L’incidence de la ratification des traités européens sur la constitution française ou comment il est impossible de « désobéir » aux traités

par Legestr glaz
lundi 30 janvier 2017

La constitution française, la loi fondamentale de la France, permet-elle au président de la République de "désobéir" aux traités européens ? L'article 5 de notre constitution est clair à ce sujet : " le président de la République est le garant du respect des traités". Nul ne peut donc ne pas respecter le contenu des traités et leurs dispositions. Le corollaire à l'article 5, est que la "modification" des traités ne peut "que" passer par l'application, sur du temps long, du processus de l'article 48 du TUE qui requiert "l'unanimité" des pays membres de l'Union européenne, unanimité impossible à atteindre dans un contexte d'union à 27. 

 

Ratification des traités européens

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Révisions constitutionnelles

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Pertes de souveraineté

 

 

L'incidence de la ratification des traités européens sur la constitution française

 

 

 

RAPPEL

 

La constitution de la 5ème République, promulguée le 4 octobre 1958, a été adoptée par le peuple français, soumis à référendum, par une très large majorité de 79,25 % de voix « pour », 20,75 % de voix « contre », et une faible abstention de 15,6 %.

Notre constitution prévoit les conditions de ses révisions constitutionnelles dans ses articles 11 et 89. L'article 11 permet la révision en ayant exclusivement recours au référendum tandis que l'article 89 autorise soit la consultation du peuple, à travers le référendum, soit l'avis du congrès, à savoir le vote majoritaire des 3/5 des députés et sénateurs réunis en une même assemblée. Une polémique subsiste concernant l'application de l'article 11. D'aucuns pensent que cet article concerne uniquement des modifications législatives et non constitutionnelles. Mais c'est un autre sujet que nous n'aborderons pas ici.

La constitution française a été modifiée à 23 reprises depuis sa promulgation en 1958.

- Une seule fois, en octobre 1962, en utilisant l'article 11 et la voie référendaire, instituant l'élection du président de la République au suffrage universel en remplacement du collège des grands électeurs.

- Vingt deux fois en utilisant l'article 89. Au cours de ces 22 reprises, une seule fois le peuple a été sollicité par référendum, à savoir en septembre – octobre 2000, sur le sujet de la durée du mandat du président de la République, réduit de 7 à 5 années, objet de la loi constitutionnelle n°2000-964 du 2 octobre 2000. Toutes les autres fois, à savoir à 21 reprises, c'est le congrès qui s'est prononcé. Le peuple a, systématiquement, été écarté des décisions de première importance que le concernait.

 

 

CONSTAT

 

La constitution est l'ensemble des règles qui régissent l'organisation d'un Etat, qui disposent des rôles impartis à chacun de ses organes en assurant la séparation des pouvoirs. La constitution est le cadre juridique suprême d'un Etat. Elle est supposée garantir la puissance du peuple.

Les modifications constitutionnelles sont, par conséquent, d'une extrême importance et devraient faire l'objet d'un large débat au sein de la société puisque toutes les Françaises et tous les Français sont intimement concernés par ces changement constitutionnels.

 

De 1958 à 1992, soit au cours d'une période de 34 ans, la constitution a été modifiée à 4 reprises.

 

 

De ces 4 modifications, celle de 1962 était, sans contestation aucune, celle qui avait le plus d'incidence sur le pouvoir souverain du peuple. Pour cette raison, c'est le suffrage de celui-ci qui a été sollicité. Les 3 autres modifications portaient sur des sujets plutôt techniques, sans véritable incidence sur la souveraineté du peuple.

De 1992, date de ratification du traité de Maastricht, à 2008 (ratification du traité de Lisbonne le 13 décembre 2007), soit au cours d'une période de 16 années, la constitution a été modifiée à 19 reprises, une seule fois par référendum, toutes les autres fois par la procédure du congrès.

Nous pouvons d'ores et déjà faire une première remarque. Sur une période de 34 ans, avant le traité de Maastricht, la constitution de la 5ème République a été modifiée à 4 reprises. Après cette date, sur une période de 16 années, elle l'a été à 19 reprises !

Nous allons examiner les raisons de ces modifications constitutionnelles, à forte répétition, et de leur incidence sur la souveraineté nationale et la puissance du peuple.

 

 

La constitution que nous appliquons aujourd'hui en France, est très éloignée de celle de 1958, adoptée par référendum par le peuple français. En effet, des transferts massifs de souveraineté ont été réalisés au profit de l'Union européenne lors de la ratification des traités. Ceci fut le cas lors du traité de Maastricht, du traité d'Amsterdam et du traité de Lisbonne. Avant la ratification de ces traités, le conseil constitutionnel a relevé, à chaque fois, dans le contenu de ceux-ci, des dispositions anticonstitutionnelles. Alors, au lieu de se poser des questions sur l’anti constitutionnalité des traités, et de les faire modifier, le gouvernement français, en charge de la question, a adopté la posture inverse. Il s'est agi de rendre la constitution française « euro-compatible ». En réalité, l'anti-constitutionnalité des traités reposait systématiquement sur le fait que la France perdait de sa souveraineté au profit de l'Union européenne.

Lors de ces modifications constitutionnelles, les députés et sénateurs PS se sont retrouvés sur la même ligne de pensée que les députés et sénateurs UMP. En réalité, la droite « décomplexée » a voté dans le même sens que la « droite complexée » et inversement. Ainsi, sur le sujet de l'appartenance de la France à l'Union européenne, sur le sujet du transfert de souveraineté de la France vers l'U.E, il n'existe strictement aucun clivage « droite complexée - PS » et « droite décomplexée - UMP ». L'examen du résultat des votes à chaque session du congrès est éloquent à ce sujet. Ainsi, les différents groupes politiques français ont une position commune au sujet de l'Union européenne, de son fonctionnement et des transferts de souveraineté qu'elle impose. Il y a une concordance presque parfaite entre les députés et sénateurs de tout bord sur la question de l'Union européenne. Ceci est en contradiction totale avec l'opinion des électrices et des électeurs français, qui se partagent tout autant « pour » et « « contre l'U.E, autant dans le camp de droite que dans le camp de gauche.

A ceux qui souhaitent « une autre Europe » à ceux qui souhaitent « renégocier les traités », il faut rappeler que la modification de ceux-ci aurait été sans doute possible avant leur ratification. Aujourd'hui, tous les partis politiques, hormis l'UPR et le PRCF, prônent une « autre Europe » et/ou la « renégociation des traités ». Faut-il être mesquin, manipulateur, menteur, hypocrite et sournois pour chanter les louanges d'une « autre Europe » d'être le chantre de la « renégociation » des traités alors que tous ces groupes politiques, depuis la ratification du traité de Maastricht en 1992, n'ont cessé d'amender la constitution, de la modifier, de la gommer d'une grande partie de sa souveraineté, de transférer des pans entiers des compétences de la Nation française à l'Union européenne. Tous ceux-ci viennent aujourd'hui faire le constat que l'Union européenne ne fonctionne pas, qu'il faut « une autre Europe » qu'il faut « renégocier les traités ». De qui se moquent-ils ? Ils sont à l'origine de cette situation !

Lorsque l'on sait que tous ces partis politiques, veulent tous une « autre Europe », mais différente pour les uns et pour les autres, qu'une modification des traités nécessite l'unanimité des 28 membres de l'Union européenne (article 48 du TUE), alors, il faut se rendre à l'évidence qu'une telle occurence ne peut pas se produire. Les traités sont irréformables. D'ailleurs, se serait sous-estimer le législateur européen que de croire qu'il a mal mesuré la portée des traités qu'il mettait en oeuvre. Ceci a été fait d'une manière mûrie et réfléchie, sur le temps long. L'objectif était bien d'affaiblir progressivement les différentes nations de l'Union européenne, de leur ôter leur souveraineté. Si les traités sont aujourd'hui définitivement figés, c'est par la volonté affichée de ceux qui ont concouru à leur élaboration. La France a donc perdu une grande partie de sa souveraineté en ratifiant ces traités européens, les uns après les autres, et en modifiant, en conséquence, la constitution de la 5ème République jusqu'à la réduire à peu de chose.

Il suffit de lire l'article 55 de la constitution actuelle pour se rendre compte que la souveraineté de la France, c'est à dire en langue française du quotidien, « sa capacité à prendre les décisions les plus favorables pour son peuple », a été transférée, dans sa plus grande partie, aux institutions européennes.

 

Article 55 : « Les traités ou accords régulièrement ratifiés ou approuvés ont, dès leur publication, une autorité supérieure à celle des lois, sous réserve, pour chaque accord ou traité, de son application par l'autre partie ».

 

A titre d'exemple, je voudrais citer, à mille lieues de toute exhaustivité :

 

Ainsi, au fil des modifications constitutionnelles, la constitution du 4 octobre 1958, voulue par Charles de Gaulle, a perdu la majorité de la puissance qu'elle conférait au peuple de France. Après avoir été spoliée de sa souveraineté, la France aborde aujourd'hui la dernière étape de sa dislocation, préambule à sa disparition corps et biens. Il faut, en effet, lire avec une extrême application la loi constitutionnelle 2003-276 du 28 mars 2003 relative à l'organisation décentralisée de la République. Le contenu de cette loi est le poste avancé de la nouvelle carte des régions en France. Dans cette loi est inscrit le démantèlement de la France. Elle détermine une autonomie véritable des régions au détriment de l'Etat français. Ainsi, les 13 nouvelles régions de France sont prêtes à être pilotées depuis Bruxelles. Notre pays est englouti dans une nébuleuse dont presque personne ne comprend le fonctionnement. A ceux qui veulent « une autre Europe » à ceux qui veulent « renégocier » les traités je dis qu'il n'est pas trop tard pour examiner tous les tenants et aboutissants de la perte de souveraineté de la France. Ne vous laissez pas enfermer par la propagande échevelée diffusée à longueur de journée par les médias de grandes diffusion ? Ce ne sont que les agents publicitaires de l'oligarchie qui veut soumettre la France aux nouvelles féodalités que constituent aujourd'hui les multinationales, les cartels et les groupes industriels et pharmaceutiques.

 

CE QU'IL FAUT RETENIR

 


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