L’ONU sous tension syrienne

par Dan
mardi 29 septembre 2015

En phase liminaire un support vidéo de 2013 remis en ligne par son auteur la semaine dernière sur Agora-TV. Thématique sur la perception par les syriens eux mêmes (ça change) évoquant les étapes de la guerre civile depuis 2011. 
On y voit en deux parties des témoignages (des syriens du quotidien, de différentes professions, de différentes classes sociales) évoquer une mise scène selon eux dogmatique par l'occident anti-Assad et la manipulation autour de ce conflit. 
 
I - RAPPEL DES EVENEMENTS
On se souvient : au départ un mouvement de manifestations de rue dans la dynamique des printemps arabes (ce qui était effectivement inhabituel en terre arabo-musulmane). La chronologie remémore que, suite à quatre coups de feux venus du haut d'un immeuble on a abouti sans difficulté à faire 4 morts civils. D'après les témoignages compilés sur la vidéo ces coups de feu ont été lancés à dessein par des snipers afin les imputer à Bachar et ainsi créer un emballement par sidération, une déferlante comparable étrangement aux événements de la place Maidan à Kiev...
La suite on la connaît : les manifestations pacifiques sont devenues des soulèvements armés car très tôt se sont infiltrés des djihadistes radicaux salafistes parmi les manifestants pacifiques des droits sociaux pour détourner le mouvement en guerre civile. 
Tout les opposants ont été labellisé sous l'appellation "opposants démocrates" face au régime. Régime étiqueté bien entendu "tyrannique", dont le nombre de morts est tout aussi considérable dans les effectifs loyalistes de l'armée que du côté de l'ASL et des civils embrigadés . Mais on présentera le bilan du nombre de morts (deux à trois cents mille) uniquement à charge de Bachar el Assad..
Entre temps Bachar el Assad fût pourtant réélu il y a deux ans avec une majorité de plus des deux tiers des votants. Election démocratique dans les règles mais dont on ne parle jamais. On sait depuis Machiavel que lorsque l'on veut se débarrasser de son chien on dit qu'il a la gale...   
Les opposants ancestraux au régime (y compris les diasporas) ont favorisé des appels aux moudjahines de tous pays pour renverser Bachar et terroriser sa population.
 
II - LA SITUATION 
Depuis il y a l'avènement de l'Etat Islamique (Daesh) issu de l'ex armée de Saddam Hussein laquelle fût nettoyée par les vainqueurs américains. On sait que l'E.I. va ainsi s'appuyer sur la frustration d'une population sunnite marginalisée, par les américains eux mêmes, dès 2003.
En 2015 cette guerre civile (en réalité guerre de religion intra-islamique) est devenue de portée mondiale, constituant le tonneau des danaïdes dans lequel sont embourbées les nations obéissantes du système oligarchique (membres du club de l'OTAN) dont la Turquie d'Erdogan qui jouera un rôle d'inter face précieux pour les occidentaux (une espèce de facilitateur).
Au bout de tout cela, la politique de la terre brûlée, d' exécutions sommaires envers les infidèles de la part des djihadistes dans les quartiers chiites, allaouites, chrétiens, druzes et autres. Daesh sera rejoint par Alqaïda et Al Nostra. 
Le plan a été de laisser faire "le sale boulot" par ces fanatiques afin d'affaiblir et renverser Bachar el Assad à tout prix car il est un opposant d'Israël qui occupe le Golan syrien depuis 1967.
Seul petit problème non prévu, Daesh dans sa déferlante mortifère progresse comme un cancer, avec le feu, la misère des quartiers détruits, la désolation, puis l'exode des populations sur les terres européennes. Même "les pères idéologiques nourriciers" tels l'Arabie Saoudite et la Turquie sont dans le champ de tire de Daesh. 
C'est la résultante du plan américano-sioniste pour renverser Bachar à tout prix. Ceci par procuration et le laisser faire objectif en fermant les yeux sous couvert d'un règlement de comptes djihadiste "jusqu'à Damas".
Cependant on a vu la résistance de la Syrie face à l'entente des pays du Golfe, de la Turquie passeur de djihadistes, d'Israël, des USA et de la France. 
La Turquie d'Erdogan porte une lourde responsabilité dans les événements et la progression de l'E.I. par un jeu perfide entre son obsession anti-Bachar (qui est pro-chiite) et son combat historique en purification ethnique contre sa minorité Kurde, y compris les Kurdes d'Irak ou de Syrie, c'est du même pain. 
Ainsi, contre toutes prévisions que l'Empire a pu faire en 2012 il y a contrainte à jouer les prolongations (sans arrêt de match) car Bachar reste bien en place dans la tourmente. Du coup les alliances stratégiques sont contraintes à êtres "revisitées" par les US eux mêmes au conseil de l'ONU. Le point d'orgue significatif c'est que Vladimir Poutine le "mal aimé" revient au premier plan avec un ticket efficace (Russie-Iran) qui n'était pas prévu il y a encore quelques mois. 
 
III - QUELLE EVOLUTION ?
Dans l'actualité, Hollande toujours dépassé, toujours avec un coup de retard, essaye encore d'exister par des frappes "ciblées.." pour ne pas laisser l'initiative à Poutine. Brave petit caniche qui a eu cette fois l'aval d'Obama, pour brouiller les cartes et couper (le pense t-il) l'herbe sous le pied aux Russes. C'est pitoyable personne n'est dupe. Même la droite française, toujours caution solidaire habituellement à l'international n'est pas unanime avec le gouvernement.
 
Au bout de tout cela la politique de la terre brûlée, des quartiers démolis par des DCA, des exécutions sommaires envers les infidèles édifiées au nom de l'Islam Wahhabite des djihadistes dans les quartiers chiites, alaouites, chrétiens, druzes. Avec Daesh rejoint dans sa quête par Alqaïda et Al Nostra le plan a été de laisser faire "le sale boulot" par les fous de Dieu afin d'affaiblir puis de renverser Bachar el Assad à tout prix considérant qu'il est un ennemi potentiel d'Israël encore en vie dans la région démolie par les US et la coalition depuis 12 ans. En effet Assad revendique toujours les territoires que la Syrie a perdu dans le Golan en 1967. 
Seul petit problème (non prévu) c'est la folie Daesh. Dans sa déferlante mortifère, celle-ci progresse comme un cancer, avec la mise à feu, la destruction des quartiers et des édifices impies, la désolation, puis l'exode des populations sur les terres européennes. 
Ce dernier point, l'exode massif des populations syriennes dans une Europe débordée, constitue aussi un accélérateur de la récente stratégie occidentale. 
C'est la résultante du plan américano-sioniste pour renverser Bachar à tout prix.
On a vu la résistance de la Syrie face à l'ensemble des acteurs qui veulent renverser le pouvoir de Damas, à savoir :
 -les pays du Golfe qui financent l'armement des djihadistes, 
- la Turquie passeur de volontaires en purification, trafiquant du nouveau marché du pétrole en entente avec Daesh, 
- l'Etat d'Israël, 
- les USA, 
- les Anglais ex gestionnaire de la région depuis un siècle et enfin 
-la France au nom des "droits de l'homme quand cela l'arrange.." 
Tout ce beau monde a des avions qui grondent...
 
IV- QUELLE POSTURE ET QUELLE MARGE DE MANOEUVRE POUR POUTINE ?
Aujourd'hui Poutine a pour projet clairement annoncé de siffler la fin de la partie sur le dossier Daesh dès cette semaine à l'ONU. Cependant pour la Russie l'alliance est loin d'être totale dans le panier de la mariée. On pourrait même dire que les futurs mariés ne s'aiment pas beaucoup, voir pas du tout, alors... la procédure de divorce pointe déjà son nez.
* Vladimir Poutine va-t-il soutenir à tout crin le maintien au pouvoir de Bachar El Assad dans ce jeu de billard à 3 bandes face à l'intransigeance réitérée de la France et des USA, lesquels n'ont comme obsession que de le liquider et ce depuis le début ?
* Va t-il s'en laver les mains ? comme Ponce Pilate une fois le déminage de Daesh effectué (ce qui peut durer des mois et des mois) ?
 
Les Russes ont toujours proscrit toute intervention de déstabilisation d'un pouvoir quel qu'il soit en vertu du droit des peuples à disposer d'eux mêmes. Cela implique la non-ingérence militaire envers un pays souverain ayant un fauteuil à l'ONU. En espèce ceci est différent du "devoir d'ingérence" cher à Bernard Kouchner mis en pratique en Serbie à Belgrade par l'OTAN puis en Libye par un mandat sans entrave du Conseil de Sécurité. 
En apportant sa caution à la demande d'un gouvernement élu le Russe considère que, de fait, il ne déclare pas la guerre à un Etat (c'est sous cet angle que fût monté l'opération Serval au Mali par la France avec soutien de l'ONU). 
Mais l'on voit bien que nous rentrons quand même dans des subtilités juridiques de la diplomatie officielle...  
Parait-il que la Syrie serait "le berceau de l'humanité"...c'est quand même un berceau qui a une sale gueule.
 
Et puis, berceau de l'humanité, pour combien de temps encore ?
 http://www.agoravox.tv/tribune-libre/article/syrie-c-etait-en-juin-2013-50996
 

Lire l'article complet, et les commentaires