L’UMP vient de disparaître !

par Binitials
mardi 6 septembre 2011

Bien que l’Omerta médiatique tourne à plein régime sur ce sujet, tout le monde sait aujourd’hui que Mme Le Pen sera au deuxième tour de la présidentielle et que la seule vraie question est de savoir qui du candidat de L’UMP ou de celui du PS y sera contre elle.

Quoi qu’il se passe, et au regard des résultats des cantonales, il faut s’attendre, quel que soit le mode de scrutin qui s’appliquera, à ce que le FN débarquera en masse à l’assemblée nationale et ébranlera durablement les finances des partis au pouvoir, qui, rappelons le, ne tiennent leur hégémonie que grâce au nombre de députés qu’ils possèdent. Dans le pays, tant les budget des partis que les droits d’accès aux médias dépendent du nombre de députés que les partis ont à l’Assemblée.

La véritable question dans le contexte actuel est de savoir jusqu’à quel point le PS et l’UMP arriveront à souder leur coeur d’électeurs pour se maintenir un minimum. il y a un risque unique dans l’histoire politique de ce pays que le parti qui ne se trouvera pas au second tour de la présidentielle, puisse disparaitre de l’échiquier. 

Le PS peut compter dans ce combat pour sa survie sur le plein soutien de l’activisme de Nicolas Sarkozy qui décidément mériterait qu’on lui rappelle que l’orgueil est toujours un péché capital ! 

Tout entier tourné vers la conviction qu’il est brillant dans les crises, il vient de réussir le tour de force de violer son coeur d’électeur et la totalité du mouton UMP est engagé à le soutenir dans son suicide en règle ! Cet effondrement vient de commencer car vivant dans une région qui a toujours été un des principaux bastions de droite, je suis sidéré de constater à quel point ceux qui étaient encore il y a deux semaines les plus farouches défenseurs de l’UMP sont en train de se tourner massivement vers le Front National. C’est spectaculaire.

En cause : les déclarations Fillon sur la nouvelle loi rectificative de finance 2011. Plusieurs fortes critiques. 

Tout le monde reste sidéré par le ridicule des taxes « coca cola » et « Disney land » pour sauver le pays. Personne aujourd’hui ne croit plus que la France a les moyens de passer outre la crise étant donné une gestion comptable du pays qui tient d’Alice au pays des Merveilles, alors même que la dette explose pour financer majoritairement, non pas ses investissements d’avenir, mais ses coûts de fonctionnement. Aucun geste, ne serait-ce que symbolique ne vient sérieusement s’attaquer au formidable gaspillage qu’est la gestion de ce pays. Sur le fond, ce gouvernement pourtant élu sur un programme de rupture et d’actions montre à l’heure fatidique à quel point il n’a aucune vision sérieuse de nature à régler le problème.

D’un autre côté, ce plan montre clairement la volonté du gouvernement de frapper violemment les classes moyennes plus que les classes aisées, puisque les contributions sont symboliques pour les plus hauts revenus mais massifs pour les classes moyennes disposant d’un peu de capital. Ironie du sort, ce sont elles qui constituent l’électorat de base de l’UMP. Les parlementaires qui voteront pour ce texte doivent s’attendre aujourd’hui à perdre le bénéfice de leurs carrières car on ne baise pas son électorat sans subir un retour de bâton.

Soyons clair la réforme de la fiscalité immobilière ne touchera que de façon très marginale les classes les plus aisées, dont le capital est aujourd’hui placé dans des placements mobiliers et qui ne subiront que peu de prélèvements où alors, s’il est immobilier s’investit dans le pays via des montages internationaux qui contournent clairement les lois sur les plus values.

Le public concerné par cette réforme est celui de personnes qui s’endettent de façon forte pour acheter un studio en location ou une petite résidence secondaire afin de placer son capital dans une valeur sure ou bien de constituer un capital à transmettre à ses enfants. Il s’agit de françaises et de français qui traditionnellement votent de façon conservatrice et naturellement en faveur de la droite. 

Je suis assez surpris de constater la force avec laquelle on vient de frapper ces gens là, en pleines vacances. Et je rigole doucement ne pouvant faire que le constat de l’imbécilité d’une droite, qui décidément, malgré le show que SARKO nous aura donné lors de la dernière présidentielle, aura été très en deça des attentes de ses électeurs. Personnellement j’en étais certain depuis des lustres !

Aujourd’hui un vivier de voix est en train de se reporter sur l’extrême droite dans l’inconscience généralisée d’une droite toute entière fascinée par un leader qui n’écoute visiblement rien d’autre que son image à la télé. 

Car ce qui est inquiétant c’est qu’en l’absence d’une gauche convaincante sur ce sujet, c’est le FN qui récolte en silence des voix à tour de bras. La gauche ne devrait pas prendre cet épisode à la légère elle a aujourd’hui l’opportunité de récolter des voix auprès de petits chefs d’entreprises et d’artisans qu’elle courtise depuis un moment puisqu’elle a compris qu’il n’ont rien à voir avec les géants de la finance et des grands groupes. Et surtout, la montée en puissance du FN reste une très mauvaise nouvelle pour elle aussi. Il est important pour la poursuite des événement qui seront graves dans un avenir proche qu’elle agisse de façon à récupérer rapidement une partie des voix 

Cette mesure qui violemment vient frapper ceux qui font la croissance en France risque fort d’atteindre durablement le sentiment de sécurité juridique qui est une condition essentielle au maintien durable de la croissance, qui reste essentiel dans l’entreprise de réforme gigantesque qui va être nécessaire au prochain président qui aujourd’hui sera certainement de gauche. 

Il y a deux leviers sur lesquels une gauche intelligente peut agir :

Soit une progressivité de la mesure, en permettant soit au taux réduit de Plus Value et CSG CRDS pour commencer, on pourrait parler d’un abattement de 5% et non pas de 10% avec un plafond à d’abattement à 50% par exemple sachant que la variable pourra toujours être ajustée par la suite et financer la différence par une augmentation de la taxe s’appliquant aux hauts revenus.

Soit proposer une « non rétroactivité » de la mesure au 25 Aout. Cette proposition, si elle sera moins bénéfique en terme de reports de voix, aura le mérite d’adoucir l’impact psychologique de la mesure dont la violence et la soudaineté de l’application est un facteur fort de radicalisation de cet électorat et donc un report vers le Front National. 

La droite vient de montrer qu’elle n’a aucune vision sérieuse de ce que doit être la réforme du pays et qu’elle est prête à tout même à attaquer le sentiment de sécurité juridique pourtant nécessaire au maintien de la croissance. Elle est en panique et elle ne s’aperçoit même plus qu’elle se coupe de son électorat.

La Gauche doit gagner en calme, elle doit adoucir la démarche et ménager ceux qui font la croissance. C’est important pour adoucir les esprits avant que la crise n’arrive dans notre pays d’une part et d’autre part pour ne pas ouvrir de porte au Front National dont l’irruption va déstabiliser le pays au pire moment de son histoire. 

Sarkozy est un danger pour son mouvement et pour la stabilité du pays à long terme. Cette semaine, la gauche a les moyens de se présenter comme à la mesure de l’enjeu, va-t-elle le faire ? Si elle ne le fait pas, ce sera Marine, et là sauve qui peut ! 


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