L’oeil de Mosco

par siatom
lundi 6 octobre 2014

Il faut reconnaitre au Gouvernement de remarquables dispositions pour l'exfiltration, après celle de Harlem Désir qui fut un modèle du genre, même si, et nous devons le reconnaitre, son intense activité en qualité de Député Européen le prédestinait tout naturellement à ce poste de Secrétaire d’État aux affaires européennes. Classé à une honorable 752ème place sur un total de 766, il a aussi battu au sprint Philippe De Villiers évitant ainsi la lanterne rouge au classement des 74 parlementaires hexagonaux.

 Celle de Moscovici qui traine son bilan plus que mitigé à Bercy comme un fardeau réclamait encore plus de doigté même si naturellement l'intéressé à des références, il est à la fois trilingue et xyloglotte, il parle Anglais, connait l'allemand, et a pratiqué devant nos yeux durant 22 mois une langue de bois très pure.

Jeudi dernier, notre brillant financier désigné pour être le prochain Commissaire Européen aux affaires économiques et financières planchait devant les eurodéputés, il a donc tenté la martingale gagnante, la botte de Nevers oratoire, celle qui avait déclenché l'enthousiasme lors du débat du 2ème tour des présidentielles, l'anaphore censée emporter tout sur son passage "Moi, commissaire européen… " . 

Apparemment, il a si peu réussi à convaincre de sa capacité à tenir le poste que le parlement européen l'a convié à une session de rattrapage par écrit, la figure de rhétorique hollandaise n'a même pas séduit, c'est le comble, une députée néerlandaise qui lui a insolemment demandé "Comment être certain que vous serez le braconnier devenu garde-chasse ?".

Il aurait pu répondre que dans notre hexagone les critères de nomination sont différents, n'a- t-on pas nommé avec les succès que l'on sait Cahuzac au Budget, Thévenoud à la Commission des Finances, et que s'il se rendait disponible DSK pourrait parfaitement être nommé au Secrétariat d'état chargé de la famille et de la condition féminine.

Quant à la députée française l'ingrate Sylvie Goulard qui lui a reproché sur twitter d'être "un acrobate, aux loyautés successives" elle ne s'est sans doute pas rendu compte qu'elle venait de le complimenter, en donnant avec une concision remarquable les qualités requises pour ne pas chuter lourdement sur la piste du cirque politique.

Pour convaincre les conservateurs de tous poils, il s'est mué en gendarme de l'orthodoxie budgétaire et a scandé martialement "Un pays, fût-ce la France, doit respecter les règles, et mon rôle, c'est de faire respecter ces règles, et c'est ce que je ferai". C'est en quelque sorte l'illustration d'une célèbre expression, le bâton pour la France et la carotte pour Mosco.

Le gouvernement, lui, en envoyant l'œil charmeur de Mosco dans les instances européennes, espère qu'il saura amadouer l'intransigeante Angela et que le pédalo pourra continuer à dériver tranquillement sur la paisible rivière des déficits des comptes publics.

A l'heure où nous écrivons ces lignes, nous ne pouvons pas encore dire que Mosco, il a ''vici'' mais tout laisse penser qu'il ne sera pas obligé de regagner penaud ses foyers, il est probable qu'il y aura de petits arrangements entre amis. Dans ce jeu des sept familles européennes, on échangera le fils inconséquent contre le père impuissant et tout le monde sera content.


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