La communication des terroristes islamistes : des procédés qui laissent songeur
par morice
mercredi 21 janvier 2015
L'affaire de Charlie et de la supérette kacher posent question sur les capacités des services secrets de tous bords à prévoir ce genre d'événement et à les empêcher. Aux grincheux qui afirmeront d'emblée que c'est un "complot", comme notre Jean-Marie National qui n'a pu s'empêcher de le faire, entraînant avec lui toute une frange de population plutôt jeune, toujours encline à écouter en premier les sornettes, on rétorquera que l'enchaînement des faits remonte à bien longtemps déjà, les tueurs se réclamant d'Al-Qaida (au Yemen !) n'étant que des disciples d'anciens du GIA ou du GSPC, deux mouvements algériens d'origine. Parmi ceux-ci, la position de mentor de Djamel Beghal, condamné récemment à 10 années de prison est la pierre philosophale de ces attaques. Retour sur comment communiquent entre eux les jihadistes, et comment ceux qui sont censés écouter leurs conversations peuvent aussi rater leur arrestation...
Retour sur l'Aqmi
Le moyen le plus évident pour communiquer est bien entendu l'Internet, mais ce dernier a surtout servi à autre chose. Si en effet les jihadistes actuels se sont autant abreuvés aux sites Internet islamistes de type salafistes, ce sont bien aussi ces sites qui sont responsables de leur radicalisation express, leur connaissance de l'Islam se résumant à fort peu, d'après les interrogatoires. Si l'on revient en arrière, et que l'on retombe sur ceux qui s'étaient fait pincer, on tombe en effet sur des pratiques qui auraient pu être évitées. Lors de l'affaire Merah, on était ainsi retomber sur un algérien bien connu, celui qui avait attiré dans la tourmente jihadiste le physicien Hicheur : "tout part d’un mail glissé sur le site de l’Elysée, le 2 janvier 2008, contenant copie d’un communiqué d’Al-Qaeda au Maghreb islamique (Aqmi). Les services secrets français placent sous surveillance le pseudo Phenixshadow et plusieurs adresses de comptes qu’il avait créés, dont soleilde36@yahoo.fr (à ce moment-là, on ne peut pas parler de discrétion, en effet...). Derrière ce pseudo se cache un homme bien situé dans la mouvance islamiste, puisqu’il échange parfois avec de hauts responsables d’Aqmi comme Yahia Djouadi, l’émir de la zone sud de l’organisation. Phenixshadow est en réalité Mustapha Debchi, un Algérien membre du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (mouvement à l’origine de la création d’Aqmi en 2007), et proche de Salah Gasmi, le responsable du « comité médiatique » d’Aqmi. En surveillant la correspondance de Phenixshadow, les policiers buttent sur un autre pseudo, Abou Mouawiya : c’est celui de Hamadi Aziri, alors mis en examen (et condamné à quatre ans de prison dont trois avec sursis, début 2011) dans le cadre de l’information judiciaire baptisée « Caravane » menée par le juge antiterroriste Marc Trévidic sur une filière franco-belge d’acheminement de jihadistes en Afghanistan" nous dit AlgeriaWatch.
"Caravane" et Malika-el-Aroud
La Belgique jihadiste qui vient d'être redécouverte lors de l'affaire de Verviers, c'est aussi et encore une vieille histoire jihadiste. La filière belge dite "Caravane" menait à une personnalité bien connue pourtant nous avait rappelé LePoint : "Quatre hommes et une femme soupçonnés d'avoir contribué à une filière d'acheminement de jihadistes de Belgique et de France vers les zones de combat afghanes, en lien avec "l'icone" belge de la guerre sainte, Malika El Aroud, veuve d'un des assassins du commandant Massoud, comparaissent depuis mercredi devant le tribunal correctionnel de Paris. Soupçonné d'avoir rejoint un camp d'entraînement en Afghanistan, Walid Othamni comparaît détenu. Jugés pour avoir apporté une aide financière ou logistique au réseau, Hamadi Aziri, Samira Ghamri et Youssef El Morabit assistent libres à leur procès, tandis que Hicham Berrached, libre également, ne s'est pas présenté, prétextant n'accepter que la justice divine. L'affaire jugée depuis mercredi trouve sa source fin 2008 en Belgique. A quelques heures d'un sommet européen à Bruxelles, la police belge procède à un coup de filet, car elle craint un attentat. Parmi les personnes interpellées figure Malika El Aroud, une Belge d'origine marocaine. En 2010, cette quinquagénaire décrite comme "l'icône des jihadistes", est condamnée en première instance, puis en appel, à huit ans de prison pour pour ses liens avec al-Qaïda. Malgré ses dénégations, elle est jugée coupable d'avoir "dirigé un groupe terroriste agrégé à Al-Qaïda" qui a recruté des jeunes en Belgique et en France pour mener le jihad en Afghanistan." Malika el-Aroud, (lire ici aussi) la pierre d'achoppement de tout le système, en Europe en tout cas ? C'est bien probable en effet.
Les cibles choisies de l'extérieur ?
Au centre du forum de Mali el-Aroud pratiquant le rôle d'hameçonneur de candidats au jihadisme, il y aurait donc eu un fort obscur interlocuteur algérien, Mustapha Debchi, membre du "Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC)", et d’Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), dirigé par Salah Gasmi, alias Abou Mohamed Saleh, comme j'ai pu déjà vous l'expliquer également ici : "une fois arrêté en Algérie, Debchi avouera que l'attentat qu'il préparait avait pour cible "une caserne militaire" en France proche d'Annecy. Il voulait "tuer des militaires français", car ils combattaient en Afghanistan. Exactement le thème premier celui de des crimes de Mohamed Merah. L'arrestation d'Hicheur, jugé après les événements de Toulouse, avait au moins démontré une chose : trois ans avant les événements de Toulouse, la DCRI épluchait consciencieusement les forums jihadistes... et donc obligatoirement SOS Minbar (le forum de Malika el Aroud) où venaient s'inscrire les candidats au suicide ! Le second forum d'Hicheur s'appelait "Aeeklass.net", et son mystérieux correspondant "Phenix Shadow", chez qui beaucoup ont perçu l'ombre... d'une manipulation possible de la DCRI, et non de Debchi, qui s'y faisait surnommer "l'Eminence Grise". Debchi ayant très bien pu être manipulé par les services secrets algériens, comme une grande partie des membres du GSPC, une dissidence du Groupe islamique armé (GIA). Les services secrets algériens sont à l'origine, on le sait de dérives graves et surtout de réalisations s'attentats destinés à effrayer la population pour la retourner. Au dessus du système était le "Dafi Dayin Center", un agrégateur de sites où était inscrits SOS MInbar et Mourabitoune, les deux sites les plus observés du moment (le compte rendu du jugement édifiant touchant Hicheur est lisible ici).
Malika el Aroud et les pieds nickelés :
Un foyer... antisémite
Le centre Assabyle était situé à Molenbeek, là ou résidait Malika el Aroud, et où des perquisitions ont eu lieu avant hier après l'affaire de Verviers. Dans les minutes du procès de 2006 du Centre Assabyle, on avait en effet remarqué de fortes influences antisémites, noyées à de l'anti-israël : "les poursuites portaient notamment sur une vidéo placée sur le site web dans laquelle un ancien ministre israélien des affaires étrangères était grossièrement comparé, par un montage vidéo, à Adolf Hitler. Slogan du film : « même racisme, même criminalité, même histoire ». La vidéo a été retirée en mai 2002 mais d’autres textes incitant à la haine raciale et à l’antisémitisme ont été placés sur le site. Parmi ceux-ci, on épinglera en particulier « La Fin du peuple d’Israël : une vérité coranique », qui, après avoir dit que les Juifs sont « un peuple déviant », « des gens lâches, consternants et faibles », « des gens indignes, désobéissants et transgresseurs », « des singes, des porcs », qui « ont encouru la malédiction et la colère d’Allah », précise qu’il faut combattre les Juifs au moyen « de destriers de guerre », avant de prophétiser : « Et par la suite, le peuple juif périra ». On voit bien d'où vient l'assimilation état d'israël et antisémistisme, celle que manipulent tant des gens comme Dieudonné ou Soral, et qui a conduit un adepte de cette théorie à abattre quatre juifs à Montrouge.
Les liens entre la Syrie et Bruxelles
Le lien entre Gendron et la cellule de Bruxelles étant facile à déterminer : au procès français de Malika El-Aroud, on avait appris que cette ex dévergondée avait versé islamiste... grâce à Ayachi et ses talents de mage : "née à Tanger (Maroc) mais immigrée avec ses parents en Belgique, Malika el Aroud a d'abord été une jeune femme à l'occidentale, menant une vie libre et destructurée sur le plan affectif. Elle était mal dans sa peau, après plusieurs échecs amoureux. Sa rencontre avec le "cheikh" Ayachi Bassam, un personnage douteux officiant alors à Molenbeek, la jette dans les bras de l'islam radical, basé sur le rejet de l'Occident. Avec ses aspects sectaires, celui-ci offre des solutions simples (le Coran a réponse à tout) à des situations ompliquées. Bassam pratique la magie traditionnelle musulmane et organise des mariages religieux illégaux. Il lui déniche un mari : un étudiant tunisien prolongé, Dahmane Abdessatar, lui-même en situation d'échec" (à droite ici dans l'hélicoptère pour rencontrer Massoud). En somme, la responsabke du site islamiste le plus recruteur en Europe avait pour véritable père... un pied nickelé, qui se fera arrêté en Italie en tentant de dissimuler des individus dans son camping car dans une rocambolesque équipée plus risible qu'autre chose !! ! "Le monde du djihadisme serait si petit que ça à toujours retomber sur la même petite poignée d’exaltés que l’on met régulièrement en évidence ? Et qui arrivent à traverser aujourd’hui l’Europe en camping car avec à bord cinq prétendus islamistes sans qu’on ne leur file le train ? L’histoire est étrange, une nouvelle fois. Car leur islamisme violent est connu, et leurs sites internet dûment répertoriés" avais-je alors écrit. Et un de ces mêmes pieds nickelés en rupture de société qui aurait eu l'idée de fabriquer un attentat contre Massoud, qui reprendrait comme technique celui imaginé en Amérique du Sud par la CIA pour se débarrasser d'un encombrant opposant ... en l'occurrence Eden Pastora, le 30 mai 1984, lors d'une conférence de presse à La Penca !!! Un assassinat imaginé par Robert Owen, le chef de station de la CIA dans le pays et Phil Holtz, aidés par John Floyd Hull, détenteur de nombreuses pistes d'atterrissages clandestines et qui était un des pions majeurs du trafic de drogue et d'armes alors organisé par la CIA. Tout le monde en a oublié le procédé : or c'était le pendant exact de celui qui assassinera Massoud, à la différence près que le cameraman avait réussi à s'en sortir sa caméra étant munie d'une bombe télécommandée !!! Qui avait bien pu suggérer à ces islamistes l'assassinat de Massoud, devenu trop encombrant pour les américains, avec une technique inaugurée par la CIA, je vous laisse deviner...
Les révélations de Snowden influent sur le cryptage des islamistes !
- Ces produits ont été réputés être infectés par des malwares / backdoors de toutes sortes - insérées par les gouvernements et / ou Al-Qaïda. Peut-on l'observer ?
- Ces produits sont-ils utilisés dans la nature ? Un proxy intéressant pour cela, lié au point précédent, est de savoir si elles sont téléchargées sur les moteurs de détection de logiciels malveillants, ce que nous allons analyser.
Des malwares attachés au cryptage pour dissuader ?
Recorded Future a étudié également les liens entre logiciels malveillants et logiciels de cryptage des islamistes : "l'exploration de la chronologie des indicateurs techniques pour Mujahideen Secrets ainsi que les événements l'entourant lorsque nous avons pu observer son lancement, les avertissements dans le magazine Inspire qui a provoqué un chez les gouvernements, le rafraîchissement (poussant le GIMF dans les flux RSS) au moment du lancement d'Asrar Al-Dardashah, ainsi que des requêtes vers VirusTotal d'Asrar al-Mujahideen - tout mène aux récentes révélations de Morten Storm utilisant Asrar pour atteindre Anwar al-Awlaki".
Une mystérieuse intervention
Un drôle de bidule, que ce programme censé être indéchiffrable. Le logiciel de cryptage d'Al-Qaida tant vanté par le magazine Inspire a toujours été présenté comme infecté : logique que le magazine se penche sur cette maladie constitutive du soft, ou presque. Or il va découvrir que cette affirmation a largement varié, selon la réputation faite auprès des sociétés d'Antivirus (on retombe sur Symantec), qui l'ont présenté parfois comme virulent et parfois comme plus anodin... grâce à l'influence de mystérieux intervenants sur le net, désireux de relancer ou non les téléchargements : "nous avons demandé à nos amis de ReversingLabs, qui ont le plus grand référentiel mondial de logiciels malveillants, pour tracer la détection du fichier comme malveillant et, fait intéressant, il s'élève à partir de début 2011, culmine au début de 2013, puis chute jusqu'à présent. Au moment de cette publication, nous observons trois antivirus de détection et de taux de détection de 11%. Évidemment Mujahideen Secrets (MS) n' est pas un logiciel malveillant dans le sens traditionnel. Cependant, soudain, il est marqué comme étant un logiciels malveillant - et ce est à travers un large éventail de fournisseurs - menant à des entreprises de sécurité américaine, chinoise, et des entreprises russes, ainsi que les petits fournisseurs. Il peut y avoir plusieurs raisons à cela. Soudain, l'utilisation de ce paquet monte - ce qui conduit à plus couramment à être soumis à l'anti-virus (AV) fournisseurs - et comme c'est nouveau / inhabituel pour eux, cela se situe hors des signaux d'alerte. Après un moment, les fournisseurs d'antivirus rendent compte qu'il ne peut pas supprimer les logiciels malveillants et les avertissements. L'augmentation soudaine de l'utilisation générale est une hypothèse convaincante que ce serait un bon point pour une utilisation dans la nature des données. La description d'Asrar a été fait dans le numéro d'été de 2010 d'Inspire. Une organisation influe sur un ou plusieurs fournisseurs d'antivirus pour marquer MS comme malveillant pour le rendre moins attrayant aux djihadistes. Ils peuvent même influencer tout un fournisseur d'antivirus en tant que vendeurs d'antivirus et ont tendance à copier les évaluations de l'un et l'autre. Après un moment, ils refusent de le faire. Ce pourrait constituer une bonne théorie du complot, mais pour la même agence gouvernementale de retirer ceci entre des fournisseurs russes, chinois, américains, et seulement pendant une courte période, semble un peu tiré par les cheveux. Un individu tente en tout cas d'influencer les fournisseurs d'antivirus et a un certain succès temporaire (on songe alors à qui ?). Nous pouvons le voir aussi les discussions portant sur VirusTotal. Depuis, les fournisseurs d'antivirus se déplacent plutôt en troupeaux, au hasard, car le ramassage grâce à un seul fournisseur d'antivius pourrait conduire à un effet d'entraînement à travers les autres fournisseurs, dont nous devons étudier des échantillons pour faire l'enquête. Enfin, bien sûr, il pourrait y avoir ou avoir eu des backdoors antérieurs ou logiciels malveillants dans Asrar qui continuent d'exister ou ont existé plus tôt, car l'origine des avertissements persiste". Un logiciel de cryptage téléchargeable sur des sites infectés, qui pouvait bien s'amuser à le placer à cet endroit voilà qui mérire réflexion. Comme mérite réflexion les liens de certains de ses utilisateurs avec de mystérieux correspondants dont on a manifestement tû le nom : "chez lui, Hicheur avait le numéro de téléphone d'un mystérieux contact en Arabie Saoudite en plus d'une imposante documentation jihadiste : difficile à défendre comme n'ayant aucun lien avec les fondamentalistes" vous avais-je déjà dit. De "mystérieux" correspondants, cela commence à en faire quelques-uns, n'est ce pas... dans cette histoire !
Autres moyens de communiquer
Un autre moyen... révélé (et utilisé par lui-même !) par l'ex-chef de la CIA !
"idéologiquement solides"
En France, ces grans communiquant constituent autour d'un ou deux individus une cellule dormante avant et pendant ce qu'on va appeler les attentats de 1995. Voici comment je vous les avais présentés en 2012 : "mais cette filière française, ce groupuscule restreint, est aussi, il faut le dire, idéologiquement solide, et ne semble jamais vouloir renoncer, même après que leurs membres aient purgé leur peine de prison... car ils recommencent aussitôt : c'est ainsi qu'on découvrira avec effarement que Thamer Bouchnak, Chérif Kouachi et Mohamed el-Ayouni, trois membres de la filière des Buttes Chaumont, se retrouvent à nouveau mis en examen fin mai 2010, pour avoir fomenté le projet d'évasion de deux gros "anciens" poissons du terrorisme : Ali Belkacem et Djamel Begahl (en photo à gauche),
Un Beghal lâché dans la nature
Le problème demeure, en effet, de la surveillance de Djamel Begahl qui rencontrait qui il voulait sous les yeux il est vrai des policiers, qui filmaient ces rencontres. Or, on n'y a pas fait assez référence, pour les attentats de Paris... et pourtant cela semble étroitement lié. Belghal qui aurait aussi eu Coulibaly comme voisin de cellule en 2005, a-t-on appris fort récemment :"pendant leurs sept mois de détention, les deux hommes ont suffisamment pu sympathiser pour qu’une rencontre soit organisée une fois sortis de prison, par le biais d’un intermédiaire. « Fin 2009, déclare Coulibaly aux enquêteurs, quelqu’un m’a appelé et m’a donné le numéro de Djamel Beghal. Je l’ai appelé, il m’a dit qu’il était à la campagne, il m’a demandé de passer le voir et j’ai commencé à y aller. La première fois, j’y suis allé seul et quand j’ai vu Beghal, il m’a demandé des nouvelles de Kouachi et il m’a dit de venir avec lui. » Chérif Kouachi, devenu un autre disciple de Beghal, futur assassin de l’équipe de Charlie Hebdo, qu’Amedy Coulibaly a aussi rencontré en prison, à la même époque, comme il l’a également plusieurs fois répété aux enquêteurs" (en photo les deux ensemble, pris en photo par les policiers).
Retour à Toulouse et à Artigat.
D'Artigat, ou sévissait l'imam syrien Olivier Corel, (de son vrai nom Abdulilah Qorel) celui qui a marié Mohamed Merah juste avant sa mort, mis en garde à vue et à nouveau relâché en novembre 2014, on passe facilement à Paris, en banlieue parisienne et à Bruxelles : "au total, onze personnes, soupçonnées d'entretenir des liens avec Al Qaïda, ont été interpellées : les deux jeunes hommes expulsés de Syrie, âgés de 23 et 27 ans ; trois couples dans la Ville rose ; un couple franco syrien d'une soixantaine d'années à Artigat, en Ariège (c'est le couple Corel) ; et un homme à Torcy, en Seine-et-Marne, en banlieue parisienne (en photo à gauche). Tous sont de nationalité française et plusieurs sont de récents convertis à l'Islam" indiquait la Dépêche. Torcy menant en fait à un groupe d'islamistes virulents en conflit ouvert avec la mairie (PS). "Ce n'est pas la première fois que les policiers de la DNAT procèdent à des arrestations à Toulouse. En avril 2005, six personnes, dont un jeune homme faisant du prosélytisme pour l'Islam sur le marché Saint-Sernin (derrière la basilique toulousaine !), avaient été interpellées en moins de quinze jours sur dénonciations, mais avaient été relâchées sans charges sérieuses. Rien à voir avec les filières démantelées très régulièrement sur tout le territoire et dans tous les milieux. Comme ce groupe parisien des Buttes-Chaumont, identifié quelques mois plus tôt, qui réunissait des jeunes de 18 à 20 ans, candidats au djihad en Afghanistan, Tchétchénie ou Irak, dont a fait partie Saïd Arif arrêté à Damas en Syrie, en juin 2004 où il organisait l'accueil des convertis. Pendant l'été 2005, c'est à Montpellier qu'une cellule islamiste est mise au jour dans un milieu d'étudiants ingénieurs au-dessus de tout soupçon. Deux suspects seront arrêtés en Algérie, deux autres au Maroc. Un autre membre de la bande sera intercepté à Troyes. Souvent les familles sont surprises par le choix soudain des djihadistes. Ainsi de ces trois étudiants tourangeaux pris en Syrie en décembre 2006. Au même moment huit autres jeunes français sont arrêtés en Égypte. Expulsés, ils ont été remis en liberté, mais trois nouveaux suspects sont toujours au secret au Caire. Dans la région parisienne plusieurs dizaines de jeunes islamistes sont signalés chaque année. « La cause irakienne est mobilisatrice », constate le chercheur Dominique Thomas." Des jeunes, très jeunes, tous, qui reçoivent comme conseil sur le site SOS Mibar de cacher à leurs parents leurs activités ; d'où la surprise de ces derniers à voir leur enfant se retrouver du jour au lendemain... en Syrie, à apprendre à porter une ceinture d'explosifs pour mourir en martyr ! Ou a revenir, avec un bras en moins. Pour ce qui est de l'équipe de Torcy, on retombera dessus en juillet 2013, comme j'ai pu vous l'expliquer ici-même.
Les Buttes Chaumont, à nouveau
Retour direct au Buttes-Chaumont et au groupe radical du même nom, donc !!! Et quant aux "égyptiens", il s'agissait d'étudiants de l’école coranique Aziz El-Bila, que fréquentait... Abdelkader Merah, décidément au four (en Syrie) et au moulin (en Egypte) : un peu beaucoup pour celui qui échappera à toutes les arrestations... "Le 26 octobre 2006, Abdelkader Merah et son épouse partent au Caire et sont accompagnés de membres de la filière toulousaine qui étendent leur réseau et cherchent à établir des connexions en Egypte, en Syrie, au Pakistan et en Irak, destination finale pour mourir en martyr" précise La Dépêche. Les arrestations, auxquelles Abdelkader Merah va échapper, n'auront lieu qu'en février 2007.
La Suède aussi, alors ?
La Suède, pourquoi donc la Suède ? Pour une raison simple : Arif est certes marié à une suédoise, Umm Anas (il a 4 enfants, dont le second s'appelle Osama !), mais là-bas, il y avait aussi l'autre bout du même réseau : un réseau existant depuis 1998... et lié lui aussi aux attentats du GIA en France : "Huit militants du Groupe islamique armé (GIA) algérien, dont des hauts responsables du mouvement en Europe soupçonnés d'avoir participé à des attentats en France, ont été arrêtés hier à Bruxelles. Parmi les personnes interpellées au cours de cette opération (l'une des plus importantes menées ces dernières années contre le GIA à l'étranger) figure notamment le Français d'origine algérienne Farid Melouk. Il a été placé sous mandat d'arrêt pour « port d'arme, rébellion avec arme et association de malfaiteurs ». Farid Melouk avait été condamné par défaut à 7 ans de réclusion, le 18 février à Paris pour sa participation au réseau d'appui logistique du GIA à Chasse-sur-Rhône près de Lyon. Le groupe arrêté hier à Bruxelles comprend également « des personnes de nationalité scandinave dont nous présumons qu'ils ont une responsabilité très élevée dans le GIA européen. Deux membres sont des Algériens naturalisés suédois et danois qui auraient participé à des attentats graves en France » a déclaré le ministre belge de l'Intérieur" nous avait rappelé la Dépêche en date du 6 mars 1998. Les cellules dormantes terroristes en France sont donc une vieille histoire en réalité."Farid Melouk, français d'origine algérienne de 32 ans, grièvement blessé et arrêté hier à Bruxelles fut membre du réseau islamique animé par Ali Touchent, en partie responsable de la campagne d'attentats en France en 1995 " nous expliquait alors La Dépêche. Touchent, alias « Tarek », « Samir Bouchiba », ou « Cheikh Abdelnasser », très certainement un agent des services secrets algériens, ce qu'avait nié jadis la DST (qui niera aussi avoir eu recours à ses services !).. un Touchent évaporé depuis : déclaré mort en Algérie, comme d'autres impiqués dans des attentats "retirés" de la circulation. Un fait courant, dans ce monde de dupes... Celui qui, comme le rappelait France-Soir avait lui aussi passé au travers des mailles du filet de la police française « Tarek » échappe par miracle à l’opération « Chrysanthèmes », nom de code d’un vaste coup de filet préventif dans les réseaux de soutien aux intégristes algériens, et ne sera pas davantage inquiété au lendemain des attentats de 1995... exactement comme certains membres du réseau toulousain de 2007... "Ali Touchent avait été l’organisateur des réseaux de soutien aux maquis islamistes d’Algérie et l’instigateur des attentats commis en France, mais il avait échappé aux recherches" avouera la même année Roger Marion, 12 ans après les faits. Marion, nommé en 1998 responsable de la Division Nationale Anti-Terroriste de la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ). L'ancêtre, en quelque sorte, de Squarcini...venu lui aussi sur les plateaux TV parler des frères Kouachi. Un Marion fort amer sur la façon dont a été traité le cas de Merah par les services de renseignement de Squarcini... "Avant ses meurtres, Merah était un homme connu et localisé par tous les services de renseignement, certains l'avaient même débriefé. L'enquête était déjà faite, et pourtant, l'attentat n'a pu être évité".
Au final, on a un beau fiasco : des services secrets français, qui se font mener en bateau durant l'ère Squarcini, mais qui ne possèdent pas non plus les informations que la CIA se réserve, à l'évidence, d'après ce qu'on vient de voir : la France n'a pas la capacité de décryptage de la NSA. Comme on a pu le voir, la mouvance jihadiste française et européenne est fortement marquée du sceau du GIA et non d'Al-Qaida. A partir de 2012, la surveillance reprend, mais des gens comme les frères Kouachi ont compris comment ne pas se faire repérer, désormais : ignorés des services dirigés par Squarcini, qui a fait des coupes sombres en regroupant DGSE et RG, ils le sont encore plus à l'arrivée de la nouvelle équipe dirigeante, qui n'analyse pas leur dangerosité, car ils n'ont pas non plus évalué celle de Djamel Beghal, qui leur sert de mentor. "Le niveau de vigilance sur cette mouvance était d’autant plus bas que la coopération entre les services de sécurité français peinent encore à se fluidifier. « Après la tentative d’attentat de Djamel Beghal contre l’ambassade des Etats-Unis en 2001 à Paris, la CIA est venue en France faire la synthèse des éléments détenus par trois services français distincts, le contre-espionnage français, les Renseignements généraux et la Direction générale de sécurité extérieure, avant cela, chacun gardait ses informations pour lui », se souvient Bernard Squarcini, patron de la DCRI, de 2007 à 2012" conclut au final le Monde. En somme, alors que Jean-Marie crie au complot (ce qu'il n'avait pas fait lors de l'affaire Merah, tout le monde l'aura noté) on a affaire avec les attentats de Paris à une incompétence plutôt, doublée d'une rétention de savoir manifeste de la part des services secrets US (venus apporter l'info APRES, tout le monde s'en est aperçu)... et même pas venus en France exprimer leur dégoût des attaques contre Charlie ou contre le magasin kacher. Mais ça, tout le monde l'a également remarqué...