L’unité : le bouclier anti-terreur

par Julien C.
mercredi 17 août 2016

Eh bien voila qui est bien dit. Nicolas Sarkozy, à l'aube de son propable lancement officiel en campagne pour briguer l’investiture des républicains à la présidentielles de 2017, nous annonce, afin de lutter contre le terrorisme, que "la république ne reculera désormais devant plus rien". Et propose notamment, pour illustrer ces propos, de revenir sur les repas de substitution dans les cantines et sur le port de tenues ou signes distinctifs (ici le brukini). En effet, je crois qu'avec ça, les terroristes n'ont qu'à bien se tenir. Non mais franchement ? c'est sérieux ? S'il eut fallu (je n’ai pas spécialement d’avis sur la question) ne pas autoriser cela en France, aujourd'hui, revenir la dessus, à ce moment précis, est une bien mauvaise idée, d'abord inutile (tout comme l'était le débat sur la déchéance de nationalité) et en perspective destructrice. Avec ce genre de propos et, à priori, de mesure, nous allons "encore" stigmatiser une partie de notre population, créer de la division, et finalement, aller une nouvelle fois dans le sens de ce que cherchent nos adversaires. Du grain à moudre pour les terroristes avec ce nouveau "prétexte". Arrêtons ces discours simplistes anti communautaires et ses amalgames sous-jacents. Dans cette idée, on pourrait aussi revenir sur le mariage pour tous. En effet, le terroriste d'Orlando était probablement gay. Une bonne raison pour mettre l'opprobre sur l'ensemble de cette communauté. Tant qu'à faire, ils devraient même tous faire l'objet d'une fiche S.
 

La division, la confrontation, c’est exactement l’objectif recherché par ceux qui s’attaquent à la république. Et ce n’est certainement pas, dans un ton ferme, solennel, en assénant des mots durs, en parlant de guerre, en somme en essayant de montrer nos muscles, que nous allons les impressionner. La violence, en réponse à la violence n’a, semble t-il, jamais amené la paix, mais plutôt occasionné l’escalade. Enfin, dans cet affrontement, n’oublions pas non plus que nous réagissons selon certaines règles, face à un adversaire qui n’en respecte aucune. Quand allons nous arrêter de jouer alors que les dés sont pipés ? Quand allons nous arrêter de plonger dans les pièges qui nous sont tendus ? Face à la fourberie, nous devons répondre de manière rusée, subtile et audacieuse.

 

Et, la division est clairement ce contre quoi il faut impérativement lutter. Et l'une de nos armes, c'est tout simplement l'unité. Il faut créer du lien, intégrer et cela se provoque. Cela sous-entend aussi assumer nos décisions et notre histoire. Bon j'avoue, d'un point de vue électoraliste c'est beaucoup moins vendeur. Et en plus, c'est difficile ! Créer un groupe, construire ensemble, c'est beaucoup plus fastidieux que de détruire où là, la simple petite phrase choc peut parfois suffire.

Si la république ne doit plus reculer, peut-être faudrait-il commencer par la réintégrer. Cela passe déjà par l'école. Pourquoi ne pas réintroduire de l'éducation civique. Oui, ce fameux cours souvent donné par le prof d'histoire qui ne semblait pas passionner les élèves. Peut-être mais ca ne mangeait pas de pain et ne provoquait que quelques symptômes d'ennuis chez les moins réceptifs, jusque là, rien de grave. Et en plus, comme c'était parfois compté comme option, ce cours ne faisait l'objet que de points bonus aux exams. Bon, bah si on a rien à perdre et un peu à gagner avec un cours sur le civisme dans lequel on va parler de société, de république et donc de la France, alors pourquoi pas ? Bon, c'est un peu léger tout cela, mais d'une manière générale, l'école est un des premiers (sinon le…) facteurs d'intégration. Elle est donc à soigner tout particulièrement et à envisager sur le long terme. C'est une réponse pour notre unité, mais à l'échelle générationnelle, donc un peu long pour le politique (oui, j'avais prévenu plus tôt que je mes propos seraient "moins vendeurs").

 

Et le service militaire dans tout ça, où plus globalement l'idée d'un service civique. Ardent défenseur en son temps de sa suppression, parce que d'abord directement concerné, sympathisant du "collectif sans-nous", je n'y voyais que l'inutilité de créer de la chair à canon à une époque où un groupe de personnes suffisait à anéantir un territoire (toujours vrai aujourd'hui). Oui mais, du haut de mes 20 printemps, je n'avais peut-être pas compris qu'il s'agissait aussi d'un endroit où régnait une certaine égalité, où se rencontraient des personnes qui n'auraient jamais eu l'occasion de se croiser dans la vie de tous les jours, là ou les barrières de l'origine, de la classe sociale disparaissaient. Alors oui, ca peut paraitre un peu facile de proposer de revenir la dessus aujourd'hui, surtout à mon âge désormais périmé pour l'exercice. Mais suite aux dramatiques événements qui se sont produits, l'élan spontané de nombreux de nos compatriotes, désireux d'intégrer la police ou l'armée entre autres, je me suis intéressé à la question. Et j'ai aussi découvert que j'étais bien trop vieux pour contribuer dans ces corps. Oui, sur l'aspect physique d'accord, je serais désormais, et ca ne va pas s'arranger, toujours moins vaillant qu'un jeune dans la force l'âge, mais j'ai d'autres compétences, techniques par exemple, qui pourraient être utiles ? Bref, je mets de côté cette réflexion toute personnelle pour proposer de ré envisager (et l'idée n'est pas neuve puisque certains s'en sont emparés) un service national, dans une forme à définir, mais surtout avec du sens et des perspectives, pas juste pour le principe.

 

J'en viens au point principal de cette idée de renforcer notre unité : les perspectives. On pourrait parler de "running-gag" si ça n'était pas si grave, ou de "marronnier" pour les élections : réduire le chômage, ou plutôt, proposer des perspectives d'emploi. Parce que réduire le chômage, ca n'est pas si compliqué, d'un point de vue statistique en tout cas. On met une partie des demandeurs d'emplois en formation, on change quelques règles de comptage et le tour est joué. Donner un emploi ou des perspectives, là, c'est plus fastidieux. L'emploi doit encore être au coeur des préoccupations. Le travail est l'un des facteurs principaux d'intégration, pour qui que ce soit. Quel "chômeur" ne s'est-il pas senti parfois un peu gêné, lors d'un repas entre amis, qui évoquaient leur situation professionnelle. Eux aussi sont stigmatisés et ont parfois tendance a être l'objet d'amalgames sur leur situation (chômeur = fainéant, assisté ou les deux), comme si c'était forcément de leur faute. Bien sur qu'il y en a toujours qui peuvent se satisfaire de la situation, mais pour la plupart d'entre eux, le chômage est d'abord vécu comme un drame et parfois pire, une fatalité. Donner des perspectives, c'est lutter contre cela, et cela permet aussi d'intégrer dans cette problématique, les jeunes, ceux qui sont encore dans notre système éducatif. A ceux la, nous devons leur proposer des perspectives d'avenir, un modèle de société qui intègre, car l'unité se fait la également. D'où que l'on vienne, peu importe l'origine sociale, la crainte de ne pas trouver un travail où de ne pas s'intégrer dans la société "active" est la même. Notre modèle semble bloqué. Certains prônent la flexibilité à tout va, d'autres la sécurisation des emplois avant tout. Oui mais, peut-être est-il temps d'arrêter d'opposer l'entreprise aux salariés. Réformer, cela semble impératif. Mais tout le monde devra y trouver son compte. C'est un pacte gagnant-gagnant qui doit être mis en place avec une vision commune. L'approche n'est pas que chacun défende ses propres intérêts, mais qu'ensemble soit défini un modèle vertueux qui permettra de redynamiser le système. Les actifs ont besoin de l'entreprise et l'entreprise à besoin des actifs, ils sont indissociables. Arrêtons d'avoir une vision "bi-polaire" du sujet. Dans un pays où l'entreprise est l'une des plus taxées au monde, ne faut-il pas lui donner de l'air, de la souplesse. Est-ce forcément en contradiction avec le salarié. Ne pourrait-on pas intégrer le salarié au résultat de l'entreprise. Une entreprise, c'est comme une équipe, non ? Enfin, peut-on arrêter aussi de vouloir absolument, et "bêtement", uniformiser notre système au nom d'une égalité idéologique en parfaite contradiction avec la réalité. Une grande entreprise ne fonctionne pas de la même manière qu'une PME, ne dispose pas des mêmes contraintes, des mêmes capacités et solutions. Ne peut-on pas envisager une réforme du code du travail à plusieurs niveaux (au moins 2 donc), car le quotidien et la gestion d'une entreprise ne sont pas du tout les mêmes. On semble prendre exemple ou référence sur les grandes entreprises mais 96% du tissu entrepreneurial français est composé de PME/TPE.

Evidemment, il y a bien d’autres actions à faire, de mesures à prendre pour que les temps si anxiogènes que nous vivions soient derrière nous et évitent de se reproduire. Bien entendu, ces quelques idées suggérées ne permettront pas de réduire à court terme la menace. Mais il faudra bien envisager aussi et surtout des solutions durables. Qu’on le veuille ou non, qu’on aime l’idée ou pas, il faut faire ce travail d’intégration et renforcer l’unité de notre nation. Malheureusement cette perspective semble bien trop longue pour le temps politique. Et c’est bien dommage. J’ai certes commencé en citant Nicolas Sarkozy, et l’ineptie de ces propositions, mais c’est l’ensemble de la classe politique, de tout bord, qui ne semble pas comprendre, mesurer et être à la hauteur du défi qui nous est présenté, embourbé dans des pseudo calculs électoralistes et de visions court-termistes. Et la division est également là, où une majorité de la population se désintéresse de la politique, car elle pense que les politiques ne s’intéressent plus à elle.
Pour 2017, je formule un vœux pieux : que les politiques viennent avec un projet, des perspectives qui font sens, et pas des petites phrases, juste bien calculées, qui ne seront qu’au mieux de simples rustines mais au pire, d’autres éléments de discorde, d’autres facteurs de fracture.
Il faut apprendre à vivre ensemble, construire et réussir ensemble, travailler avec l’idée du sens de nos actions dans un objectif collectif. Changeons de méthode !


Lire l'article complet, et les commentaires