L’OWS... What else Georges ?

par Montagnais .. FRIDA
mercredi 18 avril 2012

Sautez-la par dessus ! Sautez-la par dessus, sautez-la par dessus, cette vieille dépouille de la gauche disparue ! C’est la virile et joyeuse invitation que nous fait parvenir l’OWS par l’intermédiaire de son vigoureux et pertinent organe.. L’officiel, Adbusters.org l’authentique, les seuls, les bouillants brouilleurs, les sauvages, les sauteurs, à ne pas confondre avec Anonymous, indignés et autres, même si quelques affinités.. On peut même y joindre, à sauter par dessus, en même temps que la vieille dépouille de la gauche, celle de la vieille droite aussi, celle qu’était si aveugle, cette vieille ribaude - au mieux - percluse, radotante, perdue, impotente, dépassée, au pire obscène collabo consciente de l’oligarchie dirigeante confortablement installée à la City, à Wall Street. Voilà ce que recommande l’OWS. Quant à eux, nos politiques tous bords confondus, ils n’osent pas parler vrai, engager le discours qu’il faudrait, croiser le fer autrement qu’à fleuret moucheté. Ils préfèrent continuer à vivre pépère de l’héritage légué par leurs vieilles mémères maquerelles. Pourvou qué ça doure.. ! Pour l’instant ça dure, y’a des foules en ferveur..

Aveuglement au diagnostic : volontaire ? Nécessaire ? Fataliste ?

L’ensemble du système, conçu et managé en son coeur, Wall Street, WS, la cible principale de l’OWS, what else, et ses filiales, a été construit par de féroces prédateurs, mais survit quand-même sur de bien précaires et fragiles circonstances, sur un éphémère faisceau de facilités.

Pour l’instant, ça tient. Un vrai miracle. Un tour de force.. ça branle, mais ça tient, grâce au faisceau :

Uno, l’abondance, mais jusqu’à quand, d’une énergie exploitée partout sans ménagement, quasi gratuite. Gratuite encore pour l’instant, car, pour n’évoquer que cela, si les besoins, disons, de deux à trois générations seulement, celles qui suivront, étaient pris en compte, au train d’enfer où l’on va, si on voulait garantir à nos enfants et petits-enfants, sans parler des arrières-arrières-arrières, de vivre comme maintenant, la nécessaire planification qui en résulterait mettrait le litre d’huile à combien ?.. Trente, quarante, cinquante Fifelins ? Et le Kwh ?

De toutes les façons, attendez-vous à savoir que les prix monteront. Je ne parle même pas des imprévisibles disruptions ou des « gross malheurs » toujours sournoisement menaçants..

Deuzio, « l’Occident », qui inclut désormais l’Est européen, le Japon, Israël, l’Afrique du Sud, les Zuniens, les émirats, Monaco, Caïmans.. L’Occident donc, qui est de fait le synonyme des puissants et des nantis, trois points barre, doit son statut d’hyper consommateur au travail d’environ 5 milliards d’esclaves à plein labeur, à 100 dollars le mois, tout juste de quoi leur permettre de garder le corps et l’âme attachés ensemble les pauvres diables, au standards du moment.

Sans cela, mes voisins, dont bien évidemment je suis très-jaloux, combien paieraient-ils leur SUV trente pistons, schnorkel et pare-buffle et roues de VAB ? Combien paieraient-ils leurs congés payés à Kokopipi et Katmandou ? Et leurs écrans, sonnettes et pads, et ordinateurs et télévisions et autres impedimenta en quantité jamais suffisante ?

Notez, cet atout-là, cette carte biaisée, elle ne pourra perdurer indéfiniment. Non seulement les banksters et les oligarques vivent comme des cochons.. En plus, ils ont exporté, et continuent d’exporter, par leur omnipotente industrie de la réclame et du spectacle, à longueur d’émissions, à pleins jets de spectron, leur modèle de vie jusqu’au fin fond de la planète, jusque dans les banlieues et les bleds les plus reculés et perdus, jusqu’au coeur du goulag nouvelle version.. Que se passe-t-il demain si, comme c’est leur fantasme quotidien, 5 millions de Chinois, Indiens, Africains, ploucs de France et d’ailleurs, milliards de Mimiles travailleurs, Memet et Wang-wang préposés d’office à la massive production, vaste portion d’humanité tout juste métamorphosée en réservoir de clientèle à perpétuité, que se passe-t-il demain s’ils se mettent à vivre comme des Américains ?

Imaginez la planète comme un cendrier.. Vous avez l’image exacte, celle qui convient.

Tertio, au bonheur de l’énergie sans compter et au travail des hordes robotisées, des multitudes esclavagisées, s’ajoutent les immenses bienfaits de la fabrication de fausse monnaie, la capacité infinie et auto autorisée d’endetter les intéressés et les gentils organisateurs en charge de les coacher. Ils sont bien endettés, jusqu’au cou, ces « états », réduits désormais au rôle d’administration de la consommation au service des nantis, castes politiques, histrions du spectron, pisselignes de la presse stipendiée, fornicateurs de haut vol, haut clergé du boxon.. Tous ces chiens de garde du Kapitalisme qui, eux, sont rarement endettés, 40 000 Fifelins le mois pour le menu fretin, style « petit journal », qui pullulent prospères, millions pour les gros poissons, en bancs serrés eux aussi, croyez pas..

Ce troisième point est le plus solide dans le dispositif sophistiqué du NOM, le Nouvel Ordre : Mimile, Memet, Wang-wang, Popov, Johni-minie.. Tous sont formatés blindés pour défendre d’arrache-pied leurs minces et apparents privilèges, tous sont dressés à la chasse au populisses, fachisses, extremisses, anarchisses, suppôts de l’OWS, empêcheurs de penser en rond et autres trublions de l’ordre établi, perturbateurs du parc d’attractions.

Quatro, on pourrait encore bien développer la puissance du faisceau de facilités, la succession des cercles d’enfermement, présenter les monstrueux surarmements, apanages exclusifs des puissants, le verrouillage des idées, les astucieuses mises en place de soupape de sécurité, la mise en scène technologique, jamais usée, aussi prometteuses d’espoirs, aussi pourvoyeuse d’émerveillements qu’un Science & Vie des années 50..

Les solutions alors ?

C’est bien la principale question, existe-t-elle encore la solution ? Pas certain. L’OWS n’en revendique pas la possession en tout cas. Quant au « Politique », vous savez déjà..

Aucun des dix candidats à la Présidence ne procède au diagnostic, aucun des dix candidats n’aborde donc, en toute logique, des propositions de solutions à un problème qui ne serait pas posé, et qui même n’existerait pas.. Evident !

Il faut aller chercher loin pour trouver l’amorce d’un discours politique qui sonne vrai et nouveau, chez Wolfgang Schaüble, rare exemple, le ministre allemand des finances :

 « ..nous devrions par ailleurs nous engager à limiter la croissance économique dans nos propres pays occidentaux..L’homme a besoin de limites qu’il ne veut en général pas reconnaître. »

Vous imaginez Mélenchon prononçant des mots aussi sacrilèges lors de son show à Marseille ? Prendre le risque de gâcher la ferveur, faire peur ?..

Et combien sont attendrissantes et dérisoires les démonstrations faites par Nicolas Dupont-Aignan à propos des salades que nous achèteraient la Suisse et la Norvège au prétexte qu’en France nous n’employons pas de pesticides mais qu’en revanche affluent en France, et de partout, des salades produites ailleurs à grands renforts de pesticides.

Noter l’absence totale de la prise en compte de la question de l’écologie radicale, de la dévastation déjà accomplie, dans le débat politique qui va aboutir à doter la France d’un président, en dit long à la fois sur l’inanité de ce débat, comme sur l’impuissance du président et de la « Nation » qui va avec.

Les Verts ne valent pas mieux, échange entre Dany le Rouge et Henri Guaino, tous deux éminentes autorités s’il en est :

- Donc, il faut réduire les déficits et faire de la croissance ! (Dany)

- Mais nous sommes tout à fait d’accord ! D’abord vouloir la croissance en Europe ce n’est pas une idée de gauche, c’est une idée de tous les gens raisonnables et sensés. (Henri)

- …

- Visiblement non, parce qu’on n’y arrive pas…

- Ben on est deux, on est deux Henri Guaino. On va faire le pacte des gens
raisonnables. (Dany)

Ce consensuel dialogue archétypique de la crapulerie de la caste politique a été reproduit dans le journal La Décroissance, le Journal de la joie de vivre, dont nombre de points de vue rejoignent ceux de l’OWS..

Le Journal La Décroissance, qui regorge de bonnes plumes, telles celles d’Accardo, de Cheynet, de Pierre Rabhi, vu ici sur Agoravox aussi, j’en oublie.. est l’un des rares espaces ou la décroissance est proposée comme solution aux nœuds des problèmes qui marquent notre époque.

Il y faut une sacrée dose de courage et d’indépendance, ils l’ont. On comprend aisément qu’aucun politique, aucun rantanplan des media ne peut s’aventurer sur ce terrain sans perdre sur le champ son accès à la gamelle pleine, belle et dorée...

Pour un grand nombre à l’OWS, la décroissance est une recommandation, une nécessité, une forme de vie qui se justifie par des raisons d’ordre éthique autant que d’ordre esthétique, une salutaire et joyeuse réaction à cette société de surconsommation sous contrôle de la finance, des multinationales de l’industrie de la réclame et de l’amusement publique chapeauté par WS.

Pour certains cependant, à l’OWS, parmi lesquels je me range, il serait déjà trop tard, l’inertie cinétique du système au plan de l’écologie, l’ampleur de l’aliénation et des verrouillages côté politique rendent la catastrophe inévitable à brève échéance.

Etrange casuistique qui fait de la décroissance, pour quelques-uns, 1% à peine, l’objet d’un engagement militant mais qui, en même temps, nous affranchit des pratiques politiques habituelles, reconnues et certifiées, ces pratiques politiques qui n’abordent jamais la contestation radicale du modèle dominant depuis près de deux siècles, et dont les méfaits évidents ne cessent de s’accélérer depuis quelques décennies.

La décroissance ne s’installera jamais comme fruit d’une décision politique. Elle sera un impératif absolu, une dictature, non pas mise en place par un parti ou un dictateur planétaire, mais imposée par l’épuisement total des possibilités de l’environnement, tout simplement.

Pour l’heure, la seule chose qu’on peut faire, et qui gratte un peu le système, c’est, individuellement, faire la grève de la surconsommation, et, collectivement, prôner la désertion.

”Could Occupy catalyze a wildcat consumer revolt in May ?” se demande l’OWS..

En Mai, on fera ce qui nous plait.

Citation graphique from http://www.thedogsayshello.com/zombies-a-survival-guide/


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