L’intérêt du peuple d’Ukraine doit être prioritaire face à l’intérêt de la nation « Ukraine »

par Abolab
jeudi 17 mars 2022

Pourquoi, depuis 2014, l'Organisation des Nations Unies (ONU) a-t-elle échoué à rétablir la paix en Ukraine ? Pourquoi n'y a-t-il pas eu d'envoi de casques bleus afin d'éviter des massacres de population civile dans le Donbass ? Il apparaît très clairement que dans un pays miné par des groupes ultranationalistes, l'intérêt de la population civile est passé au second plan par rapport aux intérêts nationalistes.

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Les nationalistes en Ukraine ont engagé depuis huit ans un processus de dérussification ethnique dans leur pays par la violence et la guerre civile. Les efforts diplomatiques de résolution du conflit étant restés vains, la situation conflictuelle non résolue a débouché sur la nécessité de la violation des frontières par la Russie afin de préserver les intérêts du peuple ukrainien du Donbass et de la Crimée face aux intérêts des nationalistes et autres groupes néo-nazis, qui ont décidé qu'opprimer et bombarder les russophones est une façon "acceptable" d’imposer l’identité, la langue, la culture ukrainienne et des décisions politiques non réellement démocratiques à l'ensemble de la population.

En effet, l'Union Européenne n'est pas du tout une instance démocratique, car malgré le non par référendum à la Constitution Européenne en France, la décision démocratique n'a pas été respectée, tandis qu'en Ukraine, ce n'est pas un vote mais bien un coup d'Etat violent épaulé par des groupes néo-nazis en 2014 qui a engagé le pays sur le chemin d'une adhésion à l'Union Européenne. L'Union Européenne n'a donc rien de réellement démocratique, ce qui apparaît très nettement aujourd'hui dans les décisions autoritaires qu'elle prend, notamment en ce qui concerne la censure et le contrôle des médias depuis voilà plus de deux ans.

"Le 29 mai 2005, près de 55% des Français votaient "non" au référendum sur le projet de Constitution européenne."

Il y a 15 ans, le choc du non au référendum européen - L'Express (lexpress.fr)

L’Organisation des Nations Unies, quant à elle, est basée sur l’idée de "nation", qui est contestable, et qui n’est pas non plus fondamentale pour la Fédération de Russie. La Fédération de Russie est une fédération du peuple, une fédération populaire, et non, fondamentalement, une fédération nationaliste. Vladimir Poutine rappelait récemment qu’il y a 300 groupes ethniques différents en Fédération de Russie. Sa préoccupation est donc premièrement l’intérêt du peuple et non l’intérêt national, contrairement à un pays comme la France, qui base sa constitution sur l'idée de nation, et non de peuple (Article 3, Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789).

Les nations sont en fait des causes de divisions et donc de conflits et de guerres dans le monde. L’ONU, organisation basée sur les nations, ne peut donc créer les conditions de la paix. La preuve en est que dans le conflit actuel, ses membres soutiennent majoritairement l’Ukraine, en tant que nation représentée par des frontières, et non le peuple d’Ukraine lui-même dont une partie est opprimée et bombardée depuis huit ans dans le pays.

Qu’a fait l’ONU pour protéger les civils du Donbass ? Pourquoi n’y a-t-il pas eu de casques bleus en Ukraine pour protéger les populations civiles ? Le seul casque bleu qui a manifestement pu être vu au Donbass était celui d’Anne-Laure Bonnel, reporter de guerre...

L’envoi de casques bleus de l'ONU a manifestement capoté du fait des conditions imposées par les nationalistes, leur finalité n’étant pas vraiment la sécurité des populations, mais bien plutôt la récupération des terres sous contrôle des rebelles, et le maintien d'une politique anti-russe et hostile à la Russie, comme l'affirmait en 2017 le président ukrainien Porochenko :

« Travailler à cette initiative n’est pas une raison pour lever les sanctions internationales existantes contre Moscou. Elles doivent rester en vigueur jusqu’à la restauration complète de la souveraineté et l’intégrité territoriale » de l’Ukraine, a prévenu M. Porochenko.

Casques bleus en Ukraine : Kiev pose ses conditions - Le Point

Le Président d’extrême-droite, qui affirmait que les populations du Donbass n’auraient plus de retraite, que leurs enfants doivent vivre dans des caves, que leur langue maternelle doit être interdite... n'avait apparemment aucun état d’âme envers les milliers de civils tués et les milliers de blessés et traumatisés causés par la guerre déclenchée contre une partie de sa propre population.

Les nationalistes voulaient en fait envoyer des casques bleus non seulement sur la ligne de séparation du conflit, mais également à la frontière russo-ukrainienne et dans toute la zone occupée par les rebelles... sans aucun soldat russe, dans le but manifeste de se réapproprier les territoires occupés par les rebelles, avec la complicité de pays membres de l'ONU et de l'OTAN.

Dans une logique anti-russe, ils voulaient ainsi instrumentaliser les casques bleus pour récupérer le Donbass... ce que n’ont pas dû accepter ni les rebelles ni la Russie .

Une éventuelle mission « doit être déployée sur tout le territoire occupé, y compris la partie non-contrôlée (par Kiev) de la frontière russo-ukrainienne », par laquelle, selon Kiev et les Occidentaux, des armes et des combattants venant de Russie continuent d’entrer sur le territoire ukrainien, a-t-il poursuivi.

Une telle force ne doit inclure aucun soldat russe, a-t-il par ailleurs insisté.

Casques bleus en Ukraine : Kiev pose ses conditions - Le Point

Placer les intérêts nationalistes de préservation des frontières et d'intégrité territoriale au détriment des intérêts des populations concernées elles-mêmes était faire vouer à l'échec la médiation des casques bleus dans la région du Donbass, et était la porte ouverte à l'aggravation et l'élargissement du conflit en-dehors des frontières de l'Ukraine.

D'après Richard Gowan, auteur d'un rapport sur la question de l'envoi de casques bleus en Ukraine et expert des Nations unies à l'université de Columbia :

"Le déploiement de cette mission de maintien de la paix permettrait d'organiser des élections dans l'est de l'Ukraine, prévues par les accords signés à Minsk en 2015."

Un rapport préconise l'envoi de 20.000 casques bleus en Ukraine (lefigaro.fr)

Seulement, les nationalistes ukrainiens avaient refusé l'idée même de la tenue d'élections et de reconnaître le résultat de telles élections.

En 2014, en Crimée, la population avait déjà dit oui à 96.6% en faveur du rattachement à la Russie, décision démocratique que contestent toujours les nationalistes ukrainiens, l'Union Européenne ainsi que les pays membres de l'OTAN, apparemment très fâchés avec la démocratie.

Image : Anne-Laure Bonnel, casque bleue au Donbass.


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