L’origine des Celtes

par cariou
jeudi 4 juillet 2019

Comme AgoraVox a récemment publié un article intéressant sur le sujet (« Taisey, première ville des Celtes, foyer et métropole de la Celtique »), l’article ci-dessous apporte de l’eau au moulin.

Vers l’an 600 av. J.-C., les habitants de Massilia (Marseille), une colonie grecque, désignent les populations de la Provence en utilisant la terminologie « Keltoi ». Hérodote les évoque dans son ouvrage Histoire(s). (1)

« Ce dernier fleuve commence en effet dans le pays des Keltoi, auprès de la ville de Pyrène, et traverse l’Europe par le milieu. Les Keltoi sont au-delà des colonnes d’Hercule, et touchent aux Cynésiens, qui sont les derniers peuples de l’Europe du côté du couchant. »

Aucun fleuve ne traverse l’Europe par le milieu si ce n’est le duo Danube-Rhône (ou le couple Rhin-Rhône). Des Keltoi (Celtes) résidaient au-delà des colonnes d’Hercule (Gibraltar). En clair, ils résidaient sur les côtes atlantiques de l’Espagne. Enfin, Hérodote n’assimile pas les Keltoi et les « Cynésiens » (une population ibérique ?). (2)

Aucune inscription antérieure à la colonisation romaine de la Gaule et de l’île de Grande-Bretagne ne mentionne les « Celtes ». Or, au moment de la guerre « des Gaules », les Romains distinguaient trois Gaules : la Belgique, la Celtique et l’Aquitaine. On passe sur le fait qu’à leurs yeux, les Belges, les Celtes et les Proto-Basques étaient tous Gaulois. Une question se pose : pourquoi regroupèrent-ils les populations du centre de la France sous le vocable « celtique » alors que ces mêmes populations n’ont jamais inscrit (utilisé ?) ce vocable ?

Nous pourrions scinder le problème en deux pour mieux le résoudre. Tout d’abord, qui étaient ces Keltoi de Provence et d’Espagne ? Ensuite, quelle est l’origine des Gaulois de la Celtique romaine ?

L'hypothèse scythe

Concernant les premiers, nous pourrions proposer une étymologie : « kwel », la prononciation gaélique de Gaël, et « ti », une racine gaélique. Les Keltoi de Provence pourraient donc être des cousins des Gaëls d’Irlande et d’Espagne décrits (en détail) dans le Lebor Gabála Érenn irlandais, un des plus vieux récits européens. (3) Selon ce récit, les Gaëls étaient originaires d’une colonie scythe de la mer Égée. Les membres de cette colonie fréquentaient beaucoup les eaux de la Méditerranée et naviguaient dans les voies fluviales. Nous ne serions donc guère surpris qu’ils aient remonté le Rhône.

Concernant les Gaulois de la Celtique romaine, une chose est certaine : tout comme les Scythes-Gaëls, ce sont des Indo-européens. Deux thèses s’affrontent sur l’origine des Indo-européens. Selon la première, ils seraient issus d’une migration commune (ayant apportée les tombes à tumulus dites kourganes). Selon la seconde, ils descendraient de diverses populations européennes qui finirent par adopter un mode de vie et des éléments de langage similaires.

Sachant que les artéfacts archéologiques d’influence indo-européenne s’étendent de l’Irlande à la Corée (4), nous pourrions considérer une voie « hybride » : un fonds commun migratoire aurait influencé des populations européennes.

L'origine extrême-orientale

De multiples théories s’opposent sur le fonds commun. Pour l’identifier, la linguistique, l’archéologie et l’Histoire sont présentement en échec. Nous devons donc faire appel à une discipline plus récente : la génétique des populations. (5)

Cette déclinaison de la génétique est l’étude de la reproduction des populations. Auparavant, on étudiait l’évolution du point de vue des individus seulement. De nos jours, on le fait aussi du point de vue des populations. On catégorise les chromosomes Y en clades (et sous-clades) et chacun d’eux est relié à un vingt haplogroupes « majeurs » codifiés de A à T. Les « vingt » forment un arbre génétique : le A est l’ancêtre commun, etc.

Les Amérindiens (Q) et les Indo-européens (R) descendent de l’haplogroupe (du clade P* dit « basal ») de la population Aeta. (6) Or, cette dernière réside actuellement aux… Philippines. Du point de vue de la paléontologie humaine, le seul endroit où ils auraient pu cohabiter est l’Extrême-Orient, il y a 15 000 ans. Et ce avant que les futurs Amérindiens s’aventurent sur le « nouveau continent » et avant que les futurs Indo-européens expérimentent les plaines d’Asie centrale.

Dans un autre registre, l’Ève mitochondriale est le nom donné à une femme hypothétique qui serait la plus récente ancêtre commune par lignée maternelle de l’humanité. (7) L’ADN mitochondrial est un second « marqueur » de la génétique des populations. Cet ADN « satellite » comprend 33 haplogroupes majeurs codifiés de A à Z auxquels on ajoute 7 déclinaisons du L (l’Ève des généticiens). Les « 33 » forment également un arbre génétique. Or, l’haplogroupe extrême-oriental (M) a engendré la moitié de la population mondiale et son corolaire… océanien (N) a engendré l’autre moitié.

« Quelle est l’origine des Gaulois de la Celtique romaine ? ». Pour l’instant, la seule réponse certaine tient en un mot : « loin ».

Références

(1) https://fr.wikisource.org/wiki/Histoire_ (H%C3%A9rodote)/Trad._Larcher,_1850
(2) https://fr.wikipedia.org/wiki/Peuples_pr%C3%A9celtiques
(3) https://archive.org/details/LeaborGebala-LivreDesInvasionsDeLirlande/page/n14
(4) https://fr.wikipedia.org/wiki/Scythes
(5) https://fr.wikipedia.org/wiki/G%C3%A9n%C3%A9tique_des_populations
(6) https://en.wikipedia.org/wiki/Haplogroup_P_ (Y-DNA)
(7) https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%88ve_mitochondriale

 


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