La bourse ou la vie ?

par Garnier Denis
jeudi 25 août 2011

Marchant à pas feutrés dans une rue sombre simplement éclairée par la flamme du réverbère que l’allumeur n’avait pas encore éteinte, le bourgeois tient sa bourse bien accrochée sous le pli de sa ceinture. Soudain, au coin d’une rue, le manant se précipite, dague à la main et menace : « La bourse ou la vie ? » Dans la seconde, sans réfléchir, la veste se soulève, la bourse se détache, la vie est sauvée.

En 2011 l’approche n’est pas différente. Seuls les rôles sont inversés. Le « bourgeois » est devenu le voleur ! Le manant est agressé !
 
En fait de bourgeois il ne s’agit pas de celui qui a pu se payer son pavillon de banlieue et qui possède deux mille euros d’économies pour pallier aux pannes de sa voiture d’occasion et pour s’offrir 15 jours de vacances dans une autre banlieue. Non. Soyez rassuré !
 
Ceux que j’appellent ici « les bourgeois modernes » sont les spéculateurs, détenteurs de produits boursiers, qui souhaitent gagner davantage en plaçant leur argent, dans la bourse ! Qu’ils soient ouvriers, cadres moyens ou supérieurs, chef d’entreprise ou agriculteurs, médecin ou boucher, artistes ou chanteurs, et etc. ou avocats, ils sont les artisans de la bourse !
 
Ils partagent tous la même responsabilité. Ils veulent s’enrichir sans se soucier une seconde de la source de ce profit gagné sans effort. Les conséquences de cette économie contre le travail sont déjà importantes ; le transfert d’une partie de la rémunération du travail vers celle du capital, le chômage, la précarité, les risques psychosociaux.
 
Les banques, les groupes financiers, assurance vie ou fonds communs de placements ne sont que des gestionnaires d’outils spéculatifs au service de ceux qui leur confient et leurs économies et leurs surnuméraires.
 
La bourse moderne est devenue un casino ou l’on peut parier sur la hausse et sur la baisse d’une action avec ce que l’on appelle des produits dérivés qui sont l’équivalent de la roulette, du poker, ou bien encore de la machine a sous. Ces outils et ces organismes sont légaux, autorisés par les législateurs de tous les pays du monde.
 
Ils sont mêmes encouragés par ceux qui détiennent quelques économies et qui pensaient et pensent encore, que l’argent peut devenir une source de revenus. STOP ! Avouez ! A cet instant vous vous dites, mais oui, l’argent est une source de revenus !
 
L’argent, la monnaie, doit rester une valeur d’échange. Je te donne une heure de travail, tu me donnes 10 euros (et plus si possible). Si vous pensez « je te donne 10 euros, tu m’en rends 12 », vous êtes un artisan du système. Vous êtes peut-être sans le savoir, une partie de ce pouvoir qui va réduire votre salaire, précariser ou supprimer votre emploi et exiger de ceux qui travaillent un rendement toujours plus important.
 
Ce système conduit l’entreprise à travailler pour des actionnaires alors que la bourse a été créée d’abord pour aider les entreprises à investir et à se développer. De profits en profits, les « gentils organisateurs » du système achètent et revendent tout, y compris les Etats !
 
Aujourd’hui les Etats sont devenus les otages d’un système parce que les pouvoirs politiques ont laissé faire. L’Etat ne gère plus sa monnaie, il ne gère plus ses emprunts, il ne gère plus l’économie qui a été sous traitée aux banquiers du monde entier. Le système explose et les seuls réflexes sont de préserver la bourse contre l’homme.
 
La bourse ou la vie ? Aujourd’hui les bourgeois continuent de privilégier la bourse. Moi, manant, je préfère la vie !

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