L’Ukraine. Vous avez entendu parler ?

par VICTOR Ayoli
mardi 14 octobre 2014

Ben, non… Jetée hors des étranges lucarnes ; sortie de l’actualité. Maintenant, c’est à la frontière turque que ça se passe. C’est ringard l’Ukraine Coco. Faut autre chose. Pourtant ça existe toujours, mais hors des projecteurs. Ce qui n’est peut-être pas plus mal.

Pourtant il s’y en passe des choses. Tiens : le « président » de Kiev Porochenko a viré dimanche son ministre de la défense Valéri Gueleteï, nommé en juillet. Il faut dire que l’armée de Kiev s’est faite secouée partout où elle a sévi, d’où la demande de cessez-le-feu qui tient plus ou moins, mais c’est toujours ça. Autre chose très importante : le président russe Vladimir Poutine a ordonné ce dimanche le retrait des 17600 soldats russes déployés à la frontière avec l’Ukraine pour des manœuvres depuis l’été. De plus les deux présidents vont se rencontrer, dans les jours qui suivent, à Milan. Les choses semblent se débloquer. Il serait donc temps, pour les média(rhées) de cesser de débloquer.

Pour commencer, il conviendrait de balayer quelques fables.

L’Ukraine, contrairement à ce que veut faire croire la propagande atlantiste, n’est pas un vieux pays, n’est pas un peuple uni, une nation soudée. C’est un pays qui a longtemps été divisé aux niveaux ethnique, linguistique, religieux, culturel, économique et évidemment politique. Le territoire a longtemps été l’objet de sanglantes rivalités entre Russes, Polonais, Allemands. Donc la lutte héroïque du « Peuple ukrainien » pour se libérer du joug de son grand voisin russe, tient plus du mythe que de la réalité.

 

Lorsqu’en novembre 2013, L’Union Européenne, poussée par les Étasuniens, a proposé au président élu de l’Ukraine Viktor Ianoukovitch, une forme d’association avec l’UE, ce n’était pas sans arrière-pensées. En échange d’un peu de pognon, l’UE – et les Etazuniens ! – prétendaient imposer des mesures dans le droit fil de l’ultralibéralisme ravageur : mesures d’austérités drastiques, restriction des relations économiques avec la Russie mais aussi – plus grave – incitation insistante d’adhésion aux politiques atlantiques militaire et de sécurité, autrement dit « Faut choisir : on vous file du pognon, mais vous coupez les ponts avec les Ruskofs et vous adhérez, à terme, à l’Otan. » Comme on peut le voir, ce n’est pas Poutine l’agresseur, mais, d’une manière « soft » et hypocrite, les atlantistes… Les manifestations de Maidan, noyautées par les neo-nazis travaillés depuis des années par la CIA et le fric de « fondations » étazuniennes, n’ont été que de la poudre aux yeux.

Ces mouvements ont débouché sur un véritable coup d’état. Le président élu – pourri jusqu’à la moelle, d’accord, mais régulièrement élu – a du fuir en Russie et les manifestants les plus violents, les plus fascisants, ont pris le pouvoir à Kiev, sans tenir aucun compte de l’opinion du tiers Est du pays, pas du tout d’accord. Washington et Bruxelles ont approuvé ce coup d’Etat ce qui fut une grave erreur. Dès lors, Poutine – pour lequel l’arrivée de l’Otan en Ukraine est un casus belli – se devait de réagir. Ce fut l’annexion de la Crimée et le soutien à la rébellion des villes et territoires russophones de l’Est de l’Ukraine. Et, en opposition, le massacre des populations de l’Est par les milices fascistes de Kiev, le bombardement des civils par l’armée. Bref, l’escalade, la guerre civile.

Il ne faut pas oublier que, à la suite de la chute de l’URSS, les Etasuniens ont constamment et lourdement humiliés la Russie, traitées comme une nation vaincue. Colonisation économique à l’intérieur par des multinationales voraces, rejet « out of the map » dans toutes négociations internationales, expansion de l’Otan jusque dans les zones de sécurités traditionnelles de la Russie, avec notamment le « deal » incroyablement agressif avec les ex pays de l’Est : « si vous voulez entrer dans l’Union européenne, il vous faut aussi adhérer à l’Otan. » Ceci en s’asseyant sur les promesses formelles faites à Gorbatchev… L’arrimage de l’Ukraine à l’Ouest et à l’Otan étant dès lors le « chef d’œuvre » de cette politique d’encerclement de la Russie.

Ce qui a marché avec l’ivrogne Eltsine ne marche plus avec Poutine. Il serait prudent que l’U.E. cesse d’agir comme le supplétif des USA. Et de prendre enfin en compte la réalité russe. D’autant plus que la Russie est indispensable pour résoudre d’autres problèmes, plus cruciaux, notamment face à la menace islamiste…

Eh ! François, maintenant que les Russes évacuent leurs forces de la frontière ukrainienne, qu’est-ce qui t’empêche de leur livrer les navires Mistral qu’ils ont commandés et payés ?! Rien, sinon la soumission aux Yankees. Celle du vassal à son suzerain. De Gaulle doit faire le moulin à vent dans sa tombe…

 

Illustration X – Droits réservés


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