La charité s’il vous plait

par teddy-bear
jeudi 1er décembre 2011

Je cite A.Gide : « La charité, tout en soulageant temporairement la misère, ne s'attaque point à sa racine et l'on peut même dire que, par là même, elle l'entretient. (...) »

En complément du bel article paru sur Agoravox, Les Restos du Coeur, ça bat fort !, je me permets d'ajouter mon grain de sel.

Chaque année, à cette époque, le même état d'esprit m'envahit, je ne peux que m'insurger surtout en cas de crise sur la profusion pour ne pas dire sur-consommation de denrées, de cadeaux, de parfums de luxe et jouets inutiles . Dans les hyper-super-marchés de France et de Navarre on voit sortir ces chariot pleins de victuailles et comme d'habitude à la sortie on se trouve nez-à-avec d'autres, quasiment vides, minables, avec trois paquets de spaghettis, une boite d'haricots-verts et quatre kilos de sucre, mais pas de foies gras, du pâté de campagne... il est vrai qu'on nous demande que des produits de première nécessité . "Je vous remercie », répond la quêteuse lorsqu'elle entend tomber la énième boite de raviolis dans son chariot . Cependant il ne faut pas cacher, pour la démonstration du thème, que les plus démunis sont les plus généreux. C'est bien sûr compréhensible, verrait-on vu Carlita ou Rachida chez « Casfour » acheter des couches culottes et y laisser un paquet de lingettes et une boite de corned-Beff dans le chariot tendu ?.

A cette époque de l'année tous les mouvements caritatifs se mobilisent pour obtenir de la part de chacun d'entre nous un « petit quelque chose » pour les pauvres. Or, ces campagnes pleines de bonnes volontés sont « un reality scandale », les "Resto du Cœur » que Coluche espérait éphémères et qui commencent sa 27 ème campagne et autres organisations de charité, sont l'alibi d'un système inégalitaire qui se repose sur la collectivité. Et lorsque je dis que ces mouvements de charité sont les alliés subjectifs des pouvoirs et gouvernements de tous horizons, on me répond : "mais qu'est ce cela serait sans eux ?". Et ce "on " à raison, en effet le système mondial de l'économie, qu'il faut bien appeler capitalisme qui s'effondre actuellement, est une machine infernale qu'il faut nourrir sans fin pour qu'elle survive et qui laisse le droit à chacun de se démerder en voyant crever de faim le plus faible. Comme le professe le libéro-néo-capitalisme le plus pur, cette tyrannie qui laisse ses sujets se démerder seuls entre-eux. ?

A voir l'affluence aux abords des supermarchés, ces messieurs de la droite dite libérale, veulent nous persuader que tout ne va pas si mal en France, grâce à l'action salutaire d'une politique sarkosienne exemplaire. Et pourtant l'écart entre les classes sociales s'élargit et le père noël des uns ne sera pas celui des autres, mais sera présent, (avec quels efforts financiers !), pour faire plaisir aux gosses et faire marcher le commerce.

Nos gouvernants, prisonniers du système économique qui va éclater et qui se fera sentir ben entendu chez nous, n'ont rien fait, ou ne le peuvent pas, pour éviter la situation sociale qui va en découler et petit-à-petit tous les signes d'un désengagement de l'Etat dans la vie quotidienne au « profit » de la charité publique, le démontre. Le modèle social français basé sur une solidarité nationale, issu de la Libération et qui était un modèle, disparaît.

Pour en revenir à la charité publique, comment faire cesser cet engrenage ? Faut-il boycotter,- un acte théoriquement révolutionnaire- ces journées de charité publique (1) et ainsi obliger l'Etat dont nous sommes les financiers, à arbitrer entre par exemple, un resserrement des budgets comme celui de l'armée, une véritable chasse aux fraudeurs de haut-vol et une distribution organisée et digne de vivres ou bons pour les plus démunis : la charité républicaine plutôt que la charité civile. Et pour que le gouvernement joue son rôle républicain qui est celui d'assurer une juste répartition des richesses dans la population, le contraire de ce qu’entreprend l'équipe au pouvoir depuis bientôt cinq années.

Au lieu de cela on va nous parler de fraudes de petits tricheurs et beaucoup moins des patrons et du travail au noir dont ils se servent et leurs cotisations non versées au fisc. Fraudeurs économiques !. Lorsque l'on entend ce mot on devrait penser à ceux qui se réfugient fiscalement dans des paradis dédiés et qui utilisent toutes les ficelles plus ou moins licites. La droite d'aujourd'hui (et depuis toujours) c'est à tous les autres qu'elle pense, le salariat pour ne plus parler de la classe ouvrière.

Devant tant d'injustice doit-on espérer un soulèvement populaire, comme voudrait se persuader tous les « indignados » du monde occidental qui dénoncent toutes ces politiques qui génèrent les victimes de l'effondrement économique qui se profile. Ou faire profil bas ? Serions-nous donc coincés ?

(1) Dont le nombre de repas distribués est en constante progression tandis que tant d'autres par fierté n'y ont pas recours.


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