L’intervention au Mali révèle aussi les insuffisances de l’armée française

par morice
mercredi 16 janvier 2013

Intervenir rapidement à l'extérieur de la France ? Ce n'est pas une chose aussi aisée que cela, révèle une photo réalisée pendant l'intervention. Car cela a échappé à beaucoup, sauf aux passionnés que l'on appelle aussi "spotters" (ou aux curieux dont je fais partie), la France, pour envoyer rapidement des troupes ou surtout du matériel blindé au Mali, a dû faire appel... à d'autres armées, car elle n'en possède pas la capacité, actuellement. Il est grand temps que l'Airbus-EADS "Grizzly" arrive, doivent se dirent les militaires français, car, comme l'a montré le déploiement en Afghanistan, emmener loin de France des blindés ou des armements lourds c'est soit faire appel aux avions privés russes, avec les célèbres Antonov 124, à la location coûteuse, soit, comme avant hier au Mali... solliciter l'armée anglaise ou canadienne, et leur cheval de trait dans les transports, le C-17 de chez Boeing...

Le cliché en question, c'est celui-ci à gauche. Celui du débarquement dans l'urgence à Bamako d'un véhicule blindé français. Si l'engin qui déboule est bien connu (c'est le VAB -véhicule de l'avant blindé- Renault), l'avion dont il descend l'est un peu moins, en France.Car, surprise, cet appareil n'est pas français. Les détails des membrures de la soute ne trompent pas, ni sa largeur. On est très loin en effet de l'étroitesse du Transall ou même des C-130 de l'armée française (visible ici à D'Jamena) : et c'est encore moins un "Grizzly", qui est toujours en phase d'essais en configuration militaire. C'est bien un C-17, en revanche, qui est visible, un appareil que l'armée française ne possède pas, bien sûr. Un autre cliché d'un autre appareil vu sous un angle assez voisin le confirme ; c'est bien d'un Boeing C-17 que le véhicule blindé français sort. D'où sort ce transporteur, c'est là la question. 

Et ce d'autant plus que de doctes spécialistes censés nous éclairer sont venus tout de suite venus nous dire sur le net que la France, en effet, savait faire rapidement ce genre de choses : " Pour François Heizbourg, le coup d'arrêt est une réussite : "En dehors des Britanniques et des Israéliens, je ne vois pas quelle autre force militaire aurait pu réagir aussi vite à un ordre d'intervention dans un délai de 24 heures. Les Américains sont très efficaces mais, en général, il leur faut trois mois pour se décider. L'armée française sait opérer au coup de sifflet bref " nous avait assuré le commentateur, en oubliant au passage quel appareil avait permis de transporter aussi rapidement ces véhicules blindés. Logiquement, la France n'aurait jamais pu "réagir" comme il le décrit avec un peu trop d'enthousiasme, sans demander à d'autres pays de l'aider. Quand bien même elle l'aurait décidé rapidement, seule, elle n'aurait pu acheminer ces engins blindés aussi loin et aussi vite.

Car en réalité, l'un des transporteurs qui les a acheminés est... canadien, ce qu'a rapidement reconnu le Premier ministre du pays, Stephen Harper. « Nous répondons à une demande de nos amis français pour une aide logistique sous forme de transport lourd. J'ai, en consultation avec le ministre de la Défense nationale et le ministre des Affaires étrangères, accordé cette aide pendant une période d'une semaine » a-t-il avoué. Les anglais semblent avoir été sollicités au départ, mais il semble aussi que leur offre ait présenté quelque problème. Deux de leurs avions, deux des huit exemplaires que possède l'angleterre, devait au départ partir de la base de la RAF de Brize Norton dans l'Oxfordshire direction Evreux-Fauville, pour y charger les véhicules blindés français. Mais il semble bien que le départ du second C-17 anglais promis ait présenté quelques problèmes, après que le premier ait pu réussir à décoller sans encombre ; d'où le "relais" fait à la volée par les canadiens. Un défaut sur l'avion de transport plutôt embarrassant (*), pour David Cameron qui prie depuis des mois pour que son budget des armées puisse inclure l'achat d'un 9eme exemplaire de C-17, comme l'a relevé le moqueur "Independent" : "Le C-17, qui a été salué par David Cameron comme "notre avion de transport le plus avancé et le plus capable",devait décoller pour le pays de l'ouest-africain dans le cadre du soutient aux efforts français de l'équipe britannique pour stopper l'avancée des rebelles liés à Al-Qaïda. Il devait partir de la base de la RAF de Brize Norton, Oxfordshire, et était chargé de matériel militaire, vers une base française hier soir, mais un "défaut technique mineur" a retardé son départ pour le Mali. Des informations sur le délai sont intervenues peu après que le Premier ministre ait fait ces commentaires au sujet des capacités de l'avion de transport militaire." A la décharge des anglais, la météo n'aidait pas non plus, il faut bien le reconnaître... ce week-end.

Un avion "capable" cloué au sol, voilà qui fait un peu tâche, ma foi, à en faire oublier la mise au point un peu laborieuse de la "merveille" des transports française, le A-400M Grizzly (ex "Atlas") de chez EADS, qui se fait beaucoup attendre. Le premier exemplaire opérationnel aurait déjà dû être livré à l'armée française, mais il est toujours dans les hangars, à cette heure, après la découvert du bris d'un pignon de réducteur d'hélice. Après plusieurs années de mise au point de ces moteurs surpuissants (ils produisent 11 000 ch chacun), ces derniers semblent toujours être son point faible, alors que l'ensemble est loin de démériter. Mais au rythme où ça se traîne on pourra bientôt parler de défauts de vieillesse et non de jeunesse, tant les militaires piaffent d'impatience. La livraison devant se faire impérativement avant mars de cette année, sinon EADS paieriait des pénalités... rappelons ici que la France en a commandé 50 exemplaires, pour la bagatelle de 8,4 milliards d’euros (soit 160 millions d'euros l'unité, et 235 millions de dollars). En comparaison, chaque C-17 acheté par Cameron vaut 200 millions de livres l'unité, (317 millions de dollars), alors que l'Air Force a payé les siens entre 260-270 millions l'unité. La Grande Bretagne devant acheter 33 "Grizzly", les premiers devant être fournis en 2014, si tout se passe bien. Ne restera plus alors pour tous les commanditaires qu'à avoir des équipages qualifiés, ce qui est difficile avec un avion trop souvent cloué au sol : "Airbus Military espère qualifier six équipages de l'armée de l'Air sur A400M d'ici juin 2013. Les deux premiers équipages (soit deux pilotes et deux copilotes) débuteront leur cursus en septembre prochain et devraient être qualifiés d'ici la première livraison de l'avion à l'armée de l'Air, programmée pour la fin 2012. Au premier semestre 2013, ce sont quatre autres équipages qui recevront leur QT A400M (qualification type)". Bref, nous n'y sommes pas encore. Ce n'est pas encore demain matin que les paras d'intervention de la DGSE en sortiront pour aller tenter de sauver des otages. Et pas encore demain non olus que les forces françaises pourront de projeter à l'extérieur sans demander l'aide de pays tiers. En ce sens, le mois de mars prochain sera don crucial pour l'armée française.

Un Grizzly pour achminer des blindés, assez loin grâce à un ravitaillement en vol sui vient de faire ses preuves (avec plusieurs types d'avions ravitailleurs). Pour acheminer des blindés, car, contrairement à ce qu'ont pu moquer les marionnettes des guigols hier, les islamistes et leurs Toyotas sont tout simplement mieux armés que l'armée malienne (! !!), qui frise l'inexistence, pour la résumer sans détours. Un documentaire sidérant de "C dans l'air" avait montré récemment le ridicule de l'armée malienne, obligée de s'entraîner... sans aucune balle, avec des soldats criant "poum-poum" pour faire le bruit de leurs armes vides.... Séquence incroyable expliquant toute l'inanité à croire qu'une telle armée pourrait freiner une offensive de 4x4 munis d'affûts de DCA capables de tirer bien au delà de la portée de leurs Kalachnikovs (ci-dessous un cliché véhiculé par SITE, qui tient bien sûr à faire des rebelles des gens de l'Aqmi).... L'armée malienne avait logiquement subi une déroute mémorable sous le gouvernement d'ATT, ce qui avait obligé ce dernier à investir à la volée dans quelques véhicules, achetés à l'Algérie. Des engins russes d'origine, construits sur place et équipés par les maliens de canons plus efficaces que ceux qu'ils possédaient jusqu'ici : "après la déroute du début de l’année, le Mali doit reconstituer ses forces, ce qui passe notamment par de nombreuses commandes d'armes. Aux véhicules qu'alignait encore Bamako en avril 2012 se sont ajoutés 142 véhicules tout terrain. Les techniciens des Ateliers militaires de Markala en ont modifié plusieurs, de manière à les équiper de mitrailleuses lourdes DShK de 12,7 mm ou ZPU de 14,5 mm, comme celles montées sur les 4x4 des rebelles. Car auparavant, les 4X4 de l’armée n'emportaient que des mitrailleuses SGM de 7,62 mm, d'une portée bien inférieure à ce dont disposait l'adversaire. Ce qui, dans le désert, constituait un terrible désavantage. L'achat de pièces de rechange a en outre permis la remise en état de 16 blindés BRDM-2 (ici à droite)auxquels s'additionneront bientôt les 19 BTR-60PB jusqu'alors bloqués à Conakry". Le Mali se fournissant ailleurs en armement léger : "en plus des armes lourdes, un rapport mentionne la commande par Bamako de 3 000 fusils d'assaut AK-47, en provenance d'un pays d'Amérique du Sud, sitôt le certificat d'importation délivré par la Cedeao, tandis qu'il est indiqué que la Chine a offert pour presque 2,5 millions d'euros d'équipement entre avril et juillet 2012." Le pays d'Amérique du sud n'étant autre qu le Vénézuela de Chavez....qui a relancé la fabrication de Kalachnikovs en 2006 en signant un accord avec Rosoboronexport (mais ça tout le monde l'a oublié depuis !).

C'est un fait en effet mal connu que jusqu'ici, les islamistes comme ceux du Mujao ou des autres illuminés religieux destructeurs de patrimoines de l'humanité possédent un armement plus efficace que celui de l'armée malienne : "selon un ancien responsable d'un service de renseignements français s'exprimant sous le couvert de l'anonymat, les armes de jihadistes ont été prélevées sur les arsenaux très abondants de l'armée libyenne de Kadhafi, soit achetées à des marchands d'armes internationaux". Pour Eric Denécé, les jihadistes disposent de fusils d'assaut kalachnikov, de fusils de précision, de mitrailleuses légères de 7,62 mm et de mitrailleuses lourdes de 12,7 et de 14,45 mm. Ces dernières peuvent être montées sur la plate-forme des pick-up tout comme les bi-tubes antiaériens de 14,5 mm ou de 23 mm (ZSU de conception soviétique) qui portent jusqu'a 2.500 mètres". C'est bien l'état de délisquescence de l'armée malienne qui est à l'origine de ses proprres problèmes, avec en prime l'attrait pour les plus jeunes d'aller combattre pour les terrosristes, qui... paient mieux leurs recrutés que l'armée officielle ! "Selon plusieurs témoignages, les nouveaux adhérents du Mujao touchent 75 000 Fcfa [114 euros] comme ”salaire” de base. Ces recrues suivent ensuite quelques jours, voire quelques semaines, de formation en dehors de la ville, dans une base des islamistes installée dans les locaux d’une entreprise de construction. Les nouveaux adhérents sont immédiatement affectés aux postes de contrôle de Gao avec un ancien, généralement arabophone, à leur tête. Toutes les personnes approchées à Gao s’accordent sur l’attrait de l’argent : les jeunes ont de la peine à résister à la tentation. ”Le Mujao est très riche. Il donne à manger à ses combattants, les paie régulièrement. Il finance même leur mariage avec des sommes impressionnantes. Il est difficile pour ces jeunes de résister”, concède un Ancien. " L'origine de leur fortune ne pouvant s'expliquer que par deux choses : le montant des rançons versées lors de prises d'otages (d'où la pratique locale, plutôt forcenée !) et surtout le trafic de drogue, celle rapportant le plus étant bien sûr la cocaïne, importée par avions-cargos entiers : voilà qui nous ramène à une saga bien connue ici. Celle du Boeing du désert. (**)

Le conflit actuel a en effet un grand responsable : l'ancien président malien, ATT (Amadou Toumani Touré), ancien chef de commando parachutiste, l'homme qui a abandonné son pays aux trafiquants, à un point que même Nicolas Sarkozy n'avait pas pu imaginer en allant déléguer de façon risquée un de ses observateurs pour aller voir ce qui se tramait du côté de Tarkint, là où les autochtones entendaient le soir des bruits de réacteurs de gros porteurs, suivis de ceux de nuées de 4x4 les ayant délestés de leur contenu. Le journal Seneweb l'avait parfaitement résumé : "les deux mandats du général Amadou Toumani Touré équivalent à 10 ans de recul démocratique ; à la déliquescence de l’autorité de l’Etat ; à l’institutionnalisation de la corruption généralisée ; à la délinquance financière et à la gabegie ; à la promotion de l’impunité ; à la fragilisation des partis politiques et à leur remplacement par des clubs de soutien ; à la restauration de l’ancien régime ; à la perte de l’intégrité du territoire national du Mali. Après la Guinée Bissau et la Guinée Conakry, le Mali est devenu la plaque tournante de la drogue en Afrique de l’Ouest. Conséquences : plusieurs personnalités du pays et la presse sont liées aujourd’hui à ce réseau dont les ramifications sont au-delà de notre pays. L’arrestation de trois jeunes maliens au Ghana par la CIA a été un coup de semonce dans le landerneau des narcotrafiquants". Un ATT qui avait freiné l'enquête tant qu'il pouvait, et dont la parodie de justice malienne qu'il avait mis en place a fini aussi par faire libérer, même après la fuite à l'étranger d'ATT, ceux-là mêmes qui avaient été jetés en prison comme responsables du trafic : en l'occurrence un français, toujours présumé pilote du Boeing du désert, mais aussi un trés dangereux trafiquant espagnol lié à des cartels colombiens. Il avait été relâché aprés avoir été pourtant accusé, preuve à l'appui, d'avoir tué et dépecé un de ses lieutenants colombiens frondeurs qui avait revendiqué sa part de gâteau des 10 tonnes de coke du Boeing. Un avion que notre espagnol, un ancien flic, avait tenté de faire redécoller en lui amenant lui-même un camion citerne chargé de kéroséne (***). Tout cela sous l'œil vigilant d'un homme de la DGSE déguisé en paisible expérimentateur agricole, vivant à l'hôtel â quelques kilomètres du lié du crash : l'ineffable Pierre Camatte, bien sûr, qui trouve aujourd'hui les "français bien seuls". Il parle aussi un peu désormais comme G.W.Bush, à vrai dire, ou plutôt... comme un militaire : "l’intervention de l’armée a été musclée et suffisamment puissante pour déstabiliser l’adversaire. Maintenant, il faut profiter de cette déstabilisation pour continuer. Il faut démontrer que la puissance est bien là et terminer le travail". 

Car ATT avait dû fuir son pays, après des révélations explosives.... faites par les services américains, dont les avions Dash qui survolaient le pays (****) avaient perçu le manège des trafiquants en 4x4, et établis les liens avec les hommes poliitiques en place, nous rappelle Seneweb : "les Américains, à travers leurs services des renseignements, auraient dressé une liste de cinquante (57) personnes toutes impliquées dans le commerce illicite de la drogue. Une copie avait été remise à Amadou Toumani Touré pour information. Et depuis, c’était la panique à l’époque dans l’entourage du président ATT. Mais depuis sa chute, le dossier serait sur le point de connaître son épilogue. Parmi les noms cités, on retrouve des ministres, des présidents des institutions de la République, de hauts cadres de l’administration publique même le cabinet et l’entourage immédiat de l’ancien président déchu avaient basculé dans la vente de la drogue. Aussi, certains hommes de la presse privée seraient- ils impliqués dans ce réseau mafieux d’où leur allégeance au Front uni pour la sauvegarde la démocratie et la République (FDR).Toujours selon nos sources, les services secrets américains auraient établi un paradoxe entre leur train de vie et leurs avoirs, qu’ils soient de l’administration publique ou du secteur privé". La découverte avait eu l'art de mettre en furie Nicolas Sarkozy en personne. ATT avait refusé de discuter avec les touaregs du MNLA (le Mouvement national de libération de l'Azawad), dont Paris s'était alors rapproché : de fervents opposants aux terroristes islamistes d'Ansar Dine.. , un mouvement à tendance autonomiste et avant tout laïques. Et anciens associés,pourtant, des jihadistes avec lesquels ils ont rompu avec fracas. "On n'a pas non plus digéré, à Paris, qu'ATT traîne les pieds en matière de coopération antiterroriste avec la France, qui a dû se replier sur le Niger pour installer ses militaires spécialisés dans la traque des djihadistes. Un sujet ultrasensible, dans la mesure où six ressortissants français sont toujours retenus au Sahel" : c'était bien ATT qui a fait enliser le dossier, pour la simple raison que la corruption dans laquelle baignait son pouvoir reposait aussi sur les profits réalisés par les trafiquants ou les preneurs d'otages.

ATT avait tout raté, tout fait saboter : c'est Wikileaks, en prime qui l'avait confondu, en révélant combien de temps il avait laissé aux trafiquants pour supprimer le maximum de traces sur le Boeing 727 retrouvé calciné en plein désert, bloquant ainsi les avancées de l'enquête qu'il avait été contraint d'accepter, en traînant le plus possible les pieds. Lassé, Sarkozy avait selon certains laissé faire, sinon aider à sa réalisation ce qu'ils appellent un "semi coup d'état". Organisé en plein accord avec les USA, d'autres (algériens ceux-là) faisant remarquer la présence aux USA du chef des putschistes, le capitaine Amadou Sanogo, sorti tout droit de Fort Bragg, l'endroit où est née la sinistre School of America qui a produit une bonne poignée de dictateurs dans le monde. "Les causes diffèrent et les objectifs aussi. Si Paris avait espéré une prise de Bamako par la rébellion touarègue, très présente en France, Washington cherche, aussi, une prise de Bamako par des militaires anti-rébellion. Ni Paris, ni Washington n'ont exigé le retour de Touré, un président, pourtant, élu démocratiquement, mais qui se trouve, aujourd'hui, en fin de parcours. Sarkozy fait semblant de dénoncer le putsch, mais sans exiger le retour du président malien. Il est certain que Paris ne pleurera pas Amadou Toumani Touré" notait non sans justesse le portail de la Presse Agérienne. En France, il y en avait toujours pour ne pas voir la réalité d'un président ayant transformé son pays en narco-état. Mais ce sont les mêmes, il est vrai, qui trouvaient Kadhafi si sympathique !

Amadou Toumani Touré aura donc menti sur toute la ligne nous affirme Jeune Afrique : "à Bamako, 2011 aurait pu mieux commencer. Fin décembre déjà, le président Amadou Toumani Touré (ATT) réagissait aux propos sévères tenus par des diplomates américains – propos dont WikiLeaks s’était fait l’écho. À ceux qui qualifiaient les militaires maliens d’amateurs, ATT rétorquait  : « Cette armée est bonne. Que ceux qui ne le croient pas viennent s’y frotter  ! » Mais début janvier, le Mali s’imposait à nouveau – et bien malgré lui – dans les colonnes de la presse étrangère. S’appuyant une nouvelle fois sur des câbles de WikiLeaks, le quotidien français Le Monde affirme que le pays est « un carrefour en devenir du trafic de drogue » et que le vol d’« Air Cocaïne » (surnom donné à un Boeing 727 qui transportait de la drogue et dont la carcasse incendiée a été retrouvée dans le nord-est du pays en novembre 2009) a bénéficié d’une « protection en haut lieu ». Selon Le Monde, l’aviation civile malienne s’était notamment vu interdire d’enquêter sur le crash. Des révélations embarrassantes auxquelles ATT – bien qu’agacé – s’est gardé de réagir officiellement lors de la présentation de ses vœux aux diplomates en poste à Bamako. Mais en aparté, ATT a affirmé que « cela fait plus d’un an [qu’il] demande que les pays qui le peuvent [lui] transmettent les informations à leur disposition sur le Boeing ». Au Monde, qui affirme aussi qu’un suspect dans un crime lié à « Air Cocaïne » s’est évadé, Kolon Coulibaly, spécialiste de la lutte contre le crime organisé auprès du ministère malien de la Justice, répond  : « C’est faux  ! Le prisonnier est encore à la maison d’arrêt. »  Peu de temps après, en août 2012, c'est la justice mise en place par ATT qui faisait sortir Miguel Angel Devesa, celui qui avait été supris à avoir dépecé son ancien collègue trafiquant. ATT avait déjà rejoint le Sénégal, là d'où avait son entreprise d'aviation le français impliqué dans le trafic, un appareil surpris à mainte reprise en Guinée Bissau, terre d'accueil de la cocaïne colombienne (voir plus bas mes épisodes sur "Coke en Stock"). Le Sénégal, où l'on pouvait croiser d'autres "vedettes" locales, dont le sulfureux commissaire ou le trafiquant Eric Walter AmeganATT avait été renversé par des militaires qui depuis le 24 janvier lui en voulaient pour avoir laissé massacrer 70 des leurs à Aguelhok (localité du Nord du pays) par les rebelles touaregs, faute de matériel militaire adéquat. Le 21 mars, le palais présidentiel saccagé par les miltaires, ATT faisait ses valises, direction le Sénégal, qu'il rejoignait plus tard, après s'être échappé en braquant avec ses fderniers idèles une Mercedes sur son passage. Une fuite pitoyable et rocambolesque vers le Sénégal, terre d'accueil des trafiquants sous l'ère Wade.

Qu'en est-il alors de celui qui l'a renversé, le capitaine Sanogo ? Il exerce depuis le mutisme le plus complet à vrai dire, et il a tout intérêt ;, tant les militaires sont eux-mêmes impliqués dans les trafics, notamment de drogue : "Cela ressemble au jeu du chat et de la souris" précisait RFI en août dernier. "Les Nations unies réclament depuis plus d'un mois une requête précise à la Cédéao (Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest) et aux autorités maliennes pour appuyer le déploiement d'une force régionale ouest-africaine au Mali. Pour justifier cette défaillance, la Cédéao se justifie en expliquant attendre de son côté la demande formelle de Bamako. Mais Bamako, qui n'a toujours pas réussi à constituer de gouvernement d'union nationale, ne répond pas. Et pour cause : les putschistes du 22 mars refusent qu'une force étrangère débarque sur leur sol. Jeudi, dans l'entourage du capitaine Sanogo, on réaffirmait que l'armée malienne n'accepterait qu'un appui en matériel et logistique". Il y a peu, ici, je vous avais déjà expliqué pourquoi il se taisait tant. Des soldats étrangers chez lui, c'est la démonstration de son incompétence militaire, et la crainte qu'ils découvrent que le trafic de drogue soit aussi une affaire de militaires.

Il se taisait, car depuis quelque temps on avait trouvé pire encore : dans le pays, même les rançons des prises d'otages étaient détounées ppur atterrir dans les banques des mafieux : "ce qu'avait révélé le 20 décembre 2010 Wikileaks allait plus loin encore nous avait révélé le journal du Mali : "une banque malienne, dont le nom a été flouté par WikiLeaks, est citée pour avoir « blanchi » l’argent des rançons versées à Aqmi en échange de la libération d’otages. Un télégramme relate aussi les malheurs du diplomate Anton Prohaska, chargé par Vienne de négocier avec les ravisseurs d’un couple d’Autrichiens détenu dans le nord du Mali. Il y a là toute une faune de faux intermédiaires, d’agents doubles et d’escrocs en tout genre… Rien n’aurait été épargné au malheureux Prohaska, selon les diplomates en poste dans la capitale malienne". La corruption, au Mali, régnait et règne toujours en plus haut lieu, et le pauvre Modibo Diarra en a aussi fait les frais. C'est une mafia qui dirige le pays, devenu le clone du Mexique ou de la Colombie, ou plus près de lui de la Guinée-Bissau (et "son pilote" attitré, le fameux colombien Carmelo Vicente Vázquez Guerra, dont le frère pilotait au Mexique le DC-9 aux 4,5 tonnes de coke, et qui mène encore plus loin !).

Car l'argent des rançons rapporte à beaucoup de gens : "un rapport du gouvernement suisse en 2010 a confirmé que le pays avait dépensé 5,5 millions de francs suisses (5,9 millions de dollars) l'année précédente pour libérer deux otages détenus au Mali. Une déclaration distincte parlementaire a révélé que près de 2 millions de francs ont payé le personnel suisse impliqué dans l'opération. Un porte-parole du ministère des Affaires extérieures a refusé de dire où le reste de l'argent avait disparu. "Il n'y a pas d'otages qui a été libéré sans rançon. Vous devez être réaliste," a déclaré à Reuters un fonctionnaire du haut-Ouest africain qui a une connaissance directe des négociations d'otages. « L'Occident a financé AQMI en payant des rançons pour les otages". L'argent a permis au groupe d'acheter de la nourriture, du carburant, des armes et de la faveur des populations locales dans les zones reculées du nord du Mali. Les frais ont augmenté aussi - AQMI demande actuellement € 90 millions (117 millions de dollars) pour la libération de quatre travailleurs français qui ont été capturés dans une mine d'uranium au Niger à la fin 2010". On est bien au stade des "gangsters-jihadistes" note l'article de NBC News.

Depuis 2009, au minimum, cette guerre menée est bien celle contre des trafiquants liés à des cartels colombiens et à des gangsters preneurs d'otages et non seulement à des islamistes salafistes dont les démonstrations de force religieuse baignent chaque jour davantage dans le grotesque le plus complet. Ils parlent d'instaurer la charia alors qu'ils en seraient les premiers visés par leur complaisance â entretenir un réseau de drogue qui en font des millionnaires, et pratiquent une terreur auprés de la population qui les discrédite chaque jour un peu davantage auprès des musullans véritables. Des paradoxes vivants, voulant retourner des siécles en arrière au quotidien tout en s'étant assis sur pactole d'argent (une forme de capitalisme que certains banquiers européens ou américains ont blanchi !) bien mal acquis et contraire aux principes de l'islam dont ils se revendiquent, Les émirats arabes ont inventé l'hypocrisie sur l'alcool ou le sexe (les émirs viennent goûter à la prostitution à Marrakech, par exemple, c'est de notoriété publique), ceux lâ baignent dans ceux des immense profits qu'ils réalisent avec la revente de cocaïne. Pourfendeurs officiels de la décadence europeéenne de la jet-set, dans leur communiqués d'un autre temps, ils en sont les principaux pourvoyeurs en drogue, via leurs pays relais ou le Maroc mais aussi l'Algérie, où le trafic de coke à augmenté de 790% cette année, avec plus de 16 tonnes saisies !) deux pays qui jouent un grand rôle (d'où le silence relatif de ces deux pays sur les opérations en cours....) dans la dissémination de la cocaïne remontée du Sahel.

On en est là, donc, depuis hier. Des soldats français, jusqu'ici, étaient morts pour défendre le trafic de l'opium en Afghanistan placé sous la houlette de la famille Karzaî. Ils meurent désormais pour tenter d'éradiquer un fléau similaire au Mali. En ce sens, on pourra dire que leur action est davantage salutaire que la précédente, sans porter d'autres jugements sur le bien fondé politique de l'intervention. Un soldat y a,hélas, déjà perdu la vie : Damien Boiteux, 41 ans, père d'un enfant, le pilote de Gazelle blessé mortellement, décédé faute de blindage suffisant à bord de son hélicoptère. Un manquement que le perspicace général Desportes explique ainsi : "l'hélicoptère est particulièrement efficace, mais vulnérable car il combat très près du sol. Quand on fait la guerre, il y a des morts, c'est comme ça. Ce qui serait surprenant, c'est qu'il n'y en ait pas. En face, on parle tout de même de centaines de morts". Et d'ajouter : "En Libye, parmi les hélicoptères utilisés, on pouvait compter sur les Tigre partiellement blindés. Ce n'était pas le cas au début de l'opération malienne parce qu'on a envoyé sur place les équipements immédiatement disponibles sur nos points d'appui dès la décision de François Hollande. L'hélicoptère dans lequel est mort l'officier français venait du Burkina Faso. Mais ce type d'engin, qui n'assure pas une protection totale de son équipage, permet des tirs ajustés tout en évitant les dommages collatéraux". Damien Boiteux ne s'était pas posé la question de sa propre protection quand il a reçu l'ordre d'attaquer. Que sa mémoire soit ici saluée.

En Somalie, le trafic existe (celui des armes, surtout, selon la tradition du piratage) mais on a davantage affaire à un mouvement religieux, et le choix tactique fait pour récupérer un otage, officier de la DGSE c'est soldé par un fiasco, hélas. Cela devrait impliquer dans les jours qui viennent quelques changements de postes chez les responsables militaires français, en raison d'un préparation d'opération qui semble un peu curieuse vu de l'extérieur (avec le dépôt des agents à 3 km de la cible, notamment) qui a impliqué semble-t-il le décès du malheureux agent de la DGSE. Son corps (ici à droite) vient d'être l'objet d'une mise en scène islamiste macabre, tant il m'étonnerait fort que dans son service on ait pu l'autoriser à porter un insigne religieux (une croix) susceptible de le faire aussi facilement reonnaître dans un pays aussi attentif aux signes religieux. Ce soir, on annonçait la mort d'un second soldat, dont les islamistes feront encore une fois, hélas, une manipulation, c'est à craindre en effet. L'œuvre de manipulateurs de la religion, la plus obscure possible, tant qu'à faire, pour maintenir la population dans l'inculture la plus complète, si propice aux dictatures, un prétexte à cacher une mafia de profiteurs de guerre de trafiquants d'armes, ce cigarettes et de cocaïne ou vivant grassement des sommes considérables abandonnées pour la libération de leurs otages. On est loin de l'intervention en Libye, fomentée, on l'a vu, bien avant qu'elle ne débute. Très loin même : la présence inattendue au Mali du C-17 canadien est là pour le prouver. Il a fallu décider et faire vite, si on ne voulait pas que la capitale tombe aux mains du terrorisme. On pourra le reprocher, mais vu ce qui s'y passe depuis 2009, on peut considérer son gouvernement comme étant aux abonnés absents, et son armée une armée fantoche : cela faisait trois ans maintenant que le pays n'existait plus dans les faits.

Cela, je vous l'avais dit le 12 décembre dernier déjà :  "cette libération infâme, cet été (celle de Devesa et de ses complices) , marquait la fin déjà de la démocratie au Mali : seul un état dictatorial peut autant se permettre de pactiser avec des assassins ayant fait des aveux complets. La junte au pouvoir, toujours dirigée par l'énigmatique Sanogo qui a prétendu jusqu'ici avoir respecté les formes constitutionnelles a franchi hier le cap : à la place d'un ATT protecteur des trafquants de drogue, voilà l'armée, principale bénéciaire du trafic, qui reprend le pouvoir ! Pour Sanogo, ce débarquement du premier ministre nommé est son second coup d'état en moins d'un an. Et ce véritable coup d'état bis bloque tout le pays, car il empêche l'intervention militaire commune décidée récemment. "

 

(*) l"appareil est réputé comme ne présentant pas tous les critères de fiabilté qu'avaient ces prédécesseurs tel le C-141 Starlifter (qui lui avait surtout des réacteurs capricieux) : tout son programme a été émaillé d'incidents techniques , et de dépassements de coûts récurrents. Un rapport de 1997 l'assassinait déjà. Pour décoller et se poser fort "court", il actionne derrière le flux de ses réacteurs chauds de grands volets de bord de fuite, qui, même réalisés en titane, ont tendance à faiblir rapidement, ce qui oblige à les changer rapidement. L'appareil a des réservoirs qui fuient, son "allonge" est trop courte, son plancher en aluminium ne résiste pas longtemps aux charges, ses ailes ne peuvent supporter un décollage à pleine charge avec le plein de kérosène : c'est soit l'un soit l'autre (il a fallu choisir entre réacteurs plus puissants et charge, résultat il vole toujours à moitié vide). Son train d'atterrissage complexe à la cinématique particulière reste capricieux. Combre du "modernisme" : l'engin, conçu à une époque où le design sur ordinateur n'existait pas à l'époque, est difficilement modifiable : il faut se plonger dans une liasse de plans de papiers pour le faire. L'adjonction de l'électronique embarquée, faite après sa construction, a été un cauchemar avec 19 différents "computers" et pas moins de "80 microprocesseurs", "le logiciel de vol tenant sur 1.3 million lignes de code" : un autre délire en cas de défaillance. La fiabilité n'a jamais cessé de descendre depuis après avoir atteint à son maximum 80% de taux d'attrition. On pense qu'aujourd'hui seuls 50% des appareils tournent correctement. L'avion revient aujourd'hui à 400 millions de dollars pièce à produire, car sa chaîne de production a été relancée après un arrêt, si bien que les anglais l'ont payé en dessous de ses coûts de revient réels....selon une étude, en effet on passe en moyenne 25,8 heures à le construire là où une chaîne moderne disposant de plans informatisés met... une seule heure ! Le programme C-17, faute de nouvelles commandes, devrait logiquement voir sa chaîne de production arrêtée en 2014. L'engin, vieilli prématiurément lors des guerres récentes auxquelles il a participé, sera en prime retiré plus vite que prévu du service. L'occasion rêvée pour EADS de tenter le marché américain : "pour Sean O'Keefe, chief executive d’EADS North America il n’y a pas de doutes : « les représentants du Pentagone sont très attachés à la versatilité de l’appareil européen. Il aura une rupture indéniable dans les capacités de projection américaine au milieu du siècle. Ceci coïncidera exactement avec la montée en cadence de la production d’A400M." Pour l'instant, la seule proposition concurrente de Boeing a été de dessiner un C-17 mis au régime avec un fuselage plus étroit, permettant juste à deux blindés Sryker de rentrer sans peine à l'intérieur. Les américains viennent de découvrir les régimes amincissants !

(***) Lire notamment :

http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/coke-en-stock-i-le-boeing-du-88398

http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/coke-en-stock-ii-a-la-recherche-du-88401

http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/coke-en-stock-iii-un-boeing-et-des-88403

http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/coke-en-stock-iv-boeing-touaregs-88404

http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/coke-en-stock-xxii-retour-en-90909

http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/coke-en-stock-xlvi-le-volet-tres-101654

http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/coke-en-stock-xlvii-les-intrigues-101694

http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/coke-en-stock-lii-les-fameux-101812

http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/coke-en-stock-xlviii-le-flic-ripou-101711

(***) un des deux se crashera (faute d'essence !) le 19 novembre 2009 à Tarakigné, à 30 km de Kolokani, au Mali. Officiellement, cet avion de la CIA était loué à une entreprise qui s'appelait "Win Win Aviation" après avoir été utiisé par Horizon Air aux USA et ensuite par L-3 Comms. Les deux pilotes en faisant le plein à Nouakchott n'avaient pas emporté assez de kérosène. L'appareil avait deux régistrations ; une civile, le N355PH, et l'autre militairen le 97-0500. Les morceaux sont stockés depuis au Cotswold Airport de Kemble ( Gloucestershireen Angleterre, chez Air Salvage International (ASI).

(****) Devesa, lors de son arrestation a fait un aveu de taille : "en outre, l'Espagnol arrêté au Maroc affirme avoir convoyé un camion de kérosène vers Tarkint, petite ville du nord est malien. Or, depuis novembre 2009, cette localité est associée dans les mémoires maliennes à un avion que la presse a surnommé le « Boeing d'Air Cocaïne ». Pendant trois semaines, les autorités de Bamako avaient alors caché l'atterrissage en plein désert de ce B727, dont la cargaison, de 5 à 6 tonnes de cocaïne destinée à l'Europe, avait disparu. L'avion n'avait pas pu redécoller, sans doute à cause de la mauvaise qualité du kérosène convoyé. Il avait alors été volontairement détruit par le feu." C'est la clé du mystère : on avait bien tenté de faire redécoller le Boeing, en lui apportant un camion d'essence : ce qui laisse entendre que l'avion est resté cloué sur place plus longemps que prévu. D'où le peu d'empressement du pouvoir en place à voir débarquer tout de suite des enquêteurs. Devesa était bien lié, avec Vernay, au Boeing de la cocaïne." Et cet homme a été libéré !!!


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