L’Ukraine en otage du jeu de l’Occident contre la Russie

par Patrice Bravo
vendredi 28 janvier 2022

Les politiciens occidentaux semblent s'emmêler dans leurs déclarations sur une guerre imminente en Ukraine, alors que les alliés de l'Otan ne sont pas prêts à envoyer des soldats sur le front. Après avoir longtemps intimidé la population par une invasion russe, à présent Kiev rassure en appelant à "se calmer". Pendant ce temps, les médias continuent d'attiser l'hystérie, et les fournitures d'armes en Ukraine ne font que croître. 

"Il y a beaucoup de fiction paramilitaire dans les médias. Je voudrais m'adresser à vous, collègues et amis : calmez-vous. La situation est claire pour nous, il n'y a aucune raison pour paniquer. Je demande vraiment à tous de se calmer", a soudainement changé d'avis Oleksiï Danilov, secrétaire du Conseil de sécurité nationale et de défense de l'Ukraine, qui ne cessait de parler jusqu'à présent d'une "menace russe". 

Volodymyr Zelensky s'est également adressé aux Ukrainiens. Il a affirmé que "dans l'est du pays la situation est sous contrôle". "Nous travaillons pour une désescalade totale par un règlement pacifique. Nous savons tout, nous sommes prêts à tout, nous croyons au meilleur et faisons le nécessaire", a déclaré le président qui avait déjà conseillé de "respirer et se calmer", de ne pas rafler les étagères des magasins. 

Il s'avère que le ministre ukrainien de la Défense Oleksiï Reznikov ne s'attend pas non plus à une attaque. "À l'heure actuelle, les forces armées russes n'ont créé aucun groupe d'attaque, ce qui indiquerait que demain elles lanceront une offensive", a-t-il expliqué. 

L'évacuation de diplomates médiatisée par les États-Unis et le Royaume-Uni n'a finalement pas connu de suite logique. Les Européens ne l'ont pas approuvé. Selon le Haut représentant de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell, il n'y a pas la moindre nécessité d'une évacuation. 

Néanmoins, les médias et les politiciens occidentaux continuent d'attiser l'hystérie militaire. Le quotidien britannique Financial Times a publié un article intitulé "La Russie compte prendre Kiev lors d'une blitzkrieg". 

Leurs collègues américains sont convaincus qu'à court terme "il faudra entrer en guerre contre la Russie à cause de l'Ukraine". "Le président Biden songe à envoyer des milliers de militaires, ainsi que des navires de guerre et des avions dans les pays baltes et en Europe de l'Est à cause de la menace d'une invasion russe", écrit le quotidien New York Times

Mais peu l'approuvent. "Est-ce que nous comptons vraiment faire la guerre pour un pays d'Europe de l'Est corrompu qui n'a pas de signification stratégique pour nous ? Compte tenu de ce qui se passe actuellement dans notre propre maison ? Aucune personne normale ne ferait jamais quelque chose de ce genre", a déclaré sur Fox News Tony Bobulinski, ancien associé de Hunter Biden. 

Les médias ont publié une multitude de schémas d'une "probable attaque contre l'Ukraine". Le Washington Post se référant aux renseignements américains a dessiné une carte d'offensive sur plusieurs fronts. Les sources du quotidien allemand Bild ont décrit deux scénarios d'activités militaires. 

Les politiciens continuent de menacer la Russie par des "sanctions sans précédent". D'après le ministre danois des Affaires étrangères Jeppe Kofod, Moscou sera traité bien plus sévèrement qu'en 2014. 

Joe Biden a énuméré les mesures éventuelles : le débranchement du système international de paiement SWIFT, l'interdiction des opérations en dollars pour les banques russes. Un projet de loi a été soumis au congrès américain proposant d'inscrire sur la liste noire de hauts fonctionnaires russes, d'importants hommes d'affaires, des journalistes ainsi que tout le gazoduc Nord Stream 2. 

L'Élysée mise pour l'instant sur la diplomatie. Le président français Emmanuel Macron s'est dit préoccupé par la situation à la frontière ukrainienne et a appelé à la désescalade. Il évoquera ses propositions avec le chancelier allemand Olaf Scholz. Paris et Berlin plaident pour un dialogue au format Normandie. 

Selon les experts, personne ne souhaite une grande guerre : "Et l'Ukraine comprend que cela ne mènerait à rien de bon pour le pays." 

Washington et Londres continuent d'envoyer des armes à Kiev. Un chargement de plus de 90 tonnes a été récemment livré. Les États-Unis se disent prêts à "livrer beaucoup plus". Il est évident que la Maison Blanche, qui ne participe pas au format Normandie, ne souhaite tout simplement pas la normalisation. Même si verbalement les Américains cherchent à "réduire la tension par la voie diplomatique".

Alexandre Lemoine

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Source : http://www.observateurcontinental.fr/?module=articles&action=view&id=3529


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