L’impasse démocratique, une oligarchie au coeur de la république

par Octave Lebel
jeudi 13 juin 2024

Et si nous nous demandions tout simplement pourquoi ceux qui soutiennent l’extrême-droite et appellent à voter pour elles ne nous expliquent jamais pourquoi ces oligarques lui font la part si belle dans leurs médias, eux qui leur commandent aux moments opportuns de beaux sondages sur mesure, mis au point par leurs instituts d’opinion puisqu’ils qu’ils les possèdent aussi. Quelle belle histoire. Que de pudeur et que d’amour.

Les enjeux de fond.

Surtout pas de démocratie fondée sur des citoyens, correctement informés, respectés et en capacité de se faire respecter et des mandants responsables. Surtout pas la recherche de méthodes de nature à restituer au mieux le poids des votes en vue de la délivrance des mandats à propos de nos scrutins électoraux. Surtout pas de contre-pouvoirs équilibrés vis-à-vis du pouvoir exécutif. Surtout pas de dialogue social un peu trop structuré. Surtout pas d’une cour constitutionnelle indépendante de par sa composition. Surtout pas un cadre faisant participer les citoyens à un travail de réflexion et de propositions sur des thématiques transversales. Comme par exemple l’organisation, le financement et la déontologie des médias, l’encadrement des campagnes électorales, l’usage des sondages. Pourquoi ne pas avoir l’occasion de participer à l’élaboration des politiques publiques et leur suivi ? Avec des sujets comme la fiscalité et ses fonctions dans le rôle de l’état et de l’économie. Comme l’aménagement du territoire conçu et piloté en véritable concertation avec les habitants, comme l’organisation d’états généraux des quartiers populaires et des espaces ruraux en vue de construire une authentique égalité territoriale. Pourquoi pas notre participation à une solide planification écologique et économique en lieu et place des zigzags qui nous cognent et que personne ne veut assumer. Pourquoi pas la mise en place d’une conférence sur l’organisation des collectivités territoriales et la décentralisation en vue de simplifier et de clarifier le rôle de chaque échelon. Une réflexion et des propositions sur comment sécuriser les services publics essentiels en maîtrisant leur financement etc....Il ne s’agit pas de promettre ou d’attendre des miracles mais de mettre en place les outils permettant la responsabilité des dirigeants politiques conjointement avec celle des citoyens. Tous les problèmes ne seront pas réglés mais ils seront posés plus clairement ce qui est la base en démocratie.

Toute élection dorénavant, étant donné le blocage et le piège institutionnel dans lequel nous sommes enfermés, dépasse évidemment sa fonction première, celle ici de pouvoir participer aux travaux du parlement européen puis maintenant d’élire une nouvelle Assemblée Nationale. Toute élection est dorénavant une étape de nature à nous mener vers les conditions permettant de mettre sur pied une VI° République afin que nous puissions prendre en mains notre avenir commun. La marche à monter, c’est celle de la fin des oligarques qui s’abritent derrière la façade d’une démocratie libérale qui se dit représentative. Marchons résolument vers une démocratie de citoyens. C’est essentiel, car si la démocratie est désirable, il faudra aussi, comme nous l’avons appris à nos dépens, que nous ayons les moyens de nous préserver de ceux qui la détournent. Il s’agit donc par un processus constituant incluant notre participation de citoyens de fonder une VI° république afin de construire une démocratie fonctionnelle et responsable. C’est un gros morceau mais ne pas le faire, c’est nous préparer des lendemains de plus en plus difficiles et aventureux. Il s’agit de tout faire pour que notre pays et l’Europe politique deviennent des entités non alignées, indépendantes et respectées, fondées sur la justice sociale et la responsabilité écologique. Défendons-nous et votons en masse pour ce chemin et ne laissons plus le terrain à des usurpateurs et leurs combinaisons sans fin qui nous épuisent.

La machine infernale

Que fait Macron ? Toujours la même chose, il travaille pour son avenir, sa carrière en cours et les coups d’après, avec bien d’autres, afin de chercher et préparer son prochain rôle dans le système qu’il essaie de préserver et développer sous la tutelle des oligarchies d’ici et d’ailleurs.

La chasse à un Macron comme seul horizon, c’est bien sûr un piège. Qui n’a pas encore compris que Macron quand il deviendra gênant ou contre-productif sera écarté comme un Fillon et que d’autres manœuvres et solutions sont d’ores et déjà en expérimentation. Et qu’il s’agit donc de voir plus loin pour ne pas tomber dans la trappe pourtant pas très discrète que l’on nous a bien ouverte avec insistance. Tellement nos oligarques et leurs employés des médias et des instituts d’opinion nous prennent pour des imbéciles incapables de réfléchir au-delà de ce qu’ils racontent et nous montrent.

Des oligarques qui envisagent maintenant sérieusement de soutenir une coalition avec l’extrême-droite tout en tentant de remettre en selle un tenant du social-libéralisme à la Hollande, Vals et compagnie qui peut toujours être utile dans des moments délicats. Qui peut toujours servir, ayant déjà fait ses preuves puisqu’il vote toujours dans le bon sens dans les moments décisifs. Von Der Leyen a commencé d’en parler avec Méloni et Marine Le Pen cherche comment intégrer l’équipe pendant que la carte des coups de théâtre est rejouée et qu’un feuilletonnage de notre vie politique se répète comme en 2017 avec l’espoir de nous y enfermer et piéger à nouveau. Pour aller cette fois-ci plus loin encore avec le ferme espoir de rendre tout retour impossible. Cela tombe bien car c’est vers l’avant que nous allons et ailleurs.

Faut-il encore rappeler ce que nous venons de subir comme s’il s’agissait de narguer une fois de plus un pays et ses citoyens en toute impunité. Un système médiatique de fabrication de l’opinion dans les mains d’oligarques qui nous imposent leur calendrier, les personnages qu’ils soutiennent en nous saturant de leurs éléments de langage. Qu’ils valident eux-mêmes en les mettant au cœur des sondages qu’ils commandent, fabriquent et commentent avec leurs personnels à chaque étape du circuit puisqu’ils possèdent maintenant tous les maillons de la chaîne. C’est exactement ce qui vient de se passer avec Bardella et Glucksmann. La mesure de cette manœuvre a été faite et c’est imparable .

L’incontournable cuisine électorale sauce médiatique.

1. Européennes 2024.Quelques repères

Inscrits 2024 (2019) : 49 462 981 (47 345 328)

Votants 2024 (2019) : 25 470 472 (23 730 740)

Abstentions  23 992 500 + blancs 346 226 + nuls 370 403 = 24 709 129 (49.96% et 52.15 % en 2019). Deux points donc de mobilisation en plus.

Score 2024 (score 2019)

RN  : 7 765 945 (5 286 939)

LREM : 3 614 628 (5 079 015)

PS : 3 423 989 (1 403 170 + liste Hamon 741 772)

LFI : 2 448 711 (1 428 548)

LR : 1 794 134 (1 920 407)

EECO : 1 361 888 (3 055 023)

PCF : 584 055 (564 949)

 

2. Une feuille de route républicaine.

- Grosso-modo le RN retrouve son électorat du 1er tour de la présidentielle de 2022. Celui-ci a suivi les éléments de langage du parti, mis en circulation d’emblée très tôt par les médias dominants à son service, repris bien sûr par la macronie elle-même (au grand dan de Valérie Hayer qui voulait parler d’Europe), dans la logique de la répétition du 1er tour de la prochaine présidentielle, celui de la qualification. Pour mémoire le score du RN au 1er tour de la présidentielle 2022 est de 8 133 828. Constat donc d’un électorat ici bien encadré et mobilisé, à la limite de ses capacités. Un RN qui attire d’ores et déjà des élus qui paradoxalement sont plus à la recherche d’une place qu’ils n’apportent de voix qu’ils n’ont plus vraiment . Et au passage incidemment, constat aussi du dérèglement de notre système institutionnel par la vampirisation de l’élection présidentielle et le rôle spécieux des patrons des médias. Certains n’ont pas encore bien compris que ce n’est pas normal et attendent que les médias leur expliquent. C’est dire le chemin qu’ils ont à faire.

- N’oublions pas par ailleurs le rejet du RN qui s’en est suivi en 2022. Avec un score de 13 288 636 au second tour et une abstention (abs+blcs+ nuls) de 16 695 014 sans omettre de voir aussi qu’une part des voix de Macron était des voix contre MLP. Le RN fut ensuite largement dépassé par la NUPES au second tour des législatives. Même si aidé par des voix venues de LR et LREM dans la logique devenue habituelle du soutien entre les droites qui se perpétue quand il s’agit de contrer la gauche. Les médias à l’époque, toujours eux, parlèrent de progression tonitruante du RN comme ils nous parlent actuellement tous les jours de l’extraordinaire progression du RN sans nous en expliquer le contexte ni les limites.

- Pour mémoire, concernant les européennes 2024, bien en amont des élections, LFI n’a pas revendiqué la tête de liste et a préconisé l’union en suivant la cohérence du vote aux législatives qui avait bénéficié à l’ensemble et particulièrement aux plus en difficulté au 1er tour de la présidentielle. Avec aussi l’idée de donner plus de poids à la gauche française dans le parlement européen. Et d’avoir également dans le pays une plate-forme de travail plus performante, plus lisible et plus mobilisatrice. Qui plus est dans un contexte d’exposition médiatique favorable au RN où de surcroît le pouvoir en place reprenait une partie de sa propagande idéologique pour paraît-il mieux le combattre. Les autres composantes de la NUPES ont pensé utile et nécessaire pour chacun de recourir à la proportionnelle afin de se distinguer avec le résultat que l’on connaît. L’heure est donc à la mobilisation d’un front populaire large et sans faille s’appuyant ausi sur les forces syndicales et associatives afin de déjouer la manœuvre qui consiste à tenter encore et encore de disperser et d’égarer, le temps de traverser une élection, les forces sociales qui aspirent à retrouver une démocratie fonctionnelle et responsable. Espérons que le type de manœuvre que nous devons affronter maintenant et déjouer de la part du pouvoir et du partenaire qu’il s’est choisi depuis 2017 nous incitera en grand nombre à participer en tant que citoyens à notre vie politique avec plus de vigilance et d’implication. À participer ainsi à la préparation des conditions d’une mise en place de la démocratie à laquelle nous aspirons depuis si longtemps de génération en génération maintenant. C’est dire si nous avons du attendre. Faut-il encore rappeler l’importance du vote et du vote utile puisqu’un tandem de deux partis d’état-major présomptueux s’imaginent encore une fois nous duper en s’appuyant sur la confusion, la dramatisation et la saturation médiatique de nos pauvres esprits. Ils s’imaginent encore et à nouveau confisquer la partie à leur profit.

Le chemin parcouru, retour sur les  législatives de 2022.

 2022 : Evolution des votes 1er et second tour : voix tr1 → voix tr2 → sièges (estimation Cluster 17/06)

- Ensemble : 5 877 264 → 8 002 407 → 244 (230/290)

- Nupes : 5 836 079 → 6 559 984 → 127 (170/220)

- RN : 4 248 537 → 3 589 269 → 89 (40/60)

- LR : 2 3700440 → 1 447 877 → 61 (60/75)

 

Le chemin parcouru : 2nd tour 2017 (abs. 57.36%) → 2nd tour 2022 (abs. 53.77%)

- LREM 6 391 269 → (Ensemble) 8 002 407

- LR 4 040 203 → 1 447 877

- LFI+PS+Ecolog. +PC (883 573 +1 032 842 +23 197 + 271 833 = 2 211 445) → (NUPES) 6 559 984

- RN 1 590 869 → 3 589 269

 

Les pas décisifs qui nous rapprochent de nos objectifs.

Chacun peut voir le chemin parcouru en se rappelant que ce retournement de situation assez spectaculaire ne fut rendu possible que par un rassemblement sur un programme et un engagement devant nous, les citoyens de ce pays. Et que cela fut suivi ensuite par un mouvement social piloté par une intersyndicale exemplaire accompagnée par un travail intense au parlement.L’ensemble finalement dénié et défait temporairement par une minorité qui mobilise toutes ses forces, son intelligence et la puissance de ses médias et outils de manipulation de l’opinion publique pour nous dominer et nous diviser en privilégiant méthodiquement les issues juridiques refermant nos attentes et les possibilités de les exprimer. Notre priorité est de sortir de ce piège. Nous avons déjà un programme et une méthode le rassemblement pour travailler et bénéficier de toutes les compétences en évitant les pièges de nos adversaires qui ne manquent ni de persévérance ni d’intelligence ni de moyens et qui n’ont aucun scrupule à les utiliser à la limite de la légalité. Attendons-nous à un déferlement médiatique, à toutes les calomnies et tous les coups-bas. Soyons blindés, ces gens, comme le tandem en question, sont prêts à beaucoup lorsqu’ils voient leur emprise remise en cause. Les médias vont tout faire pour nous diviser et semer le doute alors que nous venons de les voir nous imposer leur complaisance vis-à-vis d’un Bardella et d’un Gluksmann, ce dernier étant excédé de devoir constater notre lucidité collective et de voir sa manœuvre au service du tandem déjouée. Nous y sommes habitués et cela est le signe que nous allons dans le bon sens, la fin du pouvoir des oligarques et leurs serviteurs et la mise en place d’une démocratie citoyenne.

Donc, dans chaque circonscription, soutenons les candidatures uniques dès le premier tour sans nous laisser leurrer par ceux qui veulent nous garder à leur merci, prisonniers de leurs éternelles intrigues et dont la fonction est de préserver ce système et le rôle qu’ils y jouent. Et restons attentifs et mobilisés pour ce qui suivra.

Rappel :

→ Le RN au pouvoir ? Un « risque nécessaire » pour le patron du MEDEF (23/03/23)

https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/8h30-fauvelle-dely/reforme-des-retraites-loi-immigration-salaire-de-patrick-pouyanne-ce-qu-il-faut-retenir-de-l-interview-de-geoffroy-roux-de-bezieux_5708426.html

Source base de données Europresse.

https://nouveau.europresse.com/WebPages/Sources/SourceSearch.aspx

→ Candidats cités dans la presse française entre le 10 janvier et le 10 avril.

Valérie Hayer (Renaissance) : 367

François-Xavier Bellamy (Les Républicains) :380

 Jordan Bardella (Rassemblement national) : 1505

 Raphaël Glucksmann (Parti socialiste-Place publique) : 445

 Manon Aubry (La France insoumise) : 237

Marie Toussaint (Les Ecologistes) : 228

● Recensement du 1er janvier au 13 mai de toutes les fois où une tête de liste aux élections européennes était affichée en Une d’un hebdomadaire »

https://www.acrimed.org/Candidats-aux-elections-europeennes-le-tri-des

Sont concernés : Le Point, L’Express, Marianne, L’Obs, La Tribune dimanche, le Journal du dimanche, Le Figaro Magazine, Aujourd’hui en France Dimanche, Valeurs actuelles, Franc-Tireur.Télérama, Challenges, L’Humanité magazine, Politis et Paris Match, n’ayant mis mis aucun candidat tête de liste à la Une.

→ Bardella apparaît 11 fois ; Glucksmann 5 fois ; Valérie Hayer 3 fois ; Marion Maréchal 2 fois ; et François-Xavier Bellamy 1 fois.

→ Manon Aubry (LFI), Marie Toussaint (EELV), Léon Deffontaines (PCF) ou encore Nathalie Arthaud (LO) n’apparaissent jamais en Une des hebdomadaires.

Une lecture toujours utile et instructive pour mieux connaître le comment du pourquoi puisque nos médias n’ont jamais trouvé le temps d’en parler, si ce n’est en délivrant un faire-part de mise à l’index.

https://nupes-2022.fr/le-programme

 

 


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