L’Ukraine au bord de l’effondrement

par chapoutier
mardi 15 août 2023

Il y a moins de 2 ans Bruno Le Maire annonçait que l'Occident allait livrer une guerre économique et financière totale à la Russie et il a précisé que « nous allons provoquer l'effondrement de l'économie russe ». Alors que la Russie est supposée être en plein marasme économique, elle vient d'envoyer le vaisseau spatial « Luna-25 » dont la sonde doit se poser sur la surface de la Lune le 21 août , monumental doigt d'honneur cosmique à l'Occident.

La guerre économique et financière totale à la Russie est une telle réussite que la Russie est en manque de bras pour faire tourner son économie qui vient de se hisser à la 5e place mondiale juste derrière le Japon. Heureusement pour Bruno Le Maire, ou malheureusement pour nous, le ridicule ne tue pas.

Mais Bruno le Maire n'est pas une exception, car c'est unanimement que les principaux (ir)responsables politiques occidentaux se sont engouffrés dans une surenchère de déclarations hostiles à la Russie, déclarant tout mettre en œuvre pour isoler la Russie sur la scène mondiale, et provoquer sa totale défaite militaire.

La réussite programmée des BRICS autant que les scènes filmées à Niamey montrant les drapeaux russes brandis par des milliers de manifestants témoignent de l'isolement international de la Russie.

 

Les ordres donnés le 10 août par les autorités militaires ukrainiennes concernant l’évacuation obligatoire des populations d'une cinquantaine de localités du district de Kupiansk face aux avancées des russes témoignent de la défaite totale de la Russie.

 

Les nations occidentales menées par les USA, ont proclamé leurs ambitions de faire mieux que Napoléon et Hitler mais leurs prétentions se sont fracassées contre la réalité russe. La Russie n'est pas à genoux ni militairement ni économiquement et elle n'est pas isolée politiquement. Et de cela, la presse américaine s'en fait l'écho de plus en plus fréquemnent.

 

Des déclarations de plus en plus franches apparaissent dans les médias américains sur la situation désastreuse à laquelle l'armée ukrainienne est confrontée et l'échec total de sa contre-offensive. CNN a rapporté cette semaine que les alliés des États-Unis ont reçu des évaluations sur l'incapacité de l’Ukraine à capturer d’autres territoires.

 

Un article cite un diplomate américain qui précise que « les Russes ont plusieurs lignes de défense et les forces ukrainiennes n’ont pas vraiment franchi la première ». Il a poursuivi : « Même s’ils continuent à se battre pendant les semaines à venir, s’ils n’ont pas été en mesure de faire plus de percées au cours des sept ou huit dernières semaines, quelle est la probabilité qu’ils réussiront soudainement, avec des forces plus épuisées ? Parce que les conditions sont si difficiles. »

Un article cite le sénateur Tommy Tuberville, qui a comparé l'armée ukrainienne à « une équipe de lycée jouant contre une équipe universitaire », ajoutant « Ils ne peuvent pas gagner ».

CNN, le New York Times, Politico, Wall Street Journal sont donc contraints de reconnaître la réalité de ce qui se passe en Ukraine. Et c'est extrêmement négatif du point de vue des États-Unis.

 

La presse américaine juge que la situation en Ukraine devient dangereuse et négative pour les intérêts stratégiques américains. En conséquence, ils préparent leurs lecteurs au pire.

 

Il est loin le temps où la presse unanime prévoyait que l’armée ukrainienne irait jusqu’aux murs de Moscou, à la poursuite d’une armée russe en débandade, incompétente, armée de pétoires et de guenilles d’un autre temps, comptabilisant plus de 300 000 morts russes contre à peine 10 000 morts ukrainiens, tout cela était parfaitement conforme à la vision Hollywoodienne d'une guerre menée par les forces du bien contre les forces du mal qui nous était vendu par les médias et les (ir)responsables politiques occidentaux.

 

Le retour à la réalité se fait brutalement et certains commentateurs américains laissent entendre que les ratios des victimes militaires sont de l'ordre de 1 russe tué pour 7 ukrainiens tombés au combat soit 40 000 russes d'une part et 300 000 Ukrainiens d'autre part.

 

Dans un article publié la semaine dernière, le New York Times a fait état d'une brigade qui a dû être reconstituée trois fois entièrement soit 300% de pertes au combat.

Mais les « vrais » amis de l'Ukraine ne sont pas affectés par cette hécatombe des forces vives ukrainiennes : dans une interview au Washington Post, le président polonais Andrzej Duda a expliqué pourquoi les États-Unis devraient continuer à soutenir les autorités de Kiev. Selon lui, combattre la Russie est bon marché car les soldats américains ne meurent pas sur le champ de bataille.

 

Ce n'est un secret pour personne que les Ukrainiens sont considérés comme inutile en Occident. Le dirigeant polonais s'est contenté de dire haut et fort ce que l'on sait déjà, décrivant en fait l'Ukraine comme un fournisseur de chair à canon bon marché pour atteindre les objectifs étasuniens. Les ukrainiens ne coûtent pas cher pour le président polonais. Un cynique dirait que les polonais sont pressés de vider l'Ukraine de ses habitants pour y pendre pied plus facilement.

 

Et quoi qu'il en coûte, les Ukrainiens doivent continuer à combattre les russes, c'est pourquoi le président américain Joe Biden a appelé jeudi dernier à allouer 24 milliards de dollars supplémentaires à la guerre en Ukraine. Les dizaines de milliards de plus que Biden prévoit d'envoyer seront utilisés pour perpétuer ce qui est déjà un massacre de proportions historiques, avec une indifférence totale à la vie de la population ukrainienne, que l'impérialisme américain considère comme de la chair à canon sacrifiable.

 

Dans un point de presse ce dernier jeudi, le porte-parole du Pentagone, le général Pat Ryder a réaffirmé que les États-Unis continueraient à financer la guerre aussi longtemps qu'il le faudra. « En général, le soutien à l’Ukraine, je dirais que, comme nous l’avons dit par le passé, nous continuerons à soutenir l’Ukraine aussi longtemps qu’il le faudra », a-t-il déclaré. Aussi longtemps qu'il le faudra pour les intérêts de qui ? La nouvelle proposition d'aide militaire intervient alors que l'ampleur de la débâcle en Ukraine devient évidente et que plus personne ne croit en la possibilité de reprendre aux russes la moindre parcelle de territoire.

 

Henry Kissinger avait déclaré qu'« Être un ennemi des États-Unis est dangereux, mais être un ami est fatal », et l'Ukraine peut en témoigner ! Mais si on peut « comprendre » la politique criminelle des USA qui est motivée par son ambition de dominer le monde, on se demande ce qui motive Zelensky à sacrifier par dizaines de milliers les ukrainiens ! Dans son zèle d'envoyer toujours plus d'ukrainiens à l’abattoir, Zelensky vient de proposer une loi interdisant aux jeunes ukrainiens de 16 ans de quitter le territoire, il a également proposé de révoquer les certificats dispensant 200 000 ukrainiens de mobilisation pour raison de santé ou d'obligations familiales et il révoque les commissaires militaires régionaux accusés de corruption pour avoir évité la mobilisation à trop d'ukrainiens. L'ancien Premier ministre ukrainien Mykola Azarov a écrit sur sa chaîne Telegram : « Zelensky n'épargne même pas les enfants. C'est ce que ''jusqu’au dernier Ukrainien'' signifie vraiment ».

L'ardeur de Zelensky à sacrifier ses concitoyens fait écho aux médias français qui, contrairement à la presse étasunienne, voient la victoire des ukrainiens se confirmer chaque jour. LCI vient même de faire état d'un tournant majeur de l'offensive ukrainienne vers la Crimée avec les avancées des ukrainiens dans les deux petits villages d'Urozhaynoye et Rabotino, villages composés de deux rues longues de 500 mètres.

 

Cette même LCI qui dénonce la « duplicité » des orcs russes qui utilisent la méthode du rouleau compresseur en direction de Kupiansk, contraignant l'Ukraine à renforcer sa défense sur le front du nord-est au détriment du front sud, et à évacuer une cinquantaine de localités de la région de Kupiansk car la menace russe se précise.

Mais contrairement à l'enthousiasme affiché des médias français, l'Ukraine est une société au bout du rouleau, et là encore c'est la presse étasunienne qui s'en fait l'écho. Selon le Washington Post, de nombreux citoyens ukrainiens adoptent une attitude plus critique à l'égard de la guerre avec la Russie, et l'unité nationale commence à s'effriter. Ce changement de sentiment intervient alors que la contre-offensive de printemps de Kiev ne parvient pas à reprendre des territoires significatifs malgré l'augmentation du nombre de victimes.

« Les Ukrainiens, qui ont besoin de bonnes nouvelles, n'en reçoivent tout simplement aucune », a rapporté le Washington Post jeudi. Une Ukrainienne, Alla Blyzniuk, interrogée par le journal, a déclaré : « Avant, les gens étaient unis ». Aujourd'hui, elle décrit un sentiment de déception collective. Ce sentiment de désespoir est motivé par les pertes massives subies lors de la contre-offensive de Kiev. Selon Mme Blyzniuk, la plupart des soldats envoyés au front meurent en deux ou trois jours seulement.

Un rapport précise : « Lorsque l'Ukraine a lancé sa grande contre-offensive au printemps, les responsables militaires occidentaux savaient que Kiev ne disposait pas de l'entraînement ou des armes nécessaires pour déloger les forces russes, qu'il s'agisse d'obus ou d'avions de guerre ». Le rapport poursuit : « Mais ils espéraient que le courage et l'ingéniosité des Ukrainiens l'emporteraient. Ce ne fut pas le cas ».

Anna Oliinyk, une soldate ukrainienne, a déclaré au Post qu'elle espérait que les pertes en vaudraient la peine... « Nous avons tous ces gars qui reviennent du front sans membres », a-t-elle déclaré. « Je veux que le prix qu'ils ont payé soit raisonnable. Sinon, ce qu'ils ont enduré ne sert à rien ». Le mari d'Anna, un soldat ukrainien qui a perdu une jambe, a déclaré au Post qu'il ne s'enrôlerait pas s'il pouvait refaire le même choix, ajoutant que Kiev envoie des soldats non entraînés sur les lignes de front. « Ils prennent tout le monde et les envoient sur la ligne de front sans préparation adéquate », a-t-il déclaré.

L'Ukraine, qui ne tient que par le courage et la combativité de ses habitants, le même courage et la même combativité que ceux d'en face, avec qui ils ont partagé une histoire commune pendant de nombreux siècles semble aujourd'hui sur le point de s'effondrer. Les « amis » de l'Ukraine, qui après avoir provoqué cette guerre fratricide, continuent à envoyer toujours plus d'armes par « amitié » pour l'Ukraine, par refus d'admettre la défaite face à la Russie.

 


Lire l'article complet, et les commentaires