L’Intelligence universelle, matrice de l’intelligence humaine et du devenir du monde

par Hamed
mercredi 16 août 2023

 Tout être humain peut se poser cette question ou s’est posé cette question : « Quel est le sens de notre existence ? » Certes, la philosophie, les religions, les méditations bouddhistes, hindouistes, sont à maints égards utiles pour la perception de notre être ; elles viennent conforter ce que nous savons de nous-mêmes, de notre vécu, de l’itinéraire de notre existence en termes de réussites, d’échecs, d’espoirs. Et tout être humain qui a vécu ces situations, surtout si elles l’ont marqué, ne comprenant pas souvent ce qu’il lui arrive surtout en mal, cherche à se libérer pour regagner la quiétude de son être. Certains diront la quiétude de son âme. Ce faisant il comprendra mieux son existence, son quotidien.

Mais il demeure que nous devons comprendre le sens de notre vie, sans pour autant être philosophe, psychologue, ou adepte du zen ? L’être qui est en nous et nous donne ce soi en nous et ce soi du monde qui nous est extérieur nous est caché ; nous sentons en nous quelque chose que nous ne connaissons pas et qui elle nous connaît sans pour autant arriver à dire ce que c’est ; sans réponse, nous restons donc dans ce nous, dans ce soi, bref nous existons, nous pensons, nous agissons, nous faisons notre vie.

Cependant, insistons : « Comment peut-on concevoir notre existence ? Comment peut-on comprendre le sens de notre vie ? Qui sommes-nous ? » Nous nous savons éphémère, nous existons, et un jour, nous disparaissons comme si nous n’avons jamais existé. Et tous les hommes sont appelés à subir ce sort. Sortis du néant, nous retournons au néant. Pourquoi ce nous-sommes ? Qu’en est-il de nous ? Qu’est-il ce Je qui pense en nous ? D’autant plus que parfois, nous sommes confrontés à l’absurdité de la vie ; quand nous voyons tant de souffrances qui frappent les êtres humains, que ce soit le chômage, la pauvreté, la misère, la maladie, ou les crises économiques et les guerres meurtrières qui, du jour au lendemain, déstabilisent des populations entières avec leur lot de souffrances… ou simplement, au-delà de ce qui ressort de ces situations, nous nous demandons pourquoi cette existence. Nous pensons parfois mal cette existence, comme si elle n’a pas de sens.

Nous ne sommes pas toujours objectifs, pris par nos égoïsmes, souvent nous sommes confrontés à cette pensée qui pense qu’au fond l’égoïste ne se sent pas égoïste, c’est sa nature qui prend le dessus. Ou encore celui qui fait du mal ne se sent pas faire du mal. Aussi, comment nous connaître ? Comment prendre prise de notre existant ? Comprendre nos joies, nos angoisses et apprendre à les maîtriser ? Et c’est important pour notre sérénité intérieure, pour lutter contre les projections des autres, de nos propres problèmes refoulés de l’existence qui remontent à la surface et prennent le pas sur nous. Combien même nous sommes sereins, ou paraissons l’être, intérieurement nous ne le sommes pas et nous ne le montrons pas. Comment faire pour comprendre ce mal-pensé ? Qui, au fond, quoi que l’on dise, est naturel puisqu’il prend en nous ; nous ne pouvions le plus souvent lutter contre ; nous sommes simplement ce que nous sommes ; le monde est ainsi fait.

Pour avoir une idée de ce Je pensant ou, plus généralement, ce Nous pensant, l’homme est lié intimement à son prochain. Tout individu qu’il est, son existence relève de l’autre, d’autrui, de la société dont il fait partie. En joies ou en déception, au sein de cette société, il s’assume et construit son existant.

L’auteur bouddhiste zen belge Robert Linssen écrit sur cette vision cachée de l’être : « Le destin est souvent défini comme l’expression d’une volonté divine réglant les événements futurs d’une façon fatale ou irrésistible. Nous ne perdrons pas notre temps à nous intéresser aux querelles ayant trait au libre arbitre et au déterminisme. Nous préférons examiner directement les aspects pratiques et théoriques de ce que l’on appelle communément « notre destinée » et « notre liberté.

De nombreux penseurs d’Orient disent que l’homme peut être maître de « son destin ». Diverses écoles de yoga et de nombreux groupements d’entraînement psychologique enseignent des méthodes de méditation de plus en plus variées. Certaines enseignent la concentration, d’autres le développement de la volonté, de l’instinct de puissance, d’autres encore proposent des techniques apportant un certain apaisement du mental et du système nerveux par la répétition de syllabes, sons, mantras.

Quel est le point de vue des Maîtres de l’Eveil concernant ces problèmes ? Ce point de vue peut-être résumé de la façon suivante. Il y aurait pour l’être humain deux possibilités de « destin » ou, si nous n’aimons pas ce terme, disons qu’il y aurait deux possibilités de comportement dans la vie.

 1. La première possibilité est celle vécue par l’immense majorité du genre humain. Elle consiste en une obéissance totale aux suggestions émanant du « Vieil homme », c’est-à-dire de cet immense réseau de mémoires formant le « moi ». Cela se traduit en acte par diverses attitudes très connues : recherche du pouvoir, instinct de domination, recherche de sensation, avidités constantes, conjugaison du verbe « avoir et avoir plus », grandir. A ce niveau l’homme se croit libre. Pour lui, être libre consiste à faire ce qu’il lui plait, quand cela lui plait et ou cela lui plait. En fait, du point de vue des Maîtres de l’Eveil, cet homme est prisonnier des fantaisies que lui suggère son conscient et surtout son inconscient. Ce conscient et cet inconscient ne sont que mémoire. [...]

Du point de vue des maîtres de l’Eveil, l’homme n’est que mémoire, physiquement, biologiquement et psychologiquement. Il n’y a donc pas de véritable liberté. Pourquoi ? Parce que toute liberté véritable implique un dépassement de la mécanicité de notre existence. Là, où il n’y a qu’habitude, répétition, emprise totale des automatismes de la mémoire, il n’y a pas de liberté. Tout le comportement de l’être humain subit entièrement la pesanteur de la mémoire. Il n’y a pas de création mais expression d’une routine suggérée par le réseau des mémoires formant l’être humain, physiquement et psychologiquement. »

En dépit de ce qui vient d’être dit, certains diront qu’ils sont libres parce qu’ils décident eux-mêmes de forger « leur destin » selon des directives qu’ils choisissent et s’imposent de propos délibéré. [...]

Pour ces diverses raisons, répétons-le, les Maîtres de l’Eveil considèrent que le comportement de l’homme dit « normal » ne comporte ni n’exprime aucune liberté réelle.

 2. La seconde possibilité de comportement dans la vie, envisagée par les Maîtres de l’Eveil, est très différente. Elle a pour début, une prise de conscience approfondie du caractère mécanique de nos opérations mentales et, en général, de la mécanicité de notre comportement. Cette prise de conscience révèle l’ampleur de l’action des mémoires du passé sur le présent. Elle révèle également le caractère illusoire et artificiel de la conscience égoïste qui nous est familière.

En fait, dans la seconde possibilité, le « moi » est dissous. Cette attitude est définie par diverses expressions suivant les auteurs. Pour Krishnamurti, par exemple, ce sera « la passivité créatrice », ou encore « la lucidité sans choix ». Les anciens taoïstes conseillaient de « laisser l’Empire du Réel être Sa propre loi en nous ». Tout le mysticisme chinois du taoïsme ou du Ch’an se résume dans la notion du « Wei Wu Wei ». La traduction française pourrait être faite de la façon suivante : « agir sans faire ». Mais attention ici ! Cet « agir » n’est plus le résultat des suggestions du « moi », il n’émane plus de la constellation énorme de mémoire. Cet « agir » est le mouvement pur de la Réalité Suprême. A ce niveau, les mots sont des pièges car ils tendent à nous suggérer des images qui sont précisément empruntées au réseau de mémoires dont il est nécessaire de nous affranchir. [...]

L’histoire de l’Univers serait celle d’une énorme symphonie formée de milliards de notes. Le déroulement de cette symphonie ne résulterait pas d’un calcul ni d’un projet. Ce sont là des concepts inadéquats et des projections anthropomorphiques. Il s’agirait plutôt d’un jeu, sorte de Jeu Cosmique évoqué par le terme sanscrit « Lila ». Nous trouvons ici un climat de liberté, de gratuité, de création, de non-mécanicité, de non temporalité. Chacun de nous possède un son unique, spécifique au cœur de l’immense symphonie. [...]

Il existe deux façons de faire résonner le caractère unique de la note que chacun de nous occupe dans la Grande Symphonie. Une mauvaise façon et une bonne. La mauvaise est celle que vit l’immense majorité du genre humain. Elle consiste en une identification complète aux mémoires accumulées. Cette identification conduit à des conflits, de la violence, de l’avidité. Chacun l’exprime à sa façon d’une manière particulière. Mais il s’agit de toute évidence d’une situation conflictuelle.

 La bonne façon de faire résonner le son unique de la note que nous sommes, consiste à laisser œuvrer en nous librement la Réalité Suprême. Donnons-lui le nom que nous voulons. Nommons- la l’énergie pure, ou la substance, ou le Vide. Elle est au-delà de tous les noms et de toutes les catégories. C’est alors que se révèle à nous un aspect inconnu de l’Amour.

Mais ce terme doit être dégagé des automatismes qu’il nous suggère. Il s’agit plus exactement de « l’Amour état d’Etre ». A ce niveau certains malentendus peuvent se présenter. Ils constituent à certains égards un danger pour ceux qui se seraient engagés uniquement dans ce que l’on appelle en Inde le Bhakti Yoga, le Yoga de la dévotion et de l’amour. [...]

 Nous nous trouvons ici devant une situation qui dépend de ce que les orientaux appellent le « Karma ». Le problème de la liberté et du destin ne peut être traité sans envisager sommairement le fameux processus du karma. Celui-ci est différent pour chaque être humain mais il se trouve intimement lié à un karma collectif dont les origines sont très anciennes.

La loi de karma est celle de la cause et de l’effet. Elle est régie par un processus mécanique de causalité mais elle a pris naissance dès la formation d’un univers, dès les premières interactions entre les constituants ultimes de la matière. Nous en sommes tous l’aboutissement et la concrétisation.

 Nous savons actuellement que tout a été retenu, que rien n’a été oublié dans l’immense réseau de milliards de mémoires qui s’est tissé depuis l’origine de l’univers jusqu’à l’homme.

Mais chaque être humain possède un caractère unique. Cette singularité résulte d’événements, d’actes qui ont illustré sa vie propre ou ses vies antérieures (pour ceux qui croient à la réincarnation). Mais cette unicité et cette singularité sont englobées dans l’immense réseau de mémoires et de causes à effets illustrant l’histoire d’un univers. Telles sont les raisons pour lesquelles les Eveillés qui sont libérés psychologiquement de l’identification à leur « moi » n’ont pas tous les mêmes incidents, le même karma.

 La seule façon de résoudre adéquatement le problème du karma collectif dans ses rapports avec le karma personnel consiste à pratiquer un yoga véritablement intégral. Celui-ci implique sur le plan spirituel ou psychologique une disponibilité parfaite mais sur le plan physique un exercice intensif du corps. [...]

Mais n’oublions cependant pas qu’aussi longtemps qu’un corps physique existe, ce corps comporte des lois, des automatismes qu’il faut respecter tout en ne laissant pas ces automatismes s’étendre sur le plan spirituel profond. C’est en cela que réside la difficulté expérimentale. Ainsi que l’exprimait Carlo Suarès dans sa « Comédie psychologique » : « sur les ruines de l’entité qui s’écroule une autre entité est toujours prête à se reconstruire ». (1) 

 Comment comprendre l’approche du Dr Robert Linssen sur le problème de la liberté et du destin ? Il énonce deux possibilités de comportement, celle de l’immense majorité du genre humain qui doit une obéissance totale aux suggestions du « Vieil homme », celui-ci défini comme un immense réseau de mémoires formant le moi de chaque être humain. On peut comprendre que l’homme non seulement n’a pas de liberté réelle, de liberté propre qui émane de lui, mais qu’il ne s’est pas choisi pour être, qu’il est simplement, qu’il existe dans le monde.

Cependant, l’homme s’affirme en tant qu’existant dans la vie. Parce qu’il se sait un être libre, faire ce qui lui plaît, accomplir ses désirs sans obstacle ni contrainte. Et cette liberté se confond avec son libre-arbitre qu’il a en pleine conscience. Mais s’il est libre dans ses choix, il demeure que ses choix sont aussi conditionnés par le choix de ses semblables. Le libre-arbitre ou liberté personnelle (le je, l’ego) passe alors à la liberté avec les autres (lui, il n’y a plus de je libre), où le je se dissous dans la liberté collective. L’homme n’est plus seul, le libre arbitre de chaque homme e0ntre en contact avec celui des autres. C’est pour cela que l’on énonce libre-arbitre et liberté de l’homme. La liberté de l’un se termine là où commence celle des autres. Mais il demeure que la liberté relève toujours du libre-arbitre qui, s’il n’est pas canalisé, qu’il empiète sur le libre-arbitre de l’autre, peut déboucher sur un conflit.

Cette croyance à son libre-arbitre, à son ego, l’homme la doit à sa pensée, et cette pensée, dont il ne sait rien sinon qu’il pense, lui est donnée aussi. Aussi peut-on s’interroger et cela est primordial pour la compréhension du sens de la liberté de l’homme. L’homme pense-t-il sa pensée puisque celle-ci lui est donnée ? Où est-ce que la pensée pense en lui ? Ce qui est une possibilité. Pour être rationnel, il faut poser les deux cas possibles. Il est évident que dans la vie réelle, l’homme ne se sent pas être pensé par sa pensée, mais il se sent penser cette pensée. Et heureusement pour l’homme et son existence, car s’il avait pensé ou plutôt s’était pensé que sa pensée pensait en lui, c’est toute son existence qui serait bouleversée. Il pourrait n’avoir pas prise sur la réalité, devenant un simple instrument, un objet de sa pensée. D’où le doute permanent de son être. Précisément, il pense sans qu’il ait besoin de savoir qu’une pensée pense en lui, et que cette pensée qui est à lui, sa propre pensée, lui permet de prendre connaissance du monde, d’exister dans son existant.

Dès lors, cette croyance qu’il pense sa pensée est essentielle dans la prise de son être sur l’existence, qui lui est aussi donnée pour qu’il puisse croire qu’il pense, et par conséquent, use de son libre-arbitre dont il est conscient. Parce qu’il a conscience de son libre choix sur les choses, comme sur sa libre faculté de juger de tout ce qui a trait à son existence, aux événements qui lui arrivent dans sa vie, ou encore sa faculté de vouloir, et tant d’autres choses qu’on ne peut étaler mais aussi ce qu’il subit en retour, comme amour, désamour (refus de lui ou de l’autre qui entraîne espoir ou désespoir), sens de la vie, peur, angoisse de la vie, pauvreté psychique ou physique, richesse, santé, ambition, réussite, aspiration à un mieux vivre, sa place dans l’échelle sociale, le destin qu’il n’a pas choisi, etc.

L’être humain est donc un tout par ce qui lui arrive en tant qu’être pensant et agissant. Tout est insufflé en et par sa conscience. Ce qui veut dire que la conscience est le réceptacle de toutes ces facultés, s’érigeant presque en instance humaine suprême qui lui fait connaître sa propre réalité et aussi la réalité du monde.

Un homme qui perd conscience, i.e. s’évanouit, perd aussitôt connaissance de lui-même et du monde. En recouvrant sa conscience, l’être humain revient à la vie ; s’il ne recouvrait plus sa conscience, et reste néanmoins vivant, son cœur bat toujours, il reste vivant mais dans le coma. Nombreux sont ceux qui sont restés des années dans le coma, soit ils sont revenus à la conscience, soit, à la fin, leur fut retiré le tube qui les alimentait, et ils sont morts.

Donc, si nous réfléchissons sur l’état de conscience d’un être, cette conscience nous apparaît comme l’instance suprême dans ce sentir vivre, se sentir exister, se sentir les choses. Elle lui donne ce sentiment d’exister, cette sensation d’être, ce sentiment de vouloir ou de ne pas vouloir, de n’être pas là pour simplement être là. Que la vie lui est donnée pour prendre de cette vie, réussir ce pourquoi il est, et peu importe ce qu’il pourrait entreprendre puisqu’il doit entreprendre. Et c’est à cette conscience que nous devons notre existence.

A cette conscience, est branchée notre mémoire, nous ne mémorisons que par notre conscience, et à elle se superpose ou se réunit en elle l’inconscient qui n’est pas conscient mais qui peut venir à la conscience.

La psychologie des profondeurs a fait ressortir l’inconscient ; cet inconscient peut s’exprimer de différentes manières puisqu’il est inconscient ; mais c’est à notre pensée de nous éclairer et d’ailleurs d’elle nous vient cette conscience. Par exemple, l’homme par intuition peut penser qu’en fait, il puise tout de cet inconscient dont il ne peut limiter le pouvoir ni l’étendue. Il le fait par intuition, une faculté qui ressort aussi de sa conscience, qui lui est donnée. Une connaissance qui fait irruption dans la conscience sans qu’il ne sache comment. En clair, une intuition est aussi une pensée qui vient de notre inconscient.

Mais, dans la conscience que l’homme a sur le monde, il y a encore deux autres instances essentielles, l’intelligence et la raison. Si l’homme est pensant, il ne peut être pensant sans que cette pensée lui soit intelligible et intelligente dans sa relation avec soi et ses rapports en dehors de soi. Il n’est humain que parce que sa conscience est en plus intelligible et intelligente, dans le sens qu’elle lui octroie une intelligibilité de soi et du monde. Cette instance qu’est l’intelligence lui est aussi donnée, à l’instar des autres instances. Et c’est par cette intelligence qui intellige la nature qui permet à l’homme de se construire et se construire et réaliser son monde, non pas comme le monde a été donné mais comme lui a été donné de le transformer.

Pour ne donner qu’une vision de l’évolution de l’homme dans le cours de l’histoire, comment l’homme est passé de la grotte, d’une tente, d’une chaumière, d’une masure dans la préhistoire, passant par le Moyen-Âge, à l’ère moderne, i.e. aux gratte-ciels, aux villes ultra-modernes.

Des villes qui seraient pour un homme de l’Antiquité ou du Moyen-Âge, se transportant par l’esprit dans notre monde d’aujourd’hui, des villes de fiction, impossible à imaginer.

L’homme donc a été, et est devenu ensuite, où le fait de l’homme au cours des siècles s’est inscrit dans sa destinée. Là encore pour être plus juste, qu’il faut souligner, une « destinée » qu’il ne s’est pas choisie, qu’il a faite et devait la faire pour devenir ce qu’il devait à être aujourd’hui. Et le chemin est long dans cette destinée ouverte à tous les possibles, l’homme ne peut savoir ce qu’il sera.

Demain, l’être humain pourra habiter sur Mars ; ce ne seront pas des Martiens qui viendraient sur terre, mais les êtres humains qui peupleraient Mars. Qui sait ? Et s’il existe sur Mars, les conditions à peu près ce qui existe sur terre. Les savants, avec leurs télescopes, leurs mesures scientifiques n’ont que ce que leur intelligence-pensée leur dicte ; ils n’ont cependant pas la certitude absolue sur ce qui se passe réellement en termes de conditions climatiques sur Maes ; et si les humains visent la planète Mars, c’est que leur pensée qui vient de la Pensée du monde, l’Intelligence-monde, dont ils ne savent rien, les acheminent vers cette direction. Sinon pourquoi tous ces préparatifs spatiaux et la construction de station spatiale internationale où astronautes et cosmonautes de différente nationalités se relaient tous les six mois vivant dans l’apesanteur ? A quoi cela sert s’il n’existait pas des visées qui, tout en dépassant l’homme, restent liées à l’homme, restent pour l’homme.

Il est évident que ce ne sont pas les Terriens, i.e. les êtres humains qui sont les instigateurs de ce projet d’aller sur les autres planètes ; même si ce sont eux qui sont en train de réaliser ces défis, en vérité les défis humains sont tracés et dictés par leurs pensées. Il viendra certainement une époque si ces défis se réalisent demain dans un siècle ou plus, notre époque nous paraîtra comme le Moyen-Âge des siècles passés. Et qui en est le maître de l’œuvre, n’est-ce pas la pensée, la conscience humaine ? Ou mieux encore pensée et con-science accolée en l’être humain, l’humain que nous sommes est con-science, et donc avec la science. Nous êtres humains, par notre con-science, nous sommes des avec-la-science.

Tout ce que fait l’être humain relève de sa science interne, son intelligence, le moindre geste est science sauf qu’il n’en perçoit pas la portée et le sens de son geste dans son existant. Et il y a science et science. Les mathématiques sont une science, la pensée humaine est aussi une science, sinon l’être humain ne pourrait pas survivre. La débrouillardise d’un être pauvre est une forme de science d’existence, il y a en elle l’intelligence dans la pensée de survivre. De la même façon qu’un banquier qui spécule sur les cours des Bourses. Le monde humain est un monde fini, un monde plein doté de tout pour exister, pour survivre dans un monde qui peut être aussi hostile.

Ceci étant, force de dire que la faculté de l’intelligence qui lui permet de connaître, de comprendre, et a son siège au cerveau, lui a permis ce qu’aucun homme s’il était raisonnable ne pouvait penser qu’il arriverait à ce stade avancé de la civilisation. En effet, aucun homme ne pouvait penser qu’un jour, il allait voler dans les airs. Ou qu’il allait devenir un poisson des grandes profondeurs, ou vivre des mois dans les profondeurs comme le font les sous-marins stratégiques, lanceurs de missiles balistiques (SLBM). Ou qu’il allait créer un système démocratique même défaillant parce qu’il est humain, apportant aux citoyens le pouvoir de nommer leurs dirigeants, de prendre en mains leurs destinées.

Ce sont là des avancées qu’il faut mettre au compte de l’œuvre de l’intelligence pensant le monde qui est donnée à l’homme. Et l’homme n’est encore qu’à un petit stade, qui combien même nous paraît grand, en réalité n’est qu’à son commencement. Pourquoi ? Parce qu’il n’y a pas de limite à l’Intelligence universelle, matrice de l’intelligence humaine et du devenir du monde

L’homme n’a fait qu’un court chemin dans le monde ; il reste beaucoup à venir. Le cerveau humain qui lui est donné n’est que l’interface entre l’homme pensant par cette interface et l’Univers à la fois pensé par lui dont il fait partie et pensant par Lui-même.

La faculté de la raison qui vient mettre de l’ordre dans les affaires humaines, trône au centre de la conscience de l’homme. Pourquoi ? Parce que c’est elle, qui aussi nous est donné, nous dit si cela va ou ne va pas. Elle est en quelque sorte à la fois la lumière de ce qu’on aura fait dans notre existence et le miroir reflétant notre vécu dans notre mémoire. Parce qu’elle utilise toutes les instances pensantes et agissantes dans notre conscience. C’est par elle que l’on se sait raisonnable, en harmonie avec la nature et les hommes, ou l’inverse déraisonnable, excessif, provoquant difficultés et crises dans l’existence. Elle essaie de raisonner l’homme pour qu’il ne devienne pas déraisonnable qui, se faisant, s’il ne l’écoute pas, ne peut que porter préjudice à lui-même et éventuellement aux autres.

A l’extrême, un homme qui perd la raison n’a plus conscience du monde ; devenant fou, il perd le sens de l’existence ; il aura cependant été ce qu’il devait devenir parce qu’aucun être humain ne connaît son devenir. Et c’est parce que les êtres humains ne connaissent pas leur devenir qu’ils ont toute la possibilité qui leur es donnée pour réaliser leur être. Une loi de l’Intelligence universelle, matrice de l’intelligence humaine et du devenir du monde.

C’est la raison qui dit ce qui est juste ou faux ; elle éclaire l’homme s’il est dans le vrai, ou dans le faux. Et l’homme souvent n’est pas raisonnable, il est à l’origine des conflits parce qu’il n’y a pas une raison chez l’homme mais une multitude de raisons qui se confrontent entre les hommes. Comme il n’y a pas une intelligence, une conscience chez l’homme mais une multitude d’intelligences, de consciences chez les hommes, elles sont néanmoins toutes liées les unes aux autres ; elles évoluent selon une représentation du monde en termes d’identité (race, nationalité, géographie, tribu, famille, etc.), d’intérêt, de religion, de culture… que chaque homme, chaque peuple se fait de lui-même, comment il voit l’autre, comment il projette son ego sur son prochain. Et de là dépendent les relations qu’auront à tisser entre eux, hommes et peuples, en bien ou en mal. 

On peut même dire que c’est cette disparité d’intelligence entre les hommes, entre les peuples de races et de cultures différentes, tant au sein d’une société humaine qu’entre les nations, qui fait l’humanité qui ne s’est pas choisie. Elle relève de cette Intelligence universelle qui est la matrice du monde d’hier, d’aujourd’hui et de demain. L’humanité est simplement l’humanité, une humanité.

 

Medjdoub Hamed
Auteur et chercheur spécialisé en Economie mondiale,
Relations internationales et Prospective.
 

Note :

 1. « Robert Linssen : Destin et Liberté » le 25 Juillet 2008
http://www.revue3emillenaire.com/blog/destin-et-libert-par-robert-linssen/

 


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