La CFDT est-elle encore un syndicat ?

par Coeur de la Beauce
samedi 5 juillet 2014

On dira que le syndicalisme français est moribond et archaique. Qu'il compte de moins en moins d'adhérents, individualisme et inutilité de ses actions obligent. Que le brave travailleur ne veut plus cracher une côtisation d'un montant prohibitif (180 euros par an en moyenne pour un professeur de l'EN !) pour gagner le droit de recevoir une fois par mois une feuille de chou, mal rédigée et insipide, et surtout de se faire infantiliser par des permanents syndicaux...

Allez ! Je caricature, il y en a encore des syndicalistes intègres et combatifs. Seulement vous ne les trouverez pas du côté de la CFDT, centrale post-soixantuitarde d'inspiration sociale-chrétienne qui s'est convertie au social-libéralisme, époque oblige. Et du coup les prises de position de ses cadres ne sont souvent guère éloignées de celles du MEDEF. L'exemple du syndicat général de l'éducation nationale (SGEN) de la CFDT est parlant. Ainsi ces enseignants modérés et négociateurs ont mal digéré l'échec de la réforme de leur ami Peillon, et ils craignent pour l'avenir de ce qui reste de leur groupusculaire officine. Ils publient sur leur sîte une réponse sous forme de vrai/faux à leurs détracteurs, et cela vaut le détour. Je vous laisse le lien :

http://www.cfdt.fr/portail/sgen/met...

Il s'agit d'un concentré de mensonges et de lieux communs sur les prises de position contestables du SGEN, et cela n'est pas nouveau... un complément de réponse s'impose face au tissu d'âneries distillées par le sîte de nos amis.

- "Le SGEN est représentatif des enseignants" : FAUX car sur les 20% d'enseignants syndiqués à peine 10% sont adhérents du machin. Il est rare d'en rencontrer un dans les groupes scolaires. Aux élections professionnelles les scores sont médiocres, tout au plus 5 à 8% des suffrages. S'il est légal, le SGEN ne représente pas grand-monde et peut faire preuve de retenue.

- "Le SGEN défend les profs" : FAUX car la CFDT a co-signé la réforme des retraites qui mettra des mémés de 62 ans face aux gosses. Sur le terrain, il fait l'apologie du pédagogisme du gourou Philippe Meirieu, qui considère les enseignants en difficulté, dans les ZEP notamment, comme des incapables. Il est vrai que peu des quelques adhérents du SGEN exercent en zone sensible (je n'en ai jamais rencontré en tout cas !).

- "Le SGEN est indépendant du pouvoir politique" : FAUX car ses prises de position sont celles du PS ! Sur tout ! Et ce n'est pas un hasard. La CFDT a été montée pour contrer la CGT et constituer un ersatz syndical SFIO puis "socialiste". Ils ont soutenu Peillon et ses diaboliques chronobiologistes, justifié les salaires bloqués car il faut être raisonnable pour ces gens-là et ils se moquent des élèves.

- "Mais enfin, le SGEN défend les intérêts des élèves !" : FAUX car la réforme des rythmes accroît le temps passé en collectivité pour nos chères têtes blondes. La CFDT a soutenu les "pauses méridiennes allongées" pour faire passer à moindre coût le bidule et culpabilisé les braves maîtresses d'école qui refusent de venir garder les élèves 3h le mercredi. Ajoutons que les amis du SGEN ont gazé ces dames qui braillaient trop fort devant le ministère lors d'une manif l'année dernière... Mais bon, ces gens sont d'anciens "autogestionnaires" version seventies ; quand il n'y aura plus d'instits' dans les classes les momes vont s'autogérer, cqfd... économique comme solution, ça plaira à Manu Valls.

- "Le SGEN est antifasciste" : VRAI car il n'a plus rien à dire aux profs. Donc il parle d'autre chose. Lié au PS il condamne les actes des maires FN (l'affaire des repas de cantine au Pontet, la fête de l'esclavage à Villers-Côterrets) ce dont se fichent les concernés. Il craint le "collectif Racine" constitué de profs frontistes, de plus en plus nombreux, écoeurés par les bêtises de syndicalistes véreux qui se paient leur tête...

- "Le SGEN va prendre une raclée aux prochaines élections professionnelles" : VRAI, à priori, et on peut comprendre pourquoi. Ces gens ne se comportent pas comme des syndicalistes mais comme des contremaîtres chargés d'encadrer les enseignants. Les écoles confrontées à la violence et aux incivilités n'ont pas besoin de sous-fifres politisés qui ne font qu'aggraver les choses.

La question est de savoir si la CFDT est encore un syndicat. Car à priori une centrale a pour mission de défendre les personnels, pas de "négocier le poids des chaînes des esclaves" (je ne sais plus de qui est la citation). Elle touche des subventions publiques et elle a son quota de permanents payés à ne rien faire ; pardon ! Payés à accompagner la politique du gouvernement PS. A ses responsables de préciser ce qu'ils cherchent au juste. S'ils souhaitent fusionner avec la CGC ou le MEDEF qu'ils le fassent...

Mieux vaut finalement discuter avec le MEDEF et ses amis d'ailleurs. L'autre jour je bavardais avec un maire UMP sur le projet sarkozyste de porter à 26h le temps de travail des profs. En augmentant d'un quart leur salaire, ce qui les aurait ramenés à un niveau correct sur le plan européen. Travailler plus pour gagner plus cela peut encore se défendre. Travailler plus pour gagner moins et faire de l'assistanat, comme l'exigent le PS et son satellite SGEN-CFDT, c'est inacceptable. Les profs sauront s'en souvenir, aux élections professionnelles comme aux scrutins politiques...


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