La cavale des âmes

par Home of nomad spirit
vendredi 6 juillet 2018

Comment croire qu’il est possible de mettre fin à la transhumance des peuples. Elle n'est qu'une réponse aux aléas des événements et ne cessera de prendre de l'ampleur durant les décennies et les siècles à venir. Elle remonte à la nuit des temps. Les frontières ne sont, souvent, qu'abus de pouvoirs et peuvent être considérées comme des artifices contre nature érigés par l'homme. C’est, avant tout, un moyen de s’assurer un patrimoine au détriment du plus faible. Elle permet également d’asseoir un pouvoir illégitime sous couvert de protection. Même les frontières les mieux gardées restent perméables, l’histoire le prouve amplement. Les murs tel celui que Trump veut édifier pour séparer les États-Unis du Mexique où celui qu'Israël construit dans l'espoir de se mettre à l'abri de ses frères sémites n'est qu'une hérésie née dans la cervelle de quelque inculte en manque de références historiques.

C'est une gesticulation absurde et une politique inutile. Cela ne tarira pas l’afflux des demandeurs d’asile, mais ne fera qu'attiser haines et ressentiments, parfois savamment entretenues par les dirigeants des deux bords, dont le but est de graver durablement dans le marbre certaines prérogatives du politique. l’Homme ira toujours, même au péril de sa vie, là où il croira pouvoir renaître à la décence. Il n'est plus que probable que le pillage systématique de la planète et l'exploitation éhontée de l'homme dans les pays en voie d'émancipation ainsi qu'une lamentable redistribution des richesses accéléreront encore les mouvements migratoires. Gouvernements et hauts fonctionnaires prennent leurs décisions sur la base d’une moyenne établie par des statistiques et planifient l'avenir du contribuable pour la durée d’un mandat si tout va bien. Au pire - l’élaboration des projets n’ira pas au-delà des prochaines votations. L'Homme n'est qu'un alibi politique, un rouage corvéable à la disposition permanente du maître et de ces contraintes.

Le politique engage rarement sa responsabilité. Il fera tout pour éviter de ternir l'image que lui renvoie son miroir. Il est toujours difficile d’avouer ses erreurs. Un aveu d'échec concédé devant ses pairs serait une action suicidaire et exigerait courage et abnégation. Cela est toutefois une attitude peu en adéquation avec la mentalité du besogneux gouvernemental. Toujours est-il que le village global qu'est devenue la planète a pris le pas sûr « l'ancien » monde rassurant où tout semblait à sa place pour l'éternité. La globalisation est devenue une réalité incontournable. Le progrès et les nouvelles techniques ont rétréci l'univers de nos parents et la configuration des nouvelles générations reste à définir. Le cadre dans lequel l’homme avait su trouver son équilibre vole en éclats pour céder la place à de nouvelles structures qui restent encore à inventer. Le temps où l'homme solitaire pouvait creuser son trou et survivre a pris fin. Il sera dorénavant tenu de s'insérer dans du collectif ou cesser d’exister en toute liberté.

Avec les moyens de communication actuellement disponibles et surtout celles qui sont en voie d'élaboration, le clic sur un clavier tend à remplacer la parole et à solder l'action humaine... Le poids de l'individu et son importance dans l'organisation de sa propre existence diminuera à mesure des progrès réalisés dans l'intelligence artificielle. Quant à sa voix, elle finira par devenir inaudible. Il ne sera plus le maillon incontournable et nécessaire à la réalisation de ses ambitions. Son rôle, dans un proche avenir, se limitera aux fonctions d’auxiliaire, de planton de service...s’il a la chance de survivre.

 

Il est courant, quand on n'a rien à dire ou quand on craint de soulever des vagues en disant la vérité, d'abreuver l'électeur de formules soporifiques. Vendre du rêve pour calmer angoisses et doutes permettent de gagner du temps et c'est plus facile et moins coûteux sur le plan électoral. Annoncer des vérités déplaisantes serait contre-productif. Si le résultat final reste le même, la conscience élastique du politique en souffre moins. La victime, elle, comme toutes les victimes de par le monde ne peut que courber l'échine et accepter avec vaillance de se plier à son rôle de zombie. La victime bénéficiera du sursis, le temps de la durée de l'illusion et du rêve que lui aura fait miroiter le gouvernement. De tout temps, à part les quelques exceptions qui confirment la règle, l'homme n'a su partager par peur de manquer. Depuis toujours les égoïsmes qu'ils soient d'ordres privés ou étatiques ont fait le lit des guerres.

Il en sera de même cette fois-ci. Depuis toujours les extrêmes ont engendré mort et exactions. Depuis toujours la mort fut la dernière récompense des imbéciles heureux et de ceux qui refusèrent de tendre la main aux déshérités. Il est fascinant et révoltant à la fois de constater qu'au vingt et unième siècle la tendance est à la construction de mur tous azimuts, du repli sur soi et de conflits religieux. Le goupillon et la mitraillette. La parole sainte le couteau entre les dents. L'invective, le meurtre, le chantage et l'argent qui remonte le fleuve au lieu d'irriguer les deltas. Marasmes et confusions qui se situent entre guerre et paix ou période de transition douloureuse ? 

Des populations fuyant les guerres, la torture et l'esclavage, dont nous sommes tous responsables, sont un scandale planétaire. La bien-pensance, la main sur le cœur n'hésite pas à exterminer des populations entières comme des hannetons ou en affamer d'autres. Il faut davantage de place pour vivre nos aises ou  plus « lebensraum » comme le nommaient les tenants de la peste brune dans les années trente. Cette attitude finira par coûter cher aux fausses bonnes consciences. Les politiques de toute tendance ont, la plupart du temps mainmises sur les populations, mais quand par ignorance des conséquences, ils les montent les unes contre les autres en leur instillant peurs, haines ou patriotismes de pacotille, ils risquent de payer un lourd tribut envers ce cynisme d'un autre temps... La société est, hélas, en déclin. Elle s'infantilise et se vulnérabilise à marche forcée.

 

La responsabilité en incombe probablement au surcroît de gadgets de toutes sortes et à la pléthore de services disponibles dont elle semble tout attendre. Il en résulte un appauvrissement mental favorisant la paresse réflexive. L'Homme, dans son quotidien, n'a plus besoin de se torturer les méninges pour trouver des réponses. Le progrès les lui fourni sur un plateau par l'entremise de l'ordinateur ou du smartphone. Il n'a plus à se déplacer pour découvrir et nourrir son imagination, puisque tout est à portée de clic. Ces avantages non négligeables qui facilitent l'existence comportent également ses revers. À trop vouloir attendre des pouvoirs publics l'homme crée des liens pervers et des dépendances inattendues. Tels ceux qui contrarient sa combativité, son inventivité et sa résistance à l'adversité.

 

NB. - Il est regrettable de constater la désespérante liquéfaction du rêve européen et de voir des pays perdre tout bon sens. Il y a une tragique incapacité à concevoir des solutions pragmatiques qui permettraient de résoudre la plupart des problèmes de l'union. Quand l'Europe devra se confronter aux puissances indiennes, Chinoises ou américaines dans un désordre chaotique où chacun cherche à tirer les marrons du feu au détriment de son voisin, l'union se rendra compte du gâchis, du temps perdus et de la faillite du système. Il est devenu suicidaire et dangereux de jouer la partition en solitaire.

Tous ceux qui pensent le contraire réfléchissent à court terme et oublient, volontairement ou non l'incidence qu'aura leur prise de position sur l'avenir. Pour éviter les catastrophes qui pourraient assombrir l'avenir du plus grand nombre, il est nécessaire que les gouvernements réalisent les effets pervers que peuvent induire les décisions contraires à la marche vers l'inéluctable globalisation. La réponse aux malentendus et des décisions hasardeuses résident dans la communication. Expliquer et s'expliquer le plus souvent possible en passant du particulier au général, gardant à l'esprit que la seule force qui vaille est l'unité européenne.
 


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