Tout, comme souvent, est parti de Ségolène Royal... Mais le PS la soutient, Jean-Marc Ayrault devant François Fillon à l’assemblée nationale, Martine Aubry ce soir.
Tout ça pour rien, bien sûr...
Ceux qui me lisent savent que je suis un partisan de Royal, ce qui souvent est un bon prétexte pour éviter le débat d’idées. Mais avant que la course au candidat de gauche n’arrive et que les attaques s’aiguisent, je voudrais quand même montrer par cet exemple le parti pris, malhonnête et délibéré de l’UMP, dès qu’il s’agit de Ségolène Royal. Le PS qui est longtemps rentré dans le jeu de l’UMP pour des raisons de rivalité interne, a enfin décidé d arrêter les frais et il a raison. J’entends souvent - quel paradoxal argument !- que l’UMP pratique depuis longtemps ce « ségo-bashing » et qu’en même temps, il fait tout pour que Royal soit à nouveau candidate du PS - parce qu’elle serait facile à battre-. Je ne crois pourtant pas que passer son temps à qualifier Royal de folle, illuminée, irresponsable, dangereuse, nécessitant un traitement psychologique, etc, etc..., bref la diaboliser soit le meilleur moyen de la faire élire.
Déclenchant donc un tollé - si hypocrite, c’est exaspérant !- à l’UMP, Ségolène Royal aurait donc incité les lycéens à manifester, lors de son intervention lundi soir à TF1. Tout est bon à l’UMP pour détourner le débat, quand de nombreux corps métiers - la quasi totalité des raffineries sont en grève illimitée, notamment- et le mouvement social va, grandissant.
On pourra déjà rétorquer que les lycéens n’ont pas attendu Ségolène Royal ni les socialistes pour manifester et s’organiser mardi avant l’intervention le soir de la candidate.
Tous ceux qui sont de bonne foi et honnêtes, c’est à dire sans parti pris, savent que Ségolène Royal n’a pas poussé les jeunes à manifester. C’est beaucoup plus subtil que cela. Découpé de son contexte, et la phrase a été relayée de manière minable par tous les médias à la botte de Sarkozy, et bêtement reprise par tous les autres, y compris Canal+ hier soir - bravo la prétendue insolence de canal+...-, voilà ce qu’on diffusait donc : une phrase " je leur demande de descendre dans la rue mais de manière très pacifique". Royal s’est outragée sur France info, le lendemain, de la malhonnêteté du procédé. Quand on écoute l’intervention en entier, on comprend " manifestez si vous voulez, ce n’est pas mon rôle de vous dire quoi faire, mais je vous demande d’être pacifique, de ne pas créer de désordre". Ségolène royal n’a pas appelé les jeunes à descendre dans la rue. Elle les a appelés, si ils le faisaient, à être pacifiques. C’est très différent et la droite le sait, bien sûr. C’est volontairement qu’ils lui tombent dessus. Tout cela est très bien rôdé. Qui ne l’a toujours pas vu ? de moins en moins, j’imagine tant le procédé est répétitif et grossier.
Le Canard enchainé évoque dans son exemplaire de la semaine dernière, que Sarkozy avait confié que ce qu’il craignait le plus, c’était que les jeunes s’en mêlent et descendent dans la rue pour les retraites".
Bizarre, hein ? On y est, justement. Et plutôt que de voir comment il faudrait réagir, on préfère trouver un bouc émissaire.
Car enfin...Depuis quand est -ce nouveau que des lycéens défilent dans un mouvement social où il y a toutes les classes sociales ?
Les voilà dans la rue et qui prétendrait être étonné ? quand tous ces jeunes voient leurs parents ou leurs grands-parents, leurs aînés enfin, défiler dans la rue, quand dans le pays, le mouvement prend une ampleur inattendue et que des préavis à la grève illimitée sont lancés... ? Qu’est ce que c’est que ce faux débat ?
Quand on entend Rama Yade dire d’un ton très moralisateur " inciter des jeunes de 15, 16 ans à sortir dans la rue avec les risques que cela suppose..." je ne suis pas sûr que la démagogie soit du côté du Ségolène Royal. Pas sûr du tout, même. Quel est donc ce discours outrancièrement peureux, alarmiste ? En France, on ne risque pas sa vie quand on manifeste.
A ce titre, je travaille d’ailleurs dans l’enseignement public, et je peux garantir que les chefs d’établissement font tout pour éviter les mouvements. Ils jouent leurs rôles de garants, responsables. Mais les politiques sont dans leurs rôles. Et le peuple aussi. Chacun prend ses responsabilités.
Il n’y a pas que la réforme qui soit mauvaise. Après tout, elle peut se re-travailler, se remodeler. C’est la qualité du débat qui est encore plus lamentable. Une démocratie moderne, de pays privilégié comme nous le sommes, devrait avoir honte de son absence de dialogue social, de sa gestion du pays si brutale.
Cette réforme en est le désolant exemple.