.

Il faut respecter les identités culturelles qui n’ont rien a voir avec le brassage de l’économie marchande dérégulée. On ne peut pas faire la même chose, parlant de la libre circulation des peuples, des capitaux et des produits. Les cultures traversent les frontières mais on ne les décharges pas avec les bagages... C’est un peu plus compliqué que cela. Chacun véhicule une culture héréditaire spécifique qui lui fait porter (au sens de production) son identité. Cela provient des temps les plus anciens du modèle tribal voir clanique de l’histoire de l’évolution et des civilisations. Les ethnies renferment des coutumes dont on ne se débarrasse pas aussi facilement : d’ailleurs, est-ce souhaitable ? Nier nos traditions ancestrales serait porter atteinte à l’équilibre des sociétés contemporaines. C’est pourtant ce que l’on essaye de faire dans une mondialisation qui lisse les aspérités afin de rendre les hommes et les femmes interchangeables au sens Orwellien du terme. Même internet qui véhicule pourtant un anglicisme obligé ne fait pas disparaître les langues nationales.

Ce que Herbert Marcuse entrevoyait d’une certaine façon lorsqu’il dénonçait l’aliénation par la consommation et le crédit est du même mode systémique qui mouline pour les rendre uniformes les identités. L’individu moderne de nos sociétés devenant selon son expression : « un esclave sublimé » sans différenciation (sauf matériel bien entendu).

Il faut comprendre que le marketing est une communication qui gomme les spécificités pour vendre le même produit au monde entier (exemple Coca Cola, McDonald's, Google). Mais ces productions émanent d’une culture civilisationnelle qui va être exportée et broyer les cultures locales. Il s’agit bien d’une démarche hégémonique, dénoncée d’ailleurs par l’islam des ex-pays coloniaux comme étant un impérialiste qui nie les cultures lointaines. L’abolition des droits de douane sur les produits et l’abolition du contrôle aux frontières sur les personnes ne marche pas avec toutes les thématiques de la modernité dite émancipatrice donc salvatrice.

Pour autant, celui qui est différent (nous sommes tous différents) n’est pas forcement un ennemi : heureusement. IL EST DIFFERENT. Ceci doit-être respecté et est RESPECTABLE. Le respect c’est pourtant je crois « la fibre » dont tout le monde se réclame. Ceci devrait être facile mais non pas. Tout cela est largement dans les livres d’histoire, il suffit de les lire, sans dogmatisme, sans esprit de chauvinisme, sans esprit impérialiste ou nationaliste.

Le précurseur de cette entorse identitaire et sociétale en France c’est... Giscard qui a décrété en 1973 le « regroupement familial » des travailleurs immigrés, lesquels n’avaient pas le poids d’aujourd’hui. Il n’y avait pas cette densité.

J’habite à Bobigny en Seine st Denis depuis mon enfance et le fait est que le paysage urbain est complètement changé. Le résultat est là. Les partis politiques dits républicains de gauche et de droite ne veulent surtout pas avouer leur laxisme, soit au nom de la vertu béate de la fraternité, cofraternité, soit de l’exploitation salariale qui en était le dessein , y compris avec les sans-papiers qui arrangeaient les patrons des travaux publiques, la restauration, le commerce des ateliers de confection, les services d’entretien, etc...avec le travail au noir bien compris dans cette exploitation. Je pense que cette situation déséquilibrée du « vivre ensemble » générera en outre une économie parallèle (insécurité croissante) qui va devenir explosive et que cela va crisper les antagonismes culturels...

Le problème n’est plus dans un jeu démocratique d’élection traditionnelle donnant un blanc seing qui ne satisfait plus personne depuis longtemps. Les programmes étant identiques à 95 %.

Cela laisse entrevoir une révolte sociale due à la crise économique. Mais il y aura en juxtaposition un effritement de la cohésion sociale et de la multi-culturalité qui traverse la société française. La laïcité est effectivement mise en cause dans la vie de tous les jours ; la singularité par l’affirmation identitaire était dans le paquet cadeau, que personne n’a voulu voir.

Fin du Troisième Acte

IV- BILAN DES NOUVELLES FRACTURES :

Il s’agit des « nouvelles fractures françaises » qui conjuguent le chômage, la précarité, l’école et l’identité dans la nouvelle mixité. La religion est un ressort supplémentaire qui pollue la société française de souche et qui exaspère « les braves gens » qui n’y comprennent plus rien, surtout que ces derniers concentrent le fléau des licenciements industriels et de la précarité. Ceux-ci, déjà marginalisée économiquement ne supporte plus que difficilement l’adjonction d’une culture arabo-musulmane étrangère à nos coutumes païennes ou religieuses traditionnelles (catholiques). Le spectre du bouc émissaire se profile tranquillement... L’immigration installée par la première génération -pour des avantages économiques supposés- est à présent génératrice de comportements de compensations (trafics de drogues, vols à la casse, braquage de banques et de commerçants) car les plus jeunes ne sont plus dans la discipline républicaine de leur parents. Je pense qu’ils prennent les territoires français comme des espaces que l’on peut bafouer, sans scrupule, j’exagère à peine. La triche et le mensonge des plus petits sont des épi-phénomènes arrogants mais exemplaires de leurs attitudes d’insoumission aux règles d’une société qu’ils rejettent (la France laïque ou catholique). En outre, dans leur inconscient collectif, le modèle français portera toujours les traces du colonialisme. Ce qui justifie toutes les oppositions pour ne pas s’assimiler :
 délinquance par le trafic de drogue
 criminalité et agressions des citoyens, des acteurs économiques implantés, comme les commerçants,
 paranoïa culturelle liée à la non résilience de la colonisation des siècles derniers,
 promotion de valeurs islamiques pour modifier le protocole laïque,
 non intégration économique liée à la panne de l’ascenseur social pour tous,

-rejet des institutions, des valeurs,
 etc... L’ECOLE REPUBLICAINE autrefois intégratrice avant la deuxième guerre mondiale a parfaitement jouée sont rôle vis à vis des immigrants Italiens, Polonais, Espagnols, Portugais.

Aujourd’hui le rôle de l’intégration par l’Ecole n’arrive plus à atteindre des résultats qu’à la marge. Les professeurs ne sont pas plus mauvais que les instituteurs d’hier. Mais ils sont à la peine avec des classes de niveaux disparates. Il y a une régression globale du niveau par rapport à il y a 40 ans. L’assiduité et le manque de motivation sont les vrais raisons de l’échec scolaire. Une classe ordinaire ne peut pas développer un enseignement « à la carte » pour chaque élève. De mon temps je me suis retrouvé dans des classes du primaire au nombre de 40 élèves parfois. Et la discipline suivait pour autant. Les instituteurs étaient respectés. Il n’y avait de redoublement sauf exception. Il fallait suivre le train sinon l’on restait sur le quai. Les commissions de parents d’élèves n’existaient pas. Le directeur d’établissement assumait sa charge intégralement, sans problème. La démocratisation par le collège unique partait d’un bon sentiment. Mais il restera toujours à faire l’effort de l’acquisition des connaissances d’orthographe et de calcul dans la période élémentaire par l’élève lui-même. Fils d’ouvrier, mes parents rentrant du travail n’avaient pas de temps à me consacrer et ce n’était pas de leur faute ayant eux même fait peu d’études. L’enfant de banlieue ouvrière que j’étais n’était pas dans l’exigence ni le ressentiment. Il n’y avait pas de calculatrice, pas d’ordinateur, pas d’internet. Il y avait la force du poignet. Ayant très peu travaillé à l’école pour ce qui me concerne j’ai décidé de travailler sans diplôme dès l’age de quinze ans. J’ai beaucoup de copains dans ce cas. Et nous ne rejetions pas notre échec sur le dos de l’école, des programmes ou des profs. Cela ne nous ne serait même pas venu à l’esprit. Quand aux vacances scolaires il n’y en avait pas beaucoup en comparaison.

Cette remake de temps difficiles socialement ne se compare pas avec la nouvelle donne. L’éducation scolaire pour les profs d’aujourd’hui n’est pas une promenade de santé. Pour fédérer des populations issues en grande parties de pays lointains est très délicat au plan de l’homogénéité. Ce qui confère donc une difficulté supplémentaire aux enseignants qui sont parfois, en outre, en mal d’autorité pour délivrer des cours.

Globalement la nouvelle donne de la mixité est un problème dans cette fédération qu’est l’école, chaque élève devant « jouer le jeu » et bosser pour s’adapter, pour ne pas fragiliser cet instrument républicain. Et les enfants provenant de pays lointains doivent donner un effort particulier. Leurs parents en étaient-ils toujours conscients ?

Le fait est qu’il y a très peu d’intellectuels, qui veulent faire un bilan décomplexé du phénomène de l’immigration, sans doute par inhibition, car c’est un sujet connoté. On cherche trop souvent des coupables en responsabilité. Mais les responsabilités sont systémiques sans que les acteurs sociaux n’y peuvent grand chose. Il y a une société de consommation qui développe des comportements nouveaux de la part des enfants. Une réforme d’une institution comme l’école n’est pas aisée. Et puis la course aux diplômes pour répondre à la demande de travail disponible est un « cache misère ». Le diplôme ne donne pas du travail. Il autorise l’affectation à des postes spécialisés tout simplement. L’angoisse de ne pas trouver un bon job est aussi problématique. Les élèves de la mixité ne doivent pas pour autant se cacher derrière une quelconque discrimination. C’est tellement facile de se victimiser d’office. Un recruteur n’est pas un raciste en sommeil. Son intérêt bien compris c’est l’efficacité. Et celle-ci n’a pas de couleur de peau à faire valoir.

Les socio-styles qui nous sont proposés sont devenus caricaturaux. Les modèles que la société véhicule sont souvent des purs produits marketing. Lorsque l’on voit que les hommes les plus riches de France- avec les patrons du CAC 40- sont les acteurs du cinéma, les chanteurs, les mannequins faisant la pub, les footballeurs, les animateurs de talk-show à la T.V, et qui deviennent des leaders d’opinions il y a bien là un profond malaise qui traduit un crise de civilisation qui fera son œuvre petit à petit vers une déliquescence qu’il faudra bien assumer. L’émancipation par le travail classique n’est pas stimulé par ce que véhicule l’air du temps.

Aujourd’hui on s’articule sur des référents comme : MONDIALISATION, INFORMATISATION, ROBOTISATION, FINANCIARISATION qui sont les vecteurs tentaculaires d’un monde qui risque de nous broyer, les cultures et les religions étant dans le champ de tir de ce nouveau paradigme. Les crispations identitaires, cultuelles et culturelles vont agir comme des signaux réactifs récurrents.

La recherche du CONSENSUS à cette échelle n’est plus véritablement maîtrisable. Le choix du développement par une hyper production économique est devenu l’horizon obligée.

LES NOUVEAUX DIEUX que l’on vénère ne sont plus sages, ils s’appellent : Croissance, Finance, Production, Consommation, Matières Premières. Ces nouveaux Dieux de l’Olympe vont rentrer en conflit constant avec les monothéistes de l’ordre ancien déposés dans les écrits : la BIBLE, la TORAH, le CORAN, le BOUDDHISME, et autres spiritualités. Ils sont depuis longtemps le champ de guerre des dogmes économiques. Globalement, la route que nous allons traverser va être chaotique pas spécialement dans la prospérité. On pensait que la croissance et le progrès matériel apporteraient toujours plus de confort, lui même sous étage du bonheur. Mais les constats pessimistes car inéluctables sur l’ECOLOGIE vont activer les dissensions pour le partage du gâteau.

On sait que les ressources planétaires sont limitées, qu’elles progressent à une vitesse arithmétique et que la démographie progressera à une vitesse géométrique. Et que personne ne peut attendre.

Tout cela a été dit il y a trois siècles par Malthus.

 


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